Friends of the Richelieu. A river. A passion.



"Tout cedit pays est fort uny, remply de forests, vignes & noyers. Aucuns Chrestiens n'estoient encores parvenus jusques en cedit lieu, que nous, qui eusmes assez de peine à monter le riviere à la rame. " Samuel de Champlain


"All this region is very level and full of forests, vines and butternut trees. No Christian has ever visited this land and we had all the misery of the world trying to paddle the river upstream." Samuel de Champlain

Sunday, September 29, 2013

Je voudrais voir le fleuve


"Je voudrais voir le fleuve
Stéphane Laporte La Presse

Messieurs Bergeron, Brûlé, Coderre, Côté et madame Joly, si vous voulez mon vote, le 3 novembre, vous n’avez qu’une chose à faire : montrez-moi le fleuve.

Je suis né à Montréal, j’y vis depuis toujours. J’aime ma ville. Mais je n’ai jamais eu l’impression d’habiter une île. À part quand je suis pris dans un bouchon sur le pont. Je regarde ces gratte-ciel surgir de l’eau. Je trouve ça beau. Mais cette image est un mirage. Une fois que je suis rentré dans Montréal, l’eau disparaît. Il ne reste que la montagne de plus en plus cachée. Tout n’est que béton et nids-de-poule. J’ai l’impression d’avoir été trompé.

Avant les Jeux olympiques, avant le baseball, ce qu’il faut ramener à Montréal, c’est le Saint-Laurent. Pas besoin d’aller chercher ça ailleurs. Pas besoin de se traîner par terre devant des barons et des financiers. Pas besoin d’ériger de stade ni d'aménager de pentes de ski. Le Saint-Laurent est déjà là. C’est juste qu’on l’a entreposé. Il faut le sortir de l’usine. Il faut le donner aux promeneurs, aux familles, aux artistes. Pas juste des petits bouts. Il ne faut pas être obligé de le chercher. Il faut que ce soit lui qui vienne à notre rencontre. En courant le courant. Il faut qu’on n’ait pas le choix de le voir. Et de l’admirer. Il faut qu’il soit partout. Tout autour de nous. Et que l’on soit à lui. Que l’on soit son île. Son bijou dans le cou.

Lorsque les Montréalais auront accès au fleuve, ils seront plus heureux. C’est certain. Le bonheur des citoyens, voilà la vraie et la seule mission d’un maire.

L’eau apaise. L’eau fait du bien. Le grand bleu nous éloigne des petits problèmes. Une journée de travail devient une journée de voyage quand on la termine au bord de l’eau.

Je sais bien qu’il y a la plage Doré et quelques endroits dans le Vieux-Port où l’on voit de l’eau. Mais ce n’est pas assez. Ce sont des coins reclus qui ne font pas partie de notre quotidien. Quand on les rejoint, on a fait un gros effort. Ce n’est pas naturel. On a l’impression d’être dans une zone inventée. On ne veut pas juste un hublot sur le fleuve. On veut la vue au complet. On veut que l’air du grand large rejoigne la senteur des smoked meats !

Il faut que le Saint-Laurent soit aussi présent à Montréal que la Seine est présente à Paris. Il faut que tous les habitants de Montréal sachent qu’avant d’être une rue, Saint-Laurent était un fleuve. Notre fleuve. C’est lui notre vraie Main. Notre route principale.

Être entourée d’eau est une bénédiction pour une ville. Partout dans le monde, les villes qui ont cette chance organisent leur cité en fonction de ce privilège. Il n’y a qu’ici qu’on boude notre fleuve. Qu’on lui tourne le dos.

Quand tu es dans Rimouski, c’est ce que tu vois. Quand tu es dans Sydney, Australie, c’est ce que tu vois aussi. J’ai passé quatre jours à Shanghai, en Chine, et j’ai vu plus souvent et plus longtemps le fleuve Huangpu, en quatre jours, que j’ai vu à Montréal le Saint-Laurent en 50 ans. C’est absurde.

En ce moment, tous nos aspirants maires sont occupés à nous promettre de ne pas nous voler. C’est bon à savoir. C’est rassurant après tout ce qui s’est passé. Mais ce n’est pas une finalité. Ça devrait même n’être qu’un point de départ. C’est louable d’affirmer que vous allez gérer nos deniers avec honnêteté. Mais ce n’est pas assez. On a besoin d’une vision. La vision du fleuve. C’est ce qui pourrait nous inspirer le plus. Pas juste durant 15 jours. Pas juste une saison. Mais chaque jour de notre vie. De génération en génération.

Ayez un plan. Trouvez un urbaniste qui saura dessiner Montréal avec de la vie près de l’eau. Pas juste des condos avec vue dessus. Ayez des yeux de badauds, aussi. Faut pas avoir à payer des millions pour apercevoir le fleuve. La vue sur le fleuve n’est pas un privilège. La vue sur le fleuve est un droit. Le Saint-Laurent est une valeur québécoise. Je dirais même qu’historiquement, elle est la première.

C’est facile de dire : nous allons redonner le fleuve aux Montréalais. C’est autre chose de le faire. Présentez-nous quelque chose de concret. Le maire Tremblay, malgré tous ses défauts, a tout de même réalisé concrètement le Quartier des spectacles. Qu’allez-vous mettre en œuvre pour réaliser concrètement le spectacle du fleuve ?

Le Saint-Laurent est en représentation, tous les jours. C’est juste que nous n’avons pas accès à la scène. Faut changer ça.

Celui ou celle qui me dirigera vers le fleuve sera mon dirigeant ou ma dirigeante.

Vive Montréal !

Vive la vue libre sur le fleuve !"

Lien: http://plus.lapresse.ca/screens/4bbd-3b3c-5245a41e-8331-485cac1c606d|_0

Tuesday, September 24, 2013

L'éducation à l'écocitoyenneté est un incontournable dit Lucie Sauvé


Pour Lucie Sauvé, la mobilisation citoyenne face à l’attaque contre le bien commun et à l’invasion des territoires par l’industrie du gaz de schiste est un exemple précis de la nécessité d’une éducation à l’écocitoyenneté. Photo: Pedro Ruiz


Société - L'éducation à l’écocitoyenneté est un incontournable
«Tout l’art de la pédagogie doit s’adapter au contexte, aux situations, à l’âge des enfants»

Le Devoir, 21 septembre 2013, texte de Jacinthe Leblanc



"Un des objectifs du rapport Parent a été d’amener l’éducation dans le monde contemporain. À cette époque, les questions d’ordre écologique n’étaient pas d’actualité. Mais, au fil des décennies, elles ont pris de plus en plus d’importance, que l’on pense entre autres aux dossiers du gaz de schiste, de la mine d’uranium à Sept-Îles et du Suroît, sans compter les deux accidents pétroliers majeurs que le Québec a connus dernièrement. Développer l’écocitoyenneté pour faire face aux enjeux socioécologiques actuels apparaît désormais comme un incontournable et se situe dans les suites logiques du rapport Parent.


Si la citoyenneté fait référence « essentiellement à la dimension politique du vivre- ensemble », pour Lucie Sauvé, l’écocitoyenneté se définit comme « vivre ici ensemble ».


Selon la directrice du Centre de recherche en éducation et formation relatives à l’environnement et à l’écocitoyenneté, on oublie trop souvent que l’être humain est situé dans le temps et dans l’espace. « On n’est pas seulement une entité sociale qui flotte au niveau des idées et uniquement des interrelations humaines. Vivre ici ensemble […] nous rappelle qu’ici c’est “oïkos”, c’est éco, c’est la maison, explique-t-elle. Et ça, pour moi, c’est l’idée-clé de l’écocitoyenneté. Nous vivons ici ensemble, nous apprenons ensemble à vivre ensemble dans cette maison de vie partagée. »


L’écocitoyenneté cherche donc à mettre en lumière les liens entre les différentes composantes d’un milieu de vie. Plus encore, « c’est développer les compétences pour être capable de se mettre en situation d’interaction collective au niveau de l’action ou du débat, pour faire en sorte qu’on va contribuer au choix collectif qui nous concerne », précise Mme Sauvé.


Ce qui a mené à son caractère incontournable, c’est le fait que, au Québec, « on se rend compte que c’est à la société civile que reviennent le plus souvent le fardeau de la preuve et la tâche de dénoncer, de résister et de proposer les solutions de rechange ». Mme Sauvé pose un regard réaliste sur le mode de gouvernance et le système politique actuel, où l’État québécois ne se fait plus protecteur du bien commun, surtout en matière d’environnement. « Je pense que l’État, d’abord, en a plein les bras, analyse-t-elle. On se rend compte dans les dynamiques que c’est bien souvent la force des lobbys qui a préséance et qu’il y a des enjeux d’équilibre de pouvoir et électoralistes qui font que l’État n’est parfois pas le meilleur acteur pour prendre les meilleures décisions. »



Le cas du gaz de schiste comme exemple


Pour Mme Sauvé, qui a activement participé à la lutte contre les gaz de schiste, notamment via le Collectif scientifique sur la question du gaz de schiste, la mobilisation citoyenne face à l’attaque contre le bien commun et à l’invasion des territoires par l’industrie est un exemple précis de la nécessité d’une éducation à l’écocitoyenneté.


Lucie Sauvé est catégorique sur le rôle du gouvernement dans ce cas précis : « Aucun ministère ne s’est manifesté pour protéger le bien commun […]. Les ministères ont travaillé sous la pression des lobbys. Et je pense que c’est sévère ce que je vais dire, mais on a constaté, dans ce cas-là et dans d’autres cas, que les responsables de la prise de décisions n’ont pas bien étudié leur dossier. » Les citoyens, voyant le danger, entre autres, menaçant les sources d’eau, l’agriculture et leur qualité de vie, n’ont pas eu d’autre choix que d’entrer dans l’action.


« N’eût été un sentiment très violent, dans le cas du gaz de schiste, d’une invasion des territoires chez les citoyens qui, sans ressources financières entre autres […], se sont mobilisés pour exiger qu’on arrête les moteurs, l’invasion de l’industrie du gaz de schiste aurait probablement commencé à s’installer », analyse-t-elle.


Éducation à l’écocitoyenneté


L’écocitoyenneté peut-elle se développer à l’école ? De l’avis de Lucie Sauvé, oui, mais il ne faut pas s’arrêter là. « L'éducation à l’écocitoyenneté, de toute évidence, passe à travers tous les ordres d’enseignement. […] Mais plus encore ! C’est tout au long de la vie », répond-elle. Ainsi, le développement de l’écocitoyenneté s’acquiert dans l’interaction sociale qui se fait autant à l’école, au travail, à la maison, à la garderie ou encore dans une maison de retraite.


