Voici une traduction libre d'un écrivain prolifique qui critique souvent les idées préconçues dans le domaine énergétique. Voici ce qu'il pense des gaz de schiste aux États-Unis, et ses arguments sont tout aussi valables pour les Québécois.
Pas tellement: le gaz de schiste a ses limites.
Si vous vivez aux États-Unis et regardez la télé, c'est presque impossible d'éviter de regarder les publicités payées qui tentent de nous convaincre que le gaz naturel extrait du schiste est à la fois abondant et environnementalement sécuritaire à exploiter. Dans des pubs, il y a tellement de gens heureux qui semblent contents de brûler du gaz naturel qu'il serait difficile de s'imaginer que leurs sourires pourraient se figer prématurément.
Bien que les annonces ne seront probablement pas retirées ou modifiées, les faits émergents vont à l'encontre du ton joyeux de ces commerciaux de l'association Natural Gas Alliance des États-Unis, un consortium de foreurs de gaz de schiste.
Premièrement, il est de plus en plus évident que les données actuelles des puits que la production ne suit pas le modèle de fabrication type décrit dans les pubs. Ce modèle prend pour acquis que les formations de schiste sont uniformes dans leur teneur en gaz, du moins assez semblables pour que le foreur puisse creuser un puits pratiquement n'importe où dans une formation et avoir un puits payant qui pisse le méthane.
Art Berman est un géologue indépendant en produits pétroliers, et avec son collègue Lynn Pittinger a étudié les données réelles. Ils sont convaincus que le modèle de l'industrie est un mythe: "La contraction des régions géographiques exploitées dans des petits secteurs réduit considérablement les réserves commercialement exploitables des régions que nous avons étudiées." Bref, vous ne pouvez pas forer n'importe où. Les foreurs pensaient que les grandes régions prometteuses en rose dans la carte ci-incluse fourniraient du gaz de schiste profitable partout. Il semblerait qu'il y a des endroits très riches, et d'autres qui ne le sont pas du tout. Et les endroits très riches s'avèrent être assez petites à comparé avec la grandeur des formations.
Berman et Pittinger précisent aussi que les taux de production élevés initiaux diminuent en dedans de quelques années, ce qui forcent les foreurs à s'engager dans une course pour simplement remplacer des productions à la baisse et augmenter exponentiellement le nombre de puits ils doivent forer pour pouvoir augmenter la production d'une façon constante. De plus, les 2 auteurs mettent en doute les affirmations que les puits produiraient pendant des décennies, même à des taux très faibles. L'histoire du gaz de schiste jusqu'à date suggère que cela est improbable, au mieux, et certainement pas financièrement avantageux.
Deuxièmement, un reportage dans le quotidien The New York Times intitulé "Insiders Sound an Alarm Amid a Natural Gas Rush" a mis a jour une liste de mémos et de courriels internes de l'industrie et entre fonctionnaires du gouvernement qui admettent que les estimations sur la disponibilité du gaz à extraire du schiste étaient exagérés.
Troisièmement, une autre mauvaise nouvelle est venu d'une évaluation du U.S. Geological Survey (USGS) de la ressource en gaz naturel dans la formation Marcelllus. Cette formation géologique est jusqu'à date la plus vaste de son genre aux États-Unis, se trouvant sous des parties des états de New York, de la Pennsylvanie et de la Virginie Occidentale, en plus de certaines parties de l'Ohio, du Kentucky et du Tennessee. Autrefois, le U.S. Energy Information Administration, la section de statistiques du département de l'énergie U.S. Department of Energy, avait prévu que le Marcellus contenait 410 milliards de pieds cubes de gaz de schiste soit-disant récupérable. (Sans préciser si de telles ressources peuvent être exploitées avantageusement économiquement.) Le rapport du USGS évalue la ressource techniquement récupérable à 84 milliards de pieds cubes, une diminution de 80%. Pour une idée de l'ordre de grandeur, les États-Unis ont consommé environ 24 milliards de pieds cubes de gaz naturel en 2010.
