Photo: L'Oeil Régional
Voici une traduction libre d'un texte du professeur Anthony Ingraffea de Cornell University.
Est-ce que l'industrie du gaz naturel a besoin d'un nouveau porte-parole?
À entendre l'industrie du gaz naturel, le seul problème avec le gaz naturel est un problème de relations publiques. "Le public est sceptique de tout ce que l'on dit." dit Tisha Conoly-Schuller, présidente du Colorado Oil & Gas Association. Elle recommande à l'industrie de se trouver d'autres messagers pour porter des messages positifs pétroliers et gaziers au public sceptique, et propose des professeurs d'université comme les meilleurs candidats: ils s'en sortent les meilleurs dans les sondages et sont bien placés pour remplir cette tâche.
Je suis un professeur d'université, mais je suis certain que Conoly-Schulle et ses collègues n'aimeront sûrement pas mon simple message à leur propos: "Dites toute la vérité."
Et je suis seulement un parmi des centaines de critiques qui portent ce message. Robert F. Kennedy junior avoue avoir été un optimiste du gaz naturel au début, mais se plaint maintenant: "Les pires promoteurs de l'industrie ont combattu avec succès des lois raisonnables et étouffer la transparence envers le public tout en convaincant des législateurs du gouvernement de fabriquer des exceptions aux lois environnementales existantes." Dans son commentaire publié dans le journal The New York Times intitulé "The Fracking Industry's War on The New York Times - And The Truth" (la guerre de l'industrie de la fracturation hydraulique contre le New York Times et la vérité - voir mon entrée de blog ici: http://lesamisdurichelieu.blogspot.com/2011/10/gaz-de-schiste-lindustrie-vs-new-york.html pour la traduction libre), il continue à remarquer que des agences captives et des chefs en politique se sont empressés d'affaiblir des mesures de surveillance pour protéger l'environnement déjà très relâchées en plus d'aider à propager les prévisions économiques trompeuses de l'industrie. Cela a eu comme résultat d'augmenter le scepticisme du public envers l'industrie et les législateurs gouvernementaux à un sommet jamais égalé.
Le sous-comité sur la production du gaz de schiste du secrétaire d'état U.S. Secretary of Energy a déclaré dans son rapport du 16 novembre 2011 que : "...si des actions concrètes ne sont pas entreprises pour réduire les impacts environnementaux de l'accroissement considérable de la production de gaz de schiste prévue au travers le pays, peut-être jusqu'à 100,000 puits pendant les prochaines décennies, il y a un danger réel que les conséquences environnementales graves provoquent une perte de confiance de la part du public qui pourrait retarder ou arrêter ces activités." Très mauvaises relations publiques, en effet!
Le problème avec les relations publiques de l'industrie est qu'elles sont basées sur des mythes. Les mythes ont toujours une parcelle de vérité à la base, mais on doit être à l'écoute attentivement de l'histoire au complet, pas seulement la parcelle de base.
Et puis il faut poser des questions à propos du mythe. Après des années de duplicité, toute l'histoire du gaz naturel commence à voir le jour, et les ingénieurs, comme moi, et les scientifiques, les physiciens, les généraux, les éleveurs, les propriétaires terriens et les législateurs, dont Lisa Jackson, la chef de l'EPA, cherchent des réponses à ces questions.
Après des décennies d'influence géo-politique et des milliards de dollars sur la table, ce n'est pas surprenant que l'industrie gazière a propagé des douzaines de mythes pour éviter d'éclairer le public, éloigner les législateurs et maintenir les puits en production.
Regardons les 4 principaux mythes qui persistent:
1 - Cela fait 60 ans que la fracturation hydraulique existe, c'est sécuritaire et c'est une technologie qui a fait ses preuves.
Oui, la fracturation existe depuis 60 ans. Mais ce qu'on oublie de dire c'est qu'il n'est pas seulement question de fracturation. C'est le procédé au complet d'extraire le gaz du schiste en injectant sous pression d'importants volumes de fluides de fracturation dans de longs forages latéraux à partir de sites de forages multiples regroupés.
