Friends of the Richelieu. A river. A passion.



"Tout cedit pays est fort uny, remply de forests, vignes & noyers. Aucuns Chrestiens n'estoient encores parvenus jusques en cedit lieu, que nous, qui eusmes assez de peine à monter le riviere à la rame. " Samuel de Champlain


"All this region is very level and full of forests, vines and butternut trees. No Christian has ever visited this land and we had all the misery of the world trying to paddle the river upstream." Samuel de Champlain

Saturday, December 31, 2011

Gaz de schiste - Les gazoducs sont-ils sécuritaires?

Photo: energyindustryphotos.com

Aux États-Unis, et particulièrement en Pennsylvanie, les gazoducs sont très peu règlementés. C'est facile de penser que les propriétaires n'ont pas d'entretien à faire, jusqu'au moment où il se produit un désastre. Et c'est à ce moment-là qu'on se rend compte que les propriétaires de gazoduc ont pas mal le champs libre, sans vouloir faire de jeux de mots... Reste à savoir si les choses sont bien différentes au Québec. Ici, c'est Gaz Métro qui a le monopole: est-ce une si bonne chose, un monopole? Je vous laisse le soin de poser les bonnes questions aux personnes responsables.

Voici une traduction libre d'un article de journal qui illustre pas mal bien la situation en Pennsylvanie.

Des gazoducs sous pression, mais peu de surveillance.

Dans les champs vallonnés du sud-ouest de la Pennsylvanie, des équipes de travail ont travaillé pendant des mois cette année à couper une tranchée au travers des boisés et entre les fermes pour préparer le terrain d'un nouveau gazoduc. Comme bien d'autres lignes qui s'entrecroisent dans les régions du Marcellus de l'état, ce gazoduc est immense: une ligne d'acier de 20 pouces de diamètre pouvant encaisser des hautes pressions, assez volumineux pour pouvoir aider à sortir l'océan de gaz naturel enfoui sous cette partie de la Pennsylvanie. Il est aussi assez gros pour causer une explosion importante si quelque chose allait mal.

Car il y avait des problèmes sur le chantier. Beaucoup trop de soudures qui relient les bouts de tuyaux ensemble ne passaient pas l'inspection et devaient être refaits. Un soudeur de grande expérience qui est maintenant un organisateur d'une union nationale s'est trouvé à côté du gazoduc à un moment donnée et a essayé de dénoncer du travail qu'il jugeait de qualité inférieure aux normes de tolérance. Mais il n'avait personne à appeler. Les régulateurs de la Pennsylvanie ne surveillent pas ces gazoducs, et avouent qu'ils ne savent même pas où ils sont. Et quand il a rapporté ce qu'il a vu à une agence fédérale de surveillance, un inspecteur lui a dit qu'il ne pouvait rien y faire lui non plus.

Parce que ce gazoduc était dans une région rurale, il n'y a pas de règlements de sécurité en vigueur.

"C'est fou." dit Terry Langley, le représentant du syndicat, inquiet de voir que n'importe quels problèmes peuvent littéralement être enterrés. "Il me semble que tout le monde s'en lave les mains."

Dans les régions de schiste en Pennsylvanie, où le boom gazier dans le Marcellus a vu un développement extrême, plusieurs gazoducs sont moins règlementées aujourd'hui que dans n'importe quel autre état en Amérique, selon une enquête du journal Inquirer. Des centaines de milles de gazoducs à haute pression sont déjà en place dans les régions exploitées sans vérifications de sécurité gouvernementaux - pas de normes de construction, pas d'inspections, pas de monitorage.

"Personne, absolument personne ne surveille." dit Deborah Goldberg, une avocate de Earthjustice, une firme d'avocat sans but lucratif qui se spécialise en environnement.

Après coup, les élus de l'état et les régulateurs tentent de se rattraper. La législature est prête à donner des pouvoirs au Public Utility Commission pour que la commission de surveillance des services publics puisse faire respecter les lois fédérales dans les régions de schiste, comme dans les autres états producteurs de gaz. Tout de même, à cause du retard de longue date des lois fédérales, le même problème qui a affligé le cas de la ligne près de Waynesburg, la nouvelle loi laisserait beaucoup de gazoducs sans encadrement légal dans des grandes régions rurales de la Pennsylvanie, surtout dans les régions de schiste, les mêmes où il se fait beaucoup de construction de gazoducs. Ces nouveaux gazoducs du Marcellus baptisé "gathering" - des gazoducs qui "ramassent" la production des puits avoisinants pour la diriger vers le gazoduc principal - ne sont pas sujets aux règlements, même s'ils sont quand même des tuyaux à grand diamètre et à haute pression, bien aussi puissants et potentiellement dangereux que les lignes de transmission qui traversent le continent!

