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Énergie Est - TransCanada revoit son tracé au Québec
La compagnie veut exploiter son futur oléoduc pendant plus de 40 ans
Publié dans Le Devoir du 18 décembre 2015 |Alexandre Shields |
Si le gouvernement Trudeau donne son accord, TransCanada construira 650 kilomètres d’oléoduc au Québec afin d’exporter du pétrole albertain dès 2020. En prévision de la construction d’Énergie Est, l’entreprise a d’ailleurs déjà commencé à contacter les propriétaires des terrains où passera son tuyau. S’il se concrétise, le projet créera 33 emplois directs lors de la phase d’exploitation, prévue pour plus de 40 ans.
Moins d’une semaine après la conclusion du sommet de Paris sur le climat, la pétrolière vient de déposer à l’Office national de l’énergie (ONE) la version « modifiée » de son projet d’oléoduc, qui fera du Québec un allié stratégique de la croissance de l’industrie des sables bitumineux. Aucun document équivalent ne sera présenté au gouvernement du Québec.
La documentation, très technique et disponible uniquement en anglais sur le site de l’ONE, précise ainsi que le tracé a été révisé au Québec entre Lévis et la frontière avec le Nouveau-Brunswick, à la suite de l’abandon du projet de port à Cacouna. TransCanada indique tout de même, dans des documents publiés sur son site, que des « évaluations » se poursuivront, afin d’étudier « la viabilité d’un projet de terminal maritime au Québec, comme projet subséquent par Énergie Est ».
Avec ou sans port au Québec, l’oléoduc d’un mètre de diamètre traversera la province sur une distance de 625 kilomètres. À cela s’ajoutent deux oléoducs connexes qui permettront d’acheminer du pétrole vers la raffinerie de Suncor, à Montréal, et celle de Valero, à Lévis.
281 pétroliers
Compte tenu de la capacité de raffinage de ces usines et aussi de l’arrivée de pétrole par l’oléoduc 9B d’Enbridge, la vaste majorité du pétrole coulera vers le Nouveau-Brunswick. Une partie sera traitée par Irving, tandis que le reste sera exporté vers l’Europe et l’Inde. TransCanada estime que 281 pétroliers chargeront du brut pour l’exportation chaque année.
Globalement, souligne-t-on, Énergie Est « permettra l’expansion et la diversification en temps opportun des marchés pour le pétrole canadien ». Selon les prévisions de l’industrie des énergies fossiles, la production pétrolière au pays devrait en effet continuer de croître, pour atteindre près de six millions de barils par jour en 2030.
Comme l’oléoduc doit être opérationnel d’ici la fin de 2020, selon TransCanada, la construction devrait s’échelonner au Québec sur environ 24 mois, une fois l’autorisation accordée par le gouvernement Trudeau. Selon l’« analyse économique » réalisée par la pétrolière, la phase de construction devrait générer ici près de 2000 emplois directs. Lors de la phase d’exploitation, prévue pour « plus de 40 ans », les emplois directs se chiffrent à 33.
La construction de cet oléoduc — plus important que le très controversé Keystone XL — obligera par ailleurs TransCanada à acquérir des terrains appartenant à des propriétaires privés au Québec. Selon les documents soumis à l’ONE, ils seraient plus de 1800. Et même si l’évaluation environnementale n’a toujours pas débuté, la multinationale en a déjà contacté plusieurs pour leur donner de l’« information » sur le projet, mais aussi pour les inviter aux événements organisés par la pétrolière pour présenter Énergie Est.
L’entreprise se montre d’ailleurs rassurante dans la présentation du plus important projet d’oléoduc en développement en Amérique du Nord. Selon une évaluation environnementale menée à sa demande par une firme privée, les « effets résiduels » du projet sont jugés « non significatifs ».
Toujours selon la documentation présentée par l’entreprise albertaine, une fuite dans l’oléoduc pourrait être stoppée en 13 minutes. Ce temps de réaction serait suffisant pour laisser fuir près de 10 000 barils de pétrole, soit 1,6 million de litres de brut des sables bitumineux.
Malgré les recherches effectuées jeudi dans les milliers de pages de documents présentant le projet de TransCanada, il n’a pas été possible de préciser le nombre exact de cours d’eau qui seront traversés par l’oléoduc au Québec. Selon la version préliminaire, quelque 641 cours étaient franchis, dont plusieurs servent de sources d’eau potable aux principales municipalités du Québec.
Aucun examen
Chose certaine, l’oléoduc doit toujours traverser le fleuve Saint-Laurent, un peu en amont de Québec. D’ailleurs, le gouvernement Couillard a déjà autorisé la pétrolière à mener des travaux préliminaires dans le secteur de la traversée, situé à Saint-Augustin-de-Desmaures. Ces travaux, réalisés en périphérie d’une réserve naturelle protégée, comprenaient des levés sismiques.
Aucun examen environnemental indépendant n’a toutefois été mené pour Énergie Est. Selon les règles en vigueur au fédéral, règles mises en place par le gouvernement Harper, c’est l’Office national de l’énergie qui étudiera le projet. Son mandat l’autorise à déterminer qui peut participer aux audiences publiques, en plus d’exclure tout examen des gaz à effet de serre liés à la production pétrolière.
