Friends of the Richelieu. A river. A passion.



"Tout cedit pays est fort uny, remply de forests, vignes & noyers. Aucuns Chrestiens n'estoient encores parvenus jusques en cedit lieu, que nous, qui eusmes assez de peine à monter le riviere à la rame. " Samuel de Champlain


"All this region is very level and full of forests, vines and butternut trees. No Christian has ever visited this land and we had all the misery of the world trying to paddle the river upstream." Samuel de Champlain

Sunday, April 21, 2013

Sandra Steingraber, première lettre écrite en prison

Photo: The Bird Barn

Voici ma traduction libre de la première lettre écrite par Sandra de sa cellule du Chemung County Jail.
Le 18 avril 2013

Quand Henry David Thoreau a passé une nuit en prison pour un acte de désobéissance civile, décrivant l'expression de l'acte du fait même, on lui a donné un déjeuner de chocolat et pain brun. Le cabaret a été glissé sous les barreaux de ma cellule à 5h00 ce matin, mais il n'avait rien d'aussi appétissant dedans. En réalité, il serait difficile pour moi de vous dire quels étaient les ingrédients. On peut acheter des sachets de chocolat chaud (artificiel) disponibles au dispensaire, tout comme des nouilles ramen, du café décaféiné, des Jolly Rogers, du shampoing, des crayons, des enveloppes et du papier.

Il n'y a pas de fenêtre dans ma cellule. Les lumières sont allumées toute la nuit. La télévision est allumée toute la journée. Au travers les barreaux qui font le 4e mur de mon nouveau milieu de vie, je peux voir la passerelle où les gardes font la patrouille, ensuite une autre rangée de barreaux, et au delà de ces barreaux, je peux voir une fenêtre faite de plusieurs petits carreaux de vitre opaque. À environ 7 heures, l'une des prisonnières a demandé d'avoir de l'air frais, et le gardien que tout le monde appelle Murphy's Law a ouvert la fenêtre. Un tout petit peu.

Maintenant, à cause de cela, je peux me tenir debout sur mes barreaux et bouger ma tête dans plusieurs directions, et en sautant, je peux apercevoir au travers des réseaux de tous les barreaux un tout petit coin du monde extérieur. Il y a des maisons en rangées avec des fenêtres sans barreaux, ce seul fait me semble soudainement miraculeux, et je pense que j'ai aperçu un oiseau en plein vol. Pas d'arbres, par contre: seulement de la broche étirée en cerceaux. En quelque part, malgré le son retentissant de la télé, je peux entendre des cloches d'église sonner.

Thoreau avait dit à propos de sa propre expérience à être interné, que le confinement de son corps matériel était inconséquent, que la liberté, çà se passe dans la tête. Ou quelque chose comme çà. Je n'ai ni le livre, ni Google, pour m'aider à vérifier tout ces faits. Mais je suis très consciente de mon physique, et je pressens que ma vie biologique en prison fait parti de mon message. Bien que je suis coupée de tout, je connais et j'aime mes enfants et mon mari, le retour d'avril du chant des oiseaux et des fleurs sauvages et de la pollinisation et de la photosynthèse. Je crois que cet endroit est l'endroit tout désigné pour parler d'extraction de combustibles fossiles en général et l'infrastructure de la fracturation hydraulique en particulier.

J'habite maintenant un monde laid, misérable, bruyant et sans grâce. Il n'y a pas de fleurs, pas de nourriture locale délicieuse, pas de paysages tranquilles; même pas de café ni de thé.

Si nous ne voulons pas que New York devienne un prison de têtes de puits, de pipelines et de stations de compression; si nous ne voulons pas la violence de l'instabilité des changements climatiques et d'extinction massive d'espèces; si nous ne voulons pas léguer à nos enfants un monde diminué sans le chant des grenouilles, sans abeilles, sans formations de coraux, sans glace dans les océans; alors venir dans un endroit qui est si isolé des rythmes du monde naturel comme une cellule de prison n'est pas un endroit si inapproprié que cela pour le souligner.

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"Sandra Steingraber: Letter from Chemung County Jail, Part 1

April 18, 2013

When Henry David Thoreau spend a night in jail for civil disobedience – defining the term in the process – he was served chocolate and brown bread for breakfast. The tray that was slid under my bars at 5:00am this morning contained nothing as tasty. In fact, I’d be hard pressed to say what the ingredients were. Packets of instant hot cocoa (artificial) are available from the commissary for a price – along with ramen noodles, decaf coffee, Jolly Rogers, shampoo, pencils, envelopes and paper.

There is no window in my cell. The lights are on all night. The television is on all day. Through the bars that make up the fourth wall of my new living quarters, I have a view of the catwalk, which is patrolled by guards, and then another wall of bars, and beyond those bars is a window made up of small panes of opaque glass. At about seven o’clock, one of the inmates asked for fresh air, and the guard, whom everyone calls Murphy’s Law, cranked open the grid of panes, just a little.

Now, I can stand at my own bars, and move my head in different directions – jumping up and down works the best – and see through the scrims of multiple layers of bars – a glimpse of the outside world. There are row houses with windows and no bars – which in fact suddenly seems miraculous – and I thought I saw a bird fly by. No trees through; only slinky–like concertina wire. Somewhere, beyond the shouting of the television, there are church bells.

Thoreau said, about his own experience with incarceration, that the confinement of his physical self was inconsequential; that freedom was a state of mind. Or something like that. I have neither the book, nor Google, to help me fact-check. But I am very aware of my physical self, and sense that my biological life in jail is part of my message. Even though I am entirely cut off from everything, I know and love my children and my husband, the April return of birdsong and wildflowers and pollination and photosynthesis. I believe this is the place to speak about fossil fuel extraction in general and fracking infrastructure in specific.

I now inhabit an ugly, miserable, loud and ungraceful world. There are no flowers; no local, delicious food; no tranquil landscapes; and not even coffee or tea.

If we do not want New York to become a prison of wellheads, pipelines and compressor stations; if we do not want the violence of climate change instability and mass species extinction; if we do not want to leave our children a diminished world bereft of frog song, bees, coral reefs, sea ice; then coming to a place as far removed from the rhythms of the natural world as a jail cell is not an inappropriate place to say so."

Link: http://www.facebook.com/notes/raising-elijah-by-sandra-steingraber/sandra-steingraber-letter-from-chemung-county-jail-part-1/571737592846727

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