Tuesday, April 27, 2010
Les élevages intensifs
La revue Time a publié le 23 avril une entrevue avec le journaliste David Kirby, l'auteur du livre "Animal Factory", qui expose les problèmes reliés avec l'élevage industriel intensif des animaux destinés à la nourriture de la masse humaine.
Tout d'abord, je dois exliquer qu'aux États-Unis, un élevage de plus de 1,000 unités animales est appelé CAFO, Confined Animal Feeding Operation, qui pourrait se traduire comme opération d'engraissage d'animaux enfermés. Pour vous donner une idée de grandeur, une unité animale est une vache laitière tarie, ou 2 bouvillons d'engraissement, ou 5 porcs d'engraissement, ou 18,2 porcelets sevrés. Il s'agit donc d'une mesure relative à la grosseur de l'animal, de la moulée requise pour l'alimenter et du volume d'excréments produits.
Dans l'article du Time, on mentionne que les compagnies possèdent ces élevages, sans les nommer. Ici au Québec, le système porcin (que je connais le mieux) fonctionne plutôt avec des intégrateurs complets ou partiels, comme les Fermes F. Ménard ou le Groupe Robitaille.
À Richelieu en 2005, quand on nous a annoncé l'implantation de la porcherie de la Ferme Notre-Dame et son épandage tout au long de la rivière Richelieu en amont de notre prise d'eau potable, la capacité était de 2,800 porcs à l'engraissement et 3,000 porcs en pouponnière. En unités animales, cela fait 560+164,8=724,8 UA. Les frères grossissaient aussi un cheptel de bovins à 90 vaches à boucherie avec leurs 90 veaux de 0@6 mois, ce qui porterait le nombre total d'UA à 814,8 minimum. Ce qui me fait penser que la Ferme Notre-Dame n'est pas loin des critères d'un CAFO des É.-U. de 1,000 UA, si elle fonctionne à pleine capacité, bien entendu.
À la lumière de ces éclaircissements et précisions, ce qui se passe chez nos voisins du sud est très semblable à ce qui se passe ici au Québec. Voici donc quelques extraits traduits de cette entrevue publiée dans le Time.
Si vous mangez de la viande, il y a des bonnes chances que vous mangez de la viande d'un animal engraissé dans un CAFO. Selon le département de l'agriculture des USA, 2% des élevages produisent 40% de tous les animaux de boucherie. Ce qui veut dire que les cochons, poulets et vaches sont concentrés dans un petit nombre de très grosses fermes. Mais même si vous êtes végétariens, les effets sanitaires et environnementaux de ces élevages vous atteignent. Dans son livre "Animal Factory", le journaliste David Kirby se penche sur les problèmes des élevages industriels, leurs excréments non-traités et les cours d'eau pollués. Il souligne le manque de contrôle gouvernemental et le sort tragique d'une rivière de la Caroline du Nord.
Dans ces élevages, les fermiers ne possèdent pas les animaux: les animaux appartiennent aux grosses compagnies qui dictent aux fermiers les conditions d'élevage, les caractéristiques des bâtiments, quoi faire pousser et le choix de la moulée. Les compagnies dictent tout, incluant la température des bâtiments et la journée de collecte des animaux pour les emmener à l'abattage.
Elles portent le nom de fermes industrielles dans le langage commun, mais leur nom officiel désigné par le gouvernement des É.-U. est CAFO. Les animaux y sont enfermés toute leur vie. Ils ne vont jamais dehors. Ils ne respirent jamais l'air libre. Ils ne voient jamais le soleil.
Ces animaux ne mangent plus ce que leur diète normale et naturelle devrait être. C'est une moulée de grains concassés, du maïs et du soya, souvent relevée d'antibiotiques, ce qui devient un problème quand vous étendez leurs excréments sur des terres agricoles.
Il y a tout simplement trop d'animaux dans des espaces trop petits. Dans une ferme traditionnelle soutenable, il y a les récoltes variées et les animaux. Il y a des pâturages, et un certains nombre d'animaux par acre. Mais quand vous avez le double d'animaux sur le même espace, vous avez un problème: vous ne pouvez pas les mettre au pré, vous les entassez dans un bâtiment. Vous ne pouvez pas faire pousser assez de fourrage pour les nourrir: vous devez faire venir leur moulée. Vous n'avez pas assez de surface pour absorber leurs excréments.
Les excréments sont liquéfiés. Ils sont délavés dans des fosses où ils marinent jusqu'à ce que le fermier puisse faire l'épandage sur les quelques récoltes qu'on lui permet de faire pousser. Mais le volume de purin est tel que j'en ai vu arrosé dans des cours d'eau. Les fosses pleines de purins finissent par craquer, couler, se briser et déborder. Le purin n'est pas traité. Nous ne permetterions jamais des fosses immenses d'excréments humains de mijoter tout près des maisons des gens et des écoles. Mais parce que c'est de l'agriculture, les lois sont différentes.