Utilisés ensembles, ils créent un nouveau procédé qui a connu ses débuts il y a environ 6 ans, dont la sécurité n'a pas fait ses preuves encore.
2 - Les migrations fluides de puits défectueux sont rares.
Les migrations fluides ne sont pas rares. Par exemple, les chercheurs de l'industrie Watson and Bachu on travaillé sur un rapport pour la Society of Petroleum Engineers en 2009: ils ont étudié 352,000 puits au Canada et ont trouvé des migrations soutenues de pression dans les coffrages et de gaz.
Ils ont trouvé qu'environ 12% des nouveaux puits fuyaient, ce qui est beaucoup plus que les vieux puits. Oui, les chercheurs de l'industrie elle-même ont trouvé qu'un pourcentage substantiel de puits fuyaient initialement, et un pourcentage encore plus élevé de puits fuient éventuellement au fil du temps, et maintenant, plus de puits fuient en ce moment que dans le passé. Le procédé s'empire, il ne s'améliore pas.
Plus récemment, l'EPA des États-Unis a trouvé du benzène, du méthane et des chimiques dans des puits de monitorage d'eau à Pavilion, au Wyoming, et la chef de l'EPA, Lisa Jackson, a dû admettre: "C'est possible que la fracturation dans une région pourrait avoir impacté des régions avoisinantes qui pourraient contenir de l'eau souterraine."
3 - Les sites de forages à multiples puits regroupés réduisent les impacts sur la surface.
De tels sites de forage sont vastes et s'agrandissent de plus en plus: jusqu'à 10 acres ou plus. Les sites les plus récents au Canada dépassent les 50 acres, et chacun d'eux laissera un regroupement de têtes de puits et des citernes de stockage pendant des décennies.
Le regroupement des forages facilite et prolonge l'industrialisation intense et laisse une empreinte plus vaste, plus concentrée et à très long terme, et non pas une empreinte plus petite et pour moins longtemps.
4 - Le gaz naturel est un combustible fossile "propre".
Les dernières preuves sont décourageantes. L'ouvrage du scientifique climatique de la NASA Drew Shindell publié dans le prestigieux journal scientifique Science rapporte que le méthane, le gaz naturel, est 105 fois plus puissant que le dyoxide de carbone comme GES sur une période de 20 ans, et 33 fois plus puissant calculé sur une période d'un siècle.
Malheureusement, les techniques de forage de gaz non conventionnel laissent fuir encore plus de méthane que les puits conventionnels. Les fuites surviennent régulièrement pendant le forage régulier, la fracturation et les périodes de reflux, les transferts de liquides, la transformation, et tout le long des tuyaux et gazoducs ainsi que les sites de stockage. Les taux de fuites se situent entre 3,6% et 7,9% pour la durée de vie de production d'un puits de gaz de schiste, ce qui veut dire que le taux de fuite varie de 3% à 200% de plus qu'un puits de gaz conventionnel. Quand il s'agit de potentiel de GES, la production du gaz de schiste ont des impacts plus importants que le charbon ou le pétrole.
D'autres mythes
Il y a amplement d'autres mythes qui circulent dans ce débat qui demandent qu'on les analyse: la création d'emploi versus la réalité du besoin d'importer de l'expertise de l'Oklahoma et le Texas; le développement d'une ressource locale versus vendre le gaz sur un marché mondial; une économie locale vibrante et florissante versus des syndromes d'essors explosifs suivis de dépressions écrasantes d'investissements de petites et moyennes entreprises prises à la gorge et dont les profits vont en Norvège ou en Chine; le gaz naturel comme source d'énergie de transition vers les renouvelables versus un empêchement du développement des sources d'énergies durables à long terme dont la planète attend le virage si désespérément.
Tout le monde, des foreurs les plus zélés jusqu'aux environnementalistes, espère que le gaz naturel pourrait résoudre le problème de dépendance au pétrole. Les chefs militaires surtout disent que c'est d'une importance stratégique de sécurité nationale que de se sevrer du pétrole.
