Photo: marcellus-shale.us
Voici une traduction libre d'un article qui résume une revue à paraître bientôt intitulé "Situation Normal All Fracked Up".
Tout va bien, fracturé complètement.
Amwell Township est une région de 44 milles carrés fait de ravins à pic et des pâturages semé de luzerne, de trèfle et de fléole dans le coin sud-ouest de la Pennsylvanie. Environ 4,000 âmes y demeurent, la plupart dans des villages portant des noms comme Amity, Lone Pine et Prosperity.
Pour certains, cette région de forme triangulaire ressemble toujours aux pauvres terres agricoles du 18e siècle quand les colons venus d'Angleterre et d'Écosse ont finalement réussi à chasser les membres des Premières Nations d'un village appelé Annawanna, signifiant "le chemin de l'eau". Des têtes de flèches jonchent toujours les fonds de ruisseaux. Les caryers poussent tout le long des rives asséchées. Les érables negundo encerclent les fossés plus humides. L'air sent l'herbe aromatique. Les vaches beuglent. Les chevaux hénissent.
Pour d'autres, le paysage est comme une région industrielle d'exploitation gazière où plus de 10 puits et une station de compression alimentent des gazoducs qui acheminent le gaz vers des résidences des centaines de milles plus loin. Jusqu'à cet été, il y avait aussi un bassin de rétention à ciel ouvert d'une surface de 5 acres plein d'eaux chimiques. Les camions font rugir leurs moteurs, roulant sur la terre fraîchement dérangée. Des machineries lourdes grattent les rochers qui refusent de bouger. Les gazoducs se faufilent sous les collines coupées à blanc.
Le comté est situé au-dessus de la formation Marcellus, l'un des gisements les plus vastes de gaz naturel au monde: il s'étend sous 575 milles de la Virginie Occidentale, la Pennsylvanie, l'Ohio et l'état de New York. Même les plus fervents opposants au gaz de schiste admettent que cette ressource est une occasion pour les États-Unis de devenir moins dépendant du pétrole étranger. Selon Wood Mackenzie, une maison de consultants en énergie, la formation Marcellus fournira 6% du gaz naturel consommé aux États-Unis cette année, et çà pourrait plus que doubler d'ici l'an 2020.
Il y a environ 5 ans, les baux ont commencé à apparaître des les boîtes aux lettres des résidents d'Amwell Township, venant de Range Resources, une compagnie pétrolière du Texas qui cherchait des endroits pour exploiter le gaz grâce à la fracturation hydraulique. Connu familièrement sous le nom de "fracking", ce procédé de forage pour le gaz naturel implique le pompage de grandes quantités d'eau, de sable et de chimiques à des milliers de pieds sous terre afin de fissurer les formations de schiste profonds et libérer les bulles de gaz. L'exploitation de ce gaz promet de soit fournir une source d'énergie locale propre aux Américains, soit saloper des régions rurales, empoisonner l'air et l'eau potable. Çà dépend à qui on parle.
Le 21 novembre, la commission Delaware River Basin Commission, qui implique les 4 états riverains de la rivière, la Pennsylvanie, le New Jersey, l'état de New York et le Delaware, passera un vote sur les réglements encadrant la fracturation à l'intérieur du bassin versant de la rivière Delaware, source d'eau potable pour quelques 15 millions de personnes. Les états les plus impactés seront New York et la Pennsylvanie, assis sur le schiste du Marcellus où le gaz est le plus près de la surface.
Cet été, le gouverneur de New York, Andrew Cuomo, a levé le moratoire sur la fracturation qui était en vigueur depuis 1 an, malgré les protestations insistantes venant des environnementalistes et beaucoup de résidents locaux. Après une série d'audiences ce mois-ci, l'état de New York va prendre la décision de permettre ou pas la fracturation l'an prochain. Entre-temps, les New-Yorkais se penchent sur la Pennsylvanie, leur premier voisin à acceuillir la fracturation, et la prend en exemple.
Il y a plus de 4,000 puits dans le Marcellus en Pennsylvanie, et on prévoit en forer quelques 2,500 nouveaux par année jusqu'à un total de plus de 100,000 d'ici les prochaines décennies: 458 de ces puits sont dans Washington County et 60 sont dans Amwell Township, qui acceuille cette injection économique et d'occasion d'affaires. Cela a aussi attirer l'une des premières enquêtes de l'EPA sur les impacts de la fracturatin sur les rivières, les ruisseaux, l'eau potable et la santé humaine.
Juste avant Noël 2008, un groupe de voisins ont accordé à Range Resources le droit de forer à des milliers de pieds sous leurs maisons et jusqu'à 2 milles dans toutes les directions. Signer des baux ici, c'est rien de nouveau. Pendant les dernières 200 années, une industrie après l'autre a extrait des minéraux du sol. Durant les années 1880, c'était le charbon. Durant les années 1900, c'était de la vitre, du charbon (coke) et de l'acier, et des mines industrielles. "Tôt ou tard, quelqu'un veut passer à côté de vous, en-dessous ou au travers." a dit un fermier propriétaire d'un magasin de fusils durant une entrevue. "Vous essayer d'en tirer le plus que vous pouvez et vous parlez à un avocat. Au moins, ces compagnies vous paient quelque chose."
Ce que ces compagnies ont payés était plus ce que bien des gens dans Amwell Township gagnait durant toute une vie, car dans cette région, selon les statistiques, le revenu annuel moyen par personne en 2000 était $18,285, bien que la manne n'était pas généreuse également pour tous. Des voisins reçevait à la signature du bail de $1,500 jusqu'à plus de $500,000 pour la même surface de terrain. Curieusement, les écarts dans les paiements n'ont pas été source de conflits entre les voisins, du moins au début. S'ils expriment le moindrement leur opinion politique vous sembleront être des libertaires de la vieille école qui croient que chaque personne a le droit de vivre comme bon il l'entend.
Le conflit se trouve plutôt entre les gens de la campagne et les urbains, selon Bill Hartley, un barbier et éleveur de bétail de 63 ans: "Les ruraux veulent les forages et possèdent leurs droits miniers. Les urbains ne veulent pas de forages et n'ont pas de droits à vendre."
Dans son salon de barbier où Hartley tient son commerce d'une remorque louée installée sur la ferme de son arrière-arrière grand-père depuis 16 ans, la conversation est toujours sur le boom gazier. Il y a un bain Jacuzzi dans la salle de toilettes. Une horloge John Deere donne l'heure sur le mur. Durant l'entrevue, au printemps passé, il était seul, bien installé dans sa chaise de barbier et fumant une cigarette après l'autre, comme il le fait depuis des heures, peut-être des années. L'air dans la remorque et les chaises sentaient de la vieille boucane.
"Çà ne vous ennui pas que je fume?" demande-t-il. "Tant mieux! Parce que je vous aurais envoyé promené." Hartley a le long visage maigre du Marlboro Man des publicités passées et élève 35 vaches sur 110 acres de prés rocheux où pousse de la fétuque. Jusqu'à tout récemment, comme la plupart des fermiers qu'il connaît, il avait besoin d'un autre emploi pour acheter ses vaches. Élever des vaches lui coûte plus de $300 par tête par année. Çà prend une bonne année pour entrer dans ses frais. Maintenant, il fait plus d'argent qu'il n'ait jamais espéré. En signant son bail pour un peu plus de $1,000 l'acre, cela lui a donné plus de $110,000 à la signature, plus 12,5% de redevances du gaz extrait de sa terre. Hartley préfère ne pas être précis en donnant des montants. "C'est de mes affaires." dit-il. Mais après les quelques premières années, la production tend à baisser considérablement, et les chèques de redevances diminuent. Alors Hartley continue de couper les cheveux. "Et j'aime les gens." dit-il.
Selon Hartley, l'industrie gazière lui a aider à garder sa ferme, ses vaches et son mode de vie. "Je ne veux pas dire que vous devez y être de naissance." dit-il. "Mais vous devez l'avoir dans le sang."
Le boom du Marcellus a apporté une variété de bienfaits économiques aux régions à l'ouest dans la Pennsylvanie: de nouveaux emplois, des chambres de motels pleines à capacité, des restaurants occupés, et des routes nouvellement pavées, en plus d'autres promesses. Selon une étude récente du Pennsylvania State University, l'industrie aurait créé 23,000 emplois, dont des ouvriers de chantiers, de construction, des pilotes d'hélicoptères, des fabriquants d'enseignes, des travailleurs de buanderie, des électriciens, des services de traiteur, des femmes de ménage, des travailleurs de bureau, des transporteurs d'eau et des arpenteurs. Il ne faut pas oublier que les teneurs de baux économisent, en moyenne, 55% de l'argent reçu à la signature et 66% des redevances, selon une étude du Pennsylvania State University.