Parfois, on peut même voir le purin ruisseler et se diriger vers le cours d'eau le plus près. D'autres fois, ils sont à épandre jour et nuit parce que personne ne les surveille. Vous ne voyez rien de la route. Il y a très peu d'inspecteurs, et il ne sortent pas pour surveiller tout le monde. (Autour de chez moi, on aime épandre avant une grosse pluie annoncée par Environnement Canada - çà permet de retourner plus tard et recommencer)
Beaucoup de lois sont aux niveaux de l'état ou du comté, alors tout dépend de la volonté politique et de la culture politique de chaque région. Si vous tentez de faire passer des standards de pollution, l'industrie se plaint qu'elle est déjà trop règlementée. L'industrie affirme que si vous les forcez à réduire leur pollution, elle ne sera plus rentable. Elle dit en effet qu'elle ne peut faire des profits que si elle peut polluer et enfreindre à la loi. Cela devrait être inacceptable pour tout le monde.
Pour approfondir vos connaissances sur l'histoire, l'économie, les impacts sociaux, sanitaires et environnementaux de l'industrie porcine au Québec, lisez "Porcheries! la porciculture intempestive au Québec", collectif sous la direction de Denise Proulx et Lucie Sauvé, éditions Écosociété: http://www.ecosociete.org/t110.php
Pour savoir si des élevages s'implantent ou augmentent leur cheptel près de chez vous, visitez le site du MDDEP qui octroie les permis: http://www.mddep.gouv.qc.ca/certificats/certificats.htm
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"The Problem with Factory Farms
If you eat meat, the odds are high that you've enjoyed a meal made from an animal raised on a factory farm (also known as a CAFO). According to the USDA, 2% of U.S. livestock facilities raise an estimated 40% of all farm animals. This means that pigs, chickens and cows are concentrated in a small number of very large farms. But even if you're a vegetarian, the health and environmental repercussions of these facilities may affect you. In his book Animal Factory, journalist David Kirby explores the problems of factory farms, from untreated animal waste to polluted waterways. Kirby talks to TIME about large-scale industrial farming, the lack of government oversight and the terrible fate of a North Carolina river.
The farmers typically don't own the animals — the companies do. It's almost like a sharecropping system. The company tells them exactly how to build the farm, what to grow and what to feed. They manage everything right down to what temperature the barn should be and what day the animals are going to be picked up for slaughter.
We collectively refer to these facilities as factory farms, but that's not an official name. The government designation is CAFO, which stands for Concentrated Animal Feeding Operation. Basically, it's any farm that has 1,000 animal units or more. A beef cow is an animal unit. These animals are kept in pens their entire lives. They're never outside. They never breathe fresh air. They never see the sun.
You're often no longer feeding animals what they're genetically designed to eat. CAFO cows eat a diet of milled grains, corn and soybeans, when they are supposed to eat grass. The food isn't natural because they very often put growth hormones and antibiotics in it. That becomes a problem when you put that manure on the ground.
There are simply too many animals in too small of a place. In a traditional farm, a sustainable farm, you grow both crops and animals. There is a pasture, and you have a certain number of animals per acre. But when you have 2,000 cows per acre instead of two, you have a problem. You can't fit them in a pasture — you fit them in a building. You can't grow enough crops to feed them — you have to ship in their feed. You don't have enough land to absorb their waste. It has nowhere to go.
The manure is liquefied. It gets flushed out into an open lagoon, where it is stored until farmers can use it on what few crops they do grow. There's just so much of it, though. I've seen it sprayed into waterways and creeks. These lagoons filled with waste have been known to seep, leak, rupture and overtop. This stuff is untreated, by the way. We would never allow big, open cesspools of untreated human waste to just sit out on the ground near people's homes and schools. And yet because it's agriculture, the rules are different.
Sometimes you can even see the waste runoff going directly going into the water. Other times they're out there spraying night and day because nobody is watching them. You can't see this from the road. There are very few inspectors, and they're not going to go out there and monitor everyone.
A lot of the laws are on the state and county level, so it depends on the political will and political culture of the individual state. If you try to pass pollution standards, the industry complains that they're already too heavily regulated. They claim that if you force them to reduce how much they pollute, they're not going to be able to operate. They're essentially saying they can only make money by polluting and breaking the law. That should be unacceptable to everybody."
Excerpts from article written by Claire Suddath, published in Time Magazine here: http://www.time.com/time/health/article/0,8599,1983981,00.html
If the pig facilities, revealed to the public in Richelieu in 2005 and up and running now, are at full production, the Ferme Notre-Dame in Richelieu and its slurry spreading near the Richelieu River is almost up to the US CAFO criteria. In Quebec, the "companies" that own these "farms" in full or in part are called integrators, like F. Ménard or the Robitaille Group. Meaning that even if this production is heavily subsidized and financially supported by all government levels, the economic returns are not always good, so often the individual farmer and his family may fold, but the integrator will buy up what's not theirs already, and keep the production going.
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