Friends of the Richelieu. A river. A passion.



"Tout cedit pays est fort uny, remply de forests, vignes & noyers. Aucuns Chrestiens n'estoient encores parvenus jusques en cedit lieu, que nous, qui eusmes assez de peine à monter le riviere à la rame. " Samuel de Champlain


"All this region is very level and full of forests, vines and butternut trees. No Christian has ever visited this land and we had all the misery of the world trying to paddle the river upstream." Samuel de Champlain

Wednesday, June 8, 2011

Inondations - faire de la place aux rivières

Photo: usda

La rivière Richelieu n'est pas la seule, cette année, à inonder et déranger bien du monde. Le problème, c'est que c'est le monde qui a mis un "corset" aux rivières, comme disait Louis-Gilles Francoeur dans Le Devoir.

Voici une traduction libre d'un texte qui explique une autre façon de contrôler les inondations: faire de la place pour les rivières. On parle des États-Unis, mais l'approche canadienne est bien semblable et aurait également tout intérêt à revoir ses façons de faire.

Pendant que le Midwest continue de faire face à des inondations de rivières gonflées par des quantités record de neige et de pluie, le fleuve Mississippi est en lente décrue. Les inondations de la plus longue rivière des États-Unis en avril et en mai ont impactées des communautés dans l'Illinois, au Missouri, au Kentucky, au Tennessee, en Arkansas, au Mississippi et en Louisiane, forçant des évacuations de milliers de personnes. Bien que les inondations de 1927 et de 1993 étaient dévastatrices, les inondations de la Mississippi en 2011 ont causées des dommages évalués à plusieurs milliards de dollars. Au cours des années, le U.S. Army Corps of Engineers (USACE), la firme fédérale d'ingénieurs et de construction, a dépensé plus de $123 milliards en infrastructures tentant de contrôler les inondations qui n'ont pas toujours protégé les personnes et leurs biens. Il est temps de repenser notre approche à contrôler les inondations et songer à redonner de la place à nos rivières.

Plus de 70 millions de personnes habitent dans le bassin versant du fleuve Mississippi, dont 12 millions habitent directement sur ses rives. Avant le peuplement de la région, la rivière était sauvage, faisant des méandres grâce à un réseau de passages latéraux autour de centaines d'îles, et souvent inondait les plaines inondables avoisinantes, un phénomène tout à fait naturel pour une rivière. Avec l'influx d'habitations et l'occupation du territoire, la rivière Mississippi est devenu une voie de navigation importante pour de gros navires et la USACE a construit 27 écluses et barrages entre Minneapolis et St.Louis qui ont altéré la circulation naturelle du cour d'eau.

Après la grande inondation de 1927, la demande pour un système de travaux publics était grande pour la partie en aval du Mississippi afin de protéger contre les inondations et maintenir la voie maritime. Le USACE a construit des digues et des murs de retenue de la ville de Commerce, au Montana, jusqu'à la Nouvelle-Orléans, modifiant encore plus l'aspect naturel du fleuve.

L'organisme American Rivers a déclaré que le Mississippi était l'une des rivières les plus menacées de l'Amérique cette année, à cause des inondations catastrophiques, critiquant ce qu'elle a appelé " une gérance d'inondations dépassée et trop dépendante de digues qui ont contribué aux dommages records causés par les inondations. Bien que les digues ont du sens dans les régions habitées, elles et les murets diminuent les risques de petites crues, mais augmentent les risques d'en avoir des plus grosses en rendant plus étroit les passages où peuvent s'écouler les rivières, obligeant les volumes d'eau d'aller en hauteur et augmenter la vitesse du courant.

De plus, les digues coupent les rivières de leurs plaines inondables, détruisant du même coup les milieux humides qui sont les protections naturelles contre les inondations. Dans l'amont du bassin versant du fleuve Mississippi, 35 millions d'acres de milieux humides ont été détruits. La présence de digues et la possibilité de se procurer des assurances en cas d'inondation ont donné un faux sentiment de sécurité aux gens qui sont tentés de s'établir et s'installer juste à côté de rivières sur des terres qui ont déjà été des plaines inondables.

C'est aussi évident que les changements climatiques avec les humeurs imprévisibles et extrêmes de la météo augmentent les dangers d'inondations et les conditions n'iront qu'en empirant dans le futur. Selon le tout récent rapport Weathering Change d'America's Rivers, jusqu'à date, le USACE n'a pas été obligé d'inclure les changements climatiques dans la planification de ses projets. Mais avec les budgets en décroissance et les défis de gestion d'eau de plus en plus importants, nous ne pouvons pas se permettre de gaspiller de l'argent sur des infrastructures qui ne fonctionneront pas dit Andrew Fahlund, le vice-président sénior d'American Rivers section Conservation.

