Thursday, March 29, 2012
Loi sur les pêches - 625 scientifiques interpellent Harper
"Une vague de fond s'est levée dans la communauté scientifique canadienne contre le projet du gouvernement Harper d'affaiblir la Loi sur les pêches à l'occasion du prochain budget en y faisant disparaître l'interdiction historique d'altérer de quelque manière que ce soit l'habitat du poisson.
En effet, 625 chercheurs et spécialistes en biologie des milieux marins, aquatiques, en environnement et de différentes disciplines scientifiques relatives aux espèces aquatiques ont fait parvenir hier une lettre au premier ministre Stephen Harper dans laquelle ils lui demandent «d'abandonner prestement cette initiative» qui, écrivent-ils, «mettrait en péril de nombreuses populations de poissons ainsi que les lacs, les estuaires et les rivières qui les supportent».
La semaine dernière, Le Devoir rapportait en manchette que le gouvernement fédéral songeait à utiliser la loi sur le prochain budget pour enlever de la Loi sur les pêches toute référence à la protection de l'habitat des poissons, probablement une des lois environnementales les plus utilisées au Canada en raison de sa facilité de preuve. C'est aussi son article 35, qui interdit toute «altération, tout dérangement ou toute destruction de l'habitat du poisson», qui impose au fédéral d'exiger une évaluation environnementale de tous les grands projets industriels, dont les oléoducs, parce qu'ils traversent des cours d'eau et modifient l'habitat du poisson. Pour les conservateurs de Stephen Harper, ces exigences ralentissent la mise en marche des grands projets.
Notant que le ministre des Pêches et Océans, Keith Ashfield, avait confirmé aux Communes que le projet était à l'étude, les signataires affirment que «l'affaiblissement de la protection des habitats, selon l'article 35 de la Loi sur les pêches, aura un impact très négatif sur la qualité des ressources hydriques ainsi que sur les pêches à travers tout le pays et pourrait miner la crédibilité du Canada en matière d'environnement sur le plan international».
L'initiative d'envoyer cette lettre au premier ministre Harper a été prise par une sommité scientifique canadienne, David W. Schindler, un des pionniers de la limnologie et de l'océanographie reconnu mondialement. Le Dr Schindler fait partie du Département des sciences biologiques de l'Université d'Alberta.
La liste des 625 signataires fait 27 pages. On y retrouve 18 membres de la Société royale du Canada et 30 directeurs de chaires scientifiques reliées au secteur des pêches et des habitats aquatiques.
Pour ces 625 spécialistes des sciences biologiques et environnementales, «la destruction d'habitats représente la première cause du déclin des espèces, ce qui est un fait reconnu par tous les écologistes et scientifiques du monde entier. La Loi sur les pêches a toujours été un outil essentiel à la protection des habitats pour les poissons ainsi que pour l'industrie des pêches qu'ils supportent au Canada. Il ne fait aucun doute que l'affaiblissement de la protection des habitats projetterait une image irresponsable du Canada sur la scène internationale.»
«Nous devrions, poursuivent les chercheurs et scientifiques, renforcer plutôt qu'affaiblir la protection des habitats selon la Loi sur les pêches (ainsi que d'autres lois à caractère environnemental, telles que la Loi sur les espèces en péril et la Loi de 1994 sur la Convention concertant les oiseaux migrateurs), dans l'optique de protéger nos pêcheries en déclin constant ainsi que les espèces en péril.»
Cette brochette de scientifiques de premier plan s'insurge aussi contre l'idée de ne protéger l'habitat du poisson que dans le cas des «pêcheries de valeur économique, culturelle et écologique».
«Ceci ne fait aucun sens du point de vue scientifique ou économique, écrivent-ils. Toutes les espèces ont une valeur écologique, un fait d'ailleurs reconnu par la loi actuelle.»
Faible apport du Québec
Les chercheurs québécois qui ont signé cette lettre sont loin de représenter par leur nombre le poids du Québec dans la population canadienne. En effet, seulement 72 des 625 signataires proviennent en effet du Québec, soit 11 %. De ce nombre 28, soit environ le tiers, oeuvrent au sein de l'Université McGill. La lettre en question reflète donc majoritairement l'opinion des réseaux scientifiques du Canada anglais, d'un bout à l'autre du pays.
Invité à commenter cette situation, le porte-parole du groupe, Louis Bernatchez, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en génomique et en conservation des ressources aquatiques de l'Université Laval, avoue qu'il s'explique mal cette situation.
Il pense que «c'est principalement un effet du contexte de précipitation dans lequel les chercheurs ont été invités à adhérer au texte». En tout, cette initiative s'est déroulée sur à peine 36 heures, dit-il, ce qui indique à quel point le milieu scientifique s'indigne du plan conservateur.