Dans le système scolaire québécois, Lucie Sauvé, qui est également professeure au Département de didactique de l’Université du Québec à Montréal, souligne qu’il y a un grand travail à faire pour y inclure l'éducation à l’environnement et, plus spécifiquement, à l’écocitoyenneté.


Au primaire et au secondaire, il faut faire attention à la confusion entre écocivisme et écocitoyenneté. Le premier, qui renvoie à « des comportements civiques écologiquement responsables et […] à un comportement individuel », comme la récupération, les boîtes à lunch écologiques ou la réduction de la consommation d’eau, est plus présent dans les écoles. Le second veut développer des compétences permettant « de s’insérer dans une dynamique de réflexions écosociales. Et, bien souvent, ça prend place dans l’action », souligne-t-elle.


De la compétence écocitoyenne globale découlent trois compétences interreliées : la compétence politique, la compétence critique et la compétence éthique. « Et tout ça se développe en fonction des âges et des situations de vie. Les approches et les stratégies, c’est aussi tout l’art de la pédagogie qui doit s’adapter au contexte, aux situations, à l’âge des enfants », complète la professeure.


Du côté des universités, celles-ci ont un travail de formation des enseignants à accomplir, en plus de montrer l’exemple en tant que vigile et critique sociales et créatrices de savoirs et de solutions de rechange. En ce sens, Lucie Sauvé soutient que le développement durable n’y a pas sa place. Elle note quand même l’amélioration dans certains programmes, « mais c’est beaucoup trop timide ».


Résistance ministérielle


Quant au ministère de l’Éducation, Mme Sauvé avance que, « dans toute la réserve que [ce] ministère a, il y a cette prise de conscience plus ou moins affirmée que l’environnement est une question politique, et on a peur de ça ». Pourtant, les questions écologiques touchent l’ensemble des citoyens et une éducation à l’écocitoyenneté permettrait d’être mieux outillé pour faire face aux défis qui nous attendent.


L'éducation à l’écocitoyenneté est donc une nécessité et les connaissances écologiques se bâtissent jour après jour. Chacun d’entre nous en est constructeur. « Les enfants aussi, note la directrice, sont amenés à être constructeurs du savoir écologique et le rôle de l’école n’est pas de transmettre ce savoir, mais d’accompagner les enfants et les jeunes. Ensuite, les adultes. Ensuite, dans les universités populaires, dans ces processus de construction du savoir », conclut Mme Sauvé."

Lien: http://www.ledevoir.com/societe/education/387789/la-sensibilisation-a-l-ecocitoyennete-est-un-incontournable

NDLR: Lucie Sauvé est "déçue toutefois que le journal ait changé le mot « éducation » pour « sensibilisation ». Ce n'est pas la même chose, j'insiste souvent là-dessus: la sensibilisation reste à l'étape de l'éveil, en surface; l'éducation va beaucoup plus loin et mène au développement de compétences et à la transformation. En fait, chaque fois qu'on trouve le mot sensibilisation dans l'article, il faudrait remplacer par éducation. À commencer par le titre."

J'ai donc procédé à remplacer le mot "sensibilisation" partout dans le texte par le mot éducation.


~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Education in ecocitizenship is essential

"The whole art of pedagogy must adapt itself to the context, to the situation, to the children's age."

My translation of an article published in Le Devoir written by Jacinthe Leblanc. Lucie Sauvé, a long friend of mine, wrote to me that the word sensibilisation (as in awareness) should be replaced everywhere in the text by education. So I did the changes.

Under photo: For Lucie Sauvé, the citizens' mobilization against the attack to the public good and the territory invasion by the shale gas industry is a perfect example of the need for education in ecocitizenship.


"One of the objectives of the Parent Report was to bring education in a contemporary context. At the time, environmental questions did not make the news. But through the decades, they became more and more important, like the shale gas file, the uranium mine in Sept-Îles, and the LNG facility in le Suroît, on top of the 2 major oil disasters that occurred recently in Quebec. To develop ecocitizenship to deal with current socio-environmental issues seems essential from now on, and would logically fit in the recommendations of the Parent Report.

If citizenship adresses "essentially to the political dimension of living together", for Lucie Sauvé, ecocitizenship is defined as "living here together".

As per the director of the research center in education and training relating to the environment and ecocitizenship, we too often forget that human beings live in time and in space. "We are not only a social entity that floats on the notions level and only within human inter-relationships. Living together here (...) reminds us that here is "oïkos", it's eco, it's the home, she explains. And that, for me, is the keyword for ecocitizenship. We all live here together, we are learning to live together in this home of life shared."

Ecocitizenship thus seeks to explain the links between the different elements of a living environment. Plus, "it is developing skills to be able to deal within collective interactions at the action or debate level, so that we can contribute to a collective choice that involves us all", adds Mrs Sauvé.

What has lead to it's essential character is the fact that in Quebec, "we realize that it's up to civil society more often than not that befalls the burden of proof and the task of denouncing, of resisting and propose alternative solutions". Mrs Sauvé has a realist outlook on the approach to governing and the present political system, where the Quebec State is no longer protector of common good, especially when it comes to the environment. "I think that first of all, the State has it's arms full, she states. We realize it when it's often the strengt of the lobbies that comes first and there are stakes of balance of powers and electioneering that make the State not the best actor to take the best decisions sometimes."


Shale gas for example

For Mrs Sauvé, who has actively participated in the battle against shale gas, notably through the Scientific Collective on the shale gas question, the citizen mobilisation that took place against the attack to the common good and the territory invasion by the industry is a concrete example of the necessity of having education to ecocitizenship.

Lucie Sauvé stated categorically about the government's role in this specific file: "No Ministry has manifested itself to protect the common good (...). The ministries have worked under the pressure of lobbyists. And I think that what I will say here is though, but we have observed in this case and in other cases that the responsible parties that make decisions have not well studied their file." The citizens, seing the danger, among other things, to water sources, to farming and their quality of life, had no other choice but to spring into action.

"Had it not been a very violent sense of territory invasion by the citizens in the case of shale gas, that, even without financial means, among others (...), got mobilized to demand a stop to everything, the shale gas industry invasion would have probably started to implant itself" she adds.

Education in ecocitizenship

Can ecocitizenship be taught in school? As per Lucie Sauvé, it can, but more must be done. "Education to ecocitizenship, obviously, must come from all teaching levels. (...) But more than that! It should be for a lifetime", she says. Indeed, the development of citizenship is gained through social interaction that happens as much in school as at home, in kindergarten or even in the retirement home.

In the Quebec school system, Lucie Sauvé, who is also professor at the Didactic department of the University of Quebec in Montreal, mentions that there is a lot of work to do so that education in environment, and more specifically, in ecocitizenship.


In the primary school level, and at High school level, one must beware of confusing civic environmentalism and ecocitizenship. The first, that refers to "civic behaviour environmentally responsible and (...) individual behaviour", like recycling, green lunches or reducing water usage, those are more present in the schools. The second wants to develop skills that "permit insertion in a dynamic of eco-social reflexion. And, very often, that takes place with action", she adds.

Global ecocitizen skills come from three linked abilities: political skill, critical skill and ethical skill. "And all this develops depending on the age and life situations. The approach and strategies are also part of the art of pedagogy that must adapt itself to the context, to the situations, to the children's age", insists the professor.

As for the universities, they have the task of training the professors to accomplish, on top of being an example to follow in being a watchdog and social critic and creator of learning and alternative solutions. In that sense, Lucie Sauvé maintains that sustainable development has no business being there. Although she does note the improvement in certain programs, "but it's just not enough".

Ministerial resistance

As for the Education Ministry, Mme Sauvé says that "with all the reserve of this ministry, there is this new awareness more or less defined that the environment is a political question, and that scares them". Even though environmental questions touch every citizen and an education in ecocitizenship would leave one better prepared to face the challenges that await us.

Education in ecocitizenship is then a necessity and environmental knowledge grows with every day passing. Every one of us is a builder. "Children too, adds the director, are called to be builders of environmental knowledge, and the role of schools is not to transmit this knowledge, but to accompany children and our youth. Then, the adults. Then, the popular universities, in the process of building knowledge" says Mrs Sauvé."

Friday, September 20, 2013

Dernières nouvelles de la poursuite de Jessica Ernst


Encana présente sa défense dans le procès contre l'héroïne du fracking

Un procès charnière pourrait changer la façon que l'industrie du gaz de schiste est règlementée au Canada.

Ma traduction libre d'un reportage d'Andrew Nikiforuk publié dans le quotidien The Tyee.

L'un des plus importants exploitants de gaz naturel du continent a finalement présenté ses documents légaux de défense dans un procès charnière en Alberta qui pourrait changer la règlementation encadrant la fracturation hydraulique au Canada.

Dans son document de la défense, Encana Corporation, dont le bureau chef est à Calgary, nie qu'elle aurait contaminé l'eau potable du puits de Jessica Ernst, une scientifique et consultante de l'industrie pétrolière, et qu'elle a "respecté ou même dépasser les exigences de toutes les lois, directives et règlements encadrant le gaz de houille".

Le court document de 6 pages affirme que la compagnie, une gazière pionnière des débuts du gaz de schiste, n'aurait pas fracturé des veines peu profondes de houille autour de Rosebud, en Alberta, mais les aurait plutôt "stimulées" avec de l'azote en gaz à de très fortes pressions.

La compagnie, qui a fait des mises à pied et vendu des actifs à cause des prix à la baisse du gaz naturel, ajoute qu'elle a tenté de faire des tests de l'eau de puits de Mme Ernst plusieurs fois, mais n'a pas pu avoir accès sur les lieux.

La fracturation hydraulique est une technologie de force brutale qui injecte d'importantes quantités d'eau, de sable et de produits chimiques (dont plusieurs sont des cancérigènes reconnus) dans les formations de roc et de charbon afin d'accélérer les processus géologiques et faire relâcher de petites quantités de méthane sur de grandes surfaces.

La technologie dispendieuse a lancé un boom de gaz naturel temporaire qui a fait baissé les prix sur le continent.

Les pauvres justifications économiques du gaz de schiste est un défi pour la rentabilité d'Encana, de Shell, de Chevron et d'Exxon Mobil depuis ce temps-là. Encana, s'ayant approprié une grande quantité de baux de location de terrains pour le gaz non conventionnel admet maintenant dans ses documents les plus récents présentés à la Securities and Exchange Commission que la compagnie "a plus d'inventaire dans son portfolio, surtout pour le gaz naturel "sec", qu'elle peut exploiter de façon optimale."

