Photo: Will Koop
Voici la troisième et dernière partie d'une traduction libre d'un rapport de 58 pages écrit par un activiste en environnement en Colombie-Britannique, un texte qu'André Caillé, Président de l'Association pétrolière et gazière du Québec, n'a manifestement pas lu (ou préfère ignorer). C'est un document bien documenté, et bien illustré également. Pour quiconque qui pensait que le forage pour le gaz de schiste ne posait pas de problèmes en C.-B., les seules photos de ce document font amplement la preuve du contraire. Et si l'exploitation du gaz naturel est désastreux dans les forêts perdues de la Colombie-Britannique, on peut trembler à penser que l'on prévoit faire la même chose dans la vallée peuplée et agricole du Saint-Laurent!
Que faire avec toutes ces eaux usées et toutes ces matières contaminées?
Selon les règlements provinciaux, le sable de fracturation usagé et les déchêts produits durant l'exploitation et les fracturations sont une source d'inquiétude pour certaines provinces comme la Saskatchewan, puisque certaines compagnies se sont débarassé de ces déchêts et sables usagés dans des sites d'enfouissement municipaux. Ajoutés aux énormes volumes d'eaux usées toxiques produites pendant les fracturations, comment entrepose-t-on ces sables de fracturation en Colombie-Britannique, et est-ce que certains de ces sables, et en quelle quantité, sont-ils radiactifs?
Quelle quantité totale de sable de fracturation a été utilisée en 2010 pour toutes les opérations de forage dans le nord-est de la C.-B.? Combien de wagons et de camions à double remorque ont fait des livraisons aller-retour pour transporter le sel? Combien de combustibles fossiles ont été brûlé pour tous ces travaux? Stikine Resources a rappporté que jusqu'à maintenant, les gazières importent environ 300,000 tonnes annuellement pour servir à la fracturation uniquement dans le Horn Basin. Pour deux sites, Apache et EnCana ont utilisé 129,000 tonnes en 2010.
Stikine Gold Resources s'est dépêcher pour claimer le nord-ouest de Fort Nelson près et à la frontière avec le Yukon et essayer de contrôler la circulation de sable de fracturation dans la région. Les projets de mines à ciel ouvert ont soulevés les sourcils de quelques déteneurs d'actions et le public. L'empreinte environnementale de l'une de ses 17 propriétés (83,000 hectares) est considérable, ainsi que les propositions de transport par camion.
Jusqu'à tout dernièrement, le lac Two Island Lake d'un kilomètre de long a été la principale source d'eau douce pour Apache Canada et EnCanan Corporation. L'auteur de ces lignes en a fait le sujet d'un rapport en juin 2010. La plus grosse fracturation hydraulique du monde, celle d'Apache a pris 111 jours de fracturations continuelles sur un site de 16 forages. D'après des reportages sur le terrain de juin 2010 du site 63-K d'EnCana et de photos d'une présentation de Trican de juin 2010, il semblerait que le site à forages multiples a subi des fracturations depuis au moins la fin de mai jusqu'au 2 octobre quand les photos dans le rapport ont été prises. D'après des écrits d'EnCana pour les réunion du 2e et 3e quarts de l'année 2010, le site 63-K a reçu en moyenne 28 fracturartions par forage sur une distance horizontale d'environ 3 kilomètres. Dans la moitié sud de ce site, avec plus de 255 fracturations hydrauliques complétées, c'est le plus gros ouvrage de fracturation jusqu'à date dans Horn River avec une moyenne de 2,3 fracturations par jour pendant 110 jours.
Ces gazières avec d'autres prévoient de faire des milliers de forages pour fin d'exploitation et de fracturation expérimentale dans les 1,3 millions d'hectares dans la contrée sauvage du Horn Basin. EnCana n'a pas pu rendre clair pour ses investisseurs que les 255 fracturation représentaient seulement 9 des 14 puits complétés. Si les 28 fracturations rapportées continuent pour les 5 puits restants, il y aura probablement 140 fracturations de plus, faisant un total de presque 400 fracturations pendant 174 jours, ou 6 mois. L'eau nécessaire pour faire tout çà (en moyenne 4,750 mètres cubes par frack) serait environ 1,86 millions mètres cubes (744 piscines olypiques). EnCana a ainsi battu tous les records en douvlant presque le dernier record d'Apache, brisant tous les records mondiaux.
Il n'y a pas de tarifs d'usage de cette eau. Une photo nous montre deux grands étangs d'entreposage pour l'eau destinée à la fracturation. Dans un des étangs brunâtre, on peu distinguer le mouvement de l'eau qui est transvidée. D'après les photos prises sur le site, ce n'est pas évident où les eaux usées toxiques de fracturation sont entreposées avant d'être camionnées hors du site. Il semblerait que ni l'un ni l'autre des deux étangs n'ont des toiles étanches pour recevoir les eaux usées, et aucune citerne circulaire n'est visible. Peut-être est-ce que les eaux usées sont pompées à un autre endroit. On peut apercevoir des pipelines le long de la route dans 2 des photos de Garth Lenz.
