Sunday, April 10, 2016
Nouvelle stratégie énergétique: de la poudre aux yeux!
Il n'y a pas grand monde avec qui je suis d'accord au Québec quand il s'agit de choses sociales et environnementales. Il y a Harvey Mead qui, étant philosophe, n'est pas toujours facile à suivre. Il y a aussi Roméo Bouchard, que j'ai suivi pendant la lutte aux cochons durant le début des années 2000, et couramment, durant la lutte énergétique. Je ne suis pas toujours Roméo, surtout quand il s'agit de politique, mais ce papier sur la toute nouvelle stratégie énergétique du Québec, je suis entièrement d'accord à 100%!
Nouvelle stratégie énergétique : de la poudre aux yeux!
Roméo Bouchard, publié sur Facebook dimanche le 10 avril, 2016
La poudre dans les yeux, ça donne l'impression qu'il se passe quelque chose mais ça empêche de voir quoi...
C'est exactement ce que fait cette « non-stratégie énergétique », confiée à une nouvelle agence soi-disant indépendante à venir, qui rendra des comptes à une nouvelle Régie de l'Énergie à venir, sous l'égide tutélaire du ministre des ressources naturelles, donc du ministre de l'extraction, et présentée comme notre transition vers un Québec prospère.
Objectif éblouissant : 40% moins de pétrole, donc de GES, d'ici 2030 (89-95% d'ici 2050). Cet objectif, qualifié de prometteur par certains écologistes optimistes, est jugé par les experts insuffisant pour maintenir le réchauffement à 2 degrés, compte-tenu du fait qu'il faut des siècles à éliminer ce qui a déjà été accumulé. Or un réchauffement à 2.5 degrés signifierait, entre autres choses, une hausse du niveau de la mer pouvant aller jusqu'à 50 mètres et la privation d'eau pour plus d'un milliard d'habitants. Ce n'est pas de l'alarmisme, c'est le consensus scientifique.
Moyens vagues et insuffisants: remplacer le pétrole, dans les transports surtout (43%), par les énergies renouvelables (+25%), le gaz naturel (de schiste!!!) et le pétrole québécois (!!!), et investir 4 milliards en 15 ans pour accroître notre efficacité énergétique (+15% d'ici 2030), montant recyclé jugé insuffisant par les experts.
La tâche du Québec, riche en hydroélectricité soi-disant propre, est pourtant beaucoup plus facile que celle de pays dépendants du charbon, comme les USA, la Chine ou l'Angleterre, qui, on peut l'anticiper, atteindront beaucoup plus difficilement ces cibles.
Pas de mention de la fiscalité écologique, ni du réaménagement incontournable du territoire et des villes, ni de la relocalisation de nos activités économiques et sociales, ni d'un prix crédible du carbone, ni des mille changements douloureux requis pour y parvenir : c'est à venir.
Pas de référence surtout, au-delà de la question des GES et du climat, à l'enjeu global inséparable de notre empreinte écologique insoutenable et à l'effondrement des écosystèmes planétaires qui nous pend sur la tête d'ici 2050: croissance industrielle compulsive, épuisement constant de ressources indispensables, rareté croissante de l'eau, pollution hors contrôle, effondrement accéléré de la biodiversité et de nos systèmes alimentaires, augmentation explosive des inégalités sociales.
L'auto électrique et les transports électrifiés ne sont pas une solution magique si on continue à se déplacer et à tout déplacer comme des malades, à produire et consommer comme des drogués, à subir la dictature des riches sans réagir.
Survivre dans un monde de plus en plus hostile sera pas mal plus compliqué que ce que laissent entendre Couillard et Arcand, et même plusieurs écologistes qui, pour se montrer positifs et ne pas démobiliser les citoyens, voient des « signes prometteurs » et des « pas dans la bonne direction” un peu partout.
En fait, c'est moins de transition qu'il faut parler que de stratégie de survie.
Lien: https://www.facebook.com/notes/rom%C3%A9o-bouchard/nouvelle-strat%C3%A9gie-%C3%A9nerg%C3%A9tique-de-la-poudre-aux-yeux/10155028201958849
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I find that there are not many thinkers in Quebec who say things as they are, being realistic from a social and environmental point of view. Among those that I respect, there is Harvey Mead, philosopher, and as such, not always easy to understand and grasp entirely. Then there is Roméo Bouchard, who looks at things more from a political point of view, but who I have followed through the pig fight, and currently, the energy fight. His political views are not always in line with mine, but in this piece where he sums up pretty well the recent new Quebec energy strategy, I pretty much agree with 100%!
Here is my translation of above piece written by Roméo:
New energy strategy: smoke and mirrors!
Smoke and mirrors just gives the impression that something is going on but it is not clear what it is...
That is exactly what this "non-strategic energy policy" is doing, assigned to a new agency supposedly independent that is to be formed, that will answer to a new Energy Authority to come, under the oversight of the Natural Resources minister, so a minister of extraction, and presented like our transition to a prosperous Quebec.
Blinding objective: 40% less oil, and greenhouse gases, by 2030 (89%-95% by 2050). This objective, qualified as promising by some optimistic environmentalists, is judged insufficient to keep the warming of the planet at 2 degrees by experts, because of the fact that centuries must past to eliminate was has been accumulating for this long. But a warming of 2,5 degrees would mean, among other things, a rise of the oceans that could go as high as 50 meters and lack of water for more than a billion humans. This is not alarmism, it is scientific consensus.
Vague and insufficient means: to replace oil, especially in transportation (43%), by renewable energy (+25%), natural gas (shale gas!) and Quebec oil (!!!) and investing 4 billion over 15 years to increase our energy efficiency (+15% by 2030), amount recycled judged insufficient by experts.
But Quebec's job, rich in hydro-electricity qualified as clean by some, is much easier than countries depending on coal, like the US, China or England, that, we can predict, will have a much harder time reaching their targets.
There is no mention of ecological fiscality, nor the inescapable adjustment of the territory and of towns, nor the relocation of our economic and social activities, nor a credible carbon price, nor the thousands much painful changes required to get there: that is to come.
Especially no reference, besides the question of greenhouse gases and of the climate, to the global issue inseparable from our unsustainable ecological footprint and the collapse of the planetary ecosystems that is bound to happen by 2050: compulsive industrial growth, constant depletion of indispensable resources, water increasingly rare to find, out of control pollution, accelerated collapse of biodiversity and of our food systems, explosive increase of social inequality.
The electric car and electrified transportation are not a magical solution if we continue to travel like this and move everything like there was no tomorrow, to produce and consume like addicts, to keep on accepting the dictatorship of the rich without fighting back.
To survive in a world more and more hostile will be much more complicated than what Couillard and Arcand want us to believe, and even many environmentalists that, to show they are positive and do not want to demobilize the citizens, see "promising signs" and "steps in the right direction" a bit everywhere.
In fact, it is less a transition we have to talk about. Rather a survival strategy.
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