Saturday, April 21, 2012
Exploitation pétrolière et gazière - Le décès du révérend
Traduction libre de la nécrologie de Wiebo Ludwig écrite par celui qui avait écrit sa biographie, Andrew Nikiforuk.
Wiebo Ludwig, l'homme que les médias avaient surnommé un "éco-terroriste" et un "homme condamné d'avoir posé des bombes", est décédé comme il vivait: sans compromis et entouré de sa famille nombreuse et débrouillarde.
Diagnostiqué avec un cancer de l’œsophage il y a de cela quelques mois déjà, le chrétien fondamentaliste et immigrant hollandais a refusé les traitements de chimiothérapie. Il a ensuite construit son propre cercueil avec l'entêtement de quelqu'un qui n'avait peur de personne, Dieu excepté.
Comme un prophète du Vieux Testament, Ludwig a vécu sa vie au beau milieu de plusieurs tempêtes. Il aimait faire de la rhétorique choquante, mettait au défi les athéistes, se moquait de l'autorité, dénigrait la vie moderne, se plaisait à discuter de politique et perdait rarement lors de différents. Il rageait contre la machine bien avant que cela soit à la mode.
Après avoir coupé les liens avec sa congrégation à Goderich, en Ontario, à cause d'une histoire d'adultère et ses opinions controversées sur le rôle des femmes durant les années 1980, Ludwig s'est expatrié avec ses enfants et des amis dans une région sauvage du nord de l'Alberta près de Grand Prairie.
Ici, sa famille nombreuse et parenté ont soigné leurs plaies et se tenaient à part de la communauté locale. Ils se faisaient des sous en faisant des travaux manuels dans les maisons environnantes et ont appris lentement à devenir auto-suffisants. Un jour, sur un coup de colère, Ludwig avait rasé la tête de sa femme Mamie et la renvoya chez sa famille en Iowa pour avoir été indiscrète. Elle lui a pardonné.
La petite communauté consciencieuse de Ludwig est devenue plus tard au coeur d'enquêtes de plusieurs millions de dollars de la GRC sur le sabotage dans les régions d'exploitation pétrolière. Depuis les 16 dernières années, la police a chercher et envahit la ferme familiale à 5 occasions différentes.
Un conflit ensanglanté et salaud
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, Ludwig n'avait pas choisi cette bataille. Pendant des années, il a tenté d'attirer l'attention des autorités de l'Alberta de façon très civilisée pour qu'ils reconnaissent les dangers et les risques occasionnés par l'industrie gazière et imposés aux ruraux. Le gaz sulfureux, une toxine neurologique puissante, a laissé une traînée de morts et de destruction aussi dérangeante que les paroles enflammées de Ludwig au travers l'ouest canadien. Après plusieurs compagnies pétrolières et gazières ont empiété sur ses terres et 2 fuites de gaz sulfureux aient empoisonné des membres de sa famille et son bétail en 1996, Ludwig a annoncé qu'il partait officiellement en guerre contre l'industrie. Le prédicateur au paroles franches ne plaisantait pas. C'était un conflit ensanglanté et salaud qui impliquait du sabotage industriel à une échelle jamais vue (pour $12 millions sur des centaines de sites de forage sans défense), des menaces de mort, des coups de fusils et plusieurs bombes.
Afin d'assurer la réputation d'un informateur à la police à l'intérieur de la communauté de Ludwig, la GRC et EnCana Corportaion, sous la direction de Gwyn Morgan, ont ajouté au climat de panique dans la région en organisant leur propre explosion sur un site de forage. Ils ont aussi fait venir un expert en terrorisme de Toronto à Beaverlodge, en Alberta, qui a empirer le climat en traitant Ludwig de chef d'un culte et un fanatique. Le gouvernement fédéral a même songé à envoyer l'armée avec ses tanks et ses véhicules de transport de troupes.
