Légende: Les paysages de la savane en Afrique viennent toujours me chercher, comme si les origines de l'humanité demeurent bien ancrées dans mon coeur.
Photo: National Geographic
J'ai toujours déploré la disparition des arbres qui vient avec les nouvelles méthodes de faire de l'agriculture. Je suis convaincue que notre humanité a vu ses débuts dans une savane bordant une longue rivière qui méandre entre des bosquets et des arbres parsemés ici et là dans une vaste vallée à collines en quelque part sur la planète.
Voici une traduction libre d'un autre article du New York Times qui laisse comprendre que d'autres agriculteurs ont compris les avantages d'intégrer les arbres dans leur activités agricoles, plutôt que de les traiter comme des "nuisances", comme j'ai déjà entendu dire à une séance ordinaire de ma MRC (Rouville) des bouches du préfet de l'époque.
Une douce poussée vers les cultures de récoltes sous des cimes d'arbres
Sur une colline couverte d'arbres dans les montagnes au nord de la capitale du Montana, sous une canopée de pins et d'épinettes, Marc et Gloria Flora ont planté plus de 300 plus petits arbres comme des pommiers, des noyers noirs et des châtaigniers. Sous les arbres, ont trouve des étages de récoltes: des buissons portant des baies et des framboises, des fleurs comestibles comme des belles d'un jour, des vignes de raisins et de houblons, ainsi que des plantes médicinales, dont des millefeuilles et de l'arnica.
Des dindes et des poules se promènent dans la parcelle de terre de 2 acres, gobant les micocouliers et les cerises qui ont tombés parterre dans leur enclos tout en enrichissant le sol avec leur excréments.
Pour les Flora, le jardin est plus qu'une source de nourriture pour usage personnel et la vente. Mme Flora est une consultante en environnement et ancienne surveillante du United States Forest Service, et elle espère que son projet devienne un exemple qui démontrera les avantages de promouvoir l'agroforesterie, la science d'incorporer les arbres dans les pratiques de l'agriculture traditionnelle.
La canopée variée et l'usage des plantes indigènes, dit-elle, rend le jardin plus résilient vis-à-vis les changements climatiques, demande moins d'eau, aucun engrais de synthèse, et très peu ou pas du tout de pesticides. "C'est beaucoup plus durable" que l'agriculture conventionnelle, selon elle.
Le but est d’arnacher les services écologiques rendus par les arbres. "L'agroforesterie ne veut pas dire transformer les fermes en forêts." dit Andy Mason, le directeur du centre National Agroforestry Center du Forest Service. "C'est le bon arbre au bon endroit pour la bonne raison."
Le département de l'agriculture, le petit cousin du Forest Service, a commencé cette initiative cette année pour encourager l'agroforesterie.
Selon les essences, les arbres contribuent de bien des façons à l'agriculture, selon des experts. Les arbres dans une haie brise-vent réduisent la force des vents et les dégâts de l'érosion de l'eau. Certains arbres donnent de l'engrais: ils prennent l'azote dans l'atmosphère, et soit le fixent sous terre par leurs racines, ou quand ils perdent leurs feuilles, le rendent disponible quand elles se décomposent. Les arbres plantés le long des ruisseaux peuvent aller chercher et dépolluer le ruissellement des fermes. Ils augmentent la diversité des espèces en fournissant de l'habitat, et certaines espèces sont bénéfiques au travail des fermiers: les abeilles et les papillons aident à polliniser les récoltes, par exemple. (Une étude scientifique a démontré que 66 espèces d'oiseaux profitent des brise-vents sur les fermes). Les arbres aident à garder les champs agricoles plus frais et plus humides.
Certains travaux de recherche ont aussi démontré que les éleveurs de bétail peuvent augmenter leurs revenus en ajoutant des arbres sur leur propriété, en vendant du bois tout en gardant leurs vaches à l'ombre, les protégeant du soleil de plomb de l'été pendant les canicules.
Et les arbres aident l'environnement en général en absorbant les GES et en assainissant les eaux polluées, contre-balançant certains des effets de l'agriculture à grande échelle.
"Le plus gros problème causé par la production de nourriture est la dégradation environnementale." dit Gene Garrett, un professeur émérite en foresterie et ancien directeur du Center for Agroforestry à l'université du Missouri. Des ceintures d'arbres bien situées et d'autres sortes de végétation le long des ruisseaux peuvent filtrer jusqu'à 95% des sédiments de sols qui se font délaver des champs agricoles, selon des études, et jusqu'à 80% du phosphate et de l'azote qui en échappe.
Bien que l'idée de cultiver avec des arbres refait son apparition aux États-Unis, ce n'est pas nouveau. Cela a commencé durant le "Dust Bowl", la période de sécheresse qui a dévasté le midwest américain dans les années 1900, quand des arbres ont été plantés en haies brise-vents pour arrêter l'érosion par le vent, selon M. Mason. Et partout au travers la planète, l'agroforesterie était pratiquée pendant des siècles. "Plusieurs générations ont vécu sur des terres." dit Jill M. Belsky, un professeur de sociologie rurale et environnementale à l'université du Montana qui a étudié les fermes-forêts. "Ces générations ont une connaissance écologique approfondie et plusieurs cycles de ces saisons. Par exemple, ils goûtent à la terre et disent 'Nous avons besoin de plus de poules ici." en guise d'engrais.
