Friends of the Richelieu. A river. A passion.



"Tout cedit pays est fort uny, remply de forests, vignes & noyers. Aucuns Chrestiens n'estoient encores parvenus jusques en cedit lieu, que nous, qui eusmes assez de peine à monter le riviere à la rame. " Samuel de Champlain


"All this region is very level and full of forests, vines and butternut trees. No Christian has ever visited this land and we had all the misery of the world trying to paddle the river upstream." Samuel de Champlain

Saturday, May 14, 2016

Après Fort Mac, le Canada doit choisir!



Est-ce que Justin Trudeau peut voir la forêt qui brûle malgré les arbres?

Ma traduction libre d'un reportage d'Andrew Nikiforuk.

Le Premier Ministre photogénique du Canada nous promet un leadership nouveau genre: plus éclairé et ami de l'environnement. Mais il est toujours accro au pétrole sale.

L'horrible feu de forêt qui consume de grandes surfaces de Fort McMurray, en Alberta, a déjà battu les records canadiens des calamités alimentés par les changements climatiques. L'incendie a dépassé les dommages économiques causés par la tempête de glace au Québec en 1998 qui avait coûté plusieurs milliards, et même le déluge biblique du sud de l'Alberta en 2013 qui avait coûté $2 milliards celui-là. Le brasier boréal, qui se répandait exponentiellement comme un virus aérien, n'a pas seulement obligé l'évacuation périlleuse de 80,000 Canadiens installés dans l'avant-poste minier corporatif, mais a aussi détruit près de 2,400 édifices. Des banquiers et des assureurs nerveux qualifient maintenant l'incendie sans précédent comme étant le désastre naturel le plus coûteux du Canada.

Ce n'est pas accidentel que l'incendie ait surgi parmi le débat sur les changements climatiques au Canada dans l'un des paysages nordiques les plus transformés de la nation. Tout autour de Fort McMurray, des pipelines, des routes, des lignes sismiques, et des puits miniers ont envahi des grandes surfaces de la forêt comme une pieuvre industrielle. Probablement que le début de l'incendie est de source humaine, mais les changements climatiques ont aidé à attiser les flammes pour en faire une tempête qui génère ses propres éclairs et laissé derrière elle un estimé $10 milliards en dommages.

L'horreur est survenue à un moment intéressant du jeune gouvernement du Premier Ministre Justin Trudeau. Contrairement à son prédécesseur Stephen Harper, un idéologue qui vantait les pipelines, muselait les scientifiques des changements climatiques, et attaquait les environnementalistes malicieusement, Trudeau a changé le ton. Il mit fin à la censure des scientifiques et joua un rôle proéminent à la récent conférence de Paris sur les changements climatiques. Mais il ne s'est pas encore éloigné du "drill, baby, drill" national de Harper. Il fait maintenant la promotion des oléoducs d'exportation et des parcs éoliens dans la même phrase, une sorte de schizophrénie politique. Contrairement aux preuves scientifiques écrasantes, Trudeau agit comme si la rhétorique optimiste de la baisse des émissions d'une façon ou d'une autre ira chercher un marché pour ce qui est maintenant devenu du brut non rentable. Aux prix courants du pétrole, la plupart des mineurs des sables bitumineux saignent à blanc.

Même la réaction de Trudeau au désastre inspiré par le climat a été vaguement huileuse, mais malheureusement un bel exemple de l'attitude business-as-usual qui afflige même les meilleurs et les plus intelligents d'Ottawa. Le 4 mai, il a brusquement critiqué la chef du Parti Vert Elizabeth May pour avoir dit l'évidence même: que le brasier de Fort McMurray et la crise globale climatique sont liés. "À n'importe quel moment qu'on tente de dresser un argumentaire politique sur un désastre en particulier, je crois que c'est un peu faire un raccourci qui peut avoir le résultat cherché," a rétorqué Trudeau. "Il y a toujours eu des incendies."

Mais cela n'est pas vrai dans un monde déstabilisé par un atmosphère de plus en plus transformé par l'humain. Depuis plus d'une décennie maintenant, les sylviculteurs et les experts en changements climatiques ont documenté une pléthore de tendances néfastes. Des températures à la hausse n'ont pas seulement augmenté les surfaces brûlées par les incendies, mais aussi allongé la saison des incendies. Grâce aux changements climatiques, les modèles de régénération de la forêt naturelle par le feu ont été déséquilibrés. Les incendies plus fréquents et plus désastreux ont aussi ruiné les budgets provinciaux dédiés à combattre les incendies.