Stacey Haney, une cousine de Hartley qui vit à deux milles et demi de la ferme de Hartley, est une ancienne esthéticienne de 42 ans et maintenant une infirmière dans un hôpital tout près. Hartley et Haney sont tous les deux cet air d'autonomie et font preuve d'humour noir impétueux.
"Nous sommes nés pauvres, et nous mourrons pauvres." dit Haney. C'est un dicton de famille. Haney est une mère mono-parentale qui travaille à plein temps et élève deux enfants: Paige 12 ans et Harley, 15 ans. Elle élève aussi une panoplie d'animaux. Son père, Larry, appelé Pappy par tout le monde, travaille l'acier. Il a connu de longues périodes au chômage depuis que Stacey était en 2e année. Il fait aussi un peu d'agriculture: ses noix ont gagné le premier prix tellement de fois à la foire agricole que personne d'autre n'ose se présenter contre lui. La foire est le moment le plus marquant de l'année d'Haney: des photos de ses lapins, chèvres et cochons ornés de rubans couvrent les murs de leur maison immaculée de 3 chambres à coucher.
Quand les gazières ont envahi la région, Haney y a vu l'occasion pour pouvoir rembourser les dettes de la ferme et faire un profit. Le mot s'est dit: les compagnies étaient intéresser à signer pour de grandes surfaces, alors, durant l'hiver de 2008, Haney, propriétaires de seulement 8 acres, a convaincu 2 de ses voisins de se joindre dans un bail pour lequel elle a reçu des paiments de $1,000 par acre et 15% de redevances.
L'argent aiderait à payer les taxes pour leurs fermes. Le landman qui est venu vois Haney pour lui vendre le bail lui a montré des photos d'une ferme et ses pâturages avec un puits bouché de la grosseur d'une poubelle, selon Haney, ce qui la rassura beaucoup. Et il lui semblait que les activités de forage ne dérangeraient pas beaucoup leurs vies. Range Resources était impliqué dans la communauté également. Durant les dernières années, la compagnie tenait un kiosque à la foire agricole annuelle. En 2010, la compagnie a même offert un $100 suplémentaire à l'encan des animaux de ferme. C'était l'année que Harley, le fils de Stacey Haney, a emmené sa chèvre de race qui a gagné le prix de grand champion.
À la foire, Haney avait rencontré sa voisine Beth Voyles, un éleveur de chevaux et chiens de race de 54 ans, qui avait signé un bail avec Haney en 2008. Elle dit à Haney que son chien boxer de 1 an et demi venait de mourir. Voyles pensait qu'il avait été empoisonné. Elle avait vu son chien boire souvent dans une flaque d'eau sur le bord de la route et pensait que l'eau que la gazière utilisait pour arroser la route pour diminuer la poussière contenait probablement de l'antigel. "Nous n'utilisons pas d'éthylène glycol dans le procédé de fracturation." assure Matt Pitzarella de Range Resources. Il ajoute aussi que le vétérinaire ne pouvait pas confirmer que le chien avait été empoisonné et qu'une autre cause de son décès pourrait être un cancer.
Un mois plus tard, le chien de Haney est mort subitement lui aussi. Peu après, Voyles a appelé Haney pour lui dire que l'un de ses chevaux était mort. Des résultats de laboratoire ont révélé un niveau élevé de toxicité de son foie. Voyles a donc envoyé les résultats de tests de ses animaux à Range Resources. En guise de réponse, la compagnie écrit à Voyle pour lui dire que le vétérinaire indiquait bien que le cheval était mort d'un foie intoxiqué, pas d'empoisonnement à l'antigel. La compagnie a bien confirmé que le vétérinaire se doutait que le cheval était mort d'empoisonnement aux métaux lourds. D'autres tests fait avec l'eau de la source des Voyles par Range Resources n'ont pas détecté de métaux lourds.
Les chiens des Voyles ont commencé à avorter des portées de chiots. Six étaient nés avec des palais fendus. Ils sont morts en quelques heures. D'autres étaient mort-nés ou sans jambes ni poils. Incertaine des démarches à entreprendre, Voyles a gelé 15 des chiots dans un congélateur. (Range Resource dit n'avoir jamais été avisé des chiots). En décembre, la chèvre championne avorta de 2 chevraux. Haney a dû l'abattre le jour après Noël.
Mais qu'avaient donc les animaux? D'où venaient les chimiques toxiques dans leur sang? Haney avait peur que l'arrivée de l'industrie gazière et les forages commencés à moins de 1,000 pieds de sa maison avaient quelque chose à voir avec tout cela.
Dans Amwell Township, l'opinion sur la fracturation allait de pair avec les revenus et la proximité de la résidence aux puits, aux bassins de rétention, aux gazoducs et aux stations de compression de la région. Beaucoup de ceux qui vivent tout près ont peur d'une fuite dans la toile qui double le bassin de rétention ou qu'une déchirure laisserait écouler les eaux usées dans un bassin versant, ou qu'un renversement de camion mette des cancérigènes dans un pré rempli de bétail. (Selon l'EPA de la Pennsylvanie, 65 puits du Marcellus forés cette année ont reçu des avis d'infraction pour des cimentations défectueux qui pourraient être la cause de fuites.) Mais pour beaucoup d'autres résidents, dont les voisins d'Haney, les risques semblent bien minimes, et les bienfaits - source d'énergie propre, développement économique - compensent amplement.
Un samedi matin en juillet 2011, le salon de Bill Hartley était plein de clients: un chauffeur de camion, un propriétaire de bail, un propriétaire terrien. Tous profitaient du boom gazier. L'un d'eux était Ray Day, un fermier de 64 ans qui est propriétaire de presque 300 acres avec ses frères et soeurs. Grâce à l'argent reçu de Range Resources pour leur avoir permis de forer chez eux, construire une station de compression et creuser un bassin de chimiques sur sa terre, il a été capable de refaire la toiture de 2 granges, acheter de l'équipement agricole et construire une rallonge à sa maison pour sa mère de 94 ans. "J'achète seulement quand j'ai l'argent comptant pour payer." dit Day. Et il lui reste amplement de l'argent. Est-ce qu'il prévoit prendre des vacances, en Floride, peut-être? "Les fermiers ne vont pas en Floride." rétorque-t-il.
Quelques jours plus tard, en visite avec Day voir une grange un peu plus loin qu'un mille de la maison de Stacey Haney, au-delà de l'école élémentaire, il y a une enseigne en bois indiquant "Day Farm 1912". En remontant une colline quelques centaines de verges plus haut, il y a un enclos barré: c'est là qu'on rencontre une jeune femme de la Virginie Occidentale venue avec son mari, un foreur, pour travailler comme garde de sécurité pour Range Resources. Elle appelle le bureau pour confirmer la permission de la visite. En attendant, Day montre du doigt une structure en cerceau de 40 par 100 où il entrepose des balles de foin. Pendant la fracturation hydraulique qui s'est fait 24 heures par jour en mars et avril 2010, l'endroit servait de stationnement et lieu de rencontre.
Day indiqua l'endroit où un camion avait renversé de l'eau chimique traitée utilisée en fracturation, et ensuite montra le ruisseau plus bas qui se déverse dans le bassin versant de Ten-Mile Creek et ensuite dans la rivière Monongahela. Le déversement ne s'est pas rendu jusqu'au ruisseau, selon lui. De plus, il a été impressionné par la transparence de Range Resource sur les évènements. Toutes les heures pendant la fracturation, les travailleurs surveillaient le tuyau temporaire en plastique plein d'eaux chimiques qui allait entre le site et le bassin près de la maison de Stacey Haney. En inspectant le tuyau, les travailleurs ont découvert plusieurs fissures qui laissaient échapper de l'eau de fracturation sur le sol gelé. Ces fissures ne sont pas inhabituels. "Nous savons tous qu'ils fuient." écrivait un employé de Range dans un courriel interne qui est du domaine public en attendant un procès.