On a souvent entendu dire que les États-Unis comptaient pour 100 ans de gaz naturel au taux de consommation actuel, mais cette affirmation se basait sur une réserve de 410 milliards de pieds cubes dans le Marcellus. Mais est-ce que les foreurs vont cesser d'affirmer qu'on en a encore pour 100 ans?
La quatrième nouvelle ne vient pas de l'industrie elle-même ni d'études de Mère Nature, mais du gouvernement de l'état. Comme je l'ai déjà écrit plus tôt cette année, les nouvelles lois pourraient tiédir la production du gaz de schiste considérablement. Les nouveaux projets de lois de l'état de New York ont exactement cet effet, et à un degré que je ne croyais pas possible. Des bandes riveraines sont maintenant obligatoires autour des sources d'eau potable, et les régions disponibles pour faire des forages à l'intérieur des claims déjà accordés sont diminuées de 40% à 60%. De plus, certaines municipalités utilisent leurs pouvoirs discrétionnaires d'usages de leur territoire pour rendre les forages chez eux pratiquement impossibles.
Il s'ensuit que les foreurs sont furieux, si fâchés que certains songent à abandonner leurs baux pour se concentrer dans les états qui encadrent moins sévèrement leur industrie. New York peut leur dire ses adieux puisque les séquelles coûteuses d'assainir les aquifères et l'eau potable pourraient dans le long terme contrebalancer les gains économiques temporaires venant de la production du gaz naturel.
Finalement, il y a toujours la question du prix. Un contremaître de foreurs que je connais m'a dit qu'il n'y a pas si longtemps, nous pourrions avoir du gaz naturel disponible à plus de $10 le mille pieds cube, mais pas beaucoup sous $4. Le prix importe beaucoup parce que la quantité importante promise par l'industrie exigerait l'exploitation de gisements qui sont dispendieux à développer et donc obligerait des prix plus élevés que ceux d'aujourd'hui.
Je m'attends de recevoir d'autres nouvelles d'ici peu qui détailleront de nouvelles limites aux taux d'exploitation de gaz de schiste. Il est vrai que la croissance de la production de gaz naturel a surpris plusieurs analystes en énergie. Jusqu'à date, il était entendu que la production du gaz naturel conventionnel déclinerait, et que les É.-U. dépendraient de plus en plus d'importations. Mais je pense que le public et les législateurs submergés à tous les jours par la propagande de l'industrie auront d'autres surprises.
Du gaz naturel en abondance? Peut-être. Seulement si le prix est bon. Du gaz naturel à bas prix sur le long terme? Pas tellement.
L'auteur du texte ci-haut, Kurt Cobb, est l'auteur du thriller sur le pic pétrolier "Prelude". Lien: http://preludethenovel.com/ Il est aussi chroniqueur d'un site de nouvelles scientifiques basé à Paris appelé Scitizen. Lien: http://www.scitizen.com/authors/Kurt-Cobb-a-863_s_02cd303b5f9a176c4a2eedcd15000f51.html
Son travail a aussi paru dans Energy Bulletin, The Oil Drum, 321energy, Common Dreams, Le Monde Diplomatique, EV World, ainsi que beaucoup d'autres sites. Il tient un blog appelé Resource Insights. Lien: http://www.resourceinsights.blogspot.com/
"Not so much: Shale gas shows its limitations
If you live in the United States and bother to turn on your television, it's almost impossible to avoid ads telling you that natural gas from shale is both abundant and environmentally safe to develop. In these ads, so many happy people seem to enjoy burning natural gas that it would be difficult to imagine that their smiles might come to a premature end.
Though the ads will probably not be withdrawn or recut, the emerging facts run counter to the gleeful tone of this television commercial produced by America's Natural Gas Alliance, a consortium of shale gas drillers. (For some more samples from other advertisers, click here, here and here.) First, it has become increasingly apparent from actual well data that shale gas is not being harvested according to the much-touted "manufacturing model." This model assumes that shale deposits are basically uniform, or at least uniform enough that a driller could sink a well virtually anywhere in a shale gas deposit and have an economical well blasting out methane.
