Photo: Joe Bryksa
Je fais ici la traduction libre d'un texte écrit par l'éminent Dr David Schindler. Il parle d'un lac au Manitoba, mais il pourrait tout aussi bien parler des rivières et des lacs agricoles du Québec.
Le gouvernement du Manitoba mérite nos louanges pour avoir annoncé cette semaine (première de juin 2011) que ses politiques pour le lac Winnipeg se concentrera à réduire agressivement les intrants de phosphore dans le lac.
Pendant quelques années, il y a eu un long débat sur les façons de contrôler l'accroissement rapide des floraisons d'algues (blooms) dans le lac Winnipeg. Certains ont recommandé qu'il y ait surtout des réductions importantes d'intrants de phosphore en se basant sur des expériences à long terme sur des lacs et beaucoup de lacs réhabilités ont réussi après avoir contrôlé le phosphore. D'autres ont argumenté que l'azote doit être contrôlé également, parce que dans des expériences à court terme qui ont durés pendant des heures et d'autres pour quelques semaines et l'azote s'est souvent avéré être un facteur dans les floraisons d'algues durant l'été. On a aussi argumenté que l'azote pourrait provoquer l'eutrophisation dans la lointaine Baie d'Hudson.
Ces affirmations ont réussi à retarder inutilement des politiques pour protéger et réhabiliter le lac. Aucune étude de lacs au complet n'ont jamais démontré que réduire l'azote réduit les floraisons d'algues. Par contre, des études au Experimental Lakes Area ont clairement démontré que la réduction les intrants de nitrogène plutôt que le phosphore avantage les espèces nuisibles qui ont besoin d'être contrôlées.
L'étude de Peter Leavitt et ses collègues à l'Université de Régina semble avoir finalement convaincu les décideurs provinciaux de contrôler le phosphore. Curieusement, le rapport recommande également que l'azote devrait aussi être contrôlé en se basant sur d'autres études.
J'espère que le gouvernement n'écoute pas ces recommandations.
Il n'y a pas de preuves que l'enlèvement de l'azote dans le Lac Winnipeg est nécessaire. L'évidence suggère plutôt le contraire: que le contrôle du phosphore est la clef principale pour régler ce problème.
Des études de Hedy Kling sur les algues du lac Winnipeg depuis 1969 nous indiquent qu'un groupe d'algues, celles appelées bleues-vertes (Cyanobactéries), ont été responsables pour plus de 905 des augmentations d'algues dans le lac. Ces algues forment des vagues puantes et laides le long des rives tard l'été, et produisent des toxines qui rendent malades, ou même être mortelles. Plusieurs espèces de ce groupe peuvent absorber le nitrogène (l'azote gazeux de l'air, ce qui leur donne un avantage sur les autres espèces qui ne peuvent pas absorber le nitrogène atmosphérique quand un lac est trop riche en phosphore. Les tendances à long terme indiquent que le phosphore a augmenté beaucoup plus rapidement que l'azote, ce qui donne un avantage sur les espèces qui absorbent l'azote. En réduisant l'azote, on aide ces espèces nuisibles encore davantage.
C'est dépenser de l'argent pour rien.
Le Consortium du Lac Winnipeg a documenté des changements de concentrations de nutriment, des tendances de stratification et la chaîne alimentaire du lac. Ces études révèlent que depuis le milieu des années 1990, les concentrations de phosphore ont augmenté de plus de 50%. Les scientifiques d'Environnement Canada ont démontré que la plupart des augmentations viennent du bassin versant de Red River. Les épandages d'engrais de synthèse sur les terres et les fumiers du bétail et des porcs sont les principales sources. La ville de Winnipeg contribue pour 10% du phosphore qui aboutit dans le lac, une partie considérable du total. Toutes ces sources doivent faire leur part pour réduire le phosphore si nous voulons que le lac Winnipeg soit sauvé.
Le monitorage de la rivière fait par Environnement Canada est essentiel pour déterminer si le plan d'assainissement est efficace. Malheureusement, le personnel au Manitoba vient d'être réduit par le gouvernement fédéral.
Les gens du Manitoba devraient protester.
Les scientifiques du Freshwater Institute et de l'université du Manitoba dont le chef est Greg McCullough ont assemblé le puzzle du lac Winnipeg et ont établi un modèle réaliste. Il démontre clairement que les fréquences croissantes des inondations printanières de Red River depuis quelques années ont augmenté d'une façon importante le ruissellement du phosphore dans le lac.
Pendant les inondations, l'eau reste stagnante pendant des semaines sur des terres saturées de phosphore pour ensuite ruisseler dans le lac, transportant les nutriments avec elle. Les quantités de phosphore épandues sur les terres devront être réduites, et des mesures pour réduire les inondations devront être mises en marche.
Toute cette belle science sera publiée plus tard cette année dans une édition spéciale du Journal of Great Lakes Research. Entre-temps, les gens du Manitoba devront se préparer pour faire face à une autre vague de floraisons d'algues suite aux inondations de ce printemps.
La réduction de l'azote dans les eaux usées est beaucoup plus coûteuse que de contrôler le phosphore. Une étude récente sur les intrants de nutriments dans la mer Baltique démontre que la réduction du phosphore à elle seule coûterait seulement 12% des coûts totaux pour contrôler les 2 nutriments. En se concentrant sur le phosphore seulement, cela nous permet de réduire beaucoup plus agressivement pour le même prix. Des preuves partout sur la planète nous démontrent que nous devrions doser le phosphore pour les engrais, puisque les sources globales se font de plus en plus rares.