Bien que les accidents de gazoducs sont rares, ils peuvent être dévastateurs. L'an passé, 21 personnes sont décédées et 105 ont été blessées dans 230 accidents de gazoducs aux États-Unis, selon les données fédérales. C'est le total de décès le plus important depuis une décennie. Cette année, 16 personnes sont décédées dans des explosions de gaz, dont 5 personnes dans Allentown et une à Philadelphie. Les accidents dans cette région sont tous dus à cause de défaillances dans des vieux tuyaux de fonte, pas de la sorte qui est installée dans les régions de schiste.

Un nombre croissant de personnes en Pennsylvanie dans les régions rurales disent que la vigilance corporative n'est pas suffisante: elles veulent que le Gouvernement s'en mêle et resserre la surveillance.

"C'est nous qui prenons tous les risques ici. On devrait nous accorder la même qualité de protection." dit Emily Krafjack, une résidente du Wyoming County et une experte en gazoducs autodidacte qui travaille comme consultante pour le comté. "Nous ne sommes pas une étude d'impact des risques." dit-elle. "Nous sommes de vrais gens. Nous payons des taxes. Nous avons des enfants. Nous sommes des gens ordinaires comme tout le monde."

Sans gazoducs, tout ce gaz resterait sous terre. Une étude dit que la Pennsylvanie peut s'attendre à voir apparaître de 10,000 à 25,000 milles de nouveaux gazoducs, assez, selon les prévisions les plus généreuses, pour encercler le globe à l'équateur. Comme la fracturation, la cadence accélérée de construction de gazoducs a augmenté les préoccupations en sécurité, a attiré l'attention des environnementalistes, et divise les communautés. Les creusages pour installer les gazoducs ont causé des problèmes en Pennsylvanie, l'érosion sédimentant des ruisseaux de grande qualité et polluant certains puits. Et la construction nécessitera la coupe de presque 150,000 acres de forêts, installant des douzaines, peut-être même des centaines de nouvelles stations de compression, ce qui emmènera du bruit et de la pollution de l'air.

"Je pense que la plupart des gens n'ont pas réalisé l'étendue que prendra ces activités." dit Nels Johnson, l'assistant directeur du Nature Conservancy (Conservation de la Nature aux É.-U.) et l'auteur de l'étude.

Pendant que les inspecteurs environnementaux gardent l'oeil ouvert sur les dommages des gazoducs sur les cours d'eau et les paysages, la vague de construction a surpris les législateurs en sécurité de la Pennsylvanie et les a pris de court. La majorité du gaz dans l'état vient toujours des champs d'exploitation de l'ouest par les gazoducs de transmission nationaux qui sont de la juridiction fédérale du Pipeline and Hazardous Materials Safety Administration (PHMSA). Dans les régions urbaines, le PUC règlemente les lignes de gaz pour les services publics comme Peco Energy et PGW. Mais jusqu'à date, personne au PUC ni au PHMSA ne surveille les gazoducs construits dans les régions d'exploitation du gaz de schiste, les tuyaux qui "ramassent" le gaz des différents puits, ni où ils s'en vont.

"Nous n'avons aucune espèce d'idée!" dit Paul Metro, le régulateur en chef de la sécurité des gazoducs du PUC.

Selon les règlements fédéraux, une région rurale se définit comme ayant 10 maisons ou moins sur un mille de gazoduc à l'intérieur d'un droit de passage d'un quart de mille de large. Les nouveaux gazoducs qui desservent le gaz de schiste ne sont même pas inclus dans le système " One Call", le programme "Call 811" qui veut éviter les accidents en cas de creusage près des lignes sous terre. "Je peux à peine y croire. Selon moi, c'est l'une des situations les plus ridicules que j'ai jamais vu!" dit Jim Weaver, un planificateur de Tioga County. Jusqu'à date, selon lui, les compagnies ont construit ou planifié de construire 1,000 milles de gazoducs dans son comté du centre-nord de la Pennsylvanie.

La lacune dans les lois pour l'Amérique rurale fait parti d'un vide encore plus vaste dans la surveillance gouvernementale sur les gazoducs, ici et à Washington: PHMSA, le régulateur à la tête des É.-U, se fait critiquer depuis des décennies pour son inefficacité et son manque de ressources.