Le premier ministre Justin Trudeau a promis de revoir le processus d’évaluation des oléoducs menés sous l’égide de l’ONE, mais rien n’a encore été annoncé à ce sujet. On ignore donc si les règles seront revues pour l’étude du projet Énergie Est.
Le gouvernement Couillard a pour sa part annoncé son intention de mandater le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement pour étudier le projet. L’organisme indépendant devra toutefois mener les audiences sans avoir en main une étude d’impact du projet, comme cela se fait habituellement au Québec.
TransCanada a en effet refusé de déposer un avis de projet au gouvernement du Québec, malgré les demandes faites en ce sens. Le gouvernement Couillard a donc décidé de ne pas l’exiger. Québec n’évaluera pas non plus les émissions de gaz à effet de serre résultant de la production du pétrole qui coulera dans l’oléoduc pendant plus de 40 ans.
Lien: http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/458241/la-facture-du-projet-d-oleoduc-energie-est-bondit-de-presque-4-milliards
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Energy East - TransCanada changes its route in Quebec
My translation of above article, because the English media does not tell it like it is from this side of the border:
The company wants to use future pipeline for more than 40 years
If the Trudeau government gives the green light, TransCanada will build 650 kilometers of pipeline in Quebec to be able to export Alberta oil starting in 2020. Planning the construction of Energy East, the company has already started contacting landowners where the pipeline will cross. If it goes ahead, the project will create 33 direct jobs during the exploitation phase planned to last for 40 years.
Less than a week after the conclusion of the Paris summit on climate change, the oil company just presented the "modified" version of its pipeline project to the National Energy Board (NEB) that will make Quebec a strategic ally to the growth of the tar sands industry. No equivalent document will be presented to the Quebec government.
The documentation, very technical and only available in English on the NEB site, mentions that the route was revised in Quebec between Levis and the New-Brunswick border after the cancellation of the Cancouna port project. However, TransCanada mentions in documents published on its website that the "assessments" will go on in order to study "the viability of a maritime terminal in Quebec as an ensuing project by Energy East".
With or without a port in Quebec, the pipeline of one meter in diameter will cross the province for 625 kilometers. To that will be added two connecting pipelines that will allow the shipment of oil to the Suncor refinery, in Montreal, and the Valero one in Levis.
281 oil tankers
Taking into account the refinery capacity of these plants and also the arrival of oil through the Enbridge 9B pipeline, the vast majority of oil will flow through and end up in New-Brunswick. A part of it will be refined by Irving, while the rest will be exported to Europe and India. Transcana thinks that 281 oil tankers full of crude will be for export each year.
In all, it is mentioned that Energy East "will allow the expansion and diversification in timely fashion towards global markets for Canadian oil". As per the fossil fuels industry prognosis, the Canadian oil production should indeed increase to reach six million barrels per day by 2030.
Since the oil pipeline should be operational by the end of 2020, as per TransCanada, the construction should take 24 months in Quebec once the authorisation is given by the Trudeau government. As per the "economic analysis" done by the oil company, the construction phase should create nearly 2,000 direct jobs. During the exploitation phase, planned to last "more than 40 years", 33 direct jobs should be created.
The construction of this pipeline, bigger than the very controversial Keystone XL, will force TransCanada to buy land owned by private landowners in Quebec. As per the documents presented to the NEB, there should be more than 1,800 of them. And even if the environmental assessment has not yet started, the multinational already contacted many of them to give them some "information" about the project, and also to invite them to events organized by the company to present Energy East.
The company is making itself reassuring in the presentation of the biggest pipeline project development of North America. As per an environmental assessment it ordered from a private firm, the "residual effects" from the project are thought as being "non-significant".
Again as per the documentation presented by the Alberta company, a leak in the pipeline would be stopped in 13 minutes. This reaction time would be enough to leak nearly 10,000 barrels of oil, or 1.6 liters of tar sands crude.
Even after searching through thousands of pages of documents Thursday that presented the TransCanada project, it was not possible to find the exact number of watercourses that will be crossed by the pipeline in Quebec. As per the preliminary version, some 641 watercourses were crossed, many of them being the source of drinking water to the largest Quebec municipalities.
No examination
One thing is for sure, the pipeline still has to cross the St. Lawrence River, just a little upstream to Quebec City. Also, the Couillard government has already authorized the oil company to do preliminary work where the crossing is planned, in Saint-Augustin-de-Desmaures. That work, done close to a protected natural reserve, includes seismic surveying.
No independent environmental examination has been done for Energy East. As per the current rules on the federal level, the rules put in place by the Harper government, it is the NEB that will study the project. Its mandate is to determine who can attend the public hearings, on top of excluding any examination of greenhouse gases emitted by the oil production.
Prime Minister Justin Trudeau has promised to look at the process of assessing pipelines under the NEB, but nothing has been announced yet on this subject. We still don't know if the rules will be revised over the study of the Energy East project.
The Couillard government has announced its intention to mandate the BAPE (provincial environmental public hearings body) to study the project. The independent body will have to hold the hearings without having any impact study on the project available, as it is usually done in Quebec.
Indeed, TransCanada has refused to present a project notice to the Quebec government, even though demands have been made to have it. The Couillard government has then decided to not require one. Quebec will not assess either the greenhouse gases emissions coming from the production of oil that will flow through the pipeline for more than 40 years.
Friday, December 18, 2015
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