Sur une autre photo du site 63-K d'EnCana et en la comparant avec une autre, on peut déduire que ce site a été fracturé à haute pression en juin 2010. Une photo des opérations de fracturation de Trican, on peut apercevoir des contenants de sable de fracturation, 3 roulottes de monitorage avec des soucoupes satellites, environ 23 roulottes géantes, et environ 7 autres camions multi-fonctionnels. Trican a rapporté dans la présentation où cette photo a été projetée que la puissance totale pour ce site était 40,000 HP (chevaux vapeur).
Dans une autre photo de la présentation de Trican, on peut apercevoir le plan d'un site de fracturation ailleurs. Contrairement à EnCana qui pompe l'eau directement de grands réservoirs sur le bord du "pad" du site 63-K, ici l'eau est dans 25 citernes noires d'une capacité de 64 mètres cubes chacunes. Quelle est la quantité de diesel nécessaires pour faire fonctionner ces opérations, et quelles sont les émissions totales produites pendant tous les travaux sur ces sites?
Un étang d'entreposage d'eau douce d'Apache sur l'un de ses sites a une capacité totale de 110,000 mètres cubes.
En juillet 2010, Apache Corporation a annoncé dans un communiqué qu'elle avait complété un puits de forages multiples au site 70-K. Cela était le premier site de forage complété dans le Horn Basin. Cela a nécessité une équipe de 280 travailleurs sur le terrain, l'une des flottes les plus considérables, des pompes, des camions de lignes, des grues, des remorques de tubulures enroulées. Apache a travaillé avec Sanjel qui se vantait que ce site dans le projet Horn River était presque 4 fois plus gros que n'importe quel projet du genre en Amérique du Nord. Le projet a pris 111 jours à compléter et comptait une moyenne de 3 fracturations par jour. Une fois terminé, l'équipe a accompli 274 fracturations avec succès sur le site de 16 forages, nécessitant 50,000 tonnes de sable et 980,000 mètres cubes d'eau.
Trican Oil Service a rapporté qu'EnCana a requis pour son site 63-K une moyenne de 4,770 mètres cubes par fracturation pour faire un total de 255 fracturations, pour faire un total de 1,211 millions mètres cubes. Cela démontre une augmentation considérable d'eau employée si on la compare à la moyenne d'Apache de 3,577 mètres cubes par fracturation, une augmentation de 25%. On peut en déduire que de tous les 14 forages fracturés sur 63-K pour un total de 392 fracturations, EnCana aura utilisé 1,862 millions de mètres cubes d'eau, doublant la quantité d'eau utilisée par Apache. De 0,5% à 2,0% du volume d'eau utilisée consiste en additifs toxiques, ce qui pourrait faire de 9,310 à 37,240 mètres cubes, ou de 3,8 à 15,2 piscines olympiques de produits toxiques.
D'après des documents de relations publiques d'EnCana datant d'octobre 2010, on peut voir que les puits individuels s'étendent maintenant à des distances de 2,200 mètres ou plus horizontalement. On peut se rendre compte comment les forages souterrains sont efficaces pour tout aller chercher. La distance entre les différents forages horizontaux est d'environ 13 kilomètres.
Pour nous aider à nous faire une idée de ce qui se passe sous terre, les tentacules des fracturations sont superposés à une image satellite de la ville de Vancouver. On y superpose deux sites d'EnCana qui couvrent 13 kilomètres horizontalement et un site d'Apache qui s'étend sur 8 kilomètres.
Depuis la fin de mai 2010, la majorité de l'eau utilisé sur le site 63-K d'EnCana pour la plus grosse et la plus longue fracturation venait d'une nouvelle source souterraine d'eau, de ce que les hydro-géologistes ont baptisé la formation Debolt. EnCana est la première compagnie d'énergie qui prélève de l'eau d'une telle source dans le Horn Basin, partageant son eau avec son partenaire Apache. Les eaux salées souterraines sont pompées dans la nouvelle usine de traitement d'EnCana montrée dans 2 photos du rapport. Pour ses 392 fracturations non-rapportés, EnCana aura consommé environ 1,862 millions de mètres cubes d'eau ( d'une moyenne estimée de 4,750 mètres cubes par fracturation). Cela fait au moins 484,12 millions de gallons impériaux d'eau, ou 46,550 camions-citernes doubles transportant 40 mètres cubes d'eau chacun. Le OGC a octroyé un permis de prélèvement d'eau souterraine pour le Debolt où EnCana doit enregistrer et monitorer toute l'eau utilisée là, le tout sans frais!
