Photo: izzies98
Voici une traduction libre d'un entretien avec un fermer, certains diraient qu'il fait de la "grande culture", dans l'état du Minnesota. J'aimerais bien que nos "agriculteurs" au Québec suivent son exemple! Je pourrais peut-être me baigner dans la rivière devant chez moi si plusieurs le faisaient!
Le ruissellement agricole: "Si vous ne pouvez pas vous baigner dedans, vous pouvez faire mieux"
Bruce Tiffany fait pousser du maïs et du soya juste au sud-est de sa ville. Il est debout juste où son champs cultivé rencontre une lisière de fleurs sauvages et d'herbes. Les fermiers au Minnesota ont l'obligation de laisser une bande riveraine de 50 pieds de large (presque 17 mètres) entre les récoltes en rangées comme le maïs et les fèves et les cours d'eau publiques, mais M. Tiffany fait mieux que cela. Sa bande de fleurs et d'herbes mesure 1,000 pieds (333 mètres).
"C'est la bonne chose à faire." dit Tiffany. Il cultive 1,700 acres avec son épouse Ann qui est une éducatrice. Ann avait grandi sur une ferme laitière près de Litchfield. À côté des fleurs sauvages, Tiffany avait semé un champs de maïs de plus de 2 acres à entretien minime pour les dindons sauvages, les chevreuils et les faisans. "C'est l'un de mes endroits préférés de la ferme." dit-il. "C'est juste pour la faune sauvage. Nous ne le récoltons pas. Nous ne l'avons pas labouré depuis un bout de temps." Il dit qu'à l'automne, les castors et les ratons laveurs vont emmener les tiges de maïs avec eux jusqu'à la rivière.
Tiffany aime se demander: "Quel est le meilleur usage pour cette terre?" Cette question l'aide à gérer sa ferme et l'a rendu à l'avant-garde des cultivateurs qui font des expériences pour ralentir et filtrer la pluie qui tombe sur leurs terres. Il utilise un instrument pour faire le monitorage de sa récolte quand il l'engrange, et un GPS pour décider si un lot ne devrait plus être cultivé. Peut-être que ce lot serait propice pour un pré ou un boisé? Il y a tellement de facteurs qui entrent en ligne de compte, dit-il: "La ferme n'est pas une usine. Vous avez affaire avec un organisme qui vit, qui respire."
Quand les prix du maïs et du soya sont élevés et encouragent les fermiers de délaisser des programmes de conservation, les préoccupations autour des pratiques agricoles et leur impact sur la qualité de l'eau augmentent dans cet état.
Une étude récente du U.S. Geological Survey a démontré que les niveaux d'azote, un nutriment nécessaire pour la croissance du maïs mais qui fait baisser la quantité d'oxygène disponible dans l'eau, ce qui contribue à la zone morte dans le Golfe du Mexique, ont augmentés beaucoup dans la rivière Mississippi du Minnesota jusqu'au Wisconsin depuis les 3 dernières décennies.
Pourtant, plusieurs fermiers locaux ont adoptés des mesures de conservation qui ont réduit les quantités de sédiments et les autres polluants dans le ruissellement, soit à cause des programmes incitatifs, soit qu'ils croient tout comme Tiffany, que c'est la bonne chose à faire. Puisque le ruissellement est une source de pollution diffuse et est difficile à règlementer, améliorer l'eau qui vient des fermes est surtout un travail volontaire. Et il y a des projets de démonstration partout dans le Minnesota qui sont surveillés de près par les agriculteurs afin d'évaluer s'ils fonctionnent vraiment.
Selon un rapport du U.S. Department of Agriculture de 2010, les résultats de simulations démontrent que ces mesures font une différence. En moyenne, ils ont réduit la perte de sédiments venant des champs de 69%, la perte d'azote de 18%, de phosphore de 49% et le ruissellement de l'eau de surface de 16%, selon le rapport.
Il y a un coût encouru pour les fermiers qui adoptent ces pratiques. Tiffany, par exemple, pense qu'il a 5 acres réservés pour la faune sauvage qu'il pourrait cultiver pour des récoltes qui rapporteraient, si il le voulait. Cela lui rapporterait plusieurs milles dollars de plus par année. "Je ne m'en plains pas parce que cela fait partie du plaisir de vivre ici." dit-il.