Louis Bernatchez précise que c'est par le site Internet scientists-4-species, peu fréquenté par les francophones à l'évidence, que les chercheurs anglophones ont été mobilisés derrière le texte rédigé par David Schindler et quelques collègues. À son avis, il ne faut pas interpréter cette faible participation des francophones du Québec comme signifiant qu'ils accordent peu d'importance aux modifications que les conservateurs pourraient introduire, la semaine prochaine, dans les mesures budgétaires pour affaiblir la Loi fédérale sur les pêches. "
Article écrit par Louis-Gilles Francoeur publié dans Le Devoir le 23 mars 2012 ici: http://www.ledevoir.com/economie/finances-personnelles/345736/loi-sur-les-peches-625-scientifiques-interpellent-harper
"Don't Gut Fisheries Act, Plead 625 Scientists
Tories plan to stop protecting waterways with fish deemed to lack 'economic, cultural or ecological value.'
By Andrew Nikiforuk, 24 Mar 2012, TheTyee.ca
More than 625 Canadian scientists are demanding that the Canadian government abandon plans to gut the Fisheries Act, the nation's most significant and oldest piece of environmental legislation.
Scientists contacted by The Tyee called the changes shocking and unprecedented.
"We believe that the weakening of habitat protections in Section 35 of the Fisheries Act will negatively impact water quality and fisheries across the country, and could undermine Canada's attempt to maintain international credibility in the environment," states the letter.
"Most Canadian men like to hunt and to fish," said David Schindler, a world famous ecologist in a Tyee interview. "The proposed changes to the Fisheries Act are an attack on the rivers and waterways that support these freedoms," added Schindler who drafted the letter.
Schindler rallied biologists after leaked government documents obtained by former federal fishery biologist Otto Langer a week ago show the Harper government plans to remove habitat protection entirely from the act.
Without protection for rivers, streams and lakes, fish populations will decline, species will go extinct and waterways will become lifeless, say fishery biologists.
Proposed changes likely this year
Langer says that the government wants to piggyback the changes onto the next federal budget.
In a prepared statement Fisheries and Ocean Minister Keith Ashfield confirmed that, "The government is reviewing fish and fish habitat protection policies to ensure they do not go beyond their intended conservation goals."
The terse statement added that existing policies "do not reflect the priorities of Canadians," but provided no explanation.
The Fisheries Act, Canada's best and most clearly-worded environmental legislation, says that "no person shall carry out any work or undertaking that results in the harmful alteration, disruption or destruction of fish habitat."
But Tory changes would make it legal to destroy waterways provided that it does not "result in an adverse effect on a fish of economic, cultural or ecological value."
Like 'eugenics' say scientists
Schindler and other scientists compared the division of fish into valuable and non-valuable species to the wildlife equivalent of eugenics, the Nazi idea that some humans are more racially fit than others.
"It's exactly like eugenics," said Schindler. "It's a stupid idea. What do they think all these commercially important fish eat? Did they ask the fish who is fit and unfit and which fish is of ecological value? They should just scratch this wording out and improve the act, not gut it."
Schindler's work on acid rain, nutrient pollution and oil sands water contamination has prompted major public policy changes in North American and Europe.
John Smol, an award-winning lake biologist at Queen's University says the proposed changes are unbelievable if not shocking.
"It's a disconnect with science. Minnows are a part of the food chain. So what is an ecologically significant fish?"
'They are all ecologically sensitive': Smol
Smol also wondered where the proposals originated. "I can't imagine a federal biologist proposing this. They are all ecologically sensitive. They know how a food chain works."
Given the multiplication of stresses on rivers and waterways including nutrient pollution, climate change, and invading species, Smol says the act should be strengthened, not weakened.
"It's an act we've had from the beginning of the country and it's very important."
Schindler says gutting the act appears to be driven by the government's agenda to accelerate mining and oil sands projects.
"The people who will benefit from these proposed changes are developers who want to build roads or big projects who now have to deal with stream crossing permits. The people who won't benefit are commercial fisherman, First Nations and Canadians who juhst like to angle for pleasure."
In addition two former fisheries ministers, John Fraser and Tom Siddon, have both strongly condemned the government's proposal to emasculate the legislation along with the Canadian Society for Ecology and Evolution.
Since 2009, the government of Stephen Harper has weakened the Navigable Waters Protection Act, exempted big infrastructure projects from the Canadian Environmental Assessment Act and repeatedly downgraded commitments to address atmospheric pollution. Environment Minister Peter Kent is being sued for refusing to uphold the Species At Risk Act and protect woodland caribou in northern Alberta in the oil sands region."
Link: http://thetyee.ca/News/2012/03/24/Fisheries-Act-Gutting/
Subscribe to:
Post Comments (Atom)
No comments:
Post a Comment