Les organismes comme American Rivers font plutôt la promotion d'une approche plus naturelle pour gérer les inondations, une qui laisserait les rivières suivre les méandres naturels et les laisser s'étendre dans les plaines inondables, protégeant et réhabilitant ainsi les milieux humides. Un acre de milieux humides, saturé d'eau sur une profondeur d'un pied, peut contenir 330,000 gallons d'eau, l'équivalent de la quantité qui inonderait 13 maisons jusqu'aux cuisses. Les milieux humides filtrent et purifient également l'eau, tout en étant un habitat pour la faune et la flore. Dans les villes, les infrastructures vertes comme les toits verts, les pavages poreux et les plantations peuvent aider aussi à réduire les inondations tout en diminuant le ruissellement.

Les Hollandais avaient commencé à construire des digues et des barrages pour contrôler les inondations il y a de cela 800 ans, parce que 25% des Pays-Bas sont sous le niveau de la mer et 25% de surface de plus est sujet aux inondations. Mais pour les inondations de 1993 et 1995 qui ont coûté $300 millions en dommages et forcé l'évacuation de 250,000 personnes, les ont forcé à réévaluer leurs stratégies pour gérer les inondations. Bien que dans le passé, les Hollandais auraient réagit aux inondations en construisant d'autres digues plus élevées, vers la fin des années 1990, ils ont réalisé que les risques d'inondation n'étaient que pour s'intensifier avec les changements climatiques. En 2007, le gouvernement hollandais a adopté une stratégie de $3,3 milliards pour contrer les inondations et l'ont appelé "Room for the River", de la place pour la rivière.

Room for the River réduira les niveaux de crues du Rhin, de la Meuse, du Waal et de la rivière Ijssel. D'ici 2015, ces rivières auront acquis du terrain à 39 places grâce à différentes méthodes. Elles sont: relocaliser les digues plus loin à l'intérieur des terres pour élargir les plaines inondables, modifier les digues à certains endroits pour les laisser inonder, abaisser les plaines inondables parce que les sédiments accumulés les ont rendues plus étroites, réduire la hauteur de certaines structures dans les rivières pour ralentir le courant pour permettre à l'eau de s'écouler plus facilement, créer des cours d'eau parallèles comme lieux d'écoulement alternatifs en cas de crue, creuser le fond des rivières, enlever les obstacles dans la rivière qui nuisent à l'écoulement de l'eau, et créer des sites de storage temporaires d'eau en surplus. Dans les endroits où ce n'est pas possible de faire de la place pour la rivière, les digues peuvent être surélevées et renforcies, bien que les incidents d'écroulement de digues et d'érosion vont probablement augmenter si les digues sont faites plus hautes et donc plus lourdes.

En ce moment, le Rhin peut transporter 15,000 mètres cubes d'eau à la seconde sans inonder. D'ici 2015, il sera capable d'accepter 16,000 mètres cubes par seconde. Si Room for the River fait la preuve d'être avantageux économiquement, des mesures supplémentaires pourraient être projetées pour augmenter la capacité de la rivière à 18,000 mètres cubes à la seconde d'ici 2050.

Room for the River améliorera aussi la qualité environnementale des régions riveraines tout en éliminant 3,163 acres agricoles et en augmentant les régions naturelles de 4,576 acres. L'ambassadeur hollandais pour les É.-U. Renee Jones-Bos explique que 2 politiques complémentaires vont améliorer Room for the River. "Retain, Store, Drain" retenir, emmagasiner et drainer encouragera les communautés à accumuler et conserver l'eau dans des citernes, des toits verts et des parcs inondables, et "Living With Water" vivre avec l'eau, fera la promotion de la valorisation et l'adaptation à l'eau auprès des communautés plutôt que de la craindre.

Le changement s'en vient aux É.-U. aussi. Le sénateur de la Louisiane Mary Landrieu a emmené un groupe de leaders du gouvernement et des éducateurs aux Pays-Bas dernièrement afin d'en savoir plus sur les pratiques de la Hollande pour gérer l'eau.

De plus, le Congress, qui autorise les projets de l'USACE, a demandé une refonte des principes et recommandations de tous les projets fédéraux en ce qui regarde l'eau. Les nouvelles normes doivent protéger l'environnement en mettant l'accent sur le développement économique durable et éviter l'usage abusif des plaines inondables, tout en protégeant et réhabilitant les fonctions des systèmes naturels et incorporant des stratégies sans structures. On espère qu'ils penseront aux changements climatiques.