En ce moment, le but est de mieux gérer l'eau, d'en garder le plus que possible sur les terres et de filtrer la partie qui coule vers les ruisseaux et les rivières par des lignes d'égouttement et des fossés. "Quand on y pense bien, contrôler l'eau pendant qu'elle se déplace sur la terre ferme est ce que nous faisons dans tous nos paysages." dit Gary Sands, un chercheur de l'université du Minnesota qui se spécialise en questions de drainage. "C'est valable pour nos milieux ruraux et urbains. Tout le monde tente de faire avec et gérer l'eau. Nous habitons un état riche en eau."
Il ajoute: "Il y a beaucoup de nouvelles pratiques émergentes pour gérer le ruissellement. Certaines d'entre elles ont eu une bonne publicité et d'autres moins." Il dit qu'il y a une poignée de sites au travers l'état qui font des expériences avec le drainage contrôlé, ce qui implique attacher une barrière à un système de tuiles pour que le fermier puisse contrôler la quantité d'eau qui reste dans le sol. C'est possible que cette eau pourrait servir plus tard durant les sécheresses.
Une autre nouvelle méthode qui gagne en popularité est le bioréacteur à copeaux de bois dans lequel des voyages de camions pleins de copeaux de bois sont enterrés et l'eau de ruissellement passe au travers, ce qui filtre les nutriments comme le phosphore et l'azote. Une installation typique coûte quelques milles dollars et devrait durer de 20 à 40 ans. Quelques projets pilotes de bioréacteurs, dont celui sur une ferme près de Windom, aideront à évaluer leur efficacité pour le Minnesota. "Ils sont vraiment efficace et n'enlèvent pas de surface de production." dit Sands. "Si vous pouvez trouver les copeaux de bois, ils sont relativement peu dispendieux à installer."
Encore plus original est le fossé à deux paliers qui sont à l'essai à seulement quelques endroits dans le Minnesota, dont une ferme près de Austin. Ce genre de fossé a une "plaine inondable" intégrée où l'eau qui coule peut ralentir et se calmer. Le désavantage est qu'on doit lui laisser une largeur plus importante et donc coûter plus cher. (parce que cette largeur de terre ne produit pas de récoltes?)
"Nous allons voir beaucoup de ces pratiques s'implanter un peu partout." dit Sands. "Il s'agit d'offrir des incitatifs aux bons endroits." Si ces mesures sont adoptées à grande échelle, on verrait une grosse différence dans l'environnement, selon lui. "Nous avons plus de 20,000 milles de ruisseaux et de fossés canalisés dans notre état. Si nous pouvons installer des services écologiques dans une bonne partie de ces milles, cela aiderait grandement à la qualité de l'eau dans l'état."
Tiffany définit on travail comme récoltant le soleil et le transformant dans une matière utile aux humains." Il a loué une parcelle de 20 acres de cette ferme à 11 ans, vers la fin des années 1960. Il a finalement acheté la propriété au complet en 1979. Il a construit sa maison familiale sur une colline qui surplombe un bosquet d'arbres, juste à côté d'un chêne géant qu'il a prit soin de sauver. Avant de tracer l'entrée, il observa comment la neige s'accumulait pour choisir le meilleur chemin. "Cette ferme est dans son sang depuis longtemps." dit son épouse Ann.
Il est aussi précautionneux en gérant les mouvements de l'eau sur sa ferme qui aboutit dans la rivière Redwood. La Redwood River est classée comme "détériorée" (impaired) par l'agence Minnesota Pollution Control Agency. Il a comme principe: "Si vous construisiez un barrage pour retenir l'eau qui ruisselle sur votre propriété, seriez-vous prêt à vous baigner dedans? Si vous n'aimeriez pas vous baigner dedans, comment osez-vous envoyer cette eau chez quelqu'un d'autre?"
Si vous ne voudriez pas vous baigner dans l'eau de votre ruissellement, vous pouvez faire mieux, selon lui. Tiffany utilise toutes sortes de méthodes de contrôles d'eau. Des entrées aveugles sont faites avec des roches pour filtrer l'eau qui entre dans les drains agricoles. Des replats ou des "terrasses" accumulent les eaux pluviales et les gardent en place. Il fait des tests en damier, des petites parcelles de terrain sont choisies pour déterminer la quantité d'engrais manquante afin de réduire les fréquences d'épandage. Il songe à installer un bioréacteur de copeaux de bois et pourrait convaincre des gens qui habitent et travaillent sur les rives d'un fossé de drainage local pour améliorer leurs habitudes de contrôler l'eau.