Mais un groupe de généraux et amiraux séniors des É.-U. ont avoué avoir des préoccupations sur le potentiel de pollution des réserves d'eau souterraines au début de novembre, tout en suggérant que le gaz naturel pourrait jouer un rôle à sevrer l'ouest du pétrole. Le groupe a même ajouté que jusqu'à un certain degré, si cela s'avérait vrai que l'industrie ne pourrait pas résoudre les problèmes, cela pourrait limiter la viabilité du gaz naturel comme source d'énergie alternative.
Nos nations ont besoin d'avoir une conversation intelligente sur nos besoins énergétiques, mais nous ne devons pas laisser une industrie dominer la discussion et dérailler les efforts pour diversifier notre portefolio énergétique.
Après avoir passé le monde universitaire au peigne fin, l'industrie trouvera sûrement des voix bien rémunérées pour présenter ces mythes et plusieurs autres comme des faits aux gens du Nouveau-Brunswick. Mais continuez à poser des questions, recherchez la vérité, et vous aurez toute l'histoire.
Traduit d'un texte écrit par Anthony Ingraffea, Professeur d'Ingénierie au Dwight C. Baum du David R. Atkinson Center for a Sustainable Future (ACSF) de l'université Cornell. Ingraffea est aussi président du collectif Physicians, Scientists and Engineers for Healthy Energy. Le professeur universitaire est en tournée au Nouveau-Brunswick en novembre et décembre 2011 afin de parler de fracturation hydraulique. L'évènement est commanditée par le Conservation Council of New Brunswick.
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"Does the natural gas industry need a new messenger?
To hear the natural gas industry tell it, the only problem with natural gas is bad public relations. “The public is skeptical of anything we say,” says Tisha Conoly-Schuller, president and chief executive officer of the Colorado Oil & Gas Association.
Her advice is for industry to get “other messengers to carry positive messages about oil and gas to a skeptical public,” and she touts university professors as the ideal: they “polled highest and are well-positioned in that regard.”
I am a university professor, but I’m certain Conoly-Schuller and her colleagues decidedly won’t like my simple message for them: “Tell the whole truth.”
And I’m only one of hundreds of critics delivering that message. Robert F. Kennedy, Jr., a self-confessed “early optimist on natural gas,” laments, “The industry's worst actors have successfully battled reasonable regulation [and] stifled public disclosure while bending compliant government regulators to engineer exceptions to existing environmental rules.” In his New York Times commentary The Fracking Industry’s War On The New York Times – And The Truth, he goes on to note that, “Captive agencies and political leaders have obligingly reduced already meager enforcement resources and helped propagate the industry's deceptive economic projections. As a result, public skepticism toward the industry and its government regulators is at a record high.”
The U.S. Secretary of Energy’s Subcommittee on Shale Gas Production in its Nov. 16, 2011, report ominously stated, “…if action is not taken to reduce the environmental impact accompanying the very considerable expansion of shale gas production expected across the country – perhaps as many as 100,000 wells over the next several decades – there is a real risk of serious environmental consequences causing a loss of public confidence that could delay or stop this activity.” Bad PR, indeed.
The trouble with the industry’s PR is that it’s built on myths. Myths always have at least a kernel of truth, but you have to listen to the whole story, carefully, not just the kernel.
And then ask questions about the myth. After years of deception, the whole natural gas story is starting to emerge, and engineers, like me, plus scientists, physicians, generals, admirals, ranchers, farmers, landowners and regulators – including U.S. Environmental Protection Agency chief Lisa Jackson – are seeking answers to those questions.
With decades of geopolitical influence and billions of dollars on the table, it is not surprising that the gas industry has perpetuated dozens of myths to keep the public in the dark, regulators at bay, and the wells flowing.