Entre-temps, certaines communautés des É.-U. ont déjà implanté leurs propres stratégies Room for the River pour se préparer aux inondations. Le Iowa River Corridor Project commencé après une grave inondation en 1993, compense les fermiers qui arrêtent définitivement de cultiver leurs champs dans les plaines inondables. La majorité des 50,000 acres de ce projet sont retournés à l'état naturel: milieux humides, herbiers et forêts, tout en servant d'habitat pour la vie sauvage.

La rivière Napa en Californie inonde souvent entre novembre et avril. Le projet de $400 millions appelé Napa River/Napa Creek Flood Control Project abaisse les digues, restaure les plaines inondables, des routes de détournement, déplace des ponts et réhabilite 900 acres de milieux humides selon les principes de "living river", rivière vivante. Des projets de rétablissement de plaines inondables et de milieux humides sont en marche en Illinois, au Massachusetts, au Missouri, au North Dakota, en Oklahoma et au Wisconsin.

Jusqu'à date, les digues ont bien tenu durant les inondations de 2011, et l'idée du USACE de faire sauter les digues qui protègent le Birds Point-New Madrid pour sauver Cairo, en Illinois, tout en ouvrant les sas du Morganza Spillway pour sauver Baton Rouge et la Nouvelle-Orléans a fontionné. Mais des stratégies alternatives pourraient empêcher les eaux de monter si haut à l'avenir, peut-être? "Nous avons besoin de prendre une approche plus souple dans notre façon de gérer les inondations" dit Andrew Fahlund d'American Rivers. "En ce moment, nous nous laissons très peu de souplesse et quand çà casse, les conséquences sont graves." Photo: USACE

"Making Room for Rivers: A Different Approach to Flood Control

As the Midwest continues to brace for the flooding of rivers swollen by record amounts of snow and rain, Mississippi River floodwaters are slowly receding. The April and May floods along the Mississippi, America’s longest river, affected communities in Illinois, Missouri, Kentucky, Tennessee, Arkansas, Mississippi, and Louisiana, forcing the evacuation of thousands of homes. As destructive as the historic floods of 1927 and 1993, the 2011 Mississippi River floods, could result in damages worth billions of dollars. Over time, the U.S. Army Corps of Engineers (USACE), the federal engineering and construction agency, has spent more than $123 billion on flood control infrastructure that hasn’t always adequately protected us. Now some are calling for a new approach to flood control that makes room for our rivers.

Over 70 million people reside in the Mississippi River Basin, with 12 million people making their home along the river itself. Before the area was settled, the Mississippi ran wild, flowing through side channels and around hundreds of islands, and often flooding nearby lowlands or floodplains (level land near rivers that are periodically submerged by floodwaters). As more people moved west and the Mississippi became an important navigation channel for larger boats, the USACE built 27 locks and dams between Minneapolis and St. Louis that altered the river’s natural flow.

After the great flood of 1927, there was a call for a comprehensive system of public works along the Lower Mississippi that would provide flood protection and maintain the navigation channel. The USACE constructed levees and floodwalls from Commerce, MO to New Orleans that further changed the river’s flow.

American Rivers recently named the Mississippi one of America’s Most Endangered Rivers for 2011 because of the catastrophic flooding, criticizing what it called “outdated flood management strategies and over-reliance on levees that have contributed to the record flood damage.” While they make sense in populated areas, levees and floodwalls decrease the risk of small floods, but increase the risks of big ones by narrowing the channels of rivers, forcing the water to rise higher and flow faster.

In addition, levees cut rivers off from their floodplains, destroying wetlands that provide natural protection from floods. In the Upper Mississippi Basin, 35 million acres of wetlands, equivalent to the size of Illinois, have been destroyed. The presence of levees and the availability of flood insurance have also given people a dangerously false sense of security, allowing them to settle and develop right next to rivers on lands that were once floodplains.

It’s also clear that climate change, with its extreme and unpredictable precipitation events, is already exacerbating flood risk, and conditions will only worsen in the future. According to America’s Rivers’ new Weathering Change report, until now the USACE has not been required to consider climate change in the siting or planning of its projects. But “With shrinking budgets and growing water challenges, we can’t afford to waste money on infrastructure that won’t work,” said Andrew Fahlund, American Rivers’ Senior Vice President for Conservation.