Mais la pratique controversée a fait plus que faire la fortune des producteurs de gaz naturel. Elle a aussi été responsable pour des séismes, des fragmentations de terres, de perte de valeur des propriétés, d'affaissements de terrains et d'importantes contaminations d'eaux souterraines avec du méthane et d'autres hydrocarbures dans les campagnes de l'Alberta, au Wyoming, au Colorado, en Pennsylvanie, au Texas et en Arkansas.

La poursuite prétend que la compagnie aurait fracturé l'eau souterraine.

Il y a 2 ans et demi de çà, Jessica Ernst, maintenant une héroïne du peuple contre la fracturation hydraulique dans plusieurs pays dont l'Irlande, la Grande-Bretagne et les États-Unis, a entamé une poursuite de $33 millions contre Encana, Alberta Environment (l'équivalent du Ministère de l'Environnement de la province), et le Energy Resources Conservation Board (ERCB, l'agence qui règlemente les ressources énergétiques de la province). Elle accuse Encana ainsi que les régulateurs du pétrole et du gaz de l'Alberta, de négligence soutenue ainsi que d'avoir enfreint à la Charte des Droits et Libertés du pays.

La poursuite prétend qu'Encana aurait foré et fracturé des puits de gaz de houille peu profonds directement dans la source d'eau potable souterraine entre 2001 et 2004 près de Rosebud, en Alberta. (Les pratiques agressives de la compagnie ont aussi provoqué des incidents de contamination bien médiatisés au Colorado et au Wyoming.)

Par conséquent, selon Mme Ernst, Encana a pollué son puits d'eau potable avec des produits chimiques toxiques et assez de méthane pour le rendre inflammable.

Les forages de 10,000 veines de houille entre Red Deer et Calgary depuis la dernière décennie ont contaminé plusieurs puits d'eau potable dans les campagnes de l'Alberta et poussé le régulateur à restreindre les fracturations peu profondes dans la région.

De plus, la poursuite détaille comment les régulateurs énergétiques de l'Alberta, le ERCB et Alberta Environment "n'ont pas suivi l'enquête et les processus de respect des règles qu'ils avaient établis et publicisées", malgré les preuves directes de pollution causée par l'industrie et les avoeux publics que les fracturations hydrauliques peu profondes mettent l'eau souterraine en danger.

"Encana dit maintenant qu'elle n'a pas fracturé de puits. Pourtant les données même d'Encana montrent qu'elle a fracturé des puits," Mme Ernst a dit au journal The Tyee.

Des lettres d'Encana datant de 2006 et 2012 obtenues par le journal font directement référence à "des forages, des perforations et de la fracturation" de veines de houille dans la région.

Une réaction légale au document de défense d'Encana ajoute que "la fracturation hydraulique est définie comme étant un processus de stimulation d'un puits en injectant des fluides de fracturation (soit liquides ou gazeux) en grand volumes et haute pression dans la ou les zones perforées du puits pour créer des nouvelles fractures et élargir les fractures existantes dans les formations souterraines afin de relâcher et encourager la circulation d'hydrocarbures."

Mme Ernst dit aussi qu'Encana lui a offert de tester son eau de puis, mais le geste ressemblait davantage à un sketch de Monty Python.

À une occasion, "ils ont offert de tester l'eau de mon puits dans une lettre enregistrée avec une date limite pour accepter l'offre. Ils l'ont mise à la poste 24 jours après la date limite de l'offre," selon elle.

Des produits chimiques inconnus.

Mme Ernst affirme qu'elle a plusieurs fois dit à la compagnie qu'elle pouvait faire des tests sur l'eau de son puits aussitôt qu'Encana rendait disponible sa liste de produits chimiques utilisés durant les fracturations hydrauliques, pour que les techniciens d'eau souterraine puissent savoir quels contaminants ils devraient chercher dans leurs tests. Elle dit que la compagnie a refusé.

Selon le Vérificateur général du Canada, plus de 800 produits chimiques ont été utilisés pour fracturer plus de 200,000 puits gaziers et pétroliers depuis les dernières décennies. Au moins 33 de ces substances sont des cancérigènes reconnus. Environnement Canada et Santé Canada admettent tous les deux "une liste complète des substances utilisées au Canada n'est pas disponible."

Deux études récentes confirment qu'il y a contamination généralisées de puits d'eau potable dans des régions où il se fait beaucoup de forages et d'activités de fracturations.

Une étude faite par l'université du Texas a trouvé souvent des concentrations dangereuses d'arsenic, de baryum, de sélénium et de strontium dans l'eau souterraine près des régions très fracturées du schiste du Barnett.

Une étude faite en Pennsylvanie a découvert des contaminations de méthane dans 82% des spécimens d'eau potable prélevés dans des résidences rurales à seulement 1 kilomètre de distance de puits gaziers fracturés dans la formation du Marcellus. L'étude a aussi trouvé des preuves de contamination d'éthane et de propane.

L'étude arrive à la conclusion que, "en général, nos données suggèrent que certains propriétaires de maisons qui vivent à moins d'un kilomètre de puits gaziers ont leur eau potable contaminée par des gaz qui s'échappent."

Pas de devoir de protéger le public

Le gouvernement de Stephen Harper a retardé le procès de Mme Ernst après avoir soudainement promu Mme la Juge Veldhuis tout de suite après qu'elle ait entendu des argumentaires importants dans la cour du banc de la reine à Calgary en janvier.

Le juge en chef de l'Alberta Neil Wittman s'est ensuite porté volontaire pour reprendre le procès en main il y a maintenant 8 mois de cela en lisant les transcriptions de la cour. Il ne s'est pas prononcé encore sur les argumentaires d'Alberta Environment qui veulent que le mot "contamination" soit retiré et la mention d'autres puits contaminés dans la poursuite.

Des avocats représentant le ERCB (maintenant appelé Alberta Energy Regulator) ont aussi plaidé dans la cour de Calgary que le régulateur n'avait pas de devoir de protection envers les propriétaires terriens, et prétendent que Mme Ernst est une éco-terroriste.

L'Alberta Energy Regulator a maintenant à sa tête Gerald Protti, un ancien lobbyiste des compagnies énergétiques et ancien vice-président d'Encana.

Un geste très critiqué de la Première Ministre de l'Alberta Alison Redford fut de nommer le fondateur de l'Association canadienne des producteurs pétroliers (CAPP) à ce poste plus tôt cette année.

Sous la nouvelle législation de l'Alberta "Responsible Energy Act", le régulateur énergétique de la province n'a plus le mandat de protéger "l'intérêt public."

La nouvelle législation a aussi introduit ce que certains bureaucrates on baptisé "la clause Ernst": elle empêche les propriétaires terriens et les citoyens de poursuivre le régulateur à cause de malfaisances ou de négligence.

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~


"Encana Files Defence in Lawsuit with Fracking Folk Hero

Landmark case could change how shale gas industry is regulated in Canada.




By Andrew Nikiforuk, Today, TheTyee.ca

One of the continent's largest natural gas extractors has finally filed a legal defence in a landmark Alberta lawsuit that could change the way hydraulic fracturing, or fracking, is regulated in Canada.

In its statement of defence, Calgary-based Encana Corporation denies that it contaminated the drinking water well of Jessica Ernst, a scientist and oil patch consultant, and that it "complied with or exceeded the requirements of all relevant laws, directives and regulations in respect of its coal bed methane."

The short, six-page defence claims that the company, a struggling shale gas pioneer, did not frack shallow coal bed methane seams around Rosebud, Alberta, but instead "stimulated" them with nitrogen gas at high pressure.

The company, which has cut staff and sold assets due to low natural gas prices, adds that it tried to test Ernst's water well several times, but could not gain access to it.

Fracking is a brute force technology that blasts large volumes of water, sand and chemicals (many are known carcinogens) into rock and coal formations in order to accelerate geological processes and release small amounts of methane over large areas.

The high-cost technology inaugurated a temporary natural gas boom, which lowered prices on the continent.

The poor economics of shale gas have since challenged the bottom lines of Encana, Shell, Chevron and Exxon Mobil. Encana, which went on a land lease binge for the unconventional gas, now admits in its most recent Securities and Exchange Commission filing that the company "has more inventory in its portfolio of plays, particularly dry natural gas, than can be optimally developed."

But the controversial practice has done more than tank the fortunes of natural gas producers. It has also been responsible for earthquakes, land fragmentation, property devaluation, land subsidence and extensive groundwater contamination with methane and other hydrocarbons in rural Alberta, Wyoming, Colorado, Pennsylvania, Texas and Arkansas.

Suit alleges company fracked up groundwater

Two and half years ago, Jessica Ernst, now an anti-fracking folk hero in many countries including Ireland, the U.K. and the United States, launched a $33-million lawsuit against Encana, Alberta Environment and the Energy Resources Conservation Board. It accuses Encana as well as Alberta's oil and gas regulators of persistent negligence as well as breaching the nation's Charter of Rights and Freedoms.

The lawsuit alleges that Encana drilled and fracked shallow coal bed methane wells directly in the local groundwater supply between 2001 and 2004 near Rosebud, Alberta. (The firm's aggressive fracking practices also resulted in high profile contamination incidents in Colorado and Wyoming.)

As a consequence, Ernst claims, Encana polluted her water well with toxic chemicals and enough methane to make it flammable.

The drilling of 10,000 coal seams between Red Deer and Calgary over the last decade contaminated scores of water wells in rural Alberta and prompted the regulator to restrict shallow fracking in the region.

In addition, the claim details how Alberta's energy regulators, the Energy Resources Conservation Board and Alberta Environment "failed to follow the investigation and enforcement processes that they had established and publicized," despite direct evidence of industry-caused pollution and public admissions that shallow fracturing puts groundwater at risk.

"Encana now says that they didn't frack the wells. Yet Encana's own data says they fracked the wells," Ernst told The Tyee.

Encana letters dated 2006 and 2012 obtained by The Tyee directly refer to "the drilling, perforating and fracking" of coal bed methane seams in the area.

A legal response to Encana's statement of defence adds that "'hydraulic fracturing' is defined as the process of stimulating a well by injecting fracturing fluids (whether liquid or gas) at high rates and high pressure into the perforated zone(s) of the well to create new fractures and enlarge existing fractures in the underground formations for the purpose of releasing and encouraging the flow of hydrocarbons."