La sécurité du système dans son ensemble dépend à la base de l'auto-réglementation de l'industrie. Mais quand des inspecteurs ont visité des chantiers au travail, ils ont soulevés des soudages mal faits, de l'acier de qualité inférieure, et d'autres erreurs de construction pouvant avoir des conséquences potentiellement dangereuses, surtout il y a de cela 5 ans quand l'industrie connaissait un autre boom gazier. "Houston, nous avons un problème." pour paraphraser une remarque de la NASA, avertissait un inspecteur en chef lors d'une conférence de l'industrie. Au travers le pays, les compagnies de gazoducs ont obtenu le droit de construire des lignes de gazoducs avec peu ou pas de restrictions venant des gouvernements locaux. En Pennsylvanie, l'influence des gazières est si grande que les législateurs se préparent à empêcher les autorités locales d'imposer des restrictions sévères sur les puits et les gazoducs dans leurs communautés.

Ray LaHood, le secrétaire du transport aux É.-U. et dont l'agence a du regard sur les gazoducs par la PHMSA, a admis que la surveillance de la sécurité des gazoducs est un ensemble hétéroclite bien fragile qui doit être renforcée considérablement. "Nous avons besoin de raffermir notre surveillance." disait LaHood dans une entrevue. "Nous allons faire tout ce que nous pouvons pour s'assurer que la sécurité est notre priorité numéro 1 quand il s'agit des gazoducs."

Au début de décembre 2011, les chefs du congrès se sont entendus sur un compromis d'un projet de loi sur la sécurité des gazoducs qui autoriserait l'addition de 10 nouveaux inspecteurs au travers le pays, exiger des nouveaux tests sur les gazoducs les plus vieux, et doubler les amendes à $2 millions maximums pour les infractions. Mais d'autres statistiques démontrent qu'il y a une augmentation dramatique des défaillances en sécurité sur les grosses lignes de transmission de gaz. Les incidents "importants", quand il y a des blessures, des fuites majeures, ou des réparations de grande envergure, ont augmenté de 55% depuis 2003.

En réalité, une analyse du Inquirer a trouvé que la plupart des améliorations en sécurité peuvent s'expliquer par une diminution d'accidents de creusage grâce aux programmes "One Call" qui prennent de l'ampleur. L'an passé était la pire année en mortalités causées par les gazoducs.

Durant une soirée de septembre 2010, un gazoduc d'acier, qui s'avéra plus tard être plein de soudures défectueuses, a éclaté dans une banlieue de San Bruno, tout près de San Francisco. L'explosion a tué 8 personnes, détruit 38 maisons, et laissé un cratère de 72 pieds de long. Des douzaines de personnes ont été blessées, certaines souffrant de brûlures au 3e degré.

Les explosions et les morts ont continué cette année en Pennsylvanie. En février, un gazoduc en fonte âgé de 83 ans a explosé en plein centre-ville d'Allentown, tuant 5 personnes dont un bébé de 4 mois. Et en janvier, un autre vieux gazoduc en fonte a explosé dans la partie nord-est de Philadelphie, projetant une balle de feu vers le ciel et blessant mortellement un jeune employé de l'industrie.

Les gazoducs en fonte s'effritent en vieillissant et ont longtemps été identifié comme étant un risque d'accident, mais les services publics sont lents à les remplacer. La Pennsylvanie a encore des milliers de milles de ces gazoducs. La compagnie Philadelphia Gas Works, propriétaire de 1,500 milles de gazoducs, a le plus gros pourcentage de gazoducs en fonte du pays. Bref, la Pennsylvanie se fie sur les compagnies pour s'assurer que les gazoducs sont construits correctement.

"J'ai entendu dire que certaines compagnies ne vérifient que 10% des soudures." dit Jay Senozetnik de Buffalo. Il est inspecteur pour le chantier de Chesapeake et travaille avec des rayons X. "Le problème, c'est que les gens qui habitent tout près ne savent pas quels gazoducs sont inspectés à 10% et lesquels sont inspectés à 100%."

"Ce qui m'inquiète le plus, c'est qu'une compagnie peut être consciencieuse, mais une autre pourrait ne pas l'être." dit Lynda Farrell, une activiste en sécurité de gazoducs dans Chester County.

Plusieurs des gens qui vivent le plus près des nouveaux gazoducs disent ne pas être inquiets, surtout s'ils ont un bail et ont besoin du gazoduc pour commencer à recevoir leurs redevances. Ils disent avoir confiance que les compagnies vont les construire de façon sécuritaire. Quand les problèmes sont soulevés, c'est presque toujours par les compagnies elles-mêmes, ou par leur propre inspecteur. Le problème, c'est que les compagnies font parfois des erreurs. Depuis quelques années, les preuves s'accumulent que les contrôles de la qualité peuvent ne pas bien fonctionner, surtout durant les périodes où il y a beaucoup de demande pour de nouveaux gazoducs, comme maintenant en Pennsylvanie.