Entre-temps, Ludwig s'amusait avec la GRC, une organisation dysfonctionnelle, tout comme son père le faisait, lui qui avait été un membre de la résistance hollandaise et s'était moqué de la Gestapo durant la Deuxième Grande Guerre. La guerre de Ludwig a eu des victimes également. Les actions extrêmes de Ludwig, la GRC et la compagnie EnCanan Corporation ont tous eu leur rôle à jouer dans la mort tragique de Karman Willis, 16 ans. Elle était l'une des ados qui s'amusaient à se promener dans 2 camions en juin 1999 à 4 heures du matin sur la propriété de Ludwig.
Ils étaient les enfants des travailleurs des sites de forages et avaient peur de la maison hantée dans la forêt. Ils ne pensaient pas que d'autres personnes pourraient avoir peur aussi. Quand les camions sont revenus pour une autre tournée sur la propriété, des coups de fusils se sont fait entendre. Une balle a frappé Willis et l'a tuée. Le gouvernement de l'Alberta n'a pas fait d'enquête publique.
Des leçons d'enfer apprises en prison
Après avoir été accusé de plusieurs délits ayant affaire avec la bataille de 4 ans qui se déroulaient loin de la civilisation, Ludwig a passé 18 mois en prison où les prisonniers ont constaté qu'il paraissait beaucoup plus grand à la télévision. En prison, il a mené plusieurs discussions sur la religion et a même étudié un vieux texte hollandais sur l'enfer.
Depuis quelques années, Ludwig contrôlait mieux son tempérament orageux et ses colères. Il se concentrait à bâtir une communauté chrétienne à faibles besoins énergétiques menée par ses enfants très compétents.
En 2008, sa famille a de nouveau attiré l'attention à cause d'une enquête policière de plusieurs millions de dollars quand un groupe anonyme visait les sites de forage d'EnCana avec des bombes en Colombie-Britannique, à peine une demi-heure de route de la résidence de Ludwig. C'était la première guerre contre la fracturation hydraulique en Amérique du Nord et cela commença avec une lettre d'avertissement adressée à EnCana qui disait: "Vous ne pouvez tout simplement pas gagner cette lutte parce que vous êtes du mauvais bord."
Des attaques sur les pipelines, une tête de puits et une cabane utilitaire ont provoqué une enquête importante mené par une équipe canadienne contre le terrorisme appelée Équipes intégrées de la sécurité nationale (EISN). Malgré 250 enquêteurs qui ont ratissés plusieurs provinces (plusieurs propriétaires terriens près de Dawson Creek et Tom's Lake ont été malmenés comme s'ils étaient soupçonnés d'être des Talibans, et EnCana a offert une récompense de $500,000. Malgré tout cela, on a jamais trouvé les personnes qui avaient placé ces bombes.
En 2009, Ludwig a écrit une lettre ouverte adressée aux personnes qui auraient placé les bombes, laissant entendre qu'il les connaissait intimement: "Je veux vous encourager à ne pas vous laisser emporter par la colère sur de telles stupidités: vous devez prendre conscience que ces conflits ne seront pas ultimement réglés par l'usage de la force mais par la persuasion informée et patiente."
Durant la 2e enquête de la GRC, celle-ci a laissé savoir qu'elle avait trouvé de l'ADN de Ludwig sur une lettre de menaces adressée à EnCana, mais aucune preuve véritable ne s'est réalisée. Après qu'une équipe de 200 officiers bien armés on envahi sa maison pour une 5e recherche en 2010, Ludwig a invité des policiers séniors à prendre un repas chez lui. Ils ont accepté.
Chrétienneté et violence
Avant sa mort, Ludwig et sa famille ont lu et partagé leurs réflexions sur un livre de Jacques Ellul, un philosophe français. Le titre du livre: Violence: Reflections from a Christian Perspective - la violence, des réflexions d'une perspective chrétienne. Il écrivait: "Plus nous comprenons que la violence est nécessaire, indispensable, inévitable, mieux nous seront prêts à la rejeter et lui faire opposition."
Ludwig, décédé à l'âge de 70 ans, restera dans notre mémoire comme étant un homme compliqué et souvent en colère qui a provoqué un questionnement troublant sur les droits des individus, des pouvoirs corporatifs, des méthodes policières et les responsabilités du gouvernement dans un état pétrolier.
