Friends of the Richelieu. A river. A passion.



"Tout cedit pays est fort uny, remply de forests, vignes & noyers. Aucuns Chrestiens n'estoient encores parvenus jusques en cedit lieu, que nous, qui eusmes assez de peine à monter le riviere à la rame. " Samuel de Champlain


"All this region is very level and full of forests, vines and butternut trees. No Christian has ever visited this land and we had all the misery of the world trying to paddle the river upstream." Samuel de Champlain

Wednesday, August 18, 2010

Une soirée de schiste avec Scott McKay

Photo: Canadian Quantum

Le 17 août 2010, Scott McKay du PQ avait organisé une soirée de discussion sur le gaz de schiste à Fortierville. J'ai décidé d'y assister, pas parce que je vote PQ, pas parce que je voulais prendre le micro, mais bien pour prendre le pouls des gens de cette région-là.

J'essaie de comprendre les racines d'un endroit, et Fortierville m'a laissée perplexe. Pas sur le bord d'un cours d'eau, pas à la jonction de routes importantes, ni de chemin de fer. Pas d'industrie spécialisée. Que des kilomètres à la ronde de champs agricoles bien plats. Et un chapelet de petits villages tout autour, comme Fortierville.

Et faut-il ajouter, tout le monde se connaît là-bas. Rien qu'à rouler dans le stationnement du Centre Communautaire, entourée de l'église, la régie, l'arrêt d'autobus communautaire et l'hôtel de ville, c'était pas long que j'étais la mire de tous les regards. J'aurais été flambant nue peinturée d'une couleur fluo, on ne m'aurait pas plus remarquée. J'étais tellement intimidée (pas parce que les gens étaient agressifs, mais curieux tout en ne m'adressant pas la parole), que j'ai oublié de prendre une photo pour mon blog, bien que je m'étais promise de le faire!

En tout cas, trop tôt pour entrer dans la salle tout de suite, j'entendais des conversations confirmant que c'était clair que certaines personnes s'étaient informées, et n'aimaient déjà pas l'attitude cavalière des industries de forage et de gaz. Elles n'aiment pas non plus l'attitude "on fonce dedans, peu importe les citoyens" de certains élu(e)s que je nommerai pas ici.

Il est venu presque 50 personnes à la petite soirée. Certains sont venus malgré leur réticence à venir à une soirée organisée par un parti politique autre que le leur, mais le sujet fait mettre de côté les allégances, tellement il ébranle les gens.

Par tout hasard, j'ai rencontré de vieux amis de la Coalition Citoyenne Santé & Environnement http://coalitioncitoyenne.boutick.com/ , toujours parcourant les routes du Québec, en quête d'un mouvement citoyen qui se bat pour défendre ses droits à l'air respirable, à l'eau propre et à une nourriture saine. Mais la plupart étaient des personnes venant des villages environnants, noms commençant par des Saints à peine murmurés que je n'ai pas compris.

À part deux jeunes hommes biens soignés à la coupe de cheveux conservatrice, et à la barbe tellement fraîchement tondue que le rasoir devait être encore chaud sur la vanité de leur chambre de bain, le verdict est le même: on craint pour l'eau, on se demande où sont les lois pour nous protéger, aurons-nous au moins des redevances qui pourront payer les dommages, ce n'est pas durable, c'est un acte de foi que de croire les compagnies et les politiciens, il y en aura combien, combien d'eau prendront-ils, les compagnies veulent nous acheter, que peuvent faire les municipalités, on laisse quoi aux générations futures et si il a un dégât qui paiera la note, etc...

La ligne du PQ, c'est de demanger un BAPE générique, et tant qu'on ne sait pas ce que la Ministre des Ressources Naturelles va pondre cet automne, il faudrait probablement un moratoire, mais on insiste pas là-dessus.

La ligne des deux jeunes hommes: c'est une énergie propre, c'est notre ressource et on doit en profiter, et avant de s'y opposer, il faut s'appuyer sur des études scientifiques, pas sur des qu'en-dira-t-on.

Scott, lui, est arrivé en retard, ce qui fait qu'il a manqué du temps (comme toujours dans ces réunions-là) pour que tous aient le temps de s'exprimer. J'aurai aimé ajouter un mot ici, une information là, plaider pour nos rivières, mais j'étais là pour savoir ce que les gens de là-bas pensaient, et je devais leur laisser la parole pour cela.

Scott était pas mal au courant du dossier, ajoutant graduellement tous les plus importantes informations au fur à mesure que la soirée avançait, essayant d'être neutre (qu'on est donc gentil au Québec!), mais penchant clairement sur le côté du principe de précaution, bien qu'il n'a jamais dit ces 2 mots-là.

De la salle, j'ai su que le puits de Saint-Édouard a brûlé pendant 135 jours, et que Leclercville brûle en ce moment. Scott (et son attachée de presse) m'a appris que les compagnies peuvent prélever jusqu'à 20% du débit d'étiage (le niveau le plus bas d'un cours d'eau) étalé sur une certaine période et doivent en faire la demande au Ministère des Ressources Naturelles.

Ce que j'aurais voulu ajouter ici (mais que je n'ai pas fait), c'est que les rivières du Québec connaissent déjà des niveaux très bas, et cela ne devrait pas s'améliorer avec les changements climatiques. Aussi, enlever 20% du débit d'une rivière déjà basse et déjà polluée, c'est beaucoup: en enlevant un si gros volume d'eau, on augmente la concentration des intrants polluants en aval (comme le ruissellement agricole et les débordements d'usines de traitement d'égouts). Si nos rivières étaient en bonne santé au départ, l'exploitation du gaz naturel par fracturation hydraulique serait un peu moins inquiétante (mais si peu). Mais l'industrialisation de la vallée du Saint-Laurent à cause du gaz de schiste ne fera qu'ajouter à la charge déjà considérable de pollution que doivent endurer nos rivières.

Ce n'était pas le but de la soirée, mais après la clôture de la rencontre, les citoyens intéressés pouvaient donner leur nom et leurs coordonnées à Pierre "le médiéval" de Leclercville, un des plus calé dans la matière et activiste de la région, afin de former le début d'un réseau citoyen.

L'inquiétude la plus différente des gens de là-bas avec ceux que j'ai rencontrés jusqu'à date, c'est que les Municipalités de cette région puisent leur eau de puits, et le risque de perdre cette source d'eau potable leur fait demander une garantie écrite que les compagnies paieront toutes les dépenses générées par ce désastre potentiel. Mais juste l'idée de penser à cette possibilité en fait trembler plusieurs.

Ah, oui, j'oubliais presque: un argument de taille venant d'un des participants à la rencontre. Si on prélève tant d'eau pour la fracturation hydraulique et que disons 60% reste dans le roc, ne manquerons-nous pas d'eau éventuellement? L'équilibre de nos écosystèmes ne sera pas ainsi déséquilibré par cette disparition d'un si grand volume d'eau de surface ou d'aquifère (puisque les compagnies nous assurent qu'il n'y a pas de contact entre leurs puits et la nappe phréatique)?

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