"Il y a tellement de construction en marche, les compagnies commencent à avoir de la misère à fournir." dit l'expert en sécurité de gazoducs Richard Kuprewicz. "Et quand elles sont prises comme çà, elles tentent de tourner les coins ronds et prendre des chances. Ce n'est pas qu'elles le font intentionnellement: c'est le système qui prend le dessus. De la manière où se déroulent les évènements, 'Faites-nous confiance', ce n'est pas suffisant." dit Kuprewicz.

Vers la fin de l'année 2008, après qu'une marée de projets ait laissé l'industrie à la recherche de travailleurs qualifiés, de sérieux problèmes ont commencé à surgir dans les gros projets de gazoducs. Inquiets, les ingénieurs de la PHMSA ont commencé à passer plus de temps sur les chantiers pour observer eux-mêmes les équipes d'ouvriers. Ils ont observés 35 projets en tout. Ils ont trouvé de sérieux problèmes dans toutes les étapes de la construction selon Alan K. Mayberry, un chef à la PHMSA: "Cela décrit bien le portrait général d'une industrie qui a été vraiment été testée à ses limites depuis la dernière année." Mayberry a dit durant une conférence au Texas qu'on devrait prévenir l'industrie de prendre plus de précautions. L'agence avait trouvé de l'acier qui ne rencontrait pas les spécifications, ne recouvrait pas les tuyaux adéquatement, et utilisait des méthodes de soudures mal-avisées. L'agence a trouvé que les problèmes étaient amplifiés quand les lignes passaient au travers des collines et des cours d'eau, ce qui se retrouve souvent dans les régions d'exploitation en Pennsylvanie. Les inspections auraient dû relever les mauvaises soudures, mais ces procédures ont eu leurs propres problèmes de contrôle de qualité, selon le PHMSA. Certaines soudures défectueuses ont été détectées au moment des tests hydrostatiques. Un autre fonctionnaire du PHMSA a trouvé cela "extrêmement troublant". Les mauvaises soudures devraient être décelées tout de suite, pas durant les tests finaux. Mayberry se demandait tout haut à la conférence s'ils se trouvaient d'autres mauvaises soudures sur le terrain?

Des erreurs de construction ont causé la défaillance de nouveaux gazoducs.

En janvier, des travailleurs d'une compagnie de gazoducs ont trouvé des bulles dans un ruisseau dans une région reculée au sud de l'état de New York: c'était du gaz naturel fuyant d'un trou gros comme une tête d'épingle dans une ligne de transmission à haute pression qui n'avait que 2 ans. Le gazoduc Millennium Pipeline de 182 milles de long a annoncé un projet d'expansion pour desservir la demande des puits du Marcellus en Pennsylvanie et dans New York. Une enquête plus tard démontra qu'une section n'avait pas passé l'inspection visuelle et avait été mise de côté, mais a été installée quand même plus tard, par erreur. Au début de décembre, le propriétaire du gazoduc disait qu'une inspection minutieuse avait été faite après des réparations et a vérifié l'intégrité du gazoduc. Selon la compagnie Millenium Pipeline Co., le gazoduc opère maintenant à pleine pression.

Pour ce qui est de la ligne près de Waynesburg, Langley, le représentant du syndicat, dit qu'il est tombé dessus par hasard à une croisée de chemins pendant qu'il se promenait dans les régions d'exploitation de gaz de schiste en Pennsylvanie pour s'assurer que ses travailleurs syndiqués ne travaillaient pas pour des contracteurs non-syndiqués. Son syndicat, Local 798, dont les bureaux sont à Tulsa, documente sérieusement ce qu'il considère être du travail mal fait et trop brusqué par des contracteurs non-syndiqués, surtout au Texas en en Louisiane.

"Cela se fait partout, et ce qui est triste, c'est qu'il y a très peu d'encadrement." dit Danny Hendrix, le gérant d'affaires du Local 798. "Vous et moi doivent vivre près de ce mauvais travail." Il dit que les pratiques inférieures de construction veulent dire que des gazoducs qui devraient fonctionner pendant 70 ans pourraient à peine tenir 10 ou 20 ans. Un bon matin, le mois passé, près de la ville de Glouster, dans un coin reculé valonneux et rural dans la partie sud de l'Ohio, un gazoduc a explosé quand une soudure a lâché. C'était la 3e défaillance semblable sur ce gazoduc en Ohio cette année.

À 2 milles de là, George Pallo, le maire et chef des pompiers de la ville voisine de Jacksonville, l'avait remarqué: une torche de flammes de 1,000 pieds de hauteur. En s'approchant, dit-il, il a dû fermer les fenêtres du camion d'incendies pour entendre sa radio. "J'entends toujours ce grondement dans ma tête." dit-il. Trois maisons et 2 granges ont pris feu, pas à cause de l'explosion mais à cause de la température radiante. Une femme a presque attendu trop longtemps pour quitter sa maison: elle est partie seulement quand le parement de vinyle s'est mis à fondre sur les murs extérieurs. Elle s'est brûlé le derrière de ses jambes quand elle courait pour fuir de sa maison.