On remarque dans une photo un grand étang d'entreposage scellé d'une toile étanche à côté d'une usine de traitement qui a une capacité de 80,000 mètres cubes d'eau: les camions et les excavatrices semblent très petits dans le fond de l'étang. Pourquoi est-ce que le gouvernement n'exige pas des redevances pour toute l'eau prélevée à des fins de fracturation? L'un des étangs d'entreposage a une capacité maximum de 77,000 mètres cubes dans la photo de Garth Lenz.
Dans l'une des photos de Garth Lenz du complexe de Two Island Lake, on croirait voir le site de Cape Canaveral avec son site le lancement de la navette spaciale. Il y a deux tours de forage d'Apache dans l'une des photos, dont l'une a 16 puits forés et l'autre a 14 puits forés. Les forages horizontaux de ces 2 sites se feront en 2011, très profondément sous terre.
Peut-être qu'Apache va essayer de battre ou égaler le record d'EnCana sur ces sites? Et prélever encore plus d'eau? Les prélèvements, les diversions et l'entreposage de ces énormes quantités d'eau douce de sources multiples nécessaires pour la fracturation ainsi que la pollution qui en découle venant des cette eau auquelle on a ajouté des toxiques demeurent une controverse criante et un problème pour le monde entier, et plus spécifiquement pour les écosystèmes de la forêt boréale de la Colombie-Britannique. Dans le nord-est de la province, des quantités énormes d'énergie sont requises pour créer ou creuser des réservoirs d'eau ici et là partout le paysage sauvage de la région.
Voici la logistique des gazières qui commencent les infrastructures dans les régions sauvages du nord-est de la province. Premièrement, des coupes à blanc sont effectuées pour permettre le passage des routes d'accès. Ensuite les matériaux de construction pour la base de la route sont extraits des sites d'entreposage temporaires. Ces matériaux ne sont pas seulement utilisés pour faire la bse de la route, mais aussi pour la base des sites des puits de forage, les sites d'entreposage, les sites des campements, etc...
Les sites temporaires d'entreposage des matériaux servent presque toujours ensuite pour entreposer l'eau douce. Les premiers dessins des plans sont pour déterminer l'endroit et la profondeur de ces sites. Certains parmis eux sont très larges, d'autres sont creusés très profondément. Çà demande beaucoup d'énergie venant des combustibles fossiles pour creuser ces trous dans les glaises dures des régions nordiques.
Que réserve l'avenir pour ces milliers de trous artificiels? Combien d'énergie sera déployée pour les restaurer dans leur état original? Quels sont les ententes entre le gouvernement et les gazières pour réhabiliter ces vastes sites temporaires?
Un schéma du rapport nous illustre un réservoir d'eau standard, bien que celui-ci, qui vient d'être approuvé par Nexen pour la région Two Island Lake, n'est pas si standard que cela à cause de sa grandeur, sa surface, son volume et sa profondeur. Il occupera 8,81 hectares de région sauvage et publique qui a été débroussaillée et sera 20 mètres de profondeur!
Selon l'évaluation d'ingénieur du document de Nexen, les dimensions du site d'entreposage de matériaux temporaire à Dilly Creek sont considérées comme étant une "petite mine": le ministère d'énergie, des mines et de ressources pétrolières sont à préparer les règlements des petites mines mais n'ont pas été publiés encore. Après le creusage d'un tel site d'entreposage de matériel, Nexen prévoit s'en servir comme réservoir d'eau, cette eau étant soit pompée, soit laissée à s'emplir naturellement. Les deux méthodes pour le remplir sont acceptables. Aucune évaluation d'impacts environnementaux sur les eaux souterraines ne sera faite. Si il y a des chances de contamination par de l'eau qui ruissellera dans le réservoir, on contemplera le remplir avec de l'eau souterraine.
CONCLUSION
Le boom gazier qui veut acheter, développer, distribuer et mettre sur le marché le gaz se schiste qui vient d'un vaste territoire publique dans le nord-est de la Colombie-Britannique ne fait que commencer. Ces exploitations qui exigent de vastes ressources naturelles ont été permises sans pratiquement aucune restriction ni vue d'ensemble. En ce sens, en sachant que les lois pratiquement inexistantes, on peut percevoir ces développements comme un échec social et politique. Si on y ajoute la dernière implantation de TILMA (Trade, Investment and Labour Mobility Agreement), une entente dérèglementaire signé par les 3 premiers ministres de l'ouest canadien, ce qui en résultera n'en sera que plus effrayant. L'accord TILMA accorde aux compagnies énergétiques des pouvoirs légaux dans une clause de statu quo qui empêche les nouvelles lois provinciales qui pourraient de n'importe quelle façon nuire aux "échanges, investissements ou mobilité des travailleurs". À bien y penser, ce sont problablement les vastes champs d'exploitation des ressources publiques si controversées de la C.-B. et de l'Alberta qui sont la source de TILMA. Le Conseil des Canadiens est très troublé par TILMA et a fait de la fracturation hydraulique l'une de ses campagnes: http://www.canadians.org/DI/issues/TILMA/factsheet.html mais le dossier TILMA n'a pas été traduit en français au moment d'écrire ces lignes.