Let’s take the four most persistent myths:
1. Fracking is a 60-year-old, safe, well proven technology
Yes, fracking is 60 years old. But using this shorthand obscures the truth that what’s at issue here isn’t really just fracking. It's the entire process of coaxing gas from shale using high-volume, slickwater fracking with long laterals from clustered, multi-well pads.
Used together, they form a new process, having been introduced about five six years ago, the jury is still very much out on its safety.
2. Fluid migration from faulty wells is rare
Fluid migration is not rare. For example, industry researchers Watson and Bachu, in a Society of Petroleum Engineers paper in 2009, examined 352,000 Canadian wells and found sustained casing pressure and gas migration.
They found that about 12 per cent of newer wells leaked, considerably more than older wells. Yes, the industry’s own researchers found that a substantial percentage of wells leak initially, an even higher percentage of wells leak eventually, and now more wells are leaking than in the past; the process is getting worse, not better.
Most recently, the U.S. Environmental Protection Agency found benzene, methane and chemicals in water-monitoring wells in Pavilion, Wyoming, and EPA chief Lisa Jackson admitted “It is possible that fracking in one bearing zone may have impacted nearby areas that may contain some groundwater.”
3. The use of clustered, multi-well drilling pads reduces surface impacts
Such pad sites are large and growing, up to 10 acres or more. Newer sites, in Canada, are bigger than 50 acres, and each will leave behind clusters of wellheads and holding tanks for decades.
Cluster drilling facilitates and prolongs intense industrialization and leaves a larger, more concentrated, and very long-term footprint, not a smaller and shorter one.
4. Natural gas is a “clean” fossil fuel
The newest evidence here is discouraging. NASA climate scientist Drew Shindell’s work, published in the prestigious journal, Science, shows that methane – natural gas – is 105 times more powerful than carbon dioxide as a global warming contributor over a 20-year time horizon, and 33 times more powerful over a century.
Unfortunately, unconventional gas drilling techniques actually leak more methane than conventional ones. Leaks happen routinely during regular drilling, fracking and flowback operations, liquid unloading, processing, and along pipelines and at storage facilities. The rate of leakage is anywhere from 3.6 per cent to 7.9 per cent of the lifetime of production of a shale gas well, which means from three to 200 per cent greater leakage rate than from conventional gas wells. When it comes to global warming potential, production of gas from shale creates effects greater than that of coal or oil.
Other myths
There are plenty of other myths swirling around this debate which require analysis: local job-creation versus the reality of imported expertise from Oklahoma and Texas; development of a home-grown resource versus selling gas on the world markets; revitalized, vibrant local economies versus boom-and-bust syndromes of strangled small business investment and profits sent to Norway or China; natural gas as a short-term bridge fuel to renewables, versus an impediment to developing the long-term sustainable energy future the world so desperately needs.
Everyone from the most zealous drillers to environmentalists wish natural gas could solve the oil-dependency problem. Military leaders, in particular, argue that there’s a strategic, national security imperative in getting off oil.
But a group of senior U.S. generals and admirals in early November acknowledged “concern” about the potential to “pollute underground water reserves” even as they suggested a role for natural gas in weaning the West from oil. The group further allowed that “…to the degree this proves true…and the industry cannot remedy the problem, this could limit the viability…” of natural gas as an alternative fuel.
Our nations need to have an intelligent conversation about our energy needs, but we must not allow one industry to dominate the discussion and to derail efforts for a more diversified energy portfolio.
After scouring academia, industry will surely find highly paid voices to offer these and other myths as fact in New Brunswick. But keep asking questions, dig for the truth, and you’ll get the whole story."
Written by Anthony Ingraffea, the Dwight C. Baum Professor of Engineering and Faculty Fellow at the David R. Atkinson Center for a Sustainable Future (ACSF) at Cornell University. Ingraffea is also the president of Physicians, Scientists and Engineers for Healthy Energy. The university professor is visiting New Brunswick in November and December to discuss hydro-fracking. The event is being hosted by the Conservation Council of New Brunswick.
Sunday, December 11, 2011
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