En février, une soudure a lâché et a déclenché une autre boule de feu à 150 milles de là: heureusement, personne n'a été blessé. Une autre défaillance de soudure a provoqué une grosse fuite de gaz en mars, mais cette fois-ci, il n'y a pas eu d'incendie.

Pour les gens de gazoducs et les autorités, c'est préoccupant: les soudures qui relient les sections de tuyaux ensembles son supposé d'être plus forts que l'acier lui-même. Trois défaillances en un an, cela veut dire que quelque chose ne va vraiment pas. "Vous pouvez être sûr que nous surveillons ce gazoduc de très près." dit Quarterman, le fonctionnaire en chef du département des gazoducs.

El Paso dit qu'on ne sait pas si la 3e défaillance est due, elle aussi comme les 2 premières, à des soudures défectueuses: la compagnie dit que des déplacements de terrain pourraient avoir craqué le tuyau. Dans un communiqué, El Paso dit que la sécurité est une priorité et a un programme d'inspections qui va bien au-delà de ce qu'exigent les règlements fédéraux.

Ce mois-ci, une autre explosion dans une région rurale au sud de l'Alabama a fait sauté une autre ligne de gaz qui se rend jusqu'en Pennsylvanie. Cette fois-ci, il n'y a pas eu de blessés. La principale ligne de défense du système de gazoducs national contre les fuites et les explosions de ce genre est une gestion d'intégrité, une série de règlements qui exige des compagnies d'inspecter les gazoducs les plus âgés. Avant ce programme qui a commencé en 2004, une fois que les gazoducs étaient enterrés, les compagnies n'étaient plus jamais obligées d'aller les vérifier. Depuis ce temps-là, les compagnies ont trouvé et réparé plus de 3,200 problèmes dans le grand réseau de gazoducs entre les états.

Mais le programme pourrait donner un faux sentiment de sécurité.

Les normes ne portent que sur seulement 7% des gazoducs, dans des régions à conséquences élevées, une façon d'appeler les voisinages densément peuplés, ou des centres d'achats, ou des écoles. Les inspections de gazoducs sont habituellement des audits de dossiers sur papier, mais ces dossiers de services publics sont parfois manquants ou erronés.

Dans le cas de San Bruno, les dossiers de la compagnie ne montrent pas que le gazoduc avait été monté avec des parties courtes de restants de tuyaux fait avec de l'acier de qualité moindre et avait des soudures dangereuses, selon un rapport fait par le National Transportation Safety Board qui enquête sur de tels accidents importants. Deux vérifications internes faits par l'état et le PHMSA n'ont pas décelé ces problèmes, malgré le fait que plusieurs d'entre eux auraient été facile à trouver.

Le Safety Board avait tiré la conclusion que le programme de surveillance de la PHMSA a été faible et inefficace à superviser les régulateurs des états, le même reproche avait été fait par des vérificateurs fédéraux il y a 32 ans. Pendant que les compagnies accélèrent la vitesse de construction des gazoducs en Pennsylvanie, le nombre d'inspections de sécurité du gouvernement a baissé. "C'est la responsabilité du PHMSA, mais le PHMSA n'a pas les effectifs." dit Metro, le régulateur en chef de la sécurité des gazoducs en Pennsylvanie. "Ils font certaines inspections, mais pas beaucoup." Finalement, le PHMSA dit qu'un nombre modeste d'heures ont été consacrées à faire des inspections dans l'état depuis les dernières années, soit l'équivalent en 2009 d'un inspecteur travaillant à plein temps pendant 6 mois. L'année passée, les jours travaillés par les inspecteurs ont diminué de moitié. De plus, selon l'agence, 216 jours travaillés ont été passé à réviser les dossiers des compagnies qui s'activent en Pennsylvanie et les autres états. L'agence ne pouvait pas dire combien de jours de ces 216 ont été dédiés aux gazoducs de la Pennsylvanie. Les critiques s'inquiètent que le manque d'attention que porte la Pennsylvanie sur ce dossier aujourd'hui pourrait mener au désastre plus tard.