Plusieurs des problèmes environnementaux et législatifs de la C.-B. sur le sujet ont été discutés dernièrement dans un rapport de Ben Parfitt intitulé: "Fracture Lines: Will Canada's Water be Protected in the Rush to Develop Shale Gas?" qu'il a présenté au premier forum canadien sur la fracturation hydraulique qui a eu lieu au Munk School of Global Affairs. Ben Parfitt a soulevé plusieurs points assez inquiétants comme: même les promoteurs de cette ressource non-conventionnelle admettent maintenant que "l'eau est devenue la question environnementale la plus évidente" de l'exploitation du gaz de schiste. En réalité, quand les gazières s'installent dans les communautés rurales, la controverse sur l'usage de l'eau, la contamination des eaux souterraines et les lois encadrant l'industrie suivent immanquablement. "Les plus grands défis sont dans la gestion de l'eau, surtout la disposition des fluides de la fracturation" selon un rapport de MIT de 2010 sur le gaz naturel.
Le forage intensif dans le nord de la Colombie-Britannique a provoqué des prélèvements massifs d'eau sans précédents.Il y a même eu une campagne contre Encana Corporation pour protester contre l'empressement de cette exploitation. Vu l'importance économique de la ressource et les inquiétudes croissantes sur les usages et impacts sur l'eau, ce rapport se penche sur les implications de l'exploitation du gaz de schist sur les sources d'eau douce du Canada. En plus d'examiner les avancées technologiques de la révolution du gaz de schiste, le rapport regarde également nos connaissances sur les eaux souterraines dans les régions riches en schiste. Finalement, le rapport se questionne sur les lois qui encadrent la protection des ressources en eau, les propriétaires terriens et les communautés rurales.
Contrairement à ce qui se fait aux États-Unis où le US Congress et les législateurs des états sont engagés dans des débats sur la poliltique publique, ni l'Office National de l'Énergie ni Environnement Canada n'ont encore posé des questions valables sur le boom gazier et ses impacts sur la ressource en eau. La vitesse de la révolution du gaz de schiste demande une plus grande vigilance avant que les lignes de fracturation fassent leur apparition au travers le pays.
Qu'il existe des impacts cumulatifs associés avec la fracturation, c'est bien évident. Mais même où les régions canadiennes comme la Colombie-Britannique où il se fait de l'exploitation de gaz naturel conventionnel depuis des décennies et la fracturation est à la hausse, les lois et ceux qui les rédigent sont mals outillés pour réglementer et mitiger de tels impacts. Comme le disait le Vérificateur Général de la province en parlant du Oil and Gas Commission de la C.-B., le mandat de la OGC inclut également une attente qu'elle fait la promotion d'un environnement sain. Bien que la OGC a appuyé le développement d'outils et de méthodes pour évaluer des effets cumulatifs, il n'existe pas de programme officiel provincial en place en ce moment pour aider à gérer les effets environnementaux des exploitations sur le terrain.
Pour faire face à tout cela, la OGC et le Ministère de l'Environnement de la province subissent des pressions toujours croissantes venant de l'industrie pour le développement des puits de gaz de schiste. Des pressions similaires seront senties également par les organismes de contrôle dans les autres provinces canadiennes pendant que l'industrie s'affaire à exploiter la ressource tout en insistant qu'elle fournit une sécurité énergétique et un pont environnementalement acceptable vers une économie plus carbone neutre.
L'exploitation du gaz de schiste dans le nord-est de la Colombie-Britannique deviendra sûrement et restera l'un des dossiers importants en environnement et en planification publique auxquels sont confrontés les Premières Nations, la Province, les régions, les législateurs, les communautés et les résidents.
J'ai découvert ce rapport grâce à l'article d'un quotidien suivant:
http://www.straight.com/article-366522/vancouver/local-activist-will-koop-places-fracking-top-2010-environmental-concerns
Le lien pour télécharger le rapport de Will Koop's, un pdf de 58 pages: http://www.bctwa.org/FrkBC-EnCanasCabin-Nov9-2010.pdf
Leur site: http://www.bctwa.org/FrackingBC.htmlPhoto: Will Koop
Friday, January 7, 2011
Gaz de schiste - comment çà se passe en Colombie-Britannique (3)
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