Photo: Claude Morin
À Richelieu, la baignade dans la rivière Richelieu est interdite. Pourtant, combien de personnes s'aventurent dans la rivière Richelieu, malgré le règlement municipal et les forces de l'ordre qui font des descentes? De plus, on est juste en aval du Bassin de Chambly et en face des rapides de Chambly où toutes sortes d'activités aquatiques se déroulent: surfing sur vagues, canot-kayak, voile, plongée, chaloupe, pêche sportive, moto-marines, etc...
Pourtant, tout cela se déroule en aval d'une porcherie industrielle sur gestion liquide d'une capacité de 5,800 bêtes. Ce qui veut probablement dire que ces animaux se font donner des sous-dosages d'antibiotiques pour accélérer leur prise de poids, et leur purin est épandu tout autour sur des terres agricoles dont certaines sont drainées artificiellement, hé oui, dans la rivière Richelieu! Scénario idéal pour faciliter la propagation de bactéries résistantes aux antibiotiques!
Je me permets de reproduire ici dans son intégrité un article verrouillé dans Le Devoir qui a passé inaperçu pour la plupart des gens.
"Des plages à risque
Des bactéries résistantes aux antibiotiques peuvent contaminer les baigneurs
Elles donnent habituellement des maux de tête aux hôpitaux. Mais même si vous n'êtes pas un habitué de l'urgence, vous pourriez avoir été en contact avec des bactéries résistantes aux antibiotiques... suffit que vous ayez fait trempette dans un lac cet été.
Des chercheurs ont trouvé des bactéries résistantes aux antibiotiques dans l'eau de 12 % des plages, sur les 140 étudiées, a appris Le Devoir. Une contamination qui pourrait poser des risques pour la santé.
Ces bactéries pourraient élire domicile dans le système digestif des baigneurs, ce qui est «préoccupant», écrivent les chercheurs à l'origine de cette enquête. Elle a été publiée récemment dans le journal scientifique Zoonoses and Public Health. Médecins, microbiologistes et vétérinaires signent cette étude qui s'inscrit dans une initiative plus large de surveillance des bactéries résistantes dans les eaux de baignade et dans les puits.
Même faible, «il y a un risque potentiel pour la santé», dit la vétérinaire Patricia Turgeon, auteure principale de cette étude. Vétérinaire? C'est que ces bactéries pourraient provenir des fermes d'élevage voisinant les lacs. Déjà, explique-t-elle, la baignade pose un risque accru de gastroentérite. «La présence de bactéries résistantes aux antibiotiques ajoute peut-être un peu à ce risque-là. C'est sûr que c'est préoccupant», dit-elle.
De la terre au lac
Comme les bactéries montraient des résistances à des antibiotiques aussi communs que l'amoxicilline et la ciprofloxacine, les auteurs considèrent la situation préoccupante. C'est en avalant de petites quantités d'eau en cours de baignade que les microbes pourraient s'introduire dans notre organisme — pourraient, puisque cette étape n'a pas été étudiée.
Même si ces bactéries de type E. coli sont rarement pathogènes, elles pourraient «donner» leur résistance aux antibiotiques à d'autres bactéries de notre système digestif, un phénomène connu d'échange de gènes entre microbes. Si ce transfert s'opère avec une bactérie pathogène, le cocktail s'avère préoccupant puisqu'il serait alors difficile de traiter l'infection.
Patricia Turgeon et ses collègues ont analysé des échantillons provenant de 140 lacs à trois reprises pendant les étés 2004 et 2005. Ils ont analysé les mêmes échantillons utilisés par le ministère de l'Environnement pour évaluer la qualité des plages en saison estivale, leur attribuant des A, B ou C selon la qualité de leur eau. Les chercheurs se sont concentrés sur les eaux des plages des régions au sud de la ville de Québec, comme Lanaudière, la Montérégie, le Centre-du-Québec ou la Mauricie. Douze pour cent des plages étaient contaminées, mais les scientifiques ne dévoilent pas lesquelles. Mme Turgeon indique que le phénomène n'était pas plus marqué dans certaines régions que d'autres. Elle ajoute qu'il serait très surprenant que le phénomène se soit résorbé, ou aggravé, depuis 2004-2005.
«C'est un peu préoccupant. Mais beaucoup d'études montraient ça ailleurs dans le monde. Si on n'en avait pas trouvé au Québec, ça aurait été surprenant», dit la vétérinaire qui fait un doctorat sur l'impact de l'agroenvironnement sur la qualité des eaux récréatives au Québec.
Veaux, vaches, cochons...
Si aucune région n'était épargnée, les plages de secteurs agricoles sont plus à risque. Des troupeaux traités aux antibiotiques pourraient être en cause, mais des études plus poussées sont nécessaires avant de sauter aux conclusions. En effet, les chercheurs n'ont pas exploré les autres sources de contamination possibles, comme les usines de traitement des eaux des municipalités.
«L'eau pourrait être contaminée par rapport à l'agriculture par l'épandage de fumier, parce qu'on sait que certaines bactéries, résistantes aux antibiotiques ou non, peuvent survivre dans le fumier. Une fois que c'est épandu sur les terres, s'il y a une pluie, ça peut ruisseler et aller dans les cours d'eau. Même chose pour les excréments des animaux dans les pâturages. Même chose pour les amas de fumier autour des bâtiments de ferme», explique Patricia Turgeon.
Les puits des résidences de ces secteurs pourraient également être contaminés de la même manière, mais cette hypothèse n'a pas été vérifiée au Québec.
Mme Turgeon n'exclut pas que la contamination provienne d'autres sources que le secteur agricole. «Il ne faudrait pas que les gens restent dans l'impression que les bactéries sont là à cause de l'agriculture. Il y a beaucoup d'autres sources possibles: le rejet des usines de traitement des eaux usées, les baigneurs eux-mêmes, qui peuvent être porteurs. Il y a beaucoup de sources qui pourraient être explorées.» "
Auteur: Amélie Daoust-Boisvert publié dans Le Devoir du 1 septembre 2011 ici: http://www.ledevoir.com/societe/sante/330510/des-plages-a-risque
Monday, September 5, 2011
Baignade - des bactéries venant des élevages industriels?
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