Friends of the Richelieu. A river. A passion.



"Tout cedit pays est fort uny, remply de forests, vignes & noyers. Aucuns Chrestiens n'estoient encores parvenus jusques en cedit lieu, que nous, qui eusmes assez de peine à monter le riviere à la rame. " Samuel de Champlain


"All this region is very level and full of forests, vines and butternut trees. No Christian has ever visited this land and we had all the misery of the world trying to paddle the river upstream." Samuel de Champlain

Friday, July 1, 2011

Rivière Richelieu - une marche de reconnaissance

Le terrain riverain devant chez moi a été légué à Conservation de la Nature par la succession d'Henry Charles Panet, un voisin à moi durant ma jeunesse. Je vais expliquer ici comment M. Panet a modifié le bord de l'eau devant chez lui dans les années 1960 et comment la crue de 2011 a refait son travail.

Le terrain riverain appartenait à Hydro-Québec qui a mis des parcelles du bord de l'eau à Richelieu en vente à qui serait intéressé. M. Panet a acheté le terrain devant chez lui et devant ses voisins pour pouvoir aménager la rive à son goût. Il faut préciser ici que les rives étaient déjà artificielles par les travaux de creusage lors de la construction de la centrale hydro-électrique à la fin des années 1890: l'aval de la centrale avait été creusé pour recevoir l'eau qui avait passé au travers des turbines et isolé des Rapides de Chambly (car le niveau de l'eau n'était pas le même) par une île qui servait de chemin d'accès à une tour qui soutenait des fils électriques qui traversaient la rivière.

Voyez-vous, M. Panet était propriétaire d'une compagnie de distribution de gaz propane, et gardait plusieurs citernes immenses sur sa propriété. Il avait donc une peur bleue, mais bien justifiée, du feu.

Afin de pouvoir garantir l'accès pour les pompiers et leurs pompes au bord de l'eau si jamais le besoin se faisait sentir, M. Panet avait fait modifier le bord de l'eau afin de permettre aux véhicules lourds de descendre au bord de l'eau grâce à plusieurs paliers qui communiquaient en pentes douces, en zig-zags, jusqu'au niveau de l'eau. Un peu comme cet escalier du château Largentière en Ardèche:Photo: patrimoine-archeche.com

Mais la crue de 2011 de la rivière Richelieu a changé un peu les lieux en quelques mois. Le palier inférieur et ce qui était le rivage sont maintenant sous l'eau, ou tout simplement érodés par le courant et disparus. Les vagues et le courant ont lavé la terre et la végétation, et laissent voir les immenses rochers qu'on a pris pour construire un palier:


Une grosse roche s'est même fait laver la terre sous elle, et elle a roulé un demi tour vers la rivière:
Le palier au-dessus de celui-là revoit le soleil après avoir été sous l'eau pendant presque 2 mois. La terre est encore saturée d'eau, le gazon est toujours vert, mais la texture du sol est différente. Plusieurs vinaigriers semblent morts. La crue descendante a révélé des endroits érodés ici, des nouvelles plages là. Une odeur de poisson pourri et d’égout flotte dans l'air. Les oiseaux commencent à revenir, mais il est maintenant probablement trop tard pour faire un nid, surtout pour le carouge à épaulettes.

C'est parfois beau et laid à la fois:
Là où l'on pouvait marcher à l'ombre des arbres qui avaient poussé le long de l'ancienne ligne des hautes eaux, la rivière domine:

C'est un endroit que je visite régulièrement depuis presque 60 ans, mais parfois je suis un peu confuse et dois me situer: le paysage est tellement différent que parfois, je ne suis pas certaine où je me trouve exactement. Le clapotis des vagues est étrange: la rivière ici, avant, avait presque l'apparence d'un lac marécageux. Maintenant, cette section de la rivière a presque l'aspect des Rapides de Chambly, du côté ouest de la rivière.

Du rivage côté est, je peux maintenant admirer le Fort Chambly, ce que je ne pouvais pas faire avant, car le prolongement des Îles Saint-Jean et ses arbres me le cachaient.

Je remarque que le courant a érodé le bras artificiel au milieu de la rivière presque jusqu'au Parc Fortier.

Je me demande si Hydro-Québec commence à être inquiet pour sa tour qui tient les fils électriques qui traversent la rivière à cette hauteur: la petite tour bleu-turquoise n'est plus bien loin, maintenant.

Sur le bras des Îles Saint-Jean, la base du pont branlant est toujours là, ainsi que la pancarte qui interdit la baignade. La nouvelle lame de roches et de débris en premier plan, ornée de goélands.
Une grande quantité de sol et de roches qui faisaient parti du bras au milieu de la rivière fait maintenant une lame diagonale au milieu de la rivière, et les goélands aiment s'y prélasser au soleil durant la journée. Une journée, un arbre s'y accroche, semble prendre racine, et le lendemain n'est plus là. Le courant a dû l'emporter, lui aussi.
Du Parc Fortier, vue en amont, le paysage est méconnaissable. Le grand arbre s'est fait déterrer ses racines, et plus loin, la clôture du Parc, limite sud.
Là où il y avait une île et des arbres, seulement quelques arbres tiennent bon dans un courant qui gruge leurs racines:


En amont de tout ceci, la base de l'ancienne centrale hydro-électrique refait surface, car l'eau baisse:



Là où les foules se baignaient, les années passées:
Mais il y a toujours la faune ailée qui en profite! L'amour derrière les barbelés:



Un paysage toujours en devenir...

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