David York, un cinéaste de Toronto, a réalisé un documentaire sur les luttes de Ludwig pour l'Office Nationale du Film (ONF) et a décrit le personnage ainsi: "un militant controversé très puissant, qui s'exprime bien et qui a ses défauts." La plupart des gens de l'industrie qualifient Ludwig d'être un terroriste.
Ludwig rappelait souvent et rudement aux Albertains d'une façon la plus inconfortable que possible que le développement pétrolier et gazier n'est pas une situation gagnante-gagnante. Çà demeure une chose très peu règlementée qui sacrifie de façon routinière le gagne-pain, le bétail et l'eau des citoyens ruraux pour nourrir la cupidité corporative, les revenus du gouvernement et la consommation urbaine irréfléchie.
Joshua Ludwig a rendu publique une lettre disant que la famille ne passerait pas de commentaires sur la mort de l'homme. Toutefois, la lettre constatait que les reportages appréciaient mieux et de façon plus équilibrée la lutte contre les effets insidieux des assauts de l'humanité contre notre environnement, une lutte partagée par les hommes et les femmes partout au travers la planète.
L'auteur du reportage, Andrew Nikiforuk, contribue souvent au journal The Tyee et est l'auteur du livre "Saboteurs: Wiebo Ludwig's War Against Big Oil et a reçu le Prix du Gouverneur général : études et essais de langue anglaise de 2002.
Photo: Canadian Press
"The Death of the Reverend
Andrew Nikiforuk wrote the book on Wiebo Ludwig. Now he writes his obituary.
By Andrew Nikiforuk, April 11 2012, TheTyee.ca
Wiebo Ludwig, the man that the mainstream media labelled an "eco-terrorist" and "convicted bomber" died the way he lived: in an uncompromising manner and surrounded by his large and resourceful family. Struck by esophageal cancer several months ago, the fundamentalist Christian and Dutch immigrant declined modern chemotherapy. He then made his own coffin with the deliberation of a man who feared nobody except God.
Like some Old Testament prophet Ludwig lived his life in the eyes of several storms. He enjoyed explosive rhetoric, challenged atheists, mocked authorities, disparaged modern life, relished political theatre and rarely lost his footing in most conflicts. He raged against the machine long before it became fashionable.
After splitting a Dutch Reformed Church congregation in Goderich, Ontario with an adulterous affair and his extreme views on the role of women in the 1980s, Ludwig fled with his children and friends to the wilds of northern Alberta near Grand Prairie. Here his large and extended family regrouped from "the troubles" and lived apart from the local community. They earned cash by drywalling local homes and slowly learned how to become as self-sufficient and generous as a 19th century Dutch family. In a fit of rage Ludwig once shaved the head of his wife, Mamie, and sent her off packing to her family in Iowa for some indiscretion. She forgave him.
Ludwig's industrious community later became the centre of two multi-million dollar RCMP investigations on oil patch sabotage. Over the last 16 years the police have searched and occupied the family farm on five separate occasions.
A bloody and messy conflict
Contrary to expectations Ludwig did not pick this particular battle. For years he civilly tried to get authorities in Alberta to recognize the dangers and risks that the sour gas industry routinely imposes on rural people. Sour gas, a potent neurotoxin, has left a legacy of death and destruction as disquieting as Ludwig's inflammatory oratory throughout western Canada. After several oil and gas companies trespassed on his land and two sour gas leaks poisoned members of his family and livestock in 1996, Ludwig formally declared war against the industry. The caustic preacher wasn't kidding. It was a bloody and messy conflict that involved an unprecedented volume of industrial sabotage ($12 million worth of monkey wrenching at hundreds of indefensible well sites), death threats, shootings and several bombings.
In order to establish the credentials of a police informant in Ludwig's community, the RCMP and EnCana Corporation, under the leadership of Gwyn Morgan, added to the general state of fear in the region by setting off their own planned explosion at a well site. They also parachuted in a Toronto-based terrorist expert into Beaverlodge, Alberta. He fanned the flames by characterizing Ludwig as cult leader and a fanatic. The federal government quietly considered sending in the army supported by tanks and armoured carriers.