Organizations like American Rivers are advocating for a more natural flood control approach that would let rivers follow their natural channels and periodically spread into floodplains, and protect and restore wetlands. An acre of wetland, saturated with water 1-foot deep, can hold 330,000 gallons of water, equivalent to the amount that would flood 13 homes thigh-high. Wetlands also filter and purify water, and provide habitat for wildlife. In cities, green infrastructure like green roofs, porous pavement, and plantings can help stem flooding as well by reducing runoff.

The Dutch began building dikes and levees to control flooding 800 years ago, because 25% of The Netherlands is below sea level and 25% more is subject to flooding. But the 1993 and 1995 floods, which resulted in $300 million worth of damage and the evacuation of 250,000 people, spurred a reassessment of flood control strategies. Whereas the Dutch would once have responded to flooding by building their dikes higher, in the late 1990s they realized that flood risks were only going to intensify with climate change. In 2007 the Dutch government approved a new $3.3 billion strategy for dealing with flood threats called Room for the River.

Room for the River will reduce high water levels in the Rhine, Meuse, Waal and Ijssel Rivers. By 2015, these rivers will be given more room at 39 locations, using a variety of strategies clearly illustrated in this promo video.

The strategies are: relocating dikes further inland to widen floodplains, modifying dikes in certain areas to allow for flooding, lowering floodplains because accumulated sediments have made them shallower, reducing the height of groynes (rigid structures placed in rivers to slow the water flow) to allow water to flow more quickly, creating side channels as alternate routes for high water, deepening the river bed, removing obstacles from the river that obstruct flow, and creating temporary water storage areas. In places where it’s not possible to create room for the river, dikes may be heightened and strengthened, though incidences of dike slumping and land subsidence will likely increase if dikes are made taller and thus heavier.

Currently, the Rhine River can cope with 15,000 cubic meters of water per second without flooding. By 2015, it will be able to cope with 16,000 cubic meters per second. If Room for the River proves cost effective, additional measures may be planned to raise the river’s carrying capacity to 18,000 cubic meters per second by 2050.

Room for the River, which will also improve the environmental quality of river areas, will eliminate 3163 acres of agricultural land and increase natural land by 4576 acres. Dutch ambassador to the U.S. Renee Jones-Bos, explained that two corollary policies will complement Room for the River. “Retain, Store, Drain” will encourage communities to harvest and store water with cisterns, green roofs and floodable parks; and “Living With Water” will promote communities that value and adapt to water instead of fearing it.

In the U.S., change is coming too. Louisiana’s Senator Mary Landrieu recently took a group of government leaders and educators to The Netherlands to learn about Dutch water management practices.

And more importantly, Congress, which authorizes the USACE’s public works projects through periodic passage of Water Resources Development Act legislation called for new Principles and Guidelines (P&G) for all federal water resource projects, which the Obama administration is currently crafting. The new standards must protect the environment by maximizing sustainable economic development, avoiding the unwise use of flood plains, protecting and restoring the functions of natural systems, and also incorporating nonstructural strategies. Hopefully, they will also be required to take climate change into consideration. The new P&G, which haven’t been updated since 1983, are due out this year.

In the meantime, some U.S. communities have already implemented their own Room for the River strategies to deal with flooding. The Iowa River Corridor Project, begun after a severe flood in 1993, compensates farmers who permanently stop farming fields in floodplains. Much of the 50,000 acres involved have reverted back into natural wetlands, grassland and bottomland forest, and provide habitat for wildlife.

The Napa River in California often floods between November and April. The $400 million Napa River/Napa Creek Flood Control Project is lowering dikes, creating floodplains and a bypass, relocating bridges and restoring 900 acres of wetlands according to “living river” principles. Floodplain and wetlands restoration projects are also ongoing in Illinois, Massachusetts, Missouri, North Dakota, Minnesota, Oklahoma, and Wisconsin.

So far, the levees have held up quite well in the face of the 2011 floods, and the USACE’s tactics of blowing up the levee protecting the Birds Point-New Madrid floodway to save Cairo, IL and opening the floodgates of the Morganza Spillway to save Baton Rouge and New Orleans worked. But what alternative strategies might prevent waters from rising so high in the future? “We need a bend but don’t break approach to flood management,” said American Rivers’ Andrew Fahlund. “Right now, there’s very little bending and the breaking has catastrophic consequences.”"

Excerpts from article written by Renee Cho published in a blog from the Earth Institute (Columbia University) here:
http://blogs.ei.columbia.edu/2011/06/07/making-room-for-rivers-a-different-approach-to-flood-control/

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