Il précise qu'il n'est pas seul à le faire. "Je ne fais rien d'inhabituel." dit-il. "La plupart des opérations agricoles sont mufti-générationnelles." Il croit que cela encourage les gens à être responsables. "Je peux marcher dans les mêmes traces de mes parents et mes grands parents. Mes fils et petit enfants pourraient le faire aussi. Seraient-ils fiers de moi?"
C'est certain que les fermiers ont un rôle crucial à jouer quand il s'agit de gérer l'eau.
En parcourant ses terres, il décrit les différents types d'arbres sur sa propriété et nous fait des leçons d'histoire. "Nous montrons aux visiteurs ce qui a changé depuis 1 an, depuis les 5 dernières années, en 100 ans." dit-il. Aux personnes qui disent qu'elles veulent que les choses demeurent tel quel, Tiffany réplique que la nature change continuellement. "Quand on se met en contexte et constatons le chemin parcouru, on apprécie mieux l'importance de la bonne intendance et de se préoccuper de nos ressources."
En passant à côté d'un milieu humide florissant le long de la Redwood River, on lui pose la question qui s'impose: s'il endiguerait son ruissellement, voudrait-il se baigner dedans? "Je pourrais faire mieux." dit M. Tiffany.
"Farm runoff -- 'If you won't swim in it, you can do better'
Bruce Tiffany, a corn and soybean farmer just southwest of town, stands on a line that separates a cultivated field from a patch of wildflowers and grass. Farmers in Minnesota are required to have a 50-foot buffer between row crops like corn and beans and public water bodies, but Tiffany has gone one better. His grass and wildflowers stretch for 1,000 feet.
"It's the right thing to do," says Tiffany, who farms 1,700 acres with his wife, Ann, an educator who grew up on a dairy farm near Litchfield. Next to the wildflowers, Tiffany has planted a low-maintenance, 2 plus-acre cornfield for wild turkeys, deer and pheasants to eat. "This is one of my favorite parts of the farm," he says. "It's just for wildlife. We don't harvest it. We haven't plowed this for a while." In the fall, he says, the beavers and the muskrats drag the corn stalks to the river.
Tiffany is fond of asking, "What is the best use for this land?" The question governs the way he manages his farm and has put him in the vanguard of growers experimenting with practices that slow and filter the water that falls on their farms.
He uses a yield monitor — a sensor that measures harvested grain entering his combine — and GPS to determine whether a plot should be removed from production. Maybe it would be better as a patch of grass or woods. There are so many factors at play, he says. "Farming is not a factory setting. You're dealing with a living, breathing organism."
When high corn and soybean prices are driving farmers to pull land out of conservation reserve programs, there is heightened concern about how farming is affecting water quality in the state.
A recent study by the U.S. Geological Survey found that levels of nitrate — a nutrient necessary to corn growth that depletes oxygen in water and contributes to the Gulf of Mexico dead zone — flowing down the Mississippi River from Minnesota and Wisconsin has increased dramatically over the last three decades.
And yet, many local farmers are employing conservation measures that have reduced sediment and other pollutants in runoff, either because of incentive programs or, as with Tiffany, because they think it's the right thing to do. Since runoff is a diffuse, so-called "nonpoint" pollution source and is hard to regulate, improving water coming from farms is largely a voluntary endeavor. And there are demonstration projects all over the state that farmers are watching to see how well they work.
According to a 2010 U.S. Department of Agriculture report, model simulation results show that these measures make a difference. On average, the report estimates, they have reduced sediment loss from fields by 69 percent, nitrogen loss by 18 percent, phosphorus by 49 percent and surface water flow by 16 percent.
There is a cost to farmers who implement these practices. Tiffany, for example, figures he's got five acres reserved for wildlife he could plant with row crops if he wanted to, putting another several thousand dollars per year in his pocket. "It's not something I am going to complain about because that's part of the joy of living out here," he says.