Ernst also said that Encana did offer to test her water well, but the gesture resembled a Monty Python sketch.

In one case "they offered to test my water well in a registered letter with a limited deadline of acceptance. They mailed it to me 24 days after the deadline," she alleged.

Unknown chemicals

Ernst claimed she repeatedly told the company that they could test her water well as soon as Encana released a list of its fracking chemicals, so that groundwater technicians would know what contaminants to test for. She said the company refused.

According to Canada's auditor general, more than 800 chemicals have been used to frack open more than 200,000 oil and gas wells in recent decades. At least 33 of the substances are known carcinogens. Both Environment Canada and Health Canada admit that "a complete list of substances used in Canada is not known."

Two recent studies confirm the widespread contamination of water wells in areas of high drilling and fracking activity.

A study by the University of Texas found often dangerous levels of arsenic, barium, selenium and strontium in groundwater near the heavily fracked Barnett shale gas fields.

A Pennsylvania study discovered methane contamination in 82 per cent of drinking water samples taken from rural homes just one kilometre away from fracked natural gas wells in the Marcellus formation. They also found evidence of ethane and propane contamination.

The study concluded that, "Overall, our data suggest that some homeowners living less than one kilometre from gas wells have drinking water contaminated with stray gases."

No requirement to protect public interest

The government of Stephen Harper delayed Ernst's lawsuit after it abruptly promoted Madam Justice Veldhuis, just after she heard critical arguments in a Calgary Court of Queen's Bench last January.

Alberta Chief Justice Neil Wittman then volunteered to take over the case eight months ago by reading the transcripts. He has yet to rule on arguments by Alberta Environment to remove the word contamination and the mention of other contaminated wells in the lawsuit.

Lawyers representing the Energy Resources Conservation Board (now the Alberta Energy Regulator) also pleaded in the Calgary court that the regulator owed no duty of care to landowners, and claimed that Ernst was an ecoterrorist.

The Alberta Energy Regulator is now headed by Gerald Protti, a former energy lobbyist and a former Encana vice-president.

In a much-criticized move, Alberta Premier Alison Redford appointed the founder of the Canadian Association of Petroleum Producers to the job earlier this year.

Under Alberta's new Responsible Energy Act, the province's energy regulator no longer has a mandate to protect "the public interest."

The new act also introduced what some bureaucrats call the "Ernst Clause": it prevents landowners and citizens from suing the regulator for wrongdoing and negligence. [Tyee] "

Link: http://www.thetyee.ca/News/2013/09/20/Encana-Fracking-Lawsuit/

Monday, September 9, 2013

DÉVERSEMENT DE 450 000 LITRES DE MAZOUT À SEPT-ÎLES : LE QUÉBEC EN PLEINE MARÉE NOIRE


COMMUNIQUÉ



Pour diffusion immédiate



DÉVERSEMENT DE 450 000 LITRES DE MAZOUT À SEPT-ÎLES : LE QUÉBEC EN PLEINE MARÉE NOIRE





Bas-Saint-Laurent, le 9 septembre 2013 – Le groupe NON À UNE MARÉE NOIRE DANS LE

SAINT-LAURENT, luttant contre les projets d’exploration et d’exploitation des hydrocarbures au

Québec, est attristé de constater l’ampleur du déversement à Pointe-Noire ainsi que dans la Baie

de Sept-Îles. L’organisation revendique une fois de plus l’adoption d’un moratoire et la tenue d’un

bureau d’audiences publiques en environnement (BAPE) générique sur l’ensemble de la filière

des hydrocarbures au Québec. Avec cette catastrophe, qui se déroule sous nos yeux, il est important

de rappeler que les impacts des hydrocarbures sont beaucoup plus persistants en eaux froides

comme c’est le cas dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent.





La situation actuelle paralyse le trafic maritime dans ce secteur et fait perdre beaucoup d’argent à

certaines entreprises. De ce fait, nous appréhendons l’utilisation de dispersants chimiques tel que

le Corexit 9500. Ce produit est habituellement utilisé afin de dissoudre les marées noires. Nous

tenons à préciser que le Corexit augmente significativement la toxicité du pétrole.





Nous sommes d’avis que, à la fois dans le golfe ou dans l’estuaire du Saint-Laurent, les autorités

gouvernementales ainsi que les entreprises privées manquent de préparation et d’organisation

en ce qui concerne la capacité à intervenir adéquatement lors d’un déversement d’hydrocarbure

en milieu marin. Depuis plusieurs années, de nombreux comités citoyens dénoncent ce fait.

Rappelons également que le dernier rapport du commissaire à l’environnement et au

développement durable, Scott Vaughan, soulignait que le Canada n’est absolument pas prêt à

faire face à une marée noire dans le golfe du Saint-Laurent.





Plusieurs marées noires sont survenues depuis quelques décennies au Québec dont celle du

Irving Wale, en 1970, souillant les plages des Îles de la Madeleine en passant par celle de 1999,

lorsque le minéralier Gordon C. Leitch est venu affecter l’archipel de Mingan par le déversement

de 49 tonnes de mazout. Ce présent déversement doit clairement faire réaliser à l’ensemble de la

population québécoise et aux autorités politiques que le développement de la filière des

hydrocarbures viendrait augmenter considérablement les risques de marées noires ou de

déversements.







Par ailleurs, nous demandons aux différents acteurs, dont le MDDEFP, la compagnie Cliffs

Natural Resources et la Société d’intervention maritime, Est du Canada ltee (SIMEC) de dévoiler

publiquement leur plan d’urgence respectif. D’autant plus que la minière a fait preuve d’un

flagrant manque de transparence en interdisant l’accès du site aux médias.



- 30 -



Pour information :

Stéphane Poirier 418-629-4190 poste 5320

Martin Poirier 418-722-8102 poste 232

Non à une Marée Noire dans le Saint-Laurent

Sunday, September 8, 2013

Aux pompiers, il faut un capitaine

"La gestion du ministère de l'environnement quant aux dossiers écologiques ressemble à la prise en charge des incendies du nord par Sopfeu, au début de l'été : on éteint les feux seulement un instant avant la catastrophe générale. Demandez aux gens de Minganie comment ils trouvent qu'on les a traités. En fait, Sopfeu est beaucoup plus efficace que le Ministère, parce qu'il agit au lieu de réagir. Ce qui fait bouger le ministère, ce ne sont pas les fuites de gaz ou de pétrole ou de produits chimiques, mais les fuites dans les médias.

Le nouveau dossier de l'heure : les BPC de Pointe-Claire. Québec sait depuis mars dernier qu'il y a sur le terrain de la compagnie Reliance un entreposage illégal de matières dangereuses. Six mois ! Qu'est-ce qui a été fait ? Rien, nothing, niet, nada, malgré que plusieurs fonctionnaires aient signalé la grande dangerosité des substances en présence et leur entreposage complètement inefficace. Par contre, dès qu'il y a eu une fuite dans les médias, ça a été le branle-bas de combat : un garde sur le site, des clôtures, alouette ! La contamination du lac St-Louis, le système d'égouts de la ville pollué par 1 800 litres d'huiles usées et 200 000 litres d'eaux huileuses contaminées ramassées ) , ce n'était pas assez pour faire agir. Pourtant, l'utilisation des BPC est interdite depuis plusieurs années et le Canada a même signé une convention pour en assurer la destruction.

On fête le 20e anniversaire de l'incendie des BPC de Saint-Basile. Était-ce le gâteau qui était prévu pour l'occasion ? Voulait-on nous faire une belle surprise ? Et quand on demande au ministre pourquoi il n'a pas agi plus tôt et prévenu la population, il répond que c'était au Ministère de la santé publique de le faire. Toujours la faute d'un autre, n'est-ce pas ? La ministre Ouellet et la Sopfeu ont eu la même querelle pour déterminer qui aurait dû décider d'envoyer les pompiers.

Ce serait bien que nos élus prennent leurs responsabilités en même temps qu'ils prennent possession de leur limousine ministérielle. Parions même qu'ils peuvent y faire des téléphones pour se parler des dossiers importants, comme lorsque le Grand Nord brûle ou que du pétrole coule à pic dans la rivière Chaudière ou des BPC dans les égouts de Pointe-Claire. Plusieurs experts sont formels, une fois les BPC perdus dans l'environnement, il est trop tard. Le mal est fait. N'avez-vous pas une forte impression de déjà-vu alors que le ministre s'apprête à déposer une ordonnance ?

Le ministre Blanchet, comme à son habitude, dira que ce sont les médias qui cherchent à mal le faire paraître, ou que c'est au fédéral qu'on doit reprocher sa trop grande «souplesse», car dans ces deux dossiers, il y a une responsabilité partagée. Je pense discerner un pattern, un cercle vicieux, dans la gestion du présent gouvernement. Voyons cela.

Le premier élément consistait, pour le ministère de l'environnement, à se vanter d'avoir contenu 100 000 litres d'hydrocarbures dans le lac Mégantic. Le communiqué était du genre : « Chers citoyens, la situation est sous contrôle, nous avons retenu la contamination du lac Mégantic, etc. » Cependant, un spécialiste d'écotoxicologie moléculaire a sorti sa calculatrice : 72 wagons contenant x litres qui ont brûlé pendant tant d'heures, ce ne sont certainement pas 100 000 litres qui ont pu se répandre. Monsieur Pelletier a donc été le premier à émettre la possibilité que les dégâts soient plus importants que ceux annoncés. Ce que le ministère a dû concéder quelques jours plus tard. Où étaient les fonctionnaires et à quoi occupaient-ils leur temps ? Nous ne parlions pas de 100 000 litres, mais de plusieurs millions (5,7millions). Est-ce possible que ça ait pu leur échapper ? Bien sûr que non, mais ils se sont gardés de parler publiquement contre les patrons.

En second lieu, le ministre s'est voulu fort rassurant quant à la possibilité réelle que le pétrole ait pu couler au fond de la rivière Chaudière. Il parlait de «légères irisations» visibles. Encore une fois, il a fallu qu'un citoyen s'inquiète et fasse appel à un spécialiste des dommages environnementaux, Monsieur Daniel Green, lequel a pris des échantillons et fait la démonstration qu'il y avait des substances toxiques, en plus de la présence de pétrole sous l'eau. Le pétrole avait donc coulé, ce qu'il n'était pas censé faire. L'explication possible, c'est que l'hydrocarbure contenu dans les wagons soit du pétrole de schiste c'est-à-dire un mélange contenant des centaines, sinon des milliers, d'espèces moléculaires. Celui qui a été déversé, provenait du Dakota du Nord et n'est pas, sinon pauvrement, caractérisé. Autrement dit, on ne connaît pas sa composition exacte.