"Rien n'a coulé sur ma propriété." dit Day. Finalement, le guardien nous a laissé passé et regarder le bassin de rétention, baptisé "frack pond" - étang à fracturation - de 20 pieds de profondeur. Les eaux usées de fracturation, appelées reflux, étaient d'un gris laiteux. Les aérateurs ronronnaient. Le bassin, comme plusieurs autour, était en amont d'un bassin versant. Quelques minutes plus tard, une auto arriva en toute hâte. L'accès au site est refusé à l'auteur de ces lignes. Plus tard, Matt Pitzarella, un porte-parole de Range Resources, dit que les règlements sur l'équipement et les normes de sécurité de la compagnie exigent que tout visiteur porte de l'équipement de protection.
Day conduit l'auto jusqu'au site du puits, un champs de football en ciment et quelques citernes de condensat que des peintres peignaient en vert forêt. Bien avant l'arrivée des foreurs, l'endroit s'appelait "Well Field", après qu'un puits de pétrole ait été foré dans les années 1920, selon les gens de la place. Comme certains de ses voisins, Day a signé un bail, en parti pour protéger ses terres de ce qu'il savait était une industrie bien plus agressive qui s'amenait: du "long-wall coal mining", qui consiste à miner un filon de charbon sur des milles de long. "Le long-wall mining est tellement plus destructeur que ceci, d'après moi." dit-il. "En espérant qu'avec ces tuyaux, ils ne tenteront pas de miner le charbon sous nos pieds."
La fracturation étant maintenant terminée, les principaux équipements n'étaient plus là et le champs avait été replanté avec du trèfle rouge moyen. Day n'était pas préoccupé par les impacts des forages. "Rien de ce que j'ai vu n'indiquerait des effets négatifs." dit-il. "excepté pour la senteur qui vient de la station de compression." (Range Resources a dit à Day que la senteur venait des bactéries anaérobiques qui étaient plus souvent présentes lors de ce procédé de fracturation, mais qu'elles sont inoffensives. Une enquête sur la qualité de l'air autour des stations de compression fait partie de l'enquête actuelle de l'EPA.). Day, comme la plupart de ses voisins, fait confiance aux compagnies pour qu'elles emploient les meilleurs pratiques. Ici, donner sa parole compte pour beaucoup. Après tout, sans règlements et surveillance, lui et d'autres fermiers ont travaillé ensemble pour faire certains travaux, comme clôturer autour des cours d'eau pour empêcher le bétail d'y piloter.
En retournant au travers d'un champs de luzerne vers la ferme, Day dit: "Vous ne m'avez pas demandé mon métier. Personne ici ne peut survivre seulement d'agriculture. J'ai enseigné les sciences dans les écoles de la place pendant 35 ans."
Pour Day et d'autres, permettre aux gazières de forer sur leurs terres n'est pas seulement une question d'argent. Ils croient fermement aussi que le gaz naturel devrait servir de source d'énergie servant de pont entre le pétrole étranger et des sources durables d'énergie comme le solaire et l'éolien. "Le gaz naturel est le combustible fossile le plus écologique que nous avons." dit Rick Baker, un accordeur de piano de 59 ans qui vit sur 91 acres entre les résidences de Bill Hartley et Stacey Haney. "Certaines personnes ne seront pas d'accord avec moi, mais çà brûle propre." Il est tellement un promoteur des forages qu'il est même d'accord de jouer un rôle dans une pub de Range Resources: il reçoit $200 pour le faire.
Environ un an avant la mort du chien de Haney, à l'été de 2009, elle avait commencé à remarquer que parfois son eau tournait au noir et semblait gruger le métal de ses robinets, de sa laveuse à linge, de son chauffe-eau et de son lave-vaisselle. Quand elle prenait une douche, la senteur était terrible, comme des oeufs pourris et la diarrhée. Haney a commencé à acheter de l'eau en bouteille pour boire et faire à manger, mais n'était pas assez fortunée pour en acheter pour ses animaux.
Plus tard, cet été-là, son fils Harley a souffert soudainement de mystérieux maux à l'estomac et de périodes de fatigue extrême. Il s'est ramassé à l'urgence et à l'hôpital pour enfants une demi douzaine de fois. "Il ne pouvait pas soulever sa tête." dit Haney. Au début de novembre de l'année suivante, après la mort des animaux, Haney a décidé de faire tester Harley pour les métaux lourds et l'éthylène glycol. Pendant qu'elle attendait de recevoir les résultats. Haney a appelé Range Resources et avait demandé qu'on lui fournisse de l'eau potable. La compagnie a testé son eau et n'y trouva pas de problèmes. Le père de Haney commenca à transporter de l'eau à sa grange.
Une semaine plus tard, l'anniversaire de Haney de 41 ans, les résultats des tests de Harley indiquent des niveaux élevés d’arsenic. Haney rappela Range Resources. La compagnie a ensuite livré une citerne de 5,100 gallons pour l'eau, appelé un "water buffalo" - un contenant mobile d'eau - la journée suivante. "Notre politique est que si vous avez une préoccupation ou une plainte, nous vous fournissons de l'eau en dedans de 24 heures." dit Pitzarella de Range Resources. Il ajoute que la compagnie n'a jamais vu aucune preuve que quiconque dans cette résidence n'avait des problèmes d'arsenic."
Bien qu'elle ait pu travailler faire des semaines de 40 heures comme infirmière et prendre soin de 2 enfants et une fermette, Haney ne se sentait pas très bien, non plus. Alors quelques mois plus tard, elle subit des tests ainsi que sa fille Paige. Leurs résultats de tests indiquent qu'elles ont de petites quantités de métaux lourds comme l’arsenic et des solvants industriels comme du benzène et du toluène dans leur sang. Le Docteur Philip Landrigan du Mount Sinai dit que les résultats indiquent une preuve d'exposition, mais que c'est difficile de déterminer les effets potentiels sur la santé à ces concentrations. Mais il ajoute: "Ces gens-là sont exposés à de l’arsenic et du benzène, des cancérigènes reconnus. Il n'y a pas de concentrations sécuritaires de ces chimiques." Pitzarella dit que Range Resources n'a jamais vu ces résultats et que l’arsenic n'a rien à voir avec la fracturation. Pitzarella a mentionné une étude du Center for Rural Pennsylvania qui a trouvé que 40% des puits d'eau potable de la Pennsylvanie ont au moins un problème déjà existant de qualité de l'eau, et qu'il n'y a pas d'influence évidente de la fracturation sur la qualité des puits d'eau privés. Dans une étude précédente, 2% des puits de l'état comptaient des niveaux d’arsenic qui dépassaient les normes de santé.
Bientôt, Haney et ses enfants ont commencé à remarquer que le dehors commençait à sentir comme quand ils prenaient une douche: un mélange de senteur sucrée de métal, d'oeufs pourris et d'excréments. En parlant à ses voisins, Haney a appris qu'en haut d'une colline, à environ 1,500 pieds de chez elle et moins de 800 pieds de la maison de sa voisine Beth Voyles, il y avait un bassin de rétention à ciel ouvert de 5 acres rempli d'eau pleine de chimiques.
Haney appris à naviguer dans Google Earth sur l'ordi de son fils. (Elle n'a pas d'ordinateur, et n'a pas de courriel non plus). Elle a pu voir son entrée en gravier et sa maison cachée sous les érables. Elle a pu aussi voir le bassin de rétention, grand comme 6 terrains de football, noir et immense à côté de la maison de sa voisine au toit argenté. Le gazon autour du bassin semblait mort.
Les inquiétudes du grand public sur les forages au gaz de schiste sont surtout à propos des chimiques que les compagnies injectent dans le sol, surtout du fait que la liste des chimiques est un secret commercial. En 2005, le vice-président Dick Cheney présenta un amendement à la loi sur l'énergie, baptisé par les critiques "Halliburton Loophole" - le vide légal d'Halliburton. Cette législation exempte la fracturation hydraulique de la loi qui protège l'eau potable, Safe Drinking Water Act, et protège les compagnies comme Halliburton, dont Cheney avait déjà été le PDG, d'être obligées de dévoiler les chimiques injectés dans le sol.
Mais il semblerait que le problème soit plutôt les substances dissoutes qui reviennent à la surface: dont des sels (bromures, chlorures), des radionucléides comme le strontium et le baryum, ainsi que ce qu'on appelle communément BTEX (benzène, toluène, éthylène), des composés organiques volatiles qui peuvent être nuisibles à la santé humaine.
