Friday, June 25, 2010
L'élevage du porc: une amélioration?
Selon le titre de l'article que j'ai trouvé, on veut nous laisser croire que l'élevage du porc se fait plus proprement en Caroline du Nord depuis le déversement de 1995. Le 21 juin de cette année-là, un bassin de décantation de purin de porc avait crevé et une rivière du liquide avait envahi les rues du village pour se déverser dans les tributaires de la New River, pour se rendre jusqu'à Jacksonville. Des milliers de poissons ont péris, les ruisseaux étaient pleins de purin jusqu'à un mille du déversement.
Mais les témoignages des gens sur le terrain laissent douter de la véracité du titre. Et cet article parle de la Caroline du Nord, mais il ne faut pas croire que c'est bien différent ici au Québec!
On entrepose toujours l'urine, les excréments et les eaux de rinçage des bâtisses dans des étangs là-bas, dans des fosses ici. Pour s'en débarasser, on épand le purin sur les champs agricoles durant les mois dont la température le permet. Mais même avec les organismes de règlementation, les actions juridiques et les lois, les éleveurs se débarassent toujours du purin de la même façon. Mais il ne faut pas toujours blâmer le fermier.
Aux USA, des corporations multi-millionnaires gèrent la plupart des gros élevages de porcs: les milliers de petites fermes avec des porcs sont maintenant que quelques centaines d'élevages industriels. La plupart des fermiers de la Caroline du Nord sont endettés jusqu'aux oreilles et liés contractuellement aux usines de viandes à qui ils doivent vendre leurs bêtes. Au Québec, ce sont les intégrateurs qui mènent le bal, possèdent les bêtes, la moulée, les vétérinaires et les médicaments, dictent les poids, les journées d'abattage. Les fermiers possèdent les dettes, les bâtisses, les terres et le purin. La MAPAQ l'explique bien sur son site: http://www.mapaq.gouv.qc.ca/NR/rdonlyres/785BBE00-2383-45BB-BCB8-E62AC3F54160/0/integration_contractuelle.pdf
À Richelieu, je ne me fais pas d'illusions: si les frères font faillite, Robitaille fait main basse sur la ferme, et l'épandage continuera de plus belle. Comment puis-je faire une telle affirmation? L'invitation à la fête de l'ouverture de la porcherie à Richelieu était signée par les 2 frères et le Groupe Robitaille.
L'article continue en disant que les corporations ont vu à ce que le système du commerce du porc les rends intouchables: ils ne sont pas responsable des erreurs de gérance, des déversements de purin et des dommages à la santé publique et à l'environnement.
Beaucoup de temps, d'énergie et d'argent ont été investis dans les nouvelles technologies pour améliorer le cycle du purin de porc, mais les fermiers n'ont pas fait ces changements. En 1997, il y a eu un moratoire de 10 ans sur les nouvelles porcheries. En 2007, une loi de protection de l'environnement rend illégal l'entreposage du purin dans des étangs de sédimentation et l'épandage aux champs comme méthode primaire de traitement de purin sur les nouvelles porcheries et les agrandissements de celles qui existent déjà. On exige de ces élevages des technologies de traitement de purin plus avancées.
Ce qui fait qu'il n'y a pas eu de nouvelles porcheries en Caroline du Nord depuis 1997. Les nouvelles technologies de traitement de purin maintenant exigées ne seront jamais aussi rentables que de tout simplement le déverser dans un trou dans la terre. Les éleveurs de porcs dans cet état sont déjà les plus règlementés de tous les États-Unis: il y a 2 inspections par année.
Voilà où nous sommes différents au Québec. En 2005, j'ai su que les porcheries étaient inspectées une fois aux 2-3 ans, si jamais! L'épandage du purin brut est toujours autorisé. Et dans ma région, on profite souvent d'une journée juste avant une pluie annoncée par Environnement Canada. À Richelieu, nous avions été bénis par un projet pilote d'injection du purin directement dans le sol en 2006 (http://monteregieweb.com/main+fr+01_300+La_ferme_NotreDame_devient_un_projet_pilote_en_matiere_dincorporation_des_lisiers.html?ArticleID=464014&JournalID=25 ), mais des voisins me disent que les frères n'en profitent plus.
Ici, comme là-bas, on élève toujours du cochon sur gestion liquide. La Caroline du Nord en élève 10 millions par année, le Québec, plus de 7 millions. Il y a plus de porcs en Caroline du Nord qu'il y a de personnes. À Richelieu, la porcherie peut contenir 5,800 cochons à la fois; nous avons une population d'humains d'environs 5,500. Certains disent que chaque porc génère 3 fois plus d'excréments qu'un humain: http://www.thespec.com/article/383493 . À Richelieu, les terres agricoles qui reçoivent tout le purin se draînent dans la rivière Richelieu, sans traitement ni filtration.
"Much has changed in 15 years since devastating hog spill
Life-long Onslow County resident Sydney Whaley was sitting on his front porch on a hot summer day in 1995 watching traffic that had been routed past his A.I. Taylor Road home because of a wreck on U.S. 258 when a river of hog manure flooded the street as high as the cars’ bumpers. Fifteen years later, Whaley, 78, homebound with an oxygen tank at his side, said he can still smell the manure. On June 21, 1995, the side of an 8-acre hog waste lagoon at Oceanview Farms ruptured, spilling nearly 22 million gallons of hog waste into the surrounding area, including tributaries that feed into the New River.