On peut comprendre que le gouvernement ait été dépassé par l'ampleur de la catastrophe et que son rôle soit de rassurer la population. Il faut admettre qu'un centre-ville qui explose, cela défie l'imagination. Plusieurs personnes ont parlé d'images de guerre. Pourquoi alors le dossier a-t-il été traité avec autant de désinvolture et de légèreté ? Cette même nonchalance explique le déversement des BPC.

Tout l'été, nous avons eu l'impression que le gouvernement était à la traîne, toujours devancé par les médias et les spécialistes. Pourtant, il aurait dû être constamment aux premières loges et contrôler la situation. Pourquoi avoir attendu que la compagnie MMA soit pratiquement en faillite pour lancer une ordonnance ? Que n'a-t-on pas demandé au gouverneur du Maine de saisir les actifs de la compagnie et de faire arrêter le PDG. Car, les Américains, eux, n'ont pas chômé : ils ont fait des annonces dans les 10 jours suivant la catastrophe. MMA peut encore aujourd'hui continuer ses activités au Québec, malgré la faillite et malgré le manque de sécurité de ses machines.

L'ordonnance contre la compagnie Reliance sera-t-elle plus efficace ? Les Québécois vont-ils encore payer la note ? Quelle garantie demandera-t-on à l'avenir pour empêcher ces catastrophes ? Petrolia s'apprêterait à fracturer l'île d'Anticosti au gaz propane et la ministre Ouellet - la même qui s'opposait farouchement au gaz de schiste - va-t-elle craquer elle-même l'allumette de ce désastre annoncé ? A-t-on prévenu les pompiers de ce qui les attend ? Mais surtout, qui est leur capitaine ?"

Signé: Marie-Ève Mathieu

Lien: http://quebec.huffingtonpost.ca/marieeve-mathieu/pollution-bpc-et-lac-megantic_b_3874714.html

Saturday, September 7, 2013

Île au Foin - un autre saccage en devenir


"Île au Foin : Québec accepte la voie d'accès

Claudy Laplante-St-Jean
Publié le 06 septembre 2013



Québec a finalement tranché, une voie d'accès en zone inondable pourra être créée vers l'Île au Foin, un plan vivement contesté par certains citoyens. Le ministère des Affaires municipales, des Régions et de l'Occupation du territoire a reconnu, le 5 septembre, la validité de la dérogation au schéma d'aménagement demandée par la MRC de la Vallée-du-Richelieu, plus tôt cet été, mettant fin à la saga qui régnait depuis quelques mois.


«La M.R.C. de La Vallée-du-Richelieu confirme avoir reçu un avis du ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire nous avisant que le règlement numéro 32-12-14 respecte les orientations du gouvernement en matière d’aménagement puisque le contenu du présent règlement est conforme», a indiqué la MRC par voie de communiqué, vendredi matin.

Celle-ci ajoute que par la voix du sous-ministre, l’avis reconnait une dérogation à la zone inondable de récurrence 0-20 ans, et ce, afin de permettre la construction d’une voie d’accès vers l’Île au Foin, sur le territoire de la ville de Carignan. «Par conséquent, le règlement numéro 32-12-14 de la M.R.C. de La Vallée-du-Richelieu entrera en vigueur conformément à la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme», peut-on y lire.

La dérogation, une version révisée, avait été adoptée de façon unanime par les maires présents (excluant Denis Lavoie, de Chambly, qui était absent), lors de la séance du conseil du 20 juin.

«Nous avons effectué plusieurs modifications améliorant le règlement et répondant aux exigences des différents ministères, notamment au niveau du libre écoulement naturel des eaux, la hauteur et la largeur de la voie d’accès projetée, l’intégrité du territoire et la protection de la flore et des habitats fauniques» avait précisé Gilles Plante, maire de McMasterville et préfet de la MRC, lors de ladite séance.

Un heureux dénouement pour Louise Lavigne

Louise Lavigne, mairesse de Carignan, s'attendait à une réponse positive de la part du gouvernement. «Quand nous avons présenté le dossier, nous savions que techniquement, c'était recevable. La MRC elle-même avait travaillé avec le MAMROT pour que tous les critères soient rencontrés. Quand nous avons voté le règlement, nous pensions que tout était conforme. J'aurais été étonnée de voir ce qui aurait pu accrocher dans le processus», explique-t-elle en ajoutant que le secteur a toujours été zone habitable et que la Ville se battait en Cour pour ne pas qu'il y ait des tours d'habitation, mais bien des maisons unifamiliales.

Mme Lavigne s'est toutefois dite soulagée du dénouement de l'histoire. «Je suis extrêmement heureuse. C'est un dossier qui déchirait la Ville depuis 12 ans. C'est enfin la fin de la saga», confie-t-elle en précisant que 75 % du secteur restera intact, dont la piste cyclable.

Toutefois, celle-ci tient à rappeler qu'aucun projet intégré de développement n'est encore sur la table pour le moment. «On ne sait pas le futur, mais c'est définitivement une belle étape de passée. Ça a pris beaucoup de temps et d'énergie. Ça a divisé la population. Nous avons fait tout ce qui était prévu par la Loi sans sauter d'étapes», se réjouit la mairesse.

Le Collectif n'a pas dit son dernier mot

«Consternation». «Incompréhensible». Voilà les deux premiers mots qui décrivent la décision du gouvernement selon Lorraine Moquin, du Collectif pour le parc du bassin de Chambly, qui s'oppose vivement à ce projet depuis les tous débuts.

«Le gouvernement a raté une belle occasion de montrer de la cohérence entre ses promesses électorales et ses actions. Il se prononce en faveur de la protection des milieux naturels, mais une dérogation comme celle-là, ça nous en éloigne ! C'est incompréhensible !», lance Mme Moquin qui rappelle que la même dérogation avait été refusée en 2012 par Laurent Lessard, qui était ministre du MAMROT à l'époque.

Celle-ci affirme que Québec a fondé sa décision sur une dimension technique relative à la construction du pont seulement et qu'il a oublié la plus importante, celle de l'environnement. «La première raison valable d'autoriser une dérogation, c'est l'intérêt public. Pourtant, ce n'est pas au rendez-vous», déplore-t-elle.

En plus d'avoir déposé une plainte au MAMROT sur l'irrégularité de la procédure dans l'adoption de la dérogation par la MRC, le Collectif sera présent aux deux séances afin de se faire entendre et de faire changer les choses."

Lien: http://www.chamblyexpress.ca/Actualites/2013-09-06/article-3378170/Ile-au-Foin-%3A-Quebec-accepte-la-voie-dacces/1



Réaction du Collectif pour le parc du bassin de Chambly suite à l'autorisation d'une dérogation en zone inondable 0-20 ans à l'Ile au Foin


"En accordant une dérogation pour des travaux en zone inondable 0-20 ans, dans les chenaux de Carignan, le gouvernement du PQ a raté une occasion de démontrer de la cohérence entre ses promesses électorales de protecteur de l’environnement et ses actions sur le terrain. Et s’il y a un endroit où il ne faut pas faire d’exception aux règles de zones inondables, c’est bien au confluent des rivières Richelieu et l’Acadie!



Le Ministère appuie sa nouvelle décision sur la seule dimension technique de la construction d’un pont et ponceau dans une zone inondable : Empiètement de 18%, 20% ou 22% dans la zone d’écoulement, cela change quoi? Ce n’est qu’UNE des dimensions de cette décision, et si c’était la seule, un Avis du ministre ne serait pas requis, car les fonctionnaires peuvent gérer cela tout seul. L’Avis du ministre doit permettre une vue d’ensemble de la question et assurer la cohérence de la dérogation demandée avec l’ensemble des orientations gouvernementales. C’était le cas pour le refus de cette même demande, le 31 juillet 2012 par l’ancien ministre Laurent Lessard, qui indiquait clairement « Ce projet de règlement ne respecte pas les orientations gouvernementales en matière de sécurité et de bien-être publics, de protection de l’environnement ainsi que de la protection du patrimoine naturel et de maintien des espèces floristiques, fauniques et de leurs habitats. » Est-ce que toutes les orientations gouvernementales ont tellement changé depuis l’arrivée du PQ au pouvoir qu’une réduction de quelque pourcentage d’empiètement dans la zone d’écoulement a réglé tout cela?



Ont-ils rejeté le PMAD? La Ceinture verte du grand Montréal ? La protection des milieux naturels, des boisés, des milieux humides? Le Corridor vert et bleu du Richelieu? La protection des espèces fauniques menacées? La Zone d’intervention spéciale pour les inondations du Richelieu? La prévention des îlots de chaleur? Chaque dérogation comme celle-ci nous éloigne de la protection des bandes riveraines, des orientations gouvernementales en matière de sécurité des citoyens et des objectifs du PMAD. Combien sont accordées chaque jour, sans que les citoyens n’en soient conscients?



La première raison valable pour autoriser une dérogation est l’intérêt public et on cherche toujours l’intérêt public dans cette décision. Cela prend une acceptabilité sociale et elle n’est clairement pas au rendez-vous. Un plan d’urbanisme a été rejeté par référendum à Carignan parce qu’il ne protégeait pas les milieux naturels. Quand il était dans l’opposition, le député Bertrand St-Arnaud a déposé une pétition signée par plus de 2000 personnes de la région du bassin de Chambly en faveur de la protection des milieux naturels. Des citoyens et des groupes environnementaux de tout le Québec ont manifesté et se sont exprimés contre la dérogation lors de la consultation publique du 17 juin à la MRC.



Pour la suite, nous sommes en attente d’une décision sur la plainte logée au MAMROT concernant des irrégularités dans le processus d’adoption de ce règlement par la MRC, irrégularités concernant la convocation et la tenue de l’assemblée publique de consultation qui doit précéder un changement de cette nature au schéma d’aménagement régional. La plainte a été jugée recevable et elle est en analyse actuellement. Cela pourrait invalider la dérogation, laquelle pourrait être retirée par le prochain conseil municipal, puisque nous sommes à quelques semaines des élections municipales.