Le contrôle du phosphore a réduit les floraisons d'algues dans des centaines de lacs aux États-Unis, en Europe et au Canada, et il n'y a pas de preuve que cela ne résoudrait pas les problèmes du Lac Winnipeg.
Nous devrions avoir confiance dans l'important travail fait par les scientifique de Winnipeg. En essayant de partager nos efforts entre le phosphore et l'azote ne fait que nous nuire. Cela nous a déjà retardé pour nettoyer le lac.
Le texte ci-haut a été écrit par David Schindler qui a déjà été un scientifique au Freshwater Institute entre 1968 et 1989. Il faisait parti d'une équipe qui étudiait le lac Winnipeg en 1969, et est le directeur fondateur du Experimental Lakes Project. Son travail sur l'eutrophisation a été à la base des politiques de gestion des nutriments dans plusieurs pays.
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"Nitrogen debate wastes time, money
The Manitoba government is to be congratulated for its announcement this week (first of June 2011) that its policy for Lake Winnipeg will focus on aggressively reducing phosphorus inputs to the lake.
For several years, there has been debate about how to control the rapid increases in algal blooms on Lake Winnipeg. Some have recommended that major reductions to inputs of phosphorus are key, based on evidence from long-term, whole-lake experiments and many successful lake recoveries following phosphorus control. Others have argued that nitrogen must be controlled as well, because, in short-term experiments, lasting hours to a few weeks, nitrogen is often found to affect algal growth in summer. They have also argued that the nitrogen would cause eutrophication in far-off Hudson's Bay.
These spurious claims have unnecessarily delayed policies to protect and restore the lake. No whole-lake study has ever shown that cutting nitrogen has reduced algal blooms. In contrast, studies at the Experimental Lakes Area show clearly that decreasing nitrogen inputs rather than phosphorus favours the very nuisance species that need to be controlled.
The study by Peter Leavitt and his colleagues at the University of Regina seems to have finally persuaded provincial policy makers to control phosphorus. Curiously, the report also recommends that nitrogen should be controlled, based on studies elsewhere.
I hope the government ignores this advice.
There is no evidence from Lake Winnipeg that nitrogen removal is necessary. The evidence suggests the opposite: that phosphorus control is key to solving the problem.
Hedy Kling's studies of Lake Winnipeg algae since 1969 show one group of algae, the so-called bluegreens (Cyanobacteria), has been responsible for more than 90 per cent of the increases in algae in the lake. These are the algae that form smelly, unsightly windrows along lakeshores in late summer, and produce toxins that can cause illnesses or even death. Many species in this group can take nitrogen from the atmosphere, giving them an advantage over species that can't use atmospheric nitrogen when a lake is enriched disproportionately with phosphorus. Long-term trends show that phosphorus has increased much more rapidly than nitrogen, favouring nitrogen-fixing species. Reducing nitrogen would favour these nuisance species even more.
It is a waste of money.
The Lake Winnipeg Consortium has documented changes to nutrient concentrations, stratification patterns, and the food web of the lake. These studies reveal that since the mid-1990s, phosphorus concentrations have increased by more than 50 per cent. Environment Canada's scientists have shown that most of the increases come from the Red River watershed. Both synthetic fertilizer applications to soils and manure from cattle and hogs are major contributors. The city of Winnipeg contributes 10 per cent of the phosphorus load to the lake, a significant part of the total. All of these sources must do their share to reduce phosphorus if Lake Winnipeg is to be saved.
Environment Canada's monitoring of the river is essential to determine the effectiveness of the recovery plan. Unfortunately, their staff in Manitoba has just been cut significantly by the federal government.
Manitobans should protest.
Scientists from the Freshwater Institute and the University of Manitoba led by Greg McCullough have put the pieces of the Lake Winnipeg puzzle together in a convincing model. It shows clearly that the increased frequency of spring floods in the
Red River in recent years has greatly amplified the transfer of phosphorus to the lake.
During floods, water stands for weeks on phosphorus-saturated land, then runs off to the lake, carrying its nutrient load with it. The amount of phosphorus being spread on the land will have to be cut, and measures to reduce flooding need to be taken.
Much of this fine science will appear later this year in a special issue of the Journal of Great Lakes Research. Meanwhile, Manitobans should brace themselves for another wave of algal blooms, the result of this year's flood.
Reducing nitrogen in sewage is much more costly than controlling phosphorus. A recent study of the nutrient inputs to the Baltic Sea shows that cutting phosphorus alone would cost only about 12 per cent of the cost of controlling both nutrients. Focusing on phosphorus alone allows much more aggressive reductions for the same costs. Increasing global evidence shows we should be conserving phosphorus to use as fertilizer, as global sources are quickly being exhausted.
Phosphorus control has reduced algal blooms in hundreds of lakes in the U.S., Europe and Canada, and there is no evidence that it will not solve Lake Winnipeg's problems.
The pivotal work done by Winnipeg scientists should be trusted. Attempting to divert the focus from phosphorus to nitrogen serves no real purpose. It has already significantly delayed action to clean up the lake.
David Schindler was a scientist at the Freshwater Institute from 1968 to 1989. He was part of a team studying Lake Winnipeg in 1969, and is the founding director of the Experimental Lakes Project. His work on eutrophication has been the basis for nutrient management policies in many countries."
Excerpts from letter written by David Schindler published here: http://www.winnipegfreepress.com/opinion/westview/nitrogen-debate-wastes-time-money-123008148.html
Saturday, June 4, 2011
Les débats sur l'azote - une perte de temps et un gaspillage d'argent
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