"Il va se passer un paquet de mauvaises choses d'ici les 10-15 prochaines années." dit Don Deaver, un ancien ingénieur de pipelines du Texas qui travaille maintenant comme consultant. "Il y a trop de choses qui se passent trops rapidement que la surveillance des autorités n'a pas pu suivre." Photo: theblogismine.com

"Powerful Pipes, Weak Oversight

WAYNESBURG, Pa. - Through the hilly fields here in southwestern Pennsylvania, crews worked for months this year, cutting a trench through woods and past farms for a new natural gas pipeline. Like many other lines crisscrossing the state's Marcellus Shale regions, this pipe was big - a high-pressure steel line, 20 inches in diameter, large enough to help move a buried ocean of natural gas out of this corner of the state. It was also plenty big enough to set off a sizable explosion if something went wrong.

There was trouble on the job. Far too many of the welds that tied the pipe sections together were failing inspection and had to be done over. A veteran welder, now an organizer for a national pipeline union, happened upon the line and tried to blow the whistle on what he considered substandard work. But there was no one to call. Pennsylvania's regulators don't handle those pipelines, and acknowledge they don't even know where they are. And when he reported what he saw to a federal oversight agency, an inspector told him there was nothing he could do, either.

Because the line was in a rural area, no safety rules applied.

"It's crazy," said Terry Langley, the union official, worried that any problems would literally be buried. "It seems to me that everyone is turning a blind eye."

In Pennsylvania's shale fields, where the giant Marcellus strike has unleashed a furious surge of development, many natural gas pipelines today get less safety regulation than in any other state in America, an Inquirer review shows. Hundreds of miles of high-pressure pipelines already have been installed in the shale fields with no government safety checks - no construction standards, no inspections, and no monitoring.

"No one - and absolutely no one - is looking," said Deborah Goldberg, a lawyer with Earthjustice, a nonprofit law firm focusing on the environment.

Belatedly, the state's elected officials and regulators are trying to catch up. The legislature is poised to give the state Public Utility Commission authority to enforce federal safety rules in the shale regions, as in other gas-producing states. Still, because of a long-standing gap in the federal rules - the same issue that affected the line near Waynesburg - the new law would leave many gas pipelines unregulated over vast swaths of rural Pennsylvania, especially in the very shale regions that are ground zero for pipeline construction. These new Marcellus Shale "gathering" pipelines that connect to the wells are going unregulated, even though they are large-diameter high-pressure pipes - as powerful and potentially dangerous as the transmission lines that cut across the continent.

Although accidents in natural gas pipelines are rare, they can be devastating. Last year, 21 people died and 105 were hurt in 230 gas-line accidents in the United States, according to federal data, the highest death total in a decade. This year, 16 people have died in gas explosions, including five people in Allentown and one in Philadelphia. The accidents in this region were all due to failures in old cast-iron pipelines, not the type of lines being installed in the shale regions.

An increasing number of Pennsylvanians in rural areas say corporate vigilance is not enough - they want government to step up oversight.

"We're taking all the risks up here. We should be afforded the same protections," said Emily Krafjack, a resident of Wyoming County and self-taught expert on pipelines who now works as a county consultant. "We are not a risk assessment," she said. "We are real people. We pay taxes. We have kids. We are regular people like everybody else."

Without pipelines, all that gas will stay in the ground. One study says Pennsylvania can expect anywhere from 10,000 to 25,000 miles of new natural gas pipelines - enough, in the higher estimate, to circle the globe at the equator. Like fracking, the quickening pace of pipeline construction has heightened safety worries, aroused environmentalists, and divided communities. Pipeline digs already have caused problems in Pennsylvania, with erosion clogging some high-quality streams and polluting some wells. And the build-out will require the clearing of as much as 150,000 acres of forest, and bring dozens or even hundreds of new compressor stations, which will add to noise and air pollution.

"The scale of it, I don't think a lot of people really grasp yet," said Nels Johnson, deputy state director of the Nature Conservancy and the study's author.

While environmental inspectors keep a watch for pipeline damage to streams and landscapes, the wave of construction caught Pennsylvania's safety regulators unprepared. Much of the gas in the state still arrives from western fields via interstate transmission lines, which are regulated by the federal Pipeline and Hazardous Materials Safety Administration, or PHMSA. In urban areas, the PUC regulates gas lines for utilities such as Peco Energy and PGW. But thus far, no one in the PUC or PHMSA has kept track of what gathering pipelines have been built in the shale fields, or where they are going.

"We have no idea," said Paul Metro, the PUC's top pipeline-safety regulator.

Under federal regulations, a rural area is defined as one with 10 or fewer homes along each mile of pipe, within a quarter-mile-wide right-of-way. The new shale-well lines are not even included in the One Call system, the "Call 811" program that aims to prevent digging accidents with buried pipelines. "I just can't believe that. That to me is one of the most ludicrous situations I have ever heard of," said Jim Weaver, Tioga County planner. So far, he said, companies have built or planned 1,000 miles of pipeline in his north-central Pennsylvania county.