Techniquement, deux séances du conseil de ville de Carignan seraient nécessaires pour faire modifier le règlement de zonage de la ville afin de compléter la procédure de dérogation. Comme il n’en reste qu’une seule avant les élections du 3 novembre, il semble que cela nécessitera la convocation d’une séance extraordinaire du conseil de ville pour que le promoteur ait le champ libre avant les élections. La mairesse Lavigne, ayant soutenu sans relâche et à l’encontre de la volonté citoyenne, cette demande du promoteur, se priverait-elle de cela à ce stade-ci? Théoriquement, et selon la coutume à Carignan, l’assemblée publique de consultation précédant l’adoption définitive du règlement, devrait se tenir au début de la séance du conseil du 1er octobre. Les citoyens sont invités à venir s’exprimer à ce dernier conseil de ville régulier de l’équipe Lavigne le 1er octobre. Une belle occasion, avant les élections, de voir quels conseillers voteront selon la volonté clairement exprimée des citoyens et à leur avantage.



COLLECTIF POUR LE PARC DU BASSIN DE CHAMBLY

Lorraine Moquin (450-658-3277)"


Thursday, September 5, 2013

Agriculture - quand les pratiques rendent les voisins malades


Je crois que l'usage des "canons" à purin ne sont plus utilisés au Québec. Ce sont plutôt les "rampes basses" qui sont plutôt utilisées pour faciliter la "cohabitation harmonieuse" à la campagne.
Photo: La Presse

Richelieu, le 19 mai 2000

Santé Québec
1200 McGill College
Montréal, Qué.
H3B 4J8

sujet: arrosage de terres agricoles avec le purin de porc et problèmes de santé

J'aimerais par la présente vous demander si il y a un rapport entre des symptômes physiques dont j'ai souffert au début du mois de mai avec l'arrosage de purin de porc dans mon voisinage. J'ai eu connaissance de deux arrosages de purin de porc su un terrain agricole derrière chez moi au début de mai, environ un arrosage par semaine. J'ai aussi souffert de nausées et de diarrhées liquides violentes pendant ces deux semaines.

Je vais essayer de vous expliquer les circonstances. Je travaille à temps partiel à Montréal, et quand je suis à la maison, je passe beaucoup de temps à l'extérieur dans mon jardin. C'est ainsi que je me suis rendue compte de deux arrosages au purin de porc dans un champs éloigné: je pouvais voir le grand cercle d'arrosage dans les airs, une fois vers le 1 ou 2 mai, la deuxième fois le 10 ou 11 mai. Je n'ai toutefois pas fait de connexion immédiatement avec mes nausées subséquentes et mes diarrhées liquides. J'ai essayé d'éliminer toute source suspecte dans mes habitudes: j'ai bouilli mon eau, changé ma diète, évité de me forcer de manger des aliments qui me répugnaient (surtout les viandes). Les odeurs de cuisson m’écœuraient souvent, et un jour sur trois je souffrais de violentes diarrhées. Curieusement, le lendemain, je me sentais souvent très bien. Les symptômes sont intermittents.

Mais voilà que je lis une étude du Docteur Steven Wing à l'Université de la Caroline du Nord à Chapel Hill qui a démontré que la dérive aérienne d'arrosage de purin peut rendre les voisins malades à l'estomac. Se pourrait-il que je sois victime? Ne sachant pas trop si je m'adresse au bon département gouvernemental, veuillez faire suivre ma lettre aux gens qui pourraient me répondre, ou qui suivent ce genre de problème.

Vous remerciant à l'avance, je suis,

Johanne Dion
Richelieu, Qc

Note personnelle: suite à l'implantation d'une porcherie d'une capacité de 5,800 bêtes à Richelieu depuis ce temps-là, mon vocabulaire "agricole" s'est beaucoup mieux étoffé. Vous comprendrez mon travail assidû à vouloir l'empêcher en lisant cette lettre que j'ai écrite il y a 13 ans maintenant. Bien sûr, je n'ai jamais reçu de réponse éclairante de la part de Santé Publique ou d'aucun autre ministère ou agence gouvernementale!


Wednesday, September 4, 2013

Elle aurait eu 90 ans aujourd'hui

Ma mère aurait eu 90 ans aujourd'hui si la maladie d'Alzheimer ne l'aurait pas tuée à petit feu pendant 15 longues années.

90 ans, c'est pas si vieux que çà, il me semble! Elle n'aurait pas aimé, mais moi, j'aurais bien mieux aimé lui donner les fleurs que j'ai été porté sur sa tombe hier soir en personne, plutôt que les laisser aux 4 vents!

Tu me manques terriblement, Mommy!

Sunday, September 1, 2013

Peut-on empêcher un enfant de parler? Le cas des Hallowich



Ma traduction libre d'un reportage d'enquête signé Caitlin Dickson

Une famille de la Pennsylvanie a fait les manchettes quand on a prétendu que les compagnies de fracturations hydrauliques ont bâillonné leurs jeunes enfants. Se pourrait-il que ce soit vrai? Caitlin Dickson veut en savoir plus long sur cette histoire.

Pour quiconque qui vit près d'un (puits de) gaz de schiste, l'histoire de la famille Hallowich de Washington County, en Pennsylvanie, est une histoire bien familière. Cela commence avec un représentant d'une compagnie multi-milliardaire de gaz qui fait une offre d'une somme tentante d'argent en échange des droits miniers de la propriété. Ensuite vient le forage, ensuite des plaintes de maux de tête, de saignements de nez, ou pire. Ensuite les frais légaux. Puis le silence.

Ce qui est inhabituel avec ce cas-ci, c'est ce qui pourrait arriver aux enfants de Chris et Stephanie Hallowich.

Quand les Hallowich ont commencé à se construire sur leur 10 acres de terrain au sud-ouest de la Pennsylvanie, ils n'avaient aucune idée que la maison de leur rêve se retrouverait au-dessus d'un site de l'une des plus importantes opérations de fracturations hydrauliques du pays: le schiste du Marcellus. Une roche sédimentaire qui se trouve à des milliers de pieds sous terre de l'état de New York jusqu'en Pennsylvanie, des parties de l'Ohio, et en Virginie Occidentale, avec ses ressources vieilles de plusieurs millions d'années de décomposition pour générer ce que l'on appelle du gaz naturel, le schiste du Marcellus semble bien parti pour produire environ 550 millions de barils de gaz, et ce seulement pour l'année courante. Dans le cas des Hallowich, c'était le propriétaire précédent de leur terre qui s'était entendu pour exploiter cette ressource souterraine. L'usine de transformation du gaz, la station de compression, les pipelines souterrains, le bassin de décantation de 3 acres scellé par une membrane en plastique, et 4 puits de gaz naturel se sont retrouvés autour de la maison de 2 étages des Hallowich grâce à ces ententes se sont bientôt transformés bien plus en risques pour la santé qu'une plaie au paysage, d'après la famille.

Après s'être opposés à l'industrie de la fracturation hydraulique pendant des années, accusant les commerces qui s'étaient installés sur leur propriété d'avoir contaminé leur air et leur eau, les rendant eux et leurs jeunes enfants malades, et dévaluant leur propriété, les Hallowich ont entamé un procès contre les compagnies Range Resources, MarkWest Energy et Williams Gas/Laurel Mountain Midstream. Sans reconnaître leur responsabilité des revendications de la famille et leur santé, les gazières ont accepté de débourser $750,000 aux Hallowich pour permettre à la famille de déménager, en échange de leurs signatures au bas d'une clause de confidentialité.

De telles ententes ne sont pas des conclusions rares pour ces genres de procès, ni d'avoir les détails de l'entente sous scellés, comme c'est le cas pour celui-ci. Mais 2 années après avoir été refusé l'accès aux audiences de cour des Hallowich, le quotidien Pittsburgh Post-Gazette a demandé que la cour rende publique une transcription et a constaté une irrégularité. En signant l'entente de règlement, il semblerait que Chris et Stephanie non seulement était d'accord pour ne jamais plus parler de forages dans le schiste du Marcellus ou de n'importe quelle des compagnies avec qui ils ont signé l'entente, ils ont aussi promis que leurs enfants de 7 et 10 ans ne parleraient plus de fracturations hydrauliques. À tout jamais.

Deux années après que leur procès ait été réglé, la transcription rendue publique a projeté les Hallowich sous les projecteurs des grands médias nationaux, devenant le symbole des mesures extrêmes que semblent vouloir prendre les corporations pour faire taire leurs adversaires. Au moins l'une des compagnies s'est enclenchée en mode d'opérations pour limiter les dégâts, envoyant une lettre à l'avocat de la famille Hallowich pour insister à dire que contrairement à ce que ce qui s'est dit durant l'audience, la compagnie "n'avait jamais, à aucun moment donné, l'intention de tenir un enfant mineur légalement responsable d'une brèche de cette disposition de l'entente de règlement."

Mais l'intention des compagnies et les impacts réels sur les enfants sont deux choses bien différentes, et les deux continuent d'être chaudement débattues.


***

La fracturation hydraulique, ou fracking, est toujours un vague mystère pour la plupart des gens du pays. C'est probablement le mieux imaginé par ce que le personnage de Matt Damon tente de vendre à une petite communauté agricole de la Pennsylvanie dans le film de 2012 intitulé "Promised Land". Ou c'est ce qui apparemment a permis à un homme du Colorado de mettre le feu à son robinet de cuisine deux ans plus tôt dans le documentaire en nomination pour un Academy Award intitulé Gasland.

Bien que le fracking existe pour bien plus de 65 ans, c'est quand la méthode d'injecter de l'eau, du sable et des produits chimiques dans le sol pour libérer le pétrole des formations géologiques de roc a pris une ampleur industrielle aux É.-U. que le procédé est devenu sujet de reportages. Depuis les 25 dernières années, avec la découverte des schistes riches en gaz et l'introduction du fracking industriel, la production du gaz de schiste est passé de 0% à 23% de toute la production de gaz au É.-U. Ce pourcentage pourrait se gonfler à 49% d'ici 2035, rapprochant les États-Unis de son objectif universel de "terminer notre dépendance au pétrole étranger." Quand le président Obama dit qu'il veut augmenter les exportations de gaz naturel des É.-U., il parle de fracking.

Douglas Shields, un ancien conseiller de la ville de Pittsburgh, qui a voté pour une interdiction de la fracturation hydraulique dans Pittsburgh en 2010, dit qu'il a commencé à recevoir des appels de ses électeurs qui se faisaient offrir de l'argent comptant pour leurs droits miniers en 2008. Shields a été familier avec l'industrie gazière toute sa vie, travaillant d'un bateau dans une région exploité pour son pétrole dans le Golfe du Mexique en 1974 jusqu'à se faire une carrière légale en droit environnemental et régulatrice. Et la Pennsylvanie a une longue historique en forages gaziers. Alors quand les gazières ont promis de ramener les affaires dans un état qui était en déclin depuis la fin de l'ère industrielle, la plupart des gens, tout comme Shields, étaient ravis.

