Wednesday, February 10, 2016
Chaudière River - Fish intoxicated with oil
My translation of article published in Quebec independent newspaper Le Devoir:
The oil spill that happened in the Chaudière River during the Lac-Mégantic tragedy (see my blog entry http://lesamisdurichelieu.blogspot.ca/2013/08/lac-megantic-des-questions-demeurent.html ) had major and unprecedented impacts on the aquatic fauna. Scientists observed serious anomalies, malformations and lesions, in almost all fish species. Those are some of the conclusions from governmental reports that came out almost unnoticed, but that give an idea of consequences of a possible leak from a ruptured pipeline.
After the derailment and explosion of a train convoy right in the heart of Lac-Mégantic back in July 2013, the Environment ministry estimated that 100,000 liters of crude oil ended in the Chaudière River, tributary of the St. Lawrence. Quebec had then mandated a committee of experts to follow-up on the contamination of the watercourse.
The most recent results of their work came out as a series of reports made public Friday November 27 2015, in the afternoon. It is to be noted that the online availability of them came at the very moment when environmental journalists and environmental groups had their attention focused on the Paris summit on climate change that started on November 30.
Even if the publication of these reports did not get a lot of attention, the conclusions are nevertheless revealing of the impacts on aquatic fauna from an oil spill of a certain magnitude in a river like the Chaudière.
Indeed, scientists that made the analysis observed an "unprecedented" increase in rates of "external anomalies" of the "DELT" type (Deformities, Erosion, Lesions and Tumours) in fish, which include malformations, erosion of the fins, lesions and tumours.
Data collected in 1994 show that for the whole river, the percentage of fish affected was "none or low" then. "But the figures are now as much as 35% and 47% in 2014", one year after the spill. By comparison, an aquatic environment where more than 5% of the fish are affected by anomalies of the DELT type, "is considered contaminated by toxic substances", mentions the report on the follow-up of fish populations.
No precedent
"On top of being much higher than those of 1994, the rates of anomalies in the Chaudière River in 2014 are much higher that those usually found in the other Quebec watercourses, goes on to say the synopsis report of the committee of experts. Of all the watercourses that where sampled in Quebec to check the health of the fish population, none had such high rates of anomalies in as many sampling stations."
In the whole of the Chaudière River, "almost all the species" were affected with anomalies (15 out of the 20 captured), the erosion of fins are also often found", even though in a lesser percentage of fish. The researchers did not find any fish with tumours, "because they take more time to develop".
Biologist Isabelle Picard, specialized in aquatic fauna, thinks that the analysis results are very disturbing. "These rates are indeed unprecedented. I have never found rates of anomalies above 5% in my follow-ups in Eastern Townships lakes." She adds that usually, malformations of the DELT type are practically nonexistent in small fish. But in this case, "61% of cutlip minnows, a species at risk, had such anomalies".
Plus, the researchers found that the abundance and the biomass of the pool community of the river went down by 66% and 48% respectively compared to historical data.
Contaminated sediments
The portion of the "high Chaudière", that starts at the mouth of the Mégantic lake, was evidently more affected. This 80 kilometer portion is where the sediments were the most contaminated after the 2013 spill.
Indeed, if the committee of experts reports a diminution of contamination of the sediments between 2013 and 2014, it seems "there are places in the first 15 kilometers of the river where rates are above the standards". The scientists also noted that "the Mégantic lake sediments are contaminated with oil hydrocarbons and polycyclic aromatic hydrocarbons (PAH)".
But a study also published on November 27 2015 shows "an ecotoxicologic risk" that comes with the presence of oil and PAH, chemical compounds known for their high toxicity. During tests done in laboratories, the most contaminated sediments of the Chaudière did indeed "caused an increase of malformation incidences of the spine of brown trout larvae".
The report mentions that it would be "recommended" to decontaminate the most polluted zones. Such operations, very costly, were indeed conducted, but on a very small portion of the river, mentions Daniel Green, who has been studying for many years the problem of toxic substances in the environment.
"Indeed, he says, the Lac-Mégantic tragedy gives us lessons that we should keep in mind. These types of human and environmental consequences are the price the population will have to accept if we go ahead with the oil venture."
At Lac-Mégantic, 100,000 liters of oil were spilled in the Chaudière River. That is the equivalent amount that flows in the Enbridge 9B pipeline every four minutes. But in the case of TransCanada Energy East pipeline, it would be 100,000 liters of oil coming from the tar sands every minute. That pipeline would cross more than 800 watercourses in Quebec.
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Rivière Chaudière - Des poissons intoxiqués au pétrole
Publié dans Le Devoir le 10 février 2016 |Alexandre Shields |
Le déversement de pétrole survenu dans la rivière Chaudière lors de la tragédie de Lac-Mégantic a eu des impacts majeurs et inédits sur la faune aquatique. Les scientifiques ont constaté de sérieuses anomalies, dont des déformations et des lésions, chez presque toutes les espèces de poissons. C’est ce qui se dégage de rapports gouvernementaux passés pratiquement inaperçus, mais qui donnent un avant-goût des conséquences qu’aurait une fuite provoquée par la rupture d’un pipeline.
Après le déraillement et l’explosion d’un convoi ferroviaire en plein coeur de Lac-Mégantic, en juillet 2013, le ministère de l’Environnement a estimé que 100 000 litres de pétrole brut se sont déversés dans la rivière Chaudière, qui se jette elle-même dans le Saint-Laurent. Québec a donc mandaté un comité d’experts pour faire le suivi de la contamination du cours d’eau.