The loophole for rural America is part of a much larger vacuum in government oversight for pipelines, here and in Washington: PHMSA, the main U.S. regulator, has been criticized for decades as ineffectual and overwhelmed.

The safety of the entire system largely hinges on industry self-policing. But when inspectors have visited job sites, they have turned up some shoddy welds, substandard steel, and other potentially dangerous construction errors - particularly about five years ago, when the industry was going through another boom period. "Houston, we have a problem," one top inspector warned at a conference with the industry. Throughout the country, pipeline firms have won the right to build lines with few if any restrictions from local governments. In Pennsylvania, the gas industry's clout is such that legislators are preparing to bar local officials from imposing tough restrictions on wells and pipelines in their communities.

U.S. Transportation Secretary Ray LaHood, whose agency oversees pipelines via PHMSA, has acknowledged that pipeline-safety oversight is a thin "patchwork" that needs to be made far tougher. "We need to step up our enforcement," LaHood said in an interview. "We're going to do everything we can to make sure safety is the number-one priority when it comes to pipelines."

On Thursday (December 8 2011), congressional leaders reached a compromise on a new pipeline-safety bill that authorizes adding 10 inspectors nationwide, requires new tests on some older pipelines, and doubles maximum fines for violations to $2 million.
But other statistics point to a dramatic increase in safety failures in big gas transmission lines. "Significant" incidents - those involving injuries, big leaks, or major repairs - have shot up by 55 percent since 2003.

In fact, an Inquirer analysis found that most of the safety improvements can be traced to a decrease in excavation accidents bought on by the spread of One Call programs. Last year was the worst for pipeline deaths in a decade.

One early evening in September 2010, a steel gas transmission line, later found to be riddled with faulty welds, erupted in a neighborhood in San Bruno, outside San Francisco. The blast killed eight people, destroyed 38 homes, and left a crater 72 feet long. Dozens were injured, some suffering third-degree burns.

The explosions and the deaths have continued this year, in Pennsylvania. In February, an 83-year-old cast-iron gas line blew up in downtown Allentown, killing five, including a 4-month-old baby. And in January, another old cast-iron main exploded in Northeast Philadelphia, sending a 50-foot fireball into the sky and fatally injuring a young gas company worker.

Cast-iron pipelines, which turn brittle with age, have long been identified as a safety hazard, but utilities have been slow to replace them. Pennsylvania still has thousands of miles of these lines. Philadelphia Gas Works, with more than 1,500 miles, has the highest percentage of cast iron in the nation. In short, Pennsylvania is depending on the companies to make sure the pipelines are built correctly.

"I've heard some companies only check 10 percent of the welds," said Jay Senozetnik of Buffalo, working as an X-ray inspector on the Chesapeake job. "The problem is, people living next to it don't know which lines are inspected 10 percent and which are 100 percent."

"The biggest concern is that one company may be a good actor, but another company may not be," said Lynda Farrell, a pipeline-safety activist in Chester County.

Many of the people living closest to the new pipelines say they are unconcerned - particularly if they have a lease and need the pipeline to start collecting their royalty payments. They say they trust the companies to build them safely. When problems are caught, it's almost always by the companies themselves, or by their own inspectors. The problem is, the companies sometimes make mistakes. In recent years, there has been growing evidence that quality controls can break down - particularly during times of strong demand for new lines, as there is now in Pennsylvania.

"They've got so much construction going on, companies are really getting lean," said pipeline-safety expert Richard Kuprewicz. "And if you're spread so thin, you start to cut corners, and take risks. It's not like they do it intentionally; it's the system [that] takes over." "The way things are going, 'Trust us' isn't cutting it," Kuprewicz said.

In late 2008, after a surge in projects left the industry stretched to find qualified workers, some serious problems began cropping up in big pipeline projects. Alarmed, PHMSA engineers started spending more time in the field actually observing work crews. In all, they looked at 35 projects. What they found were "very serious issues covering all aspects of construction," according to Alan K. Mayberry, a top PHMSA official. "It really paints a portrait of an industry that over the last year or so has really been stretched to capacity," Mayberry said during a conference in Texas to warn the industry to be more careful. The agency found steel that didn't meet specifications, inadequate coating on pipes, and slipshod welding techniques. The agency found the problems were exacerbated when the lines cut through hills and streams - common terrain in Pennsylvania's shale fields. Inspections were supposed to catch the bad welds, but those procedures suffered from their own "quality control problems," PHMSA found. Some of the bad welds weren't caught until the lines failed during hydrostatic tests. Another PHMSA official said that was "extremely troubling." Bad welds are supposed to be caught right away, not during final testing. Did that mean, Mayberry wondered during the conference, that there were other bad welds lurking?

Construction mistakes have caused other new pipelines to fail.