Le tiers des grandes forêts boréales mondiales se trouvent au Canada. Elles fournissent $700 milliards de services par année et demeurent le plus important régulateur du climat et de l'eau au monde. Malgré cela, plus il devient réchauffé et asséché, plus il devient cible aux incendies, aux maladies et aux insectes. Dès 2003, des experts des forêts au Canada ont fait la prédiction gênante que "c'est douteux qu'il y aura suffisamment de ressources pour réagir aux incendies de plus en plus nombreux." Cela s'est réalisé avec les cendres de Fort McMurray.

Tous ceux qui ne travaillent pas dans les sables bitumineux (un pétrole de faible qualité que même les frères Koch le qualifient de brute "d'ordures") ont saisi l'ironie boucanée du désastre. Le feu a consommé des sections du centre d'affaires de cette industrie sale. Le bitume, une ordure goudronnée emprisonnée dans les sables bitumineux, a l'empreinte carbone la plus élevée de n'importe quelle autre hydrocarbure de la planète et est plus impure que les bruts acides du Mexique ou du Venezuela. Par conséquent, l'énergie nécessaire pour extraire et raffiner 2,4 barils par jour de pétrole des sables bitumineux a fait du méga-projet énergétique du Canada la plus importante source de gaz à effet de serre.

Grâce à la croissance démesurée et l'absence d'un plan national du carbone, les émissions qui dessèchent les forêts du secteur pétrolier et gazier de la nation ont dernièrement dépassé celles de l'immense secteur du transport du Canada. De plus, malgré les prix historiquement faibles du pétrole, l'industrie veut maintenant doubler sa production, ce qui empireraient les tendances des émissions. Par conséquent, les sables bitumineux et leurs supporteurs en déni des changements climatiques sont devenus un obstacle presque immuable sur le chemin vers une restriction des émissions du carbone nationales. L'échelle de grandeur du projet explique aussi pourquoi les promesses fédérales faites en 2006 pour réduire les émissions du Canada de 20% d'ici 2020 et 65% d'ici 2050 ne se sont pas réalisées. "C'est impossible pour le Canada d'atteindre même de près ses cibles de gaz à effet de serre en augmentant la production du bitume," dit David Schindler, l'un des plus éminents scientifiques du Canada. En d'autres mots, c'est impossible que Trudeau puisse avoir des effets sur les changements climatiques sans limiter, et ensuite diminuer, le principal émetteur de carbone du Canada.

Le déclin du boom des sables bitumineux du Canada est un avertissement contre la folie des foules et la cupidité des politiciens. En hâtant le développement pour profiter des prix pétroliers à la hausse, l'industrie et les régulateurs gouvernementaux en connivence ont exagéré les avantages, ignoré les risques carbones, baissé les taxes, et ont à peine mis des sous de côté. En même temps, les sables bitumineux ont fait du Canada le cinquième producteur pétrolier au monde et le fournisseur de presque la moitié des importations pétrolières des É.-U. Mais les périls du développement sauvage, dont la volatilité du pétro-dollar et un secteur manufacturier fléchissant, s'abattent maintenant sur le pays comme les tisons qui pleuvaient sur les véhicules des gens qui se sauvaient de Fort McMurray.

D'un étrange coup du sort, l'incendie dévastatrice donne au gouvernement et la classe politique du Canada une chance de revoir l'économie défaillante du projet et ses passifs carbones. La baisse globale des prix du pétrole l'an passé a déclenché sans surprise une tempête sur le marché. L'industrie à coûts élevés des sables bitumineux a rapidement viré 40,000 travailleurs au Canada et réduit ses investissements de dizaines de milliards de dollars. La crise a aussi montré le caractère marginal d'une laide ressource. Extraire le pétrole des sables ne fait pas que coûter davantage que les autres hydrocarbures: il se vent à une fraction du prix du brute de l'ouest du Texas à cause de sa piètre qualité. Jeff Rubin, l'ancien chef économiste de l'une des plus grosses banques du Canada, a récemment fait la remarque que le bitume encore "se négocie avec un rabais qui va de 25% jusqu'à plus de 50% des prix mondiaux du pétrole, ce qui en fait le pétrole le moins cher au monde avec l'un des prix de production les plus dispendieux." Ce genre de fragilité fait du produit lourd du Canada très vulnérable à la volatilité du prix du pétrole, ainsi que le prix du carbone.