L'industrie admet que le problème de manutention des eaux usées générées par la fracturation est l'un des plus urgents. En Pennsylvanie, ce problème est particulièrement grave. Les formations géologiques de la Pennsylvanie ne sont pas comme celles d'autres états où il s'est fait du forage de gaz naturel et ne permettent pas la méthode habituelle pour en disposer: des puits à injection à grande profondeur pour se débarrasser du reflux. Se débarrasser des eaux chimiques ont obligé des voyages de camions vers d'autres états ou payer des usines de traitement locales pour les traiter. Ces usines, qui ne sont pas outillées pour enlever les sels, ont souvent retourné les eaux de fracturation dans les rivières locales. Chargées de sels, l'eau goûtait et sentait étrange et corrodait non seulement l'équipement industriel mais aussi les lave-vaisselles et les robinets de cuisine. Pendant plusieurs mois, la rivière Monongahela, la source d'eau potable pour la plupart des résidents de la région de Pittsburgh, ne rencontrait plus les normes acceptables de l'état et fédérales. Après une demande officielle de l'état de la Pennsylvanie, le U.S. Army Corps of Engineers a déterminé qu'on avait besoin de 5 fois plus d'eau dans leurs réservoirs pour diluer la rivière adéquatement. Cela a pris 5 mois pour tout nettoyer.
"Le sel est un problème sérieux." dit Rose Reilly, une biologiste en eau pour l'Army Corps of Engineers. Il doit être géré comme tout autre polluant. "Ce n'est pas biodégradable."
Au printemps dernier, en réaction à la révolte du public, le département de protection de l'environnement de la Pennsylvanie a demandé aux compagnies de cesser d'envoyer leurs eaux de reflux aux usines de traitement. Mais c'était une demande, pas une loi. Et réglementer de telles mesures est dispendieux. Le gaz de schiste est différent des autres sortes d'explorations pétrolières parce qu'il n'y a pas de moment "eureka". Si on fore, on est sûr de trouver. "C'est une industrie à petits détails." dit Bobby Vagt, président de Heinz Endowment, un OBNL qui encourage le développement dans le sud-ouest de la Pennsylvanie. Il a déjà travaillé avec des compagnies pétrolières et gazières au Texas pour plus de 15 ans. "Plus on coupe dans les coûts, à tous les stages du procédé, dont les gazoducs et la construction des routes, plus les profits seront élevés."
Le défi, selon Tim Kelsey, un professeur en économie agricole au Pennsylvania State, est "de s'assurer que la communauté ne se retrouve pas à ramasser les pots cassés." C'est une question économique autant qu'environnementale. Les banques se montrent réticentes à accepter des hypothèques de maisons à moins de 3 milles d'un puits. Des communautés entières pourraient devenir des friches industrielles, et les valeurs des maisons pourraient diminuer rapidement. En ce moment, les compagnies qui opèrent en Pennsylvanie ne paient pas de taxes pour pouvoir extraire le gaz. (le gouverneur de l'état, Tom Corbett aurait reçu au moins $1 million en dons de campagne d'élections des gazières) Corbett a présenté un projet de loi récemment qui fixerait des frais de prélèvement à ce qui équivaudrait à une taxe de 1% par puits sur l'extraction du gaz, pas mal moins que l'Arkansas (3,54%) et le Texas (5,4%). Les démocrates de la Pennsylvanie appellent cette mesure qu'ils estiment est en faveur de l'industrie du sobriquet "Drill, baby, drill."
Mais pour des hommes comme Bill Hartley et d'autres qui accueillent à bras ouverts la fracturation dans l'état, ce n'est pas la politique autour des forages qui compte. L'important, c'est de préserver des ressources communes. "Ma préoccupation première, c'est l'eau" dit Hartley. "Mon grand-père m'a fait comprendre que l'eau, c'est la vie."
La journée de la fête des Mères, le dimanche 8 mai 2011, quand Haney et ses enfants revenaient de souper au restaurant, ils s'engageaient sur McAdams Road, et la senteur d'excréments était assez forte pour faire vomir, selon Paige, sa fille. Ils n'étaient pas les seuls à sentir cette mauvaise odeur. Leur voisine Beth Voyles avait appelé le département de la protection de l'environnement (DEP) pour placer une autre plainte pour les mauvaises odeurs. Le DEP a envoyé John Carson, un spécialiste de l'eau. Dans ses notes prises sur le terrain rendues publiques par un ordre de la cour, on peut y lire que lui aussi a senti une odeur forte sur le site, mais pas sur sa propriété. Voyles affirme que Carson a refusé de prendre sa plainte. Kevin Sunday, un porte-parole du DEP, écrit dans un courriel que le DEP réagit rapidement à toute plainte. Il y a une enquête en cours sur ce site de forage, et vu qu'il y a une action légale en marche et donc ne peut pas en discuter davantage. Range Resources dit que le DEP a visité l'endroit 24 fois et n'a pas constaté de mauvaises odeurs.
Range Resources a une explication: il y a eu une panne de courant, ce qui a provoqué l'arrêt des aérateurs qui mélange l'oxygène dans l'eau pour prévenir la prolifération des bactéries. Range Resources insiste pour dire que l'étude du DEP de 2010 indique qu'aucune pollution de l'air n'a été générée par le bassin à côté des Haney et des Voyles, ou n'importe où d'autres, d'ailleurs. Les critiques de cette étude disent que les impacts de la fracturation sur la qualité de l'air n'ont pas été assez étudiés.
La même journée, quand Voyles a dit à Range Resources qu'elle avait des gerçures dans son nez. la compagnie lui a offert une chambre d'hôtel, comme elle le fait pour toute plainte sur les nuisances, mais elle ne voulait pas laisser ses chiens et ses chevaux seuls. (Range a dit plus tard qu'il n'y avait pas cette plainte là dans leurs dossiers). Tout près, sur McAdams Road, Haney et ses enfants ont commencé à souffrir gravement d'étourdissements et de saignements de nez. Des trois, Harley se portait le plus mal. Haney l'emmena voir Craig Fox, leur médecin de famille dans la ville voisine de Washington. Comme la plupart des médecins de la place, le docteur Fox n'avait jamais vu de tels symptômes.
Haney dit que les conseils du docteur Fox étaient sans équivoque: "Sortex Harley de cette maison tout de suite. Je ne veux pas qu'il reste près de là, même pas y circuler en voiture, pendant 30 jours." Alors Haney installa Harley dans la maison d'une amie à Eighty-Four, une ville nommée d'après le nom d'une compagnie de bois. Elle emmena sa fille chez ses parents à Amity. Chaque jour, elle passait environ 4 heures en auto à conduire ses enfants à l'école, chez des amis, puis retourner à la ferme pour nourrir les animaux. Les animaux se portaient bien certains jours, vomissaient ou s'écroulaient par terre d'autres jours. Haney a pu trouvé un cousin qui a pris ses cochons, mais personne d'autre pour abriter ses autres animaux, alors ils sont restés à la ferme. Elle restait chez elle pour des périodes de moins d'une heure à la fois, juste assez pour faire une brassée de lavage de linge. À tous les 2 jours, elle achetait pour $50 d'essence. Leur ferme semblait abandonnée. "Notre maison était devenue une fourrière à chats de $300,000." disait Haney en juillet.
Haney n'est pas une environnementaliste. Elle affirme être une péquenaude, fière d'avoir des racines familiales ici depuis au moins 150 ans. Elle ne s'engage pas habituellement des batailles semblables. "Je ne resterai pas passive et leur laisser rendre mes enfants malades." dit-elle. "Les gens me demandent pourquoi je ne déménage tout simplement pas, mais où irais-je? Je ne peux pas me payer une hypothèque, et si je ne fait pas mes paiements sur ma ferme, je vais la perdre."
Beth Voyles est aussi frustrée. Bien que les résultats de ses tests médicaux ne sont pas conclusifs, elle se plaint de gerçures dans son nez et dans la gorge, des maux de tête, des saignements de nez, des douleurs aux jointures, difficulté à se concentrer, un goût métallique dans la bouche. Voyles a entamé un procès contre le DEP en mai. Range Resources a choisi de faire parti du procès parce que ses droits sont aussi à risque. Des documents de l'industrie et du DEP qui sont maintenant du domaine public donne raison aux allégations du procès sur une série d'infractions aux structures et des incidents dangereux autour du bassin. On mentionne une demi-douzaine de déchirures dans la toile qui scelle le bassin (au moins une déchirure causée par un chevreuil - sa carcasse a dûe être sortie du bassin); au moins 4 fêlures dans un tuyau temporaire traversant un champs; deux déversements accidentels de camions, dont l'un qui a contaminé un champs de pâturage pour le bétail; une fuite dans un bassin voisin qui contenait des déblais de forages. Range admet qu'après cette fuite, le niveau de concentration des solides dissous, ou sels, a fait un pic dans l'eau. De toutes ces infractions, le DEP a émis un avis d'infraction que pour la dernière. Le DEP ne veut pas faire de commentaires sur ce sujet, citant qu'il est en instances judiciaires.