Mais les gens de la Pennsylvanie, ainsi que les gens qui se trouvent au-dessus des schistes gaziers partout au pays, découvriront bientôt que le fracking n'a rien en commun avec ce qu'ils connaissaient auparavant. Quand Stephanie Hallowich et d'autres se sont plaint de maux de têtes et de saignements de nez, et d'eau contaminée, "il était trop tard pour quiconque de faire quoi que ce soit qui soit politiquement efficace," selon Shields.

La recherche des impacts du fracking sur la santé est partagée et relativement restreinte. Selon une publication récente du National Institutes of Health Environmental Health Science, c'est clair pour les scientifiques qui ont étudié le fracking que le procédé émet des produits chimiques dans l'air et possiblement dans l'eau. Ce qui n'est pas clair, c'est la quantité de produits chimiques qui sont relâchés et l'étendue de l'exposition des gens. Au mois de mai passé, l'administration d'Obama avait dévoilé des nouveaux règlements de fracking qui exigent que les compagnies dévoilent quels produits chimiques sont utilisés dans le procédé et d'avoir des plans de gestion préparés pour s'assurer que les liquides contaminés ne se retrouvent pas dans l'eau souterraine. Et bien que certains dans l'industrie pétrolière et gazière comme le PDG de Chevron John Watson se sont prononcés en accord avec des restrictions plus sévères pour le fracking pour mitiger les risques, plusieurs autres continuent de dire que la pratique n'est pas responsable pour les contaminations de l'air et de l'eau, ni des problèmes de santé qui pourraient en découler.

L'avocat Mark Bern estime qu'il y a eu environ entre 50 et 100 procès au civil contre des compagnies gazières tout comme celui des Hallowich, sa firme d'avocats Napoli Bern Ripka Shkolnik LLP de Chicago en a traité environ 40 d’entre eux, et il prédit que le nombre ne peut cesser que croître. "Les litiges ne sont qu'à leur début, en parti parce que tout ces fracturations hydrauliques se sont fait si rapidement partout dans le pays," Bern a dit au The Daily Beast. "Bien qu'il y ait eu beaucoup de contamination, je ne crois pas qu'elle se manifestera avant un autre 10 à 20 ans parce que nous ne boirons pas l'eau de plusieurs des nappes aquifères qui ont été contaminées pour un bout de temps."

***

Est-ce que les enfants des Hallowich sont vraiment bâillonnés? La transcription du procès de la cour révèle que l'audience a été particulièrement confuse sur les implications de l'entente de règlement pour les enfants de Chris et Stephanie Hallowich. Peter Villari, l'avocat de la famille, remarque qu'il n'avait jamais vu une demande de faire taire des personnes d'âge mineur de toutes ses 30 années de carrière légale. Dans la transcription, il demande plusieurs fois à Chris et Stephanie Hallowich si ils comprennent qu'en signant l'entente de règlement, ils pourraient renoncer aux droits du First Amendment (liberté d'expression) de leur enfant, si cela est possible. Ils se demandent comment on peut s'attendre à contrôler ce que leurs enfants disent quand ils ne sont pas supervisés.

James C. Swetz, l'avocat qui représentait Range Resources à l'audience, aurait dit que "les Hallowich sont définis comme étant la famille au complet. C'est de la façon que le contrat a été écrit. C'est l'entente qu'on aurait conclu ensemble." Le juge dit carrément qu'il ne sait pas si des parents pouvaient faire une telle promesse pour leurs enfants, l'étiquetant comme étant une "question de faculté de droit." Swetz reprend de plus belle, précisant, "je prétend que notre position est que cela s'applique à toute la famille. Nous verrions certainement à ce que soit respecté."

Gabe Rottman, un expert de la liberté d'expression de l'union des libertés civiles américaines (American Civil Liberties Union), est préoccupé par la constitutionnalité d'une telle entente de règlement. "Ils ne peuvent pas passer de commentaires sur le schiste du Marcellus, ou du fracking, du tout, à jamais," écrivait Rottman dans un courriel envoyé au The Daily Beast. "À part des problèmes légaux du contrat, j'argumenterais que cela est impossible à rendre exécutoire en tant qu'infraction au First Amendment. Ceci pourrait inclure des paroles qui n'ont rien à voir, ou très peu à voir, avec les clauses de l'entente de règlement entre la compagnie et les Hallowich." Rottman précise aussi que les enfants ont le droit de nier un contrat qui les engage avant qu'ils n'aient atteint l'âge de 18 ans. Il dit que c'est ce qu'ils devraient faire.

Par contre, Bern dit que la réponse à ce dilemme est simple: les enfants Hallowich, comme tous les enfants impliqués dans un procès conclu avec n'importe quelle corporation importante, sont probablement liés par cette entente. Les enfants d'âge mineur ne peuvent pas signer d'entente de règlement, mais ils sont souvent des plaignants dans ce genre de litige, avec leurs parents qui argumentent pour eux que les forages les ont rendus malades ou créé un environnement dangereux pour continuer à y vivre. Des procès, explique Bern, rendent ces cas publics. Alors si les corporations ne veulent pas être des cibles de mauvaise presse ou de procès futurs, ils règleront hors cour et insisteront à avoir une entente de confidentialité. En général, dit-il, ceux qui signent "s'y engagent à tout jamais."

Douglas Shields de Pittsburgh appelle cela "un procédé d'extorsion" mais ajoute, "Je ne blâme personne dans de telles circonstances de prendre l'argent et de se sauver."

***

"Vous me donner la chaire de poule," dit Jane, qui parlait au The Daily Beast à condition qu'elle demeure anonyme, quand on lui demande ce qu'elle pense de l'idée d'empêcher ses enfants de parler de fracking de façon permanente. "Oh, c'est malade de faire çà." Elle dit que elle, son mari et leurs deux enfants sont assez chanceux d'être parti de là.

Ils n'ont pas loué leur propriété aux gazières qui sont venues dans leur petite ville au Colorado parce qu'ils ne possédaient pas les droits miniers de leur propriété. Mais c'est leurs voisins qui les possédaient. Et 2 semaines après le début des fracturations sur la terre à côté de leur maison, Jane dit que "notre eau est devenue mauvaise."

Jane et son mari ont entamé un procès contre la compagnie de forage qui avait payé les voisins pour fracturer sur leur terre, avançant que les émanations aériennes et les produits chimiques qui émanaient des tours de forage de la compagnie étaient la cause des saignements de nez, des pertes de conscience, des irritations cutanées, des toux continuelles et d'autres maladies dont souffraient la famille. Leur cas avait été rejetée par la cour originalement, mais le mois passé, avec l'aide de la firme d'avocats de Bern, ils ont gagné la chance d'aller en rappel. Et ils n'ont pas été obligés de signer une clause de confidentialité, bien qu'elle connaisse des personnes qui ont été obligées de le faire.

Bien que Jane est certaine qu'elle et sa famille ne sont pas plus malades depuis qu'ils ont dû faire une expulsion constructive (quand une résidence est déclarée comme étant inhabitable) et déménager dans une autre ville, elle dit que leur santé en souffre encore. "Je suis vraiment inquiète pour l'avenir de nos enfants, à cause des matières auxquels ils ont été exposés," dit-elle. C'est quand même difficile pour elle de dire ce qu'elle aurait fait à la place des Hallowich. "Nous avons toujours dit dès le début que nous laisserions les gens savoir ce qui se passe pour que cela arrive à moins de personnes que possible," dit-elle.

***

Cela fait des semaines que les transcriptions de cour des Hallowich sont publiques, et le directeur des communications de Range Resources Matt Pitzarella s'objecte vigoureusement de la façon que l'histoire s'est déroulée. "Pour être bien clair, l'entente de règlement n'a jamais été conçue pour être imposée à des enfants d'âge d'école primaire," il écrivait dans un courriel envoyé au The Daily Beast. "L'entente de règlement commence par mentionner le noms des enfants une seule fois, parce qu'ils ont été nommés dans les dossiers du procès. Mais en matière de l'entente sur la propriété, de la confidentialité, et ces choses font clairement référence aux parents."

Pitzarella se réfère aux commentaires de Swetz quand il dit que l'ordre devrait s'appliquer à la famille au complet et soit respecté comme étant "une de plusieurs faite par un ancien avocat de Range, qui nous a jamais averti des problèmes entourant la question des enfants. Quand nous l'avons appris, nous avons immédiatement envoyé une lettre à l'avocat des plaignants." Swetz n'est plus employé par la firme prestigieuse K&L Gates, où il travaillait quand se déroulait l'audience des Hallowich. Il ne représente plus non plus Range Resources. Quand on lui demande si la conclusion du cas y a quelque chose à voir, Pitzarella répond, "Nous étions insatisfaits sur plusieurs aspects dont l'entente de règlement s'est déroulé." Le The Daily Beast a tenté plusieurs fois sans succès de rejoindre Swetz. (Les demandes faites auprès de Williams Gas/Laurel Mountain Midstream n'ont pas abouti non plus. MarkWest Energy préfère ne pas faire de commentaires."

Villari, l'avocat des Hallowich, ne nie pas avoir reçu la lettre, mais n'y croit rien. "Il n'y avait aucun doute par tous les partis impliqués que la minute que Swetz ait ouvert la bouche, il parlait au nom de Range. Il a fait ce qu'on lui a demandé de faire, son travail." Villari dit qu'il a envoyé une lettre en réponse à Range Resources, MarkWest Energy et Williams Gas/Laurel Mountain Midstream, les compagnies impliquées dans l'entente de règlement originale, les invitant tous à une stipulation conjointe qui retirerait l'ordre de bâillonnement aux enfants. Personne n'a répondu. Encore pire, à part de Range Resources, les autres défendants de l'entente, tout comme les Hallowich, ont gardé le silence."

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

"Can You Silence a Child? Inside the Hallowich Case
by Caitlin Dickson

A Pennsylvania family made national headlines when it was alleged that fracking companies put their young children under a gag order. Could it really be? Caitlin Dickson digs into the case.

For anyone who lives near a natural gas shale, the story of the Hallowich family of Washington County, Pennsylvania, is a familiar one. It begins with a knock on the door from a representative from a multi-billion dollar natural gas company offering an enticing sum of money in exchange for the mineral rights to the land. Then comes the drilling, followed by reports of headaches, or nosebleeds, or worse. Then the legal fees. Then silence.