Right now, the drive is to better manage water, to keep as much as possible on the land and to filter the portion that heads for streams and rivers through underground tile lines and ditches. "If you step back, controlling water as it moves over the land is what we deal with on all of our landscapes," says University of Minnesota researcher Gary Sands who specializes in drainage issues. "That goes for cities and the rural landscape. Everyone is trying to deal with and manage water. We are in a water rich state."
"There are many new practices emerging to manage runoff," he adds. "Some of them have gotten good press and others not as much." He says there are a handful of sites across the state experimenting with controlled drainage, which involves attaching a gate-like structure to a tile system so a farmer can regulate the amount of water held in the soil. It's possible that water could even be reserved for dryer times.
Another new method gaining traction is the woodchip bioreactor, whereby truckloads of woodchips are buried underground and runoff is funneled through them, thus removing nutrients like phosphorus and nitrate. A typical installation costs thousands of dollars and should last between 20 and 40 years. Several pilot bioreactors in the state — including one on a farm near Windom — will help determine their viability in Minnesota. "They are really effective and remove no land from production," says Sands. "If you can find the woodchips, they are fairly inexpensive to implement."
Even more novel is the two-stage ditch, being tried in just a couple of Minnesota locations, including on a farm near Austin. This sort of ditch includes a constructed "flood plain" where heavy water flows can slow and settle. The downside is they require a wider right-of-way and therefore can be expensive.
"We are going to see a lot of these practices implemented across the landscape," says Sands. "It comes down to putting the incentives in the right places." Widespread adoption of measures like these would make a big difference environmentally, he says. "We have over 20,000 miles of channelized streams and ditches in our state. If we can build ecological services into a good portion of those miles, it would be an incredible boon for water quality in the state."
Tiffany, who describes his job as, "harvesting sunshine and putting it in a form humans can use," first rented a 20-acre piece of his farm when he was 11, in the late 1960s. He finally purchased the whole property in 1979. He built his family home on a hill overlooking a grove of trees, next to a giant oak he took great pains to preserve. Before making the driveway, he watched how the snow fell in order to determine the best path. Says Ann, "This farm has been in his blood a long time."
He's equally meticulous in managing how the water moves across his farm and winds up in the Redwood River, which is designated as "impaired" by the Minnesota Pollution Control Agency. His general standard is, "If you built a dam and captured the water that runs off your property, would you like to swim in it? If you wouldn't be happy to swim in it, why would you be happy to send it to someone else?"
If you wouldn't do the breast stroke in a pool of your runoff, he reasons, "You can do better." Tiffany employs all sorts of water control methods. "Blind intakes" use rocks to filter water entering tile lines. Raised berms or "terraces" pool runoff and keep it on the spot. He uses grid testing — where small land portions are sampled to determine how much fertilizer they need — to lessen application rates. He's considering installing a woodchip bioreactor and may try to recruit people living and working along a local drainage ditch to voluntarily improve their water control habits.
He takes care to note that he isn't unique. "I'm not doing anything unusual," he says. "Most farming operations are multi-generational," which he says creates a high level of accountability. "I can walk in exactly the same footsteps as my parents and grandparents. My sons and grandkids could, too. Would they be proud of me?"
Certainly farmers fall along a spectrum when it comes to water management. And one would be hard pressed to find another farmer in Minnesota with seven Costa-Rica-style zip lines mounted high among his trees in a patch of woods. Soaring from platform to platform wearing a harness and leather gloves, Tiffany says he uses the zip lines as a trust building exercise and educational tool.
Along the way, he describes the different types of trees on his property and offers history lessons. "We show visitors things that have changed in the last year, the last five years, the last 100 years," he says. To people who say they want to keep things the same, he retorts that nature is always changing. "When you look at it in the context of where we've been, you get a better feel for the importance of good stewardship and caring for your resources."
Flying next to a lush wetland abutting the Redwood River, the obvious question is, if he dammed his runoff, would he want to swim in it? "I can do better," Tiffany says. "
Excerpts from article written by Jennifer Vogel from Minnesota Public Radio published here: http://minnesota.publicradio.org/display/web/2011/09/12/ground-level-water-farmersteps
We're far from the 3 metres (9 feet) green belt around cultivated land in Quebec!
Thursday, September 15, 2011
Agriculture - jusqu'à ce qu'on puisse s'y baigner
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