À la mi-juillet, Ashley, la fille de 25 ans de Voyles, montait son cheval Dude derrière le bassin de rétention plein de chimiques. Ashley pouvait entendre un bruit de sifflement et de bulles venant du ruisseau. Il y avait des flaques de liquide huileux rouges plein d'écume. "C'était de l'eau arc-en-ciel" disait Ashley. Le matin suivant, Haney et Voyles ont appelé tous leurs contacts dans les différents ministères gouvernementaux pour qu'on teste l'eau dans les flaques. Elles ont aussi appelé Range Resources. Le dimanche suivant, le porte-parole du DEP disait que c'était probablement de la végétation en décomposition qui émanait des gaz. Plus tard, des résultats de tests de la région entamés par Range Resources révélaient la présence d'acétone, du toluène, du benzène, du phénol, de l’arsenic, du baryum, des métaux lourds et du méthane. La compagnie continue d'insister pour dire qu'aucun de ces chimiques ne se trouvaient dans l'eau potable.
Bill Hartley, Rick Baker, Beth Voyles et Stacey Haney ont reçu leurs premiers chèques de redevances cet été des 9 puits de gaz qui se trouvent sous le mille carré où ils se trouvent. Stacey a payé ses factures avec son chèque de $9,000: $4,500 pour payer pour les visites chez le médecin et son assurance-maladie; $1,150 pour payer son essence. Elle a mis $2,700 de côté pour payer ses impôts sur les revenus. Le $750 qui reste a servi à faire un dépôt pour une tente-roulotte. Haney a finalement déménagé ses enfants qui vivent maintenant derrière la maison de ses parents à Amity. Après cela, le niveau de benzène et de toluène dans l'urine de ses enfants s'est mis à descendre rapidement. Pour Haney qui continue de retourner à la ferme pour nourrir les bêtes tous les soirs, les niveaux de benzène et de toluène demeurent plus élevés. Harley souffre toujours de nausées graves pour lesquelles son médecin a prescrit du Zofran, un médicament souvent donné aux patients qui reçoivent de la chimiothérapie. "Ils ont ruiné nos vies." dit Haney. "Je m'inquiète à tous les jours: je me demande si mes enfants auront des cancers. Je m'inquiéterai pour le reste de ma vie à leur sujet à cause des quantités de cancérigènes qui se trouvent maintenant dans notre sang. Nous avons tout perdu: nos bêtes, la valeur de notre maison. Aucune somme d'argent reçu en redevances ne remplacerait la santé de mes enfants."
Les gens de Amwell ne sont pas étrangers au prix à payer pour le développement - la perte d'une source d'eau sur la ferme, la maison qui cale dans le sol parce qu'une mine de charbon a creusé en dessous, ou le prix de son absence - des usines fermées et la perte d'emplois. Mais vu nos besoins en sources d'énergie, la fracturation et les puits continueront probablement. La question à se poser serait est-ce que les lois pour réglementer les questions environnementales et de santé publique rattraperont l'industrie en pleine expansion?
Les voisins de Haney ont entendu parlé de la maladie de Harley. "Je ne sais pas trop quoi en penser." dit son cousin Bill Hartley. "Çà se pourrait très bien qu'il y a une fuite dans le bassin." Rick Baker, le voisin de Haney, est aussi incertain sur la source du problème. "Je ne nie pas qu'il y a quelque chose qui ne va pas là." dit-il. "Çà m'inquiète." Il a appelé Range Resources à la réception de la citerne pour contenir de l'eau pour leur dire qu'il était satisfait de voir que la compagnie s'occupait du problème. Baker croit toujours aux impacts positifs de l'industrie sur Amwell et les milliers d'autres communautés. "C'est définitivement une bonne chose pour la Pennsylvanie." dit-il. "Nous sommes au-dessus de l'une des plus grandes réserves au monde. Nous avons besoin de ce gaz naturel pour continuer à fonctionner." Et les bienfaits économiques étaient essentiels, selon lui. "Il y a encore du monde assis dans des bars qui attendent que les aciéries reviennent." Pourtant, Baker dit qu'il a changé d'idée depuis les 6 derniers mois. "La sécurité et les questions environnementales sont incontournables." dit-il. L'avenir lui fait peur. Avec les grosses pétrolières comme Chevron et BP, par exemple, qui veulent s'embarquer dans l'industrie, Baker craint qu'elle ne sera plus redevable envers des individus comme lui-même et Haney.
Haney a quand même participé à la foire agricole cette année, où sa fille Paige n'a pas gagné dans le concours de tartes. La chèvre de Paige a gagné le premier prix, et son lapin a presque gagné le meilleur prix de l'exposition. Comme d'habitude, les noix de Pappy ont gagné le premier prix. Dans le concours d'arts plastiques, un modèle d'une tour de forage en blocs Lego a gagné le premier prix.
L'auteur, Eliza Griswold, est agrégée supérieure au New America Foundation, et travaille sur un livre sur l'Amérique faite par la main de l'homme grâce à du financement du Rockefeller Foundation.
Photo: Seamus Murphy
"Situation Normal All Fracked Up
Magazine preview
Amwell Township is a 44-square-mile plot of steep ravines and grassy pasturelands planted with alfalfa, trefoil and timothy in the southwestern corner of Pennsylvania. It’s home to some 4,000 people, most of whom live in villages named Amity, Lone Pine and Prosperity.
From some views, this diamond-shaped cut of land looks like the hardscrabble farmland it has been since the 18th century, when English and Scottish settlers successfully drove away the members of a Native American village called Annawanna, or “the path of the water.” Arrowheads still line the streambeds. Hickory trees march out along its high, dry ridges. Box elders ring the lower, wetter gullies. The air smells of sweet grass. Cows moo. Horses whinny.
From other vantages, it looks like an American natural-gas field, home to 10 gas wells, a compressor station — which feeds fresh gas into pipelines leading to homes hundreds of miles away — and what was, until late this summer, an open five-acre water-impoundment chemical pond. Trucks rev engines over fresh earth. Backhoes grind stubborn stones. Pipeline snakes beneath clear-cut hillsides.
The township sits atop the Marcellus Shale Deposit, one of the largest fields of natural gas in the world, a formation that stretches beneath 575 miles of West Virginia, Pennsylvania, Ohio and New York. Shale gas, even its fiercest critics concede, presents an opportunity for the United States to be less dependent on foreign oil. According to Wood Mackenzie, an energy-consulting firm, the Marcellus formation will supply 6 percent of America’s gas this year, a figure expected to more than double by 2020.
About five years ago, leases began to appear in the mailboxes of residents of Amwell Township from Range Resources, a Texas-based oil company seeking to harvest gas through hydraulic fracturing. “Fracking,” as it is known, is a process of natural-gas drilling that involves pumping vast quantities of water, sand and chemicals thousands of feet into the earth to crack the deep shale deposits and free bubbles of gas from the ancient, porous rock. Harvesting this gas promises either to provide Americans with a clean domestic energy source or to despoil rural areas and poison our air and drinking water, depending on whom you ask.
On Nov. 21, the Delaware River Basin Commission, which involves four states — Pennsylvania, New Jersey, New York and Delaware — will vote on rules governing fracking in the river’s watershed, which supplies some 15 million people with drinking water. The states most affected will be New York and Pennsylvania, which sit on the Marcellus Shale, where the gas is closest to the surface.
This summer, Gov. Andrew Cuomo of New York moved to lift the state’s yearlong moratorium on fracking against vocal opposition from environmentalists and many local residents. Following a series of hearings this month, New York will decide whether to allow fracking early next year. In the meantime, New Yorkers are looking to Pennsylvania, the first neighbor to welcome fracking, as a model.
There are more than 4,000 Marcellus wells in Pennsylvania, with projections ranging from 2,500 new wells a year to a total of more than 100,000 over the next few decades; 458 of those wells are in Washington County and 60 are in Amwell Township, to which fracking has given an injection of new income and business; it has also spurred one of the first E.P.A. investigations into fracking’s effects on rivers, streams, drinking water and human health.
