Friends of the Richelieu. A river. A passion.



"Tout cedit pays est fort uny, remply de forests, vignes & noyers. Aucuns Chrestiens n'estoient encores parvenus jusques en cedit lieu, que nous, qui eusmes assez de peine à monter le riviere à la rame. " Samuel de Champlain


"All this region is very level and full of forests, vines and butternut trees. No Christian has ever visited this land and we had all the misery of the world trying to paddle the river upstream." Samuel de Champlain

Friday, June 22, 2012

POURQUOI SAUVER LES PANDAS?


"Je suis née à Richelieu, sur le bord de la rivière du même nom. Sur ses rives, j'ai appris à marcher, à nager, j'y ai pratiqué bien des sports d'hiver et d'été. Mais le meilleur souvenir de mon enfance demeure la baignade dans son eau claire; quoi de mieux qu'explorer les fonds rocailleux du Richelieu, humer son arôme d'eau relevée de poisson et d'herbes aquatiques. Que le saumon retrouve sa rivière natale pour frayer par son odeur, j'y crois.

Mais j'ai dû arrêter de me baigner dans ma rivière: la pollution industrielle, municipale (égouts) et agricole avaient fait des ravages. À partir de mon adolescence, j'ai dû me contenter de rêver, de contempler et d'admirer ses paysages.

J'ai grandi avec la génération qui a trouvé sa conscience environnementale. Pour moi, cela a commencé très tôt: quand j,ai eu un an, ma grand-mère m'a donné un arbre. À la télé, mes émissions préférées étaient les documentaires sur la nature: Cousteau était un héros pour moi. Mais après réflexions et examen de conscience, à quoi cela servait de sauver les pandas, les tigres des Indes ou la forêt amazonienne, si je ne pouvais plus me baigner dans ma propre (qui ne l'était plus) rivière? En 1985, je laisse tomber les causes mondiales et je me concentre sur ma rivière.

Je m'instruis sur les lois environnementales de mon pays et de ma province. J'apprends que très peu protègent nos cours d'eau et les directives n'ont pas de mordant. Je me renseigne sur des sujets comme l'érosion, la sédimentation des frayères, la pollution par les métaux lourds, les pesticides persistants, les organo-chlorés, les dioxides, etc... J'apprends qu'une solution à plusieurs problèmes qui affligent ma rivière, c'est l'intégrité de la bande riveraine: la végétation empêche les sols de se laver dans la rivière, les arbres filtrent les produits toxiques dans l'eau et les sédiments, l'ombre des arbres protège le milieu du poisson en jetant de l'ombre sur ses berges et le littoral en empêchant la température de l'eau de trop s'élever durant l'été.

Pourtant, jusqu'en 1985, ma municipalité procédait à des coupes massives d'arbres au bord de l'eau, à presque tous les deux ou trois ans. C'était un non-sens. Je me suis mise à écrire des lettres: au fédéral d'abord, qui me référait au provincial, qui me référait à la MRC, qui au fil des ans me référait à ma municipalité. Quel cirque!

Les coupes ont ralenti, je l'avoue, mais une section du bord de l'eau de ma ville se fait couper tous les ans, soit par un citoyen, soit par des employés de ma ville. Sur une longueur d'un kilomètre, seulement 5 arbres ont plus que 20 ans sur le bord de la rivière Richelieu, entre le pont Yule et la limite nord de Richelieu et Saint-Mathias. Et c'était à prévoir, la ville a consulté un ingénieur cette année pour étudier les problèmes d'érosion le long de la berge: c'est crucial, car la Première Rue déboulera dans la rivière si on n'y voit pas.

Qu'est-ce qui motive ces coupes d'arbres? Si je comprends bien, les riverains veulent voir la rivière: c'est pour çà qu'ils ont une maison sur le bord de l'eau. Et le droit des quelques 30,000 personnes qui boivent son eau? Et l'intégrité écologique de la plus grosse rivière du bassin sud du fleuve Saint-Laurent? Et toutes les espèces de la flore et de la faune qui en dépendent, entre autres l'espèce la plus menacée du Québec: le chevalier cuivré? C'est un conflit entre une vision à court terme et une vision à long terme, et ce n'est pas qu'un jeude mots, croyez moi."

Johanne Dion
Texte publié dans La Presse du dimanche 9 septembre 2001, page A13

WHY BOTHER SAVING THE PANDA? - letter published in the Montreal La Presse in 2001

"I was born in Richelieu, by the river of the same name. On it's shore, I learned to walk, to swim; I learned summer and winter sports there. But my best childhood memories are those of swimming in it's clean water; nothing better than looking for nice pebbles in the Richelieu river floor, smelling the water smells mixed in with fish and algae. I beleive those that say that salmon find the river they were born in by smell.

But I've had to stop swimming in the river: industrial, municipal (wastewater) and agricultural pollution did it in. In my teenage years, I've had to stop and be content in spending time overlooking it's vistas and enjoying the sounds of a polluted, but still live river and it's fauna.

I was of the generation that became environmentally aware. For me, it all started very early: on my first birthday, my grandmother gave me a tree to plant in my parent's yard. My favorite television shows were documentaries about nature: Cousteau and David Suzuki were my heroes. But after a lot of pondering, I had to admit that it was no use trying to save the panda in China, or the tigers in India, or the rain forests in South America if I couldn't swim in my own river. As of 1985, I would spend all my energy on the river that flowed in front of my home.

I learned about all the environmental laws of my country and my province. I realize that the few of them did very little to change anything in the real world. There was very little political will to make things better. I learned about erosion, sedimentation, spawning habits of certain endangered fish, heavy metals, pesticides, organochlorides, dioxides, etc...I realize that one simple solution could help solve many problems that afflict my river: the protection of it's shores. Natural vegetation on river banks prevent soil erosion, tree roots filter toxic substances in the water and in the sediment, shade under trees protect fish habitat by keeping the banks cooler and prevent rain seepage from rising the water temperature too fast in the river in summer.

And yet, till 1985, my town went ahead and clearcutted the shores every 2 years or so. It made no sense to me. I started writing letters: to the federal governement first, that referred me to the provincial governement, who referred me to my MRC (municipal group) that finally referred me to my municipality. I was back to square one.

Tree cutting has slowed down, I must admit, but one part or another of the river bank within city limits gets cut down every year, either by a landowner, or by a city employee or contractor. On a stretch of 1 kilometer, you can count only 5 trees that are more than 20 years old between the Yule Bridge and the northern border of Richelieu adjoining Saint-Mathias. And as it could be expected, this year, town hall hired an engineer this year to study erosion problems along the river: it's very important because the whole First Street could end up in the river if we neglect this.

Why to people cut the trees along a river? As far as I can tell, landowners want to be able to see the river: that's why they bought a house by the river. But what about the right to clean water for the 30,000 somewhat people that drink the water from this river? And what about the ecological integrity of the most important southshore river of the St.Lawrence? And what about all the fauna and the flora that depend on it, like the most endangered species of Quebec, the Copper Redhorse? It's short term vision against long term planning, and that's not only a play on words, believe me!"

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