In January, pipeline company workers found bubbles in a stream in a remote section of southern New York - natural gas from a pinhole leak in a high-pressure transmission line just two years old. The 182-mile Millennium Pipeline has announced expansion plans to accommodate demand from Marcellus Shale wells in Pennsylvania and New York. A later investigation found that a section had flunked a visual inspection and was set aside - but was installed anyway, by mistake. Last week, the pipeline's owner said it thoroughly inspected the pipeline after doing repairs and "verified the integrity" of the line. It is operating again at full pressure, Millennium Pipeline Co. said.

As for the line near Waynesburg, Langley, the union organizer, said he happened upon it at a road crossing while he was prowling the shale fields in Pennsylvania, looking to make sure none of his workers were doing jobs for nonunion contractors. His union, Local 798, based in Tulsa, has been aggressively documenting what it considers slipshod, rushed work by nonunion contractors, particularly in Texas and Louisiana.

"It's happening everywhere, and the sad part is there's very, very little regulation," said Danny Hendrix, Local 798's business manager. "You and I are the ones who have to live around that stuff." He said inferior construction practices mean that pipelines that should last 70 years might last only 10 or 20. One morning last month, near the town of Glouster, in a remote section of hills and hamlets in southern Ohio, the line blew up when a weld failed. It was the third such failure on that pipeline in Ohio this year.

Two miles away, George Pallo, mayor and senior firefighter in the nearby town of Jacksonville, spotted it: a 1,000-foot tower of flame. As he got closer, he said, he had to roll up the fire truck window so he could hear the radio. "I still hear that roar," he said. Three houses and two barns caught fire, not from the explosion but from the radiant heat. One woman waited almost too long to get out, fleeing only when her home's vinyl siding started to melt. The backs of her legs got burned as she ran away.

In February, a weld split and touched off another fireball 150 miles away; no one was hurt. Another weld failure created a big gas leak in March, but this time there was no fire.

For pipeline people and regulators, this is worrisome: The welds tying the sections together are supposed to be stronger than the steel itself. Three failures in one year means something has gone very wrong. "You can bet we are paying a lot of attention to that pipeline," said Quarterman, the top pipeline regulatory official.

El Paso says it's not known yet whether the third failure is, like the first two, related to defective welds; the company says shifting soil may have cracked the pipe. In a statement, El Paso said it is committed to safety, with an inspection program that "goes well beyond what is required by federal regulations."

This month, another explosion, in rural western Alabama, blew up another gas line that extends into Pennsylvania, without injuring anyone. The national pipeline system's main line of defense against leaks and explosions of this type is "integrity management," a set of rules requiring companies to inspect older pipelines. Before the program went into effect in 2004, once pipelines were in the ground, companies never had to check them again. Since then, companies have found, and repaired, more than 3,200 problems in big interstate transmission lines.

But the program can confer a false promise of safety.

The standards cover only 7 percent of lines, in "high-consequence areas" - a euphemism for densely populated neighborhoods, or malls or schools. And pipeline inspections are usually audits of paper records, but these utility records are sometimes missing or wrong.

In the case of San Bruno, the utility's records didn't show that the pipeline was cobbled together out of short sections of leftover pipe, and had poor-quality steel and dangerous welds, according to a report by the National Transportation Safety Board, which investigates such major accidents. Two audits by the state and PHMSA didn't find these issues, "despite the fact that many of them should have been easy to detect."

The Safety Board concluded that PHMSA's enforcement program has been "weak" and ineffective in supervising state regulators - the same criticism made by federal auditors 32 years ago. As companies have ramped up their pace of pipeline construction in Pennsylvania, the number of government safety inspections has actually gone down. "They are the responsibility of PHMSA, but PHMSA doesn't have the resources," said Metro, Pennsylvania's top pipeline-safety regulator. "They do some inspections, but not a lot." Overall, PHMSA says it has devoted a modest amount of time to inspections in the state in recent years - the equivalent, in 2009, of one inspector working half a year. Last year, inspector workdays fell by half. In addition, the agency said, it spent 216 workdays reviewing records of companies active in Pennsylvania and other states. It couldn't say how much of that time was spent on Pennsylvania pipelines. Critics worry that Pennsylvania's inattention now could lead to disaster later.

"There's nothing but a bunch of bad things that are going to happen in the next 10 or 15 years," said Don Deaver, a former pipeline engineer from Texas who now works as a consultant. "You've had so much of it happening so quickly up there that the regulatory oversight just isn't there to keep up."

Excerpts of article written by By Joseph Tanfani and Craig R. McCoy, published in the Inquirer here:
http://www.philly.com/philly/news/special_packages/inquirer/marcellus-shale/135273768.html
Photo: clarksons.org

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