Just before Christmas in 2008, a handful of neighbors granted Range Resources the right to drill thousands of feet below their homes and up to two miles in any direction. Signing leases here is nothing new. For the past 200 years, one industry after another has extracted minerals from the land. In the 1800s, it was coal; in the 1900s it was glass, coke and steel and industrial mining. “Sooner or later, somebody wants to go around, under or through you,” one farmer and gun-shop proprietor told me. “You make your best deal and you talk to a lawyer. At least these companies pay something up front.”
What these companies paid was more than many people in Amwell Township, where the per capita income in the 2000 census was $18,285, were accustomed to seeing in their lifetimes, even if the windfall wasn’t the same for everyone. Next-door neighbors made, upon signing, between $1,500 and more than $500,000 for the same amount of land. Curiously enough, the huge gap in payments didn’t cause much trouble among neighbors, at least at first. Most, if they express a political viewpoint at all, are old-school libertarians who believe each man has the right to live by his will and abilities.
The conflict instead is between “country folk and city people,” Bill Hartley, 63, a barber and a cattle farmer told me. “The country folk want the drilling and have mineral rights. The city folk don’t want the drilling and have no rights to sell.”
At Hartley’s Styling Shop, the barbershop Hartley has run out of a rented trailer on his great-great-grandfather’s farm for the past 16 years, the gas boom is all anyone talks about. There’s a barber pole spinning outside and a Jacuzzi in the bathroom. A John Deere clock tells time according to a tractor. When I met Hartley there early last spring, he was alone, reclining in his barber’s chair and chain-smoking, as he had been for hours, or maybe years. The trailer’s air and Naugahyde chairs were saturated with stale smoke.
“Do you mind if I smoke?” he asked. I didn’t. “Good, because I would have told you, ‘Tough.’ ” Hartley, who has the long, hollow face of an Appalachian Marlboro Man, keeps 35 cows on 110 acres of rocky fields of fescue. Until recently, like most farmers he knows, he needed a second job to pay for the cows. Raising cows costs more than $300 a head per year. It takes a good year for Hartley to break even. Now he has more money than he ever imagined. Signing his gas lease at “a little more” than $1,000 an acre netted him in excess of $110,000 upon signing, plus 12.5 percent of the royalties from gas produced on his land. Hartley prefers not to discuss exact amounts. “That’s nobody’s business,” he said. But after the first couple of years, production tends to drop off precipitously, and the royalty checks will dwindle. So Hartley still cuts hair. “And I like people,” he said.
As Hartley sees it, the gas industry has helped him to preserve his farm, cows and way of life. “I don’t want to say you have to be born into it,” he said. “But it has to be in your blood.”
The Marcellus boom has brought a host of economic benefits to Western Pennsylvania — new jobs, booked motel rooms, busy food franchises and newly paved roads — and promises to bring more. According to a recent study by Pennsylvania State University, the industry has created 23,000 jobs, including employment for roustabouts, construction workers, helicopter pilots, sign makers, Laundromat workers, electricians, caterers, chambermaids, office workers, water haulers and land surveyors. Not to mention that leaseholders are saving, on average, 55 percent of the money they make upon signing leases and 66 percent of their royalties, according to the Pennsylvania State University study.
Hartley’s cousin Stacey Haney lives two and a half miles from Hartley’s farm. A brown-haired, blue-eyed former beautician, Haney, 42, is a nurse at the nearby Washington Hospital. Hartley and Haney share a kind of tough self-reliance, as well as a quick, dark wit.
“We came into this world poor, and we’ll go out of this world poor,” Haney says. This is her family’s motto. Haney — a single mother who wears her hair in a shag — works full time and is raising her two children, Paige, 12, and Harley, 15, along with an ark of 4-H animals. Her father, Larry, whom everyone calls Pappy, is a steelworker. He has had long stints of unemployment, beginning when Stacey was in second grade. He’s also a sometime farmer whose butternuts have won first place so often at the Washington County Fair that no one else bothers to enter anymore. The fair is the highlight of the Haneys’ year: beribboned photos of their award-winning rabbits, goats and pigs line the walls of their immaculate three-bedroom home, which Haney has hand-stenciled with deer tracks.
When the natural-gas industry came to town, Haney saw an opportunity to pay off farm bills and make a profit from the land. Word had it that the companies were interested in signing up large parcels, so in the winter of 2008, Haney, who owned only eight acres, persuaded two of her neighbors to pool their land on a lease for which she was paid, in installments, $1,000 dollars per acre and 15 percent royalties.
The money would help to pay the taxes on their farms. The land man who came to the Haney home to sell the lease showed pictures of a farm and pasture with a well cap “the size of a garbage can,” Haney said, which she found reassuring. And it didn’t seem as if the drilling would affect their lives much. Range Resources was involved in the community in small ways too. For the past several years, it operated a booth at the Washington County Fair. In 2010, the company offered kids an extra $100 for the farm animals they auctioned. That was the year Stacey Haney’s son, Harley, took his breeding goat, Boots, all the way to grand champion.
At the fair, Haney ran into her next-door neighbor, Beth Voyles, 54, a horse trainer and dog breeder, who signed the lease with Haney in 2008. She told Haney that her 11 /2-year-old boxer, Cummins, had just died. Voyles thought that he was poisoned. She saw the dog drinking repeatedly from a puddle of road runoff, and she thought that the water the gas company used to wet down the roads probably had antifreeze in it. “We do not use ethylene glycol in the fracking process,” Matt Pitzarella of Range Resources told me. He also said that the dog’s veterinarian couldn’t confirm the dog had been poisoned and that another possible cause of death was cancer.
A month later, Haney’s dog, Hunter, also died suddenly. Soon after, Voyles called Haney to tell her that her barrel horse, Jody, was dead. Lab results revealed a high level of toxicity in her liver. Voyles sent her animals’ test results to Range Resources. In response, Range Resources wrote to Voyles to say that, as the veterinarian indicated, the horse died of toxicity of the liver, not antifreeze poisoning. The company did acknowledge that the vet suspected the horse died of poisoning by heavy metals. Subsequent tests of the Voyleses’ water supply by Range Resources revealed no heavy metals.
Voyles’s boxers began to abort litters of puppies; six were born with cleft palates. They died within hours. Others were born dead or without legs or hair. Unsure what to do, Voyles stored 15 of the puppies in her freezer. (Range Resources says it was never notified about the puppies.) By December, Boots, the grand-champion goat, aborted two babies. Haney had to put her down the day after Christmas.
What was going on with the animals? Where were the toxic chemicals in their blood coming from? Haney feared that the arrival of the gas industry and the drilling that had begun less than 1,000 feet from her home might have something to do with it.
In Amwell Township, your opinion of fracking tends to correspond with how much money you’re making and with how close you live to the gas wells, chemical ponds, pipelines and compressor stations springing up in the area. Many of those who live nearby fear that a leak in the plastic liner of a chemical pond could drip into a watershed or that a truck spill could send carcinogens into a field of beef cattle. (According to the Pennsylvania Department of Environmental Protection, 65 Marcellus wells drilled this year have been cited for faulty cement casings, which could result in leaks.) But for many other residents, including Haney’s neighbors, the risks seem small, and the benefits — clean fuel, economic development — far outweigh them.
On a Saturday morning in July 2011, Bill Hartley’s Styling Shop bustled with clients — a truck driver, a leaseholder, a landowner — all of whom profited from the gas boom. One was Ray Day, 64, a ginger-haired farmer, who, along with his brothers and sisters, owns nearly 300 acres of Amwell Township. Thanks to the money he received from allowing Range Resources to drill, build a compressor station and dig a chemical pond on his land, he has been able to reroof two barns, buy a new hay baler and construct an addition to his house for his 94-year-old mother. “I only buy something if I can pay cash,” Day said later. And he still has plenty of money left over. Was he planning a vacation, maybe to Florida? Day snorted good-naturedly. “Farmers don’t go to Florida,” he said.
A few days later, I met up with Day off 1-79 at the Amity-Lone Pine exit, a little more than a mile from Stacey Haney’s home, and followed him past the local elementary school to a barn, with a white wooden sign that said Day Farm 1912. We drove a few thousand yards up a steep hill to a gated compound, where we were met by a young woman who’d come from West Virginia, along with her husband, a driller, to work as a security guard for Range Resources. She called headquarters to confirm my permission to visit. As we waited, Day pointed out a 40-by-100 fabric hoop structure where he stores round bales of hay. During the hydraulic fracturing, which took place 24 hours a day in March and April 2010, the huge open shed served as a parking area and meeting place.