Meanwhile Ludwig played with the RCMP, a dysfunctional organization, the way his father, a member of the Dutch resistance, once danced around the Gestapo during the Second World War. Ludwig's war came with casualties too. The extreme actions of Ludwig, the RCMP and EnCana Corporation all played a role in the tragic death of 16-year-old Karman Willis. She was one of several joy-riding teenagers who drove onto Ludwig's property in June 1999 in two separate trucks at four o'clock in the morning.
As the sons and daughters of oil patch workers, they came to be scared at the haunted house in the woods. They did not reckon that others might be scared too. When the trucks roared back for a second fright, shots rang out. One bullet found Willis and killed her. The government of Alberta failed to conduct a public inquiry.
Jailhouse lessons on Hell
After being charged with a number of offences related to the four-year-long war in the bush, Ludwig spent 18 months in prison where the inmates all agreed that he looked much taller on television. He held religious discussions with fellow convicts and even studied an old Dutch treatise on Hell.
In recent years Ludwig held his Shakespearean rage in check and even mellowed. He concentrated on building a low-energy Christian community largely run by his highly competent sons and daughters.
In 2008 his family again became the focus of another multi-million dollar police investigation when a group of anonymous bombers targeted EnCana's aggressive shale gas plays in British Columbia just a half hour away from Ludwig's home. It was North America's first war against hydraulic fracturing and it started with a warning letter addressed to EnCana that read, "You simply can't win this fight because you are on the wrong side of the argument."
Attacks on pipelines, a well head and a facility shack prompted a massive investigation led by Canada's anti-terrorist Integrated Security Enforcement Team (INSET). Despite 250 investigators combing several provinces (many landowners near Dawson Creek and Tom's Lake were treated like Taliban suspects) and EnCana's offer of a $500,000 reward, no bomber was ever found.
In 2009 Ludwig wrote a public letter to the bombers hinting that he knew them intimately: "I want to encourage you not to let anger about such stupidity get the best of you and to realize that these conflicts can ultimately be settled by the use of force but by way of informed and patient persuasion."
During the second investigation the RCMP suggested at one point that they found Ludwig's DNA on a letter threatening EnCana, but no real evidence ever surfaced. After a team of 200 well-armed officers swarmed his home for a fifth search in 2010, Ludwig invited some senior constables back in for dinner. They accepted.
Christianity and violence
Before he died Ludwig and his family read and discussed a book by Jacques Ellul, the French philosopher. The book was titled Violence: Reflections from a Christian Perspective. Wrote Ellul: "The better we understand that violence is necessary, indispensable, inevitable, the better shall we be able to reject and oppose it."
Ludwig, who died at the age of 70, will be remembered as a complicated and often angry man who raised unsettling questions about individual rights, corporate power, police methods and government accountability in a petro state.
David York, a Toronto filmmaker who made a documentary on the Ludwig's battles for the National Film Board described the preacher as "a flawed and very powerful, articulate, conflicted campaigner." Most industry folk called Ludwig a terrorist.
Ludwig often reminded Albertans in the rudest and most uncomfortable way possible that oil and gas development is not a win-win situation. It remains a poorly regulated affair that routinely sacrifices the livelihoods, livestock and water of rural citizens for corporate greed, government revenue and careless urban consumption.
Joshua Ludwig released a letter saying the family would not comment on the man's passing. However the letter observed and "appreciated a more balanced coverage by the media of a difficult struggle against the insidious effects of mankind's assault on our environment, a struggle which is shared by men and women everywhere." "
Andrew Nikiforuk, a regular contributor to The Tyee, is the author of Saboteurs: Wiebo Ludwig's War Against Big Oil. It won the Governor General's Award for Non-Fiction in 2002."
Link: http://thetyee.ca/Opinion/2012/04/11/Wiebo-Ludwig-Obituary/
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