Quand j’étais petite, je pouvais me baigner. Alors, comme maintenant, j’habitais sur le bord de la rivière Richelieu. J’ai eu la chance d’avoir des parents qui aimaient la campagne et ne craignait pas de voyager soir et matin pour aller travailler : le plaisir d’arriver à la maison et aller se saucer dans la rivière avant de souper en valait la peine. J’ai décidé d’en faire de même et j’habite à trois maisons d’où j’ai grandi.
Alors, l’eau était limpide, les poissons fringants, les cailloux miroitants. Pendant les canicules, je descendais à la rivière jusqu’à 8 fois par jour pour une saucette. La seule règle, c’était la baignade interdite les deux heures après le repas. Une autre consigne, c’était défendu de crier, à moins d’une urgence : ma survie pourrait en dépendre.
Quel plaisir de nager contre le courant et faire du surplace! J’aimais faire un jeu de plonger au fond pour cueillir les plus beaux cailloux. Il y avait toujours des bancs de petits poissons qui nous passaient entre les jambes.
Quand j’étais petite, j’étais libre d’explorer les bas fonds, les rivages herbeux, les sous-bois, les talus fleuris. Et ce pendant des heures, jusqu’à ce que l’estomac me ramène à la table familiale.
Maintenant que je suis grande, la baignade dans la rivière est interdite. J’ai toujours déploré ce règlement municipal : çà suggère qu’on a abandonné l’espoir de pouvoir se baigner dans rivière un jour, malgré les efforts d’assainissement des années ’90.
Maintenant que je suis grande, l’eau de la Richelieu regorge de coliformes : les usines de traitements municipaux et les industries ont amélioré la qualité de l’eau, mais il y a encore beaucoup de progrès à faire dans les pratiques agricoles, l’application de la Politique de protection des rives et du littoral et le suivi des fosses sceptiques non-conformes.
Maintenant que je suis grande, les arbres sur les rives sont émondés tous les ans, à cause des revendications des citoyens à l’Hôtel de ville. Les gens qui ont payé des gros sous pour une maison sur le bord de l’eau veulent être capable de voir la rivière de leur salon!
Maintenant que je suis grande, il y a des règlements municipaux qui obligent les propriétaires de terrains vaques de faucher leur champ au moins deux fois l’an. Ne respectant plus les cycles de vie des fleurs sauvages, les talus le long de la rivière sont fauchés souvent au moment où les fleurs sauvages sont à leur apogée! Et la régénération naturelle, les nouveaux petits arbres n’ont jamais leur chance de jeter de l’ombre et se font couper sans pitié.
Maintenant, la rivière voit son manteau protecteur, ses rives filtrantes, taillé sur mesure aux besoins des humains sans scrupules.
Non, je n’ai pas de piscine : je n’aime pas me baigner dans un bocal chloré. J’ai trop aimé l’eau vive, les cailloux multicolores et les poissons sautillants…
Quand j’étais petite, je pouvais me baigner…
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I could go swimming, when I was a little girl...
When I was a little girl, I could go swimming in the river. Then, as now, I lived by the Richelieu River. I was lucky: my parents loved being in the country and did not balk at the idea of having to commute for work. Having the privilege to go for a swim in the river once we got home, before supper, was well worth living a bit far from the city. I decided I would do the same once I grew up: I now live 3 houses away from the one where I grew up.
Then, the water was clear, the fish frisky, the pebbles shiny. During the hot summer spells, I would sometimes go down to the river up to 8 times a day, just to cool down. But my parents were very strict: no swimming until 2 hours after eating! And no shouting! Shouting is to be when and if I get into trouble. Otherwise, I was free to come and go as I pleased.
How much pleasure I got from swimming against the flow of the river, basically going nowhere fast! How I loved diving down to fetch the nicest stones at the river bottom! There was always small fish swimming between my toes.
When I was a little girl, I would explore every river nook and cranny, the weedy shore and its wildflowers, the small shady thickets, for hours, until my stomach begged me to go home for lunch.
Now that I am grownup, swimming in the river is prohibited. I always felt sorry for that municipal law: it implies that we have given up on swimming in the river again one day. Although the cleaning up of the river was going well in the 90s, the pollution has been getting worse for the past 2 decades.
Now that I'm grownup, the water in the Richelieu river is full of coliform: water treatment plants and industries have pretty cleaned up their act, but a lot more needs to be done about our agricultural practices. Our policies about protecting our watercourses and checking up on septic systems need to be enforced.
Now that I'm grownup, trees along the river are trimmed every year because riverside residents pressure City Hall: people who buy houses by the river want a clear view of it from their living room.
Now that I'm grownup, municipal laws require that owners of fallow land mow at least twice a year, with no consideration of wildflower life cycles. So often river shores are mowed down just when the wildflowers are at their peak instead of waiting for the seeds to mature and assure their reproduction. So natural regeneration and forest colonization is impossible: tree seedlings barely grow a foot tall before being beheaded mercilessly.
Now, the river's protective blanket, the shrubbery shores, are being tailored to suit unscrupulous human needs.
No, I don't fancy swimming pools: I don't really like swimming in a chlorinated aquarium. I loved whitewater, multicolored pebbles and lively fish too much...
When I was a little girl, I could go swimming in the river...
Tuesday, December 15, 2009
Quand j'étais petite, je pouvais me baigner...
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