Day pointed to where there had been a truck spill of chemically treated water used in fracking, and then he pointed to the stream below, which flows into the watershed at Ten-Mile Creek and then onto the Monongahela River. The spill hadn’t reached the stream, he said. Moreover, he’d been impressed with Range Resource’s openness about what happened. Every hour while fracking, workers walked the temporary plastic pipeline, full of chemical water, that ran between his site and the pond near Stacey Haney’s home. While walking the line, workers discovered several cracks that spilled frack water on the frozen ground. Such cracks are not unusual. “We all know they leak,” one Range employee wrote in an internal e-mail, which has become a matter of public record pending a lawsuit.
“None of it leaked on my property,” Day said later. Finally, the guard let us go up and take a look at the 3.5-acre chemical impoundment, known as a frack pond, which was 20 feet deep. The used frack water, called flowback, was milky gray. The aerators hummed. The impoundment, like many nearby, sat at the top of a watershed. We’d only been at the pond for a couple of minutes before a sedan raced up the hill behind us. My access had been denied. Later, Matt Pitzarella, a spokesman for Range Resources, said that OSHA regulations regarding equipment and the company’s own safety standards required that all visitors wear protective gear.
Day drove me next to the well pad, a football field of cement and a few condensate tanks that painters were rendering forest green. Long before the recent drillers came, this was named the Well Field, after an oil well locals said was drilled here in the 1920s. Like some of his neighbors, Day signed a gas lease in part to protect his land from what he saw as a far more rapacious industry headed his way: long-wall coal mining, a process that takes a ribbon of coal out of a seam over miles. “Long-wall mining is so much more destructive than this, the way I see it,” he said. “Hopefully with these pipes they wouldn’t want to mine coal underneath us.”
The fracturing was now over, the major pieces of equipment were gone and the field was replanted with medium red clover. Day wasn’t concerned about the impact of drilling. “Nothing I’ve seen would indicate an adverse effect,” he said, “except the odor coming off the compressor station.” (Range Resources told Day that the smell comes from anaerobic bacteria that are more prevalent in this fracking process but that they are harmless. Investigating air quality around compressor stations is part of the E.P.A.’s ongoing study.) Day, like most of his neighbors, trusted the companies to use best practices. A man’s word means a lot here. After all, without regulation or oversight, he and other farmers worked together to do things like fence streams to keep cattle out of them.
We drove back through an alfalfa field to the farm. “You haven’t asked me what my profession is,” Day said. I’d assumed he was a farmer. “No one here could survive on farming,” he replied. “I taught science in local schools for 35 years.”
For Day and others, allowing the gas company to drill on their land isn’t simply a matter of cash. They also firmly believe that natural gas should be used as a bridge between foreign oil and sustainable energy sources, like solar and wind. “Natural gas is the most eco-friendly fuel source that we have,” said Rick Baker, 59, a piano tuner who lives on 91 acres located between Bill Hartley and Stacey Haney. “Some people will argue with me on this, but it burns clean.” He’s such a proponent of drilling that he even agreed to star in a commercial for Range Resources, for which he was paid $200.
About a year before Haney’s dog died, in the summer of 2009, she began to notice that sometimes her water was black and that it seemed to be eating away at her faucets, washing machine, hot-water heater and dishwasher. When she took a shower, the smell was terrible — like rotten eggs and diarrhea. Haney started buying bottled water for drinking and cooking, but she couldn’t afford to do the same for her animals.
Later that summer, her son, Harley, was stricken with mysterious stomach pains and periods of extreme fatigue, which sent him to the emergency room and to Pittsburgh’s Children’s Hospital a half-dozen times. “He couldn’t lift his head out of my lap,” Haney said. Early in November of the following year, after the animals died, Haney decided to have Harley tested for heavy metals and ethylene glycol. While she waited for the results, Haney called Range Resources and asked that it supply her with drinking water. The company tested her water and found nothing wrong with it. Haney’s father began to haul water to her barn.
A week later, on Haney’s 41st birthday, Harley’s test results came back. Harley had elevated levels of arsenic. Haney called Range Resources again. The company delivered a 5,100-gallon tank of drinking water, called a water buffalo, the next day. “Our policy is if you have a complaint or a concern, we’ll supply you with a water source within 24 hours,” Pitzarella of Range Resources said. He added that the company has “never seen any evidence that anyone in that household has arsenic issues.”
Although she was able to work 40 hours as a nurse and care for two kids and a small farm, Haney wasn’t feeling great, either. So a few months later, she had herself and Paige tested too. Their tests results showed they had small amounts of heavy metals like arsenic and industrial solvents like benzene and toluene in their blood. Dr. Philip Landrigan of Mount Sinai said that the results show evidence of exposure, but that it was difficult to determine potential health effects at the levels found. But he added: “These people are exposed to arsenic and benzene, known human carcinogens. There’s considered to be no safe levels of these chemicals.” Pitzarella says that Range Resources was never shown these reports and that arsenic has nothing to do with fracking. Pitzarella cited a study by the Center for Rural Pennsylvania that found that 40 percent of Pennsylvania’s water wells had at least one pre-existing water-quality problem, and that there was no obvious influence on private water-well quality from fracking. In a previous study, 2 percent of the state’s wells had arsenic levels that exceeded health standards.
Soon Haney and her kids began to notice that even outdoors it smelled a lot like the shower — a combination of sweet metal, rotten eggs and raw sewage. Talking to neighbors, Haney learned that atop a hill, about 1,500 feet from her home and less than 800 feet from that of her neighbor, Beth Voyles, there was an open, five-acre chemical impoundment filled with chemically treated water.
Haney figured out how to navigate Google Earth on her son’s computer. (She doesn’t own one, nor does she have an e-mail address.) There was her gravel driveway and her house hidden under the canopy of maple trees. And there was the six-football-field-square black pond that dwarfed her neighbor’s silver-roofed house. The grass surrounding the pond looked dead.
Popular concerns about natural-gas drilling have centered on what chemicals companies are putting into the earth, not least because this list is a proprietary secret. In 2005, Vice President Dick Cheney spearheaded an amendment to the energy bill, which critics call the Halliburton Loophole. This legislation exempts hydraulic fracturing from the Safe Drinking Water Act and protects companies like Halliburton, of which Cheney was once the C.E.O., from disclosing what chemicals are going into the ground.
But the problem, it turns out, lies also in the dissolved substances coming out: namely salts (bromides, chlorides), radionuclides like strontium and barium, as well as what are commonly called BTEX (benzene, toluene, ethylbenzene), volatile organic compounds that can be injurious to human health.
The industry acknowledges that the question of how to handle the wastewater that comes from fracking is one of its most pressing problems. In Pennsylvania this problem is particularly acute. Pennsylvania’s geological formations, unlike those of other states where natural-gas drilling has occurred, don’t allow for the usual method of disposal: injection wells that store flowback deep below the earth’s surface. Disposing of the chemical water has meant trucking it to another state or paying local treatment facilities to process it. The facilities, which are not equipped to remove salts, have often sent the frack water back into local rivers. In 2008, a United States Steel plant in Clairton, Pa., complained that the water from the Monongahela River was unfit for use. Loaded with salts, the water tasted and smelled odd and was corroding not only industrial equipment but also dishwashers and kitchen faucets. For several months, the Monongahela River, which provides most people in the Pittsburgh area with drinking water, no longer met state and federal standards. Following a request from the State of Pennsylvania, the U.S. Army Corps of Engineers found it would require five times the amount of water in their reservoirs to dilute the river. It took five months to clean it up.
“Salt is a serious problem,” Rose Reilly, a water biologist for the Army Corps of Engineers, said. It has to be managed like any other pollutant. “It isn’t biodegradable.”
This past spring, in response to public outcry, Pennsylvania’s Department of Environmental Protection asked gas companies to stop sending flowback to treatment plants. But it was a request — not a regulation. And enacting such measures is expensive. Shale gas is different from other kinds of oil exploration because there’s no eureka moment. If you drill, you’re sure to hit it. “This is a widget business,” says Bobby Vagt, president of the Heinz Endowment, a Pittsburgh-based nonprofit that supports development in southwestern Pennsylvania; he ran gas and oil companies in Texas for 15 years. “The lower you can keep the costs — of every step of the process, including pipelines and road building — the more money you’re going to make.”