The waste quickly spread into a giant deadly plume, making its way from the Richlands area all the way down river to Jacksonville. Thousands of fish caught in its path were killed. The stench — dead fish mingling with hog waste — was nearly unbearable in the days that followed, residents at the time said. About a mile from the spill, roadside ditches were filled with the frothy reddish-brown effluent, according to archived news reports.
Hog farm operations store raw urine and feces in open lagoons and spray the material onto fields during warmer months. Oceanview Farms did not have enough acres for spraying the amount of hog waste stored in the farm’s lagoon, which caused the waste to be a foot higher than it should have been, according to a state environmental report issued the year after the spill.
New Riverkeeper Tess Sanders said that since regulatory agencies, lawsuits and legislation have failed to change the way farmers eliminate hog waste, we are “as close to another major spill as we have ever been.” Sanders, however, said she does not blame the farmers. “Multi-million dollar corporations control many factory farms,” she said, adding that what was once thousands of family hog farms are now a few hundred industrial swine facilities that raise more pigs a year than North Carolina has people. She said many eastern North Carolina hog farmers are mortgaged up to their eyeballs and in hock to the meat processing plants they are contracted with to sell their animals.
“The bottom line is that corporations have cleverly designed a system of conducting business that makes them immune from the liability of mismanagement of animal waste and the harm it causes public health and the environment,” she said. “The corporations own the food and the hogs; the farmers own the debt and the pig (feces).”
Sanders said a lot of time, energy and money have been invested in new technology to improve the way hog waste is dealt with, but farmers have chosen not to implement any changes. In 1997, the General Assembly enacted a 10-year moratorium on new hog farms. In 2007, the Swine Farm Environmental Performance Standard Act permanently banned the use of lagoons and sprayfields as the primary method of waste treatment for new or expanding farms, and requires such farms to use a superior waste management technology.
There have been no new hog farms in North Carolina since 1997. Only one farm, in Sampson County, has undertaken the changes required to expand, said Keith Larick, the animal feeding operations unit supervisor with the N.C. Division of Water Quality. A 2006 Waterkeepers Alliance lawsuit settlement with Smithfield Foods requires North Carolina hog farmers to adapt new environmentally-friendly technology into their waste systems when it becomes feasible to do so. “It will never be cheaper than dumping it into a big hole in the ground,” Sanders said.
Lane (hog farmer) said he sat on a panel at N.C. State University that reviewed the alternatives, and most of the ideas were no better than lagoons. “The ideas are just too cost prohibitive,” he said. “We can’t afford to do it. We don’t farm hogs in a bubble; we are competing with the rest of the world.” And North Carolina hog farmers are already regulated more than in any other state, said Tommy Stevens, the director of environmental services for the N.C. Pork Council. “North Carolina hog farmers have to submit to two compliance inspections a year,” he said.
Whaley, who often sits on his front porch and stares across the road to the spot where in 1995 hog waste flooded a tobacco field and rose halfway up the tires of a passing Trailways bus, said he doesn’t believe hog farmers have changed. “We fought them putting in the hog house and lost; and after the dam broke, we fought them and lost,” he said. “A little man out here don’t have no voice. Our families built this county, but other people run it now.”
Despite hundred of thousands of dollars in fines and court costs and a class action lawsuit, Oceanview Farms still raises pigs. At close to 10 million hogs, North Carolina is the No. 2 producer of swine in the United States behind Iowa. Hogs produce more fecal matter in eastern North Carolina each day than is produced by all the combined residents of North Carolina, California, Pennsylvania, New York, Texas, New Hampshire, and North Dakota, according to a study by the University of North Carolina at Chapel Hill."
Excerpts from article written by Lindell Kay published here: http://www.jdnews.com/news/hog-79558-manure-whaley.html
Things are much the same in Quebec. Quebec produces at least 7 million pigs a year. There are more hogs in N.C. than people. The hog facility in Richelieu can house more hogs than there are people in Richelieu. Quebec is a lot like N.C., except we don't have 2 inspections a year. And companies like Oceanview Farms are called integrators here, like F. Ménard and Groupe Robitaille. The open house party invitation for the pig farm in Richelieu was signed by the 2 brothers and Groupe Robitaille...
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Dans La Presse aujourd'hui: "Le porc de la discorde" - "Près de cinq ans après la levée du moratoire sur l'implantation de nouvelles porcheries, citoyens et promoteurs s'opposent encore sur certains projets, comme c'est le cas actuellement à Saint-Louis-de-Gonzague. Des citoyens s'inquiètent des risques, déplorent le manque de pouvoir des municipalités et questionnent la pertinence même de bâtir de nouvelles porcheries."
ReplyDeleteLire les articles au complet dans La Presse Affaires ici: http://lapresseaffaires.cyberpresse.ca/economie/quebec/201006/25/01-4293051-le-porc-de-la-discorde.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_BO4_la_2343_accueil_POS1 et ici: http://lapresseaffaires.cyberpresse.ca/economie/quebec/201006/25/01-4293053-lindustrie-porcine-fortement-subventionnee.php et ici: http://lapresseaffaires.cyberpresse.ca/economie/quebec/201006/25/01-4293054-industrie-porcine-fin-du-moratoire-retour-de-lopposition.php
Rien, vraiment rien n'a changé! Les industries du porc et du béton règnent toujours suprêmes au Québec!
P.S.: Merci pour les liens, Kim!