Le feu a accompli ce qu'aucun politicien n'avait encore envisagé: il a temporairement mis fin à un million de barils de la production de pétrole des sables à cause d'un manque d'employés et des préoccupations pour leur sécurité. Rubin et d'autres analystes ont bien pris note que d'importantes augmentations de production des dépôts de schiste aux É.-U. et des sables bitumineux du Canada sont grandement responsable de la saturation mondiale des réserves. Un gouvernement modéré pourrait remarquer que les pipelines proposés empireraient la saturation et possiblement abaisseraient les prix encore davantage. La solution? Définir une voie vers une diminution de production d'un million de barils par jour avec un prix efficace du carbone. C'est çà ou les politiciens enivrés par l'illusion d'une richesse pétrolière pourraient s'attendre à des termes plus punitifs d'un monde restreint du carbone plus tard.

Voilà le choix cru que doit faire face le gouvernement de Trudeau: il peut agir maintenant pour sauver les forêts nordiques menacées du Canada et respecter l'engagement du pays pour un futur plus vert, ou il peut soutenir un brut voué à sa perte et la ruine. Il ne peut pas faire les deux.

N'importe quel observateur qui voit clair réaliserait que l'extraction du pétrole des sables au carbone élevé doit diminuer avec le temps. Le Canada a misé sur un boom de la ressource à la baisse et a surproduit un brute "d'ordures" à haut risque. Le prix du carbone et les changements climatiques, des opportunités et des risques, respectivement, le pays les a niés collectivement, ne laissent voir qu'une seule destinée rationnelle pour les sables bitumineux: la contraction. Alors, maintenant Trudeau doit agir de façon non conventionnelle, encourageant courageusement sa nation productrice de pétrole à mener la charge contre la perturbation du climat.

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Can Justin Trudeau See the Forest Fire for the Trees?

Canada’s photogenic prime minister promises a new type of enlightened, environment-friendly leadership. But he's still hooked on dirty oil.

By Andrew Nikiforuk
May 11, 2016

The horrific wildfire that is consuming large swaths of Fort McMurray, Alberta, has already broken Canadian records for calamities fueled by climate change. The fire surpassed the economic damage wrought by Quebec’s multibillion-dollar ice storm in 1998 and even southern Alberta’s biblical $2 billion deluge in 2013. The boreal inferno, which mushroomed exponentially like some airborne virus, not only forced the perilous evacuation of 80,000 Canadians from the corporate mining outpost, but also consumed nearly 2,400 buildings. Twitchy bankers and nervous insurers now peg the unprecedented firestorm as Canada’s costliest natural disaster.

It is no accident that the fire sprang up amid Canada’s climate change debate in one of the nation’s most disturbed northern landscapes. All around Fort McMurray, pipelines, roads, seismic lines, and mining pits occupy huge chunks of the forest like an industrial octopus. Humans most likely started the blaze, but climate change helped propel the flames into a storm that made its own lightning and has left behind an estimated $10 billion in damage.

The unfolding horror show caught the young government of Prime Minister Justin Trudeau at an interesting juncture. Unlike his predecessor, Stephen Harper — an ideologue who championed pipelines, muzzled climate change scientists, and attacked environmentalists with malice — Trudeau has changed the tone. He ended the censorship of scientists and personally played a prominent role at the recent Paris COP21 conference on climate change. But he has not yet departed from Harper’s “drill, baby, drill” national narrative. He now promotes oil-export pipelines and wind farms in the same sentence — a sort of political schizophrenia. Contrary to overwhelming scientific evidence, Trudeau acts as though sunny rhetoric on curbing emissions will somehow win more markets for what has become an uneconomic crude. At current oil prices, most oil sand miners are bleeding cash.

Even Trudeau’s response to the climate-inspired disaster was somewhat oily, though sadly demonstrative of the business-as-usual attitude that afflicts even Ottawa’s best and brightest. On May 4, he abruptly criticized Green Party leader Elizabeth May for spelling out the obvious: that the fiery consumption of Fort McMurray and the global climate crisis are linked. “Any time we try to make a political argument on one particular disaster, I think it’s a bit of shortcut that can sometimes not have the desired outcome,” Trudeau countered. “There have always been fires.”

But that’s not true in a world destabilized by an increasingly human-engineered atmosphere. For more than a decade now, Canada’s federal foresters and climate change experts have documented a plethora of bad trends. Warming temperatures have not only increased the area burned by wildfire, but also extended the length of the fire season. Thanks to climate change, patterns of natural forest renewal by fire have been thrown off-kilter. The more frequent and more disastrous blazes have also bankrupted provincial fire-fighting budgets.