What’s not familiar in the case is what may have happened to Chris and Stephanie Hallowich’s children.

When the Hallowiches began building on ten acres of land in southwestern Pennsylvania, they had no idea their dream home would sit atop the site of one of the biggest fracking operations in the country: the Marcellus Shale. A sedimentary rock that runs thousands of feet below ground from upstate New York through Pennsylvania, parts of Ohio, and into West Virginia, its millions of years’ worth of decomposition creating so-called natural gas, the Marcellus Shale is currently on track to produce about 550 million barrels of gas this year alone. In the Hallowiches' case, it was the previous owner of their property who had cut several deals to cash in on this underground resource. The gas processing plant, compressor station, underground pipelines, three-acre plastic-lined holding pond, and four natural gas wells that sprouted up around the Hallowiches’ two-story house as a result of these deals soon became more health hazard than eyesore, the family says.

After opposing the fracking industry for years—accusing the businesses that had set up shop on their land of contaminating their air and water, making them and their small children sick, and devaluing their property—the Hallowiches sued the companies Range Resources, MarkWest Energy and Williams Gas/Laurel Mountain Midstream. Without accepting responsibility for the family’s health claims, the gas companies agreed to pay the Hallowiches $750,000 so that the family could move out—in exchange for their signatures on a non-disclosure agreement.

Such agreements aren’t uncommon outcomes for these types of suits, neither is having the details of the settlement sealed, as this one was. But two years after being barred from attending the Hallowiches’ settlement hearing, the Pittsburgh Post-Gazette requested that the court release a transcript and discovered something odd. By signing the agreement, it appeared that Chris and Stephanie were not only promising never to speak about Marcellus Shale gas drilling or any of the companies with which they settled—they were also ostensibly vowing that their 7 and 10-year-old children would keep their mouths shut about fracking. Forever.

Two years after their suit was settled, the unsealed transcript thrust the Hallowiches into national news headlines, symbolizing the apparent lengths to which corporations would go to keep adversaries quiet. At least one of the companies jolted into damage control mode, sending a letter to a Hallowich family lawyer insisting that, contrary to what was said in the hearing, it "has never, at any time, had the intention of seeking to hold a minor child legally accountable for a breach of that provision of the settlement agreement.”

But the companies' intention and the actual effect on the children are two different things—both of which continue to be debated.

***

Hydraulic fracturing, or fracking, is still somewhat of a mystery to most of the country. It’s probably best identified as what Matt Damon’s character tries to push on a small Pennsylvania farming town in the 2012 film Promised Land. Or it’s what (arguably) caused a Colorado man to light his tap water on fire two years earlier in the Academy Award-nominated documentary Gasland.

Though fracking has been around for well over 65 years, it wasn’t until the method of injecting water, sand, and chemicals into the ground to break up oil and rock formations was introduced on an industrial scale in the U.S. that the process became newsworthy. In the past 25 years, with the discovery of gas-rich shales and the introduction of industrial fracking, shale gas production has gone from zero to 23 percent of all U.S. gas production. That percentage is predicted to balloon to 49 percent by 2035, moving the U.S. closer to its universally endorsed goal of “ending our dependence on foreign oil.” When President Obama says he wants to boost natural gas exports from the U.S., he’s talking about fracking.

Douglas Shields, a former Pittsburgh City Councilman who passed a ban on fracking for Pittsburgh in 2010, says he first started getting calls from constituents who’d been offered cash for their mineral rights in 2008. Shields had been around the gas industry his entire life—from working on an oil field boat in the Gulf of Mexico in 1974 to building a legal career in environmental and regulatory law—and Pennsylvania has had a long history of gas drilling. So when gas companies promised to bring business back to a state that had been in decline since the end of the industrial era, most people, including Shields, were excited.

But Pennsylvanians, as well as people sitting on natural gas shales around the country, would soon discover that fracking is unlike anything they’d ever encountered before. By the time Stephanie Hallowich and others complained of headaches and nosebleeds and contaminated water, Shields says, “it was too late for anyone to do anything politically effective.”

The research on the health impacts of fracking is mixed and relatively limited. According to a recent National Institutes of Health Environmental Health Science podcast, it’s clear to scientists who’ve studied fracking that the process emits chemicals into the air and possibly water. What’s unclear is the amount of chemicals that are released and the extent to which people might be exposed. Back in May the Obama Administration unveiled new fracking regulations that require companies to disclose which chemicals are used in the process and to have management plans in place to ensure that contaminated liquids don’t make their way into groundwater. And while some in the oil and gas industry like Chevron CEO John Watson have come out in favor of stricter fracking restrictions to mitigate risks, many others maintain that the practice is not responsible for air and water contamination or the health issues that could cause.

Attorney Mark Bern estimates that there have been somewhere between 50 and 100 civil lawsuits against natural gas companies just like the Hallowiches’—his Chicago-based firm Napoli Bern Ripka Shkolnik LLP has handled about 40 of them—and he predicts that number will only continue to grow. “The litigation is still very young, partially because all of this fracking has happened so fast throughout the country,” Bern told The Daily Beast. “Even though there has been a lot of contamination, I don’t believe it will really manifest itself for another 10 to 20 years because we won’t be drinking water from many of the aquifers that have been contaminated for that long.”

***

Have the Hallowich kids really been gagged? The court transcript in the case reveals a hearing wrought with confusion over the settlement’s implications for Chris and Stephanie Hallowich's children. Peter Villari, the family’s attorney, notes that he has never seen a request to silence minor in his 30 years of practicing law. In the transcript, he repeatedly asks Chris and Stephanie Hallowich if they understand that by signing the agreement they may be giving up the First Amendment rights of their child—if that’s possible. They question how they were to be expected to control what their children say when out from under their supervision.

James C. Swetz, the attorney representing Range Resources at the hearing, is quoted saying that “the Hallowiches are defined as the whole family. That’s the way the contract has been written. That’s what we’ve agreed to.” The judge states flatly that he doesn’t know whether parents could make such a promise on behalf of their children, calling it “a law school question.” Swetz doubles down, clarifying, “I guess our position is that it does apply to the whole family. We would certainly enforce it.”

Gabe Rottman, a free speech expert at the American Civil Liberties Union, is concerned about the constitutionality of such an agreement. “They can’t comment on Marcellus Shale or fracking at all, ever,” Rottman said in an email to The Daily Beast. (Emphasis his.) “Aside from the contract law issues, I would argue that’s unenforceable as a violation of the First Amendment. This would cover speech that has little or nothing to do with the terms of the agreement between the company and the Hallowiches.” Rottman also pointed out that children have the right to disaffirm a contract they’re entered into before they turn 18. He says they should do that.

Bern, however, says the answer to this question is simple: the Hallowich kids, like all children included in a lawsuit settled with any kind of major corporation, are most likely bound by the agreement. Minors can’t sign settlements, but they are often plaintiffs in these types of suits, with their parents arguing for them that drilling made them sick or created an unsafe environment for them to live. Trials, Bern explained, make cases public. So if corporations don’t want to open themselves up to bad press or future lawsuits, they will settle out of court and insist on a non-disclosure agreement. Generally, he said, those who sign “are bound forever.”

Pittsburgh’s Douglas Shields called this “an extortion process” but added, “I don’t blame anyone in these circumstances for taking the money and getting the hell out.”

***

“You’re giving me goose bumps,” says Jane, who spoke to The Daily Beast under the condition of anonymity, when asked about the idea of permanently prohibiting her two children from talking about fracking. “Oh, that’s sick.” She says she, her husband, and their two kids were lucky enough to get the hell out.

They didn’t lease their land to the gas company that came to their small Colorado town because they didn’t own the mineral rights to their property. But the neighbors did. And two weeks after fracking began on the land around her house, Jane says, “our water went bad.”

Jane and her husband sued the drilling company that had paid the neighbors to frack on their land, claiming the fumes and chemicals emitted by the company’s rigs had caused the family nosebleeds, blackouts, rashes, constant coughing, and other illnesses. Their case was initially dismissed, but just last month—with the help of Bern’s firm—they won an appeal. And they didn’t have to sign a non-disclosure agreement—though she knows people who’ve had to.

While Jane is certain that she and her family haven’t gotten any sicker since they had to do a constructive eviction—in which a home is declared uninhabitable—and move towns, she says their health is still suffering. “I’m really worried about our children’s future, what they’ve been exposed to,” she said. Still, it’s hard for her to say what she would have done in the Hallowiches’ position. “We’ve always said from day one we want to let people know what’s happening so it happens to as few people as possible,” she said.

***

It’s been weeks since the Hallowiches’ court transcripts were released, and Range Resources's communications director Matt Pitzarella objects strongly to the way the story has played out. “To be very clear, the agreement was never intended to be applied to the elementary school aged children,” he wrote in an email to The Daily Beast. “The agreement begins by mentioning the names of the children only once, because they were named in the lawsuit. But matters like the real estate covenant, nondisclosure, and those matters are all clearly in reference to the parents.”

Pitzarella referred to Swetz’s comment that the order would apply to the entire family and be enforced as “one of several made by a former outside counsel to Range, who never informed us of the questions surrounding the children. When we learned of it, we immediately sent a letter to the plaintiff’s attorney.” Swetz is no longer employed by the prestigious law firm K&L Gates, where he was working at the time of the Hallowich hearing. He’s also no longer representing Range Resources. When asked if the outcome of the case had anything to do with this, Pitzarella replied, “We were unsatisfied with many aspects of the handling of the settlement.” The Daily Beast made multiple unsuccessful attempts to reach Swetz. (Requests to Williams Gas/Laurel Mountain Midstream were unreturned as well. MarkWest Energy declined to comment.)

Hallowich lawyer Villari doesn’t deny receiving the letter, but he isn’t buying any of it. “There was no doubt in anyone’s mind that the moment [Swetz] opened his mouth he was speaking on Range’s behalf. He did what he was hired to do.” Villari said that he sent a letter in response to Range Resources, MarkWest Energy and Williams Gas/Laurel Mountain Midstream—the companies involved in the original settlement agreement—inviting all of them to enter into a joint stipulation withdrawing the gag order against the children. No one has responded. In fact, other than Range Resources, the rest of the defendants in the agreement have, like the Hallowiches, remained silent. "

Link: http://www.thedailybeast.com/articles/2013/09/01/can-you-silence-a-child-inside-the-hallowich-case.html