Les plus récents résultats de leurs travaux sont déclinés dans une série de rapports rendus publics le vendredi 27 novembre 2015 en après-midi. Fait à noter, la mise en ligne des documents est survenue au moment où l’attention des journalistes en environnement et des groupes écologistes était monopolisée par le sommet de Paris sur le climat, qui s’ouvrait le 30 novembre.
Même si la publication de ces rapports n’a pas fait grand bruit, les conclusions n’en sont pas moins révélatrices des impacts sur la faune aquatique d’un déversement pétrolier d’importance dans une rivière comme la Chaudière.
En fait, les scientifiques qui ont mené les analyses ont constaté une hausse « sans précédent » des taux d’« anomalies externes » de type « DELT » chez les poissons, ce qui inclut les déformations, l’érosion des nageoires, les lésions et les tumeurs.
Des données recueillies en 1994 démontrent que pour l’ensemble de la rivière, le pourcentage de poissons atteints était alors « nul ou faible ». « Mais il a atteint des valeurs aussi élevées que 35 % et 47 % en 2014 », soit un an après le déversement. À titre de comparaison, un milieu aquatique où plus de 5 % des poissons sont affectés par des anomalies de type DELT « est considéré comme contaminé par des substances toxiques », rappelle le rapport portant sur le suivi des communautés de poissons.
Sans précédent
« En plus d’être beaucoup plus élevés qu’en 1994, les taux d’anomalies dans la rivière Chaudière en 2014 dépassent très largement ce qui est généralement observé dans les autres cours d’eau du Québec, insiste le rapport synthèse du comité d’experts. De tous les cours d’eau échantillonnés au Québec pour y vérifier l’état de la communauté de poissons, aucun n’a présenté des taux d’anomalies aussi élevés, à autant de stations d’échantillonnage. »
Dans l’ensemble de la rivière Chaudière, « presque toutes les espèces » ont été affectées par des anomalies (15 sur les 20 capturées), l’érosion des nageoires étant la plus répandue. « Les déformations des nageoires sont également très fréquentes », bien qu’elles touchent un pourcentage moins élevé de poissons. Les chercheurs n’ont toutefois pas trouvé de poisson présentant des tumeurs, « car elles demandent du temps pour se développer ».
La biologiste Isabelle Picard, spécialisée en faune aquatique, juge que les résultats des analyses sont très inquiétants. « Ces taux sont effectivement sans précédent. Je n’ai jamais dépassé des taux d’anomalies de 5 % dans mes suivis dans des lacs en Estrie. » Elle souligne aussi qu’habituellement, les déformations de type DELT sont pour ainsi dire inexistantes chez les petits poissons. Or, dans ce cas-ci, « 61 % des menés becs-de-lièvre, une espèce en péril,présentaient de telles anomalies ».
Outre ces constats, les chercheurs ont démontré que l’abondance et la biomasse de la communauté piscicole de la rivière ont chuté respectivement de 66 % et 48 % par rapport aux données historiques.
Sédiments contaminés
La portion de la « haute Chaudière », qui débute à l’embouchure du lac Mégantic, a évidemment été plus affectée. Cette portion de 80 kilomètres est celle où les sédiments ont été les plus contaminés à la suite du déversement de 2013.
En fait, si le rapport du comité d’experts constate un recul de la contamination des sédiments entre 2013 et 2014, on estime qu’« il reste toutefois des endroits, dans les 15 premiers kilomètres de la rivière, où les teneurs excèdent les critères ». Les scientifiques ont aussi noté que « les sédiments du lac Mégantic, devant le parc des Vétérans et près de la marina, sont contaminés par les hydrocarbures pétroliers et les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) ».
Or, une étude publiée elle aussi le 27 novembre dernier met en évidence « un risque écotoxicologique » lié à cette présence de pétrole et de HAP, des composés reconnus pour leur forte toxicité. Lors d’essais menés en laboratoire, les sédiments les plus contaminés de la Chaudière ont en effet « causé une augmentation de l’incidence des déformations de la colonne vertébrale des larves de truites brunes ».
Le rapport souligne donc qu’il serait « souhaitable » de décontaminer les zones les plus polluées. De telles opérations, très coûteuses, ont certes été menées, mais sur une très petite portion de la rivière, souligne Daniel Green, qui étudie depuis plusieurs années la question des substances toxiques dans l’environnement.
« En fait, résume-t-il, la tragédie de Lac-Mégantic nous offre des leçons dont il faudrait tenir compte. Ce type de conséquences humaines et environnementales, c’est le prix que la population devra accepter de payer si on continue de s’entêter dans l’aventure pétrolière. »
À Lac-Mégantic, 100 000 litres de pétrole se sont déversés dans la rivière Chaudière. Cela équivaut à la quantité qui circule dans le pipeline 9B d’Enbridge toutes les quatre minutes. Mais dans le cas du pipeline Énergie Est, de TransCanada, on prévoit un débit de 100 000 litres de pétrole des sables bitumineux chaque minute. Ce pipeline doit traverser plus de 800 cours d’eau au Québec.
Lien: http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/462570/riviere-chaudiere-des-poissons-intoxiques-au-petrole
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