The challenge, as Tim Kelsey, a professor of agricultural economics at Pennsylvania State, points out, “is making sure that the community isn’t left holding the bag.” This is an economic issue as much as an environmental one. Banks have expressed reluctance to back home mortgages within up to three miles of a well. Whole towns could become brown fields, and home values would drop precipitously. Currently, companies operating in Pennsylvania pay no tax to extract gas. (Gov. Tom Corbett reportedly received at least $1 million in campaign donations from gas interests.) Corbett recently introduced legislation that would levy fees that critics say would amount to a tax of 1 percent per well on gas extraction, significantly lower than Arkansas (3.54 percent) and Texas (5.4 percent). Pennsylvania Democrats call the measure, which they see as friendly to oil and gas interests, “Drill, baby, drill.”
But for men like Bill Hartley and others who welcome the arrival of fracking in the state, it’s not the politics of deep drilling that matter. What matters is preserving common resources. “My one concern is our water,” Hartley said. “My grandfather taught me water is life.”
On Sunday May 8, 2011, Mother’s Day, when Haney and her kids were returning from dinner at a nearby Cracker Barrel restaurant, they turned onto McAdams Road, and the smell of raw sewage was “enough to make you gag,” Haney’s daughter, Paige, told me. They weren’t the only ones to smell it. Beth Voyles, Haney’s neighbor, called the Department of Environmental Protection to register yet another complaint about the stench. The D.E.P. sent out a water specialist, John Carson. His field notes, made public following a subpoena, indicate that he, too, smelled a “strong odor” at the impoundment but not on her property. Voyles claims that Carson refused to take her complaint. When asked for comment, a D.E.P. spokesman, Kevin Sunday, said in an e-mail that the “D.E.P. responds promptly to any and all complaints. There is an ongoing investigation into the impoundment. This is a matter of active litigation and cannot be discussed further.” Range Resources says that the D.E.P. visited the area on 24 separate occasions and found no malodor.
Range Resources did have an explanation: the power had failed at the impoundment, shutting down the aerators that move oxygen into the water to prevent bacteria from growing. Range Resources maintains that a D.E.P. study from 2010 indicates no air pollution of any kind at the pond next door to the Haneys and the Voyleses, or anywhere else, for that matter. Critics of this study say the effect of fracking on air quality remains underinvestigated.
That same day, when Voyles told Range Resources she had developed blisters in her nose, it offered to put her up in a hotel, as it does for all nuisance complaints, but she didn’t want to leave her dogs and horses behind. (Range later said that it had no record of the complaint.) Next door on McAdams Road, Haney and her kids began to have intense periods of dizziness and nosebleeds. Of the three, Harley was the worst off. Haney took him to their family physician, Craig Fox, in the nearby town of Washington. Like most local doctors, Dr. Fox had never seen such symptoms before.
Haney says that Dr. Fox’s advice to her was unequivocal: “Get Harley out of that house right away. I don’t want him anywhere near there, even driving by, for 30 days.” So Haney took Harley to a friend’s house in Eighty-Four, a town named for the lumber company. She took her daughter to her parents’ house in Amity. Each day, she spent about four hours in the car shuttling the kids from school, to and from friends’ homes and driving to the farm to feed the animals, which were O.K. some days and vomiting or collapsing on others. Haney found a cousin willing to take her pigs, but she had nowhere to house the other animals, so they remained at the farm. She stayed home for less than an hour at a time, long enough to put a load of laundry into the washer. Every two days, she spent $50 on gas. Their farmhouse stood abandoned. “Our home has become a $300,000 cat mansion,” Haney said when I visited her in July.
Haney is no left-leaning environmentalist; she is a self-proclaimed redneck who is proud to trace her roots here back at least 150 years. This is not the kind of fight she usually takes on. “I’m not going to sit back and let them make my kids sick,” she says. “People ask me why I don’t just move out, but where would I go? I can’t afford another mortgage, and if I default on this place, we will lose it. ”
Beth Voyles is equally frustrated. Although the results of her medical tests are inconclusive, she complains of blisters in her nose and throat, headaches and nosebleeds, joint aches, rashes, an inability to concentrate, a metal taste in her mouth. Voyles filed suit against the Department of Environmental Protection in May. Range Resources chose to join the case, because its rights are also at stake. Documents from industry sources and the D.E.P. — now a matter of public record — support the suit’s allegations of a series of structural violations and hazardous incidents surrounding the pond. They include half a dozen tears in the pond’s plastic liner (at least one caused by a deer — its carcass had to be dragged out); at least four cracks in a temporary plastic transfer pipeline leading to an open field; two truck spills, one of which contaminated a cattle pasture; and a leak in an adjacent pond that held drill cuttings. Range admits that after this leak, the level of total dissolved solids, or salts, spiked in the water. Of all these violations, the D.E.P. issued a citation for only the last. The D.E.P. declined to comment, citing the ongoing case.
In mid-July, Voyles’s 25-year-old daughter, Ashley, was riding her paint gelding, Dude, behind the chemical pond. Ashley could hear a hissing and bubbling sound in the stream. There were pools of red foamy oil slick. “It was rainbow water,” Ashley said. The next morning Haney and Voyles called in the alphabet soup of government agencies they’ve contacted over the past year to test the water in the pools: the D.E.P., the E.P.A., the Fish and Boat Commission. They also called Range Resources. Sunday, the D.E.P. spokesman, said that it was most likely decayed vegetation that gave off gas. Later, test results of the area commissioned by Range Resources revealed the presence of acetone, toluene, benzene, phenol, arsenic, barium, heavy metals and methane. The company maintains that none of these were found in drinking water.
Bill Hartley, Rick Baker, Beth Voyles and Stacey Haney received their first royalty checks this summer from the nine gas wells that lie on the square mile between them. Stacey used most of her $9,000 check to pay off the bills she incurred: $4,500 went to co-pays and deductibles for doctors’ visits; $1,150 went to pay for gas. She set $2,700 aside to pay taxes on the earnings. The remaining $750 she used as a down payment on a camper. Haney finally moved the kids to live behind her parents’ home in Amity. Subsequently, the benzene and toluene levels in each of her children’s urine dropped precipitously. For Haney, who continues to return to the farm to feed the animals every evening, the benzene and toluene levels remain higher. Harley still suffers from acute nausea, for which his doctor has prescribed Zofran, a medication frequently given to chemotherapy patients. “They’ve ruined our lives,” Haney said. “I have to worry every day if my kids are going to have cancer. I will worry for the rest of my life about them with the amount of carcinogens we now have in our blood. We’ve lost everything — our pets, the value of our house. No amount of money that we’d ever get from royalties would ever replace my children’s health.”
The people of Amwell are no strangers to the price of development — the loss of a farm’s spring, the sinking of a family home when the coal mine burrows beneath it — or the price of its absence — shuttered mills and lost jobs. But given our energy needs, the use of fracking and the number of wells are likely to grow. The question is whether regulations to address environmental and health issues can keep pace with a booming industry.
Haney’s neighbors have heard about Harley’s illness. “I don’t know what to make of it,” his cousin Bill Hartley says. “It could very well be there’s a leak in the pond.” Haney’s neighbor Rick Baker is also unsure of what the problem is. “I don’t deny there’s something going on there,” he said. “It concerns me.” He called Range Resources after it first delivered the water buffalo to say he was glad the company was taking care of the problem. Baker stands by the positive impact the industry has had on Amwell and thousands of other townships. “This is definitely the right thing for Western Pennsylvania,” he says. “We’re sitting on one of the largest natural-gas reserves in the world. We need this natural gas to keep functioning.” And the economic benefits were essential, he adds. “There are still people sitting in bars waiting for the steel mills to reopen.” Yet Baker says he feels different from the way he did six months ago, when we first spoke. “The safety and environmental issues have to be addressed,” he says. The future scares him. With big oil — Chevron, BP, among others — looking to get involved in the industry, Baker fears that it won’t be accountable to individuals like himself and Haney.
Haney still made it to this year’s Washington County Fair, where her daughter, Paige, lost the Spam bake-off. Paige’s goat, Crunch, won first place, and her rabbit, Phantom, almost took best in show. As usual, Pappy’s butternuts placed first. In the fair’s main hall at the craft division, a glossy ribbon hung from a child’s three-foot high Lego Patterson rig, a model of a gas well. It won first prize. "
Eliza Griswold is a senior fellow at the New America Foundation and is at work on a book about man-made America, supported by the Rockefeller Foundation.
Link: http://www.nytimes.com/2011/11/20/magazine/fracking-amwell-township.html?partner=rss&emc=rss
Photo: Seamus Murphy
Tuesday, December 20, 2011
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