Independent petroleum geologist Art Berman and his colleague Lynn Pittinger, who studied the actual data, have shown that the manufacturing model is a myth, to wit: "The contraction of extensive geographic play regions into relatively small core areas greatly reduces the commercially recoverable reserves of the plays that we have studied." In short, you can't just drill anywhere. Drillers thought the huge plays highlighted in pink on the map below would yield profitable shale gas everywhere. It turns out that there are sweet spots, and then there are spots that are not sweet at all. And, the sweet spots are turning out to be quite small compared to the size of the deposits.
Berman and Pittinger also point out that initial high flow rates give out within a couple of years, putting drillers on a treadmill merely to replace this declining production and implying geometric increases in the number of wells they must drill to grow production consistently. What's more, the two authors question claims of decades-long flows, albeit at very low rates, from individual wells. The history of shale gas wells to date suggests that this is unlikely, at best, and almost certainly uneconomical.
The second shoe to drop was a piece in The New York Times entitled "Insiders Sound an Alarm Amid a Natural Gas Rush" which cited internal memos and emails from industry and government officials admitting that estimates of the available gas from shale are overblown.
The third piece of damning news came from a recent U.S. Geological Survey (USGS) assessment of the Marcellus Shale natural gas deposits, by far the largest of their kind in the United States spanning vast areas of New York, Pennsylvania, and West Virginia as well as sections of Ohio, Kentucky and Tennessee. Previously, the U.S. Energy Information Administration, the statistical arm of the U.S. Department of Energy, had estimated that the Marcellus Shale contained 410 trillion cubic feet of so-called "technically recoverable shale gas resources." (This says nothing about whether such resources can be economically recovered. See the discussion of natural gas prices below.) The USGS report put the technically recoverable amount at 84 trillion cubic feet, an 80 percent reduction. For reference, the United States consumed about 24 trillion cubic feet of natural gas in 2010.
The often repeated claim that the United States has 100 years of natural gas at current rates of consumption is based to a considerable degree on the 410 trillion cubic feet which the Marcellus Shale supposedly added to U.S. resources. But, don't expect the shale gas drillers to stop advertising the 100 year claim anytime soon.
The fourth piece of news came not from industry insiders or studies of Mother Nature herself, but from state government. As I wrote earlier this year, new regulations could significantly dampen shale gas production. The newly released regulations in New York state do just that and to a degree that even I didn't think possible. Buffers are now required around water resources and have cut down the area available for drilling within existing shale gas leases by 40 and 60 percent. In addition, some municipalities are using their land use regulatory powers to make it all but impossible to drill in their jurisdictions.
As a result drillers are furious, so furious that some are thinking of abandoning their leases to concentrate on drilling in states with more lax regulations. New York may bid them a fond farewell since the legacy costs of cleaning up aquifers and drinking water could in the long run far outweigh the temporary economic gains from natural gas production.
Finally, there is always the question of price. A drilling foreman I know told me not too long ago that we might have quite a bit of natural gas available above $10 per thousand cubic feet, but not very much below $4. Price matters because the huge amount of natural gas promised by the industry would require the exploitation of deposits that are expensive to develop and therefore require prices much higher than today's.
I expect there to be a fifth, sixth and seventh piece of news and so on, detailing new limits on the rate of shale gas extraction. True, the explosive growth of shale gas production certainly caught many energy analysts by surprise. The received wisdom up until recently was that conventional gas production would decline, and the United States would increasingly rely on imports. But, I think the public and policymakers, who are being propagandized daily by the industry, may be in for yet another surprise.
Abundant natural gas? Sort of, but only if the price is right. Cheap natural gas for the long run? Not so much.
Kurt Cobb is the author of the peak-oil-themed thriller, Prelude, and a columnist for the Paris-based science news site Scitizen. His work has also been featured on Energy Bulletin, The Oil Drum, 321energy, Common Dreams, Le Monde Diplomatique, EV World, and many other sites. He maintains a blog called Resource Insights"
Link: http://www.energybulletin.net/stories/2011-10-30/not-so-much-shale-gas-shows-its-limitations
La toile imperméable d'un bassin a pris feuPhoto: fracTracker.org
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