Canada is home to a third of the world’s great boreal forest. It supplies Canadians with $700 billion worth of life-supporting services each year and remains one of the world’s important climate and water regulators. Yet the hotter and drier it gets, the more easily it will succumb to fire, disease, and insects. As early as 2003, Canadian forestry experts made the inconvenient prediction that “it is unlikely that there will be sufficient resources to respond to increasing fire.” This, of course, all came to pass in the ashes of Fort McMurray.

Anyone who doesn’t work in oil sands (a low-grade heavy oil that even the Koch brothers call “garbage” crude) grasped the disaster’s smoky irony. The fire consumed sections of the business center of this dirty industry. Bitumen, a tarry mess trapped in oil sands, has one of the highest carbon footprints of any hydrocarbon on the planet and is more impure than Mexican or Venezuelan sour crudes. As a consequence, the energy required to extract and upgrade 2.4 million barrels a day of oil sands has made the energy megaproject Canada’s single largest source of greenhouse gases.

Thanks to unchecked growth and the lack of a national carbon plan, forest-drying emissions from the nation’s oil and gas sector recently surpassed those of Canada’s immense transportation sector. Moreover, despite historically low oil prices, the industry now wants to double production, which would worsen emission trends. As a consequence, the oil sands and their climate-denying supporters have become an almost unmovable boulder on the road to constraining national carbon emissions. The project’s scale also explains why federal promises, made in 2006 to reduce Canadian emissions by 20 percent by 2020 and 65 percent by 2050, have all come to naught. “There is no way Canada can come close to meeting its greenhouse gas targets by expanding bitumen production,” says David Schindler, one of Canada’s top scientists. Simply put, there’s no way Trudeau can make a dent in climate change without limiting — and then shrinking — Canada’s chief carbon-maker.

Canada’s fading oil sands boom is a cautionary tale on the madness of crowds and the greed of politicians. By rushing development to take advantage of high oil prices, the industry and complicit government regulators exaggerated benefits, ignored carbon risks, lowered taxes, and saved hardly a dime. In the process, the oil sands made Canada the world’s fifth-largest oil producer and the supplier of nearly half of U.S. oil imports. But the perils of rapid development, including a volatile petrodollar and a wounded manufacturing sector, are now raining down on the country like glowing embers pelted convoys of vehicles fleeing Fort McMurray.

In a strange twist of fate, the firestorm gives the federal government and Canada’s political class a chance to revisit the project’s failing economics and carbon liabilities. The collapse of global oil prices last year ignited a highly predictable market firestorm. The high-cost oil sands industry quickly dumped 40,000 workers in Canada and scaled back investments by tens of billions of dollars. The downturn also illustrated the marginal character of an ugly resource. Extracting oil sands not only costs more than other hydrocarbons; it also sells at a fraction of the price of West Texas crude due to its poor quality. Jeff Rubin, the former top economist at one of Canada’s biggest banks, recently noted that bitumen still “trades at anywhere from a 25 to more than 50 percent discount to world oil prices, rendering it the cheapest-priced oil in the world, with one of the highest production costs.” That sort of fragility makes Canada’s heavy product highly vulnerable to oil price volatility, as well as carbon pricing.

The fire did what no politician has yet contemplated: It temporarily shut in a million barrels of oil sands production due to worker shortages and safety concerns. Rubin and other analysts have duly noted that large production increases from U.S. shale deposits and Canada’s oil sands are largely responsible for the global supply glut. A sober government might note that new proposed pipelines would make the glut worse and possibly drive prices down further. The solution? Chart a course toward curtailing production by a million barrels a day with effective carbon pricing. It’s either that or politicians drunk on the illusions of oil wealth could wait for a carbon-constrained world to exact more punishing terms later.

That’s the blunt choice facing the Trudeau government: It can act now to save Canada’s endangered northern forests and honor the country’s commitment to a green future, or it can support a doomed and ruinous crude. It can’t do both.

Any clear-eyed observer would realize that high-cost, high-carbon oil sands extraction must shrink over time. Canada gambled on a resource boom that has fizzled and overproduced a high-risk “garbage” crude. Carbon pricing and climate change — opportunities and risks, respectively, the country collectively denied — point to only one rational destiny for the oil sands: contraction. And so, now Trudeau must act unconventionally, boldly pushing his oil-exporting nation to lead the charge against climate disruption.

Link: http://foreignpolicy.com/2016/05/11/canada-trudeau-fort-mcmurray-wildfire-oil-sands-climate-change/

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