Ailleurs, des arbres "au boulot" sont employés pour réhabiliter des paysages érodés ou désertifiés. Un programme au Niger a reverdi des millions d'acres depuis 20 ans.
Il y a plusieurs façons de faire de l'agroforesterie. Laisser du bétail brouter sous une canopée d'arbres est du silvi-pâturage, par exemple. Dans des récoltes en allées, une ancienne technique qui devient de plus en plus populaire aux États-Unis, des rangées d'arbres à bois dur de grande valeur comme le chêne sont alternées avec des rangées de maïs, de blé ou d'herbacées qui serviront à faire du biocarburant.
Des opérations d'agroforesterie aident aussi à faire pousser des récoltes spécialisées. Nicola MacPherson fait pousser des arbres pour leur bois dans les Ozarks, et fait pousser des champignons shiitaké et pleurotes sur les branches qui restent après les coupes forestières. Elle implante aussi un verger à truffles. Et puis il y a des jardins-forêts comme celui des Flora.
L'agroforesterie ne se limite pas à planter des arbres: cela peut être une forme sophistiquée de gestion. "La clé de plusieurs systèmes est la façon de gérer l'ombre et la lumière." dit le docteur Belsky. Dans un système souvent utilisé, des arbres de teck au-dessus de récoltes de légumes, au fur à mesure que les cimes des arbres se rejoignent et jettent plus d'ombre, diminuant la quantité de lumière disponible pour la récolte en dessous, les récoltes en dessous changent, pour s'adapter aux nouvelles conditions.
Ici au Montana, les Flora espèrent que leur jardin évoluera au fur à mesure que les conditions changeront. Le climat de la partie nord des Rocheuses, par contre, est un monde bien différent des fermes-forêts tropicales, et les Flora sont des pionniers. Ils ont vécu leur part d'expériences de débutants. Les abeilles ont laissé leurs ruches et ne sont jamais revenues: les Flora ont donc dû polliniser leurs arbres fruitiers à la main, avec des pinceaux. Durant un certain mois d'octobre, les arbres sont morts après une tempête de glace et un froid glacial. Et il y a aussi les rongeurs. "Les gaufres font beaucoup de dommages." dit Mme Flora. "Ils mangent les racines, les carottes et les pommes de terre." Son chien terrier a été la meilleure solution pour régler ce problème, jusqu'à date.
Les sols sont pauvres en nutriments, mais un jardin-forêt transforme des sols marginaux en terreau beaucoup plus fertile. Les aiguilles et les feuilles tombent et les excréments d'animaux s'accumulent, et les nutriments augmentent avec le temps. L'un des principales embûches à l'adoption de l'agroforesterie à grande échelle serait probablement le préjugé habituel que l'on porte envers les arbres. "Des familles ont passé des générations à enlever les arbres pour pratiquer de l'agriculture, et c'est contre cette attitude ancrée à laquelle nous faisons face." dit le docteur Garrett, l'éminent professeur ici. "Nous devons insister pour dire que si on ne les plantent pas aux mauvais endroits, les arbres peuvent travailler pour améliorer l'agriculture."
Légende: Gloria Flora's forest garden includes berries and medicinal plants - le jardin forestier de Gloria Flora inclut des baies et des plantes médicinales.Photo: Anne Sherwood
"A Quiet Push to Grow Crops Under Cover of Trees
On a forested hill in the mountains north of Montana’s capital, beneath a canopy of pine and spruce, Marc and Gloria Flora have planted more than 300 smaller trees, from apple and pear to black walnut and chestnut. Beneath the trees are layers of crops: shrubs like buffalo berries and raspberries, edible flowers like day lilies, vines like grapes and hops, and medicinal plants, including yarrow and arnica. Turkeys and chickens wander the two-acre plot, gobbling hackberries and bird cherries that have fallen from trees planted in their pen, and leaving manure to nourish the plants.
For the Floras, the garden is more than a source of food for personal use and sale. Ms. Flora, an environmental consultant and former supervisor for the United States Forest Service, is hoping it serves as a demonstration project to spur the growth of agroforestry — the science of incorporating trees into traditional agriculture. The extensive tree canopy and the use of native plants, she says, make the garden more resilient in the face of a changing climate, needing less water, no chemical fertilizers and few, if any, pesticides. “It’s far more sustainable” than conventional agriculture, she said.
The idea is to harness the ecological services that trees provide. “Agroforestry is not converting farms to forest,” said Andy Mason, director of the Forest Service’s National Agroforestry Center. “It’s the right tree in the right place for the right reason.” The Department of Agriculture, the Forest Service’s parent agency, began an initiative this year to encourage agroforestry.
Depending on the species, trees make all sorts of contributions to agriculture, experts say. Trees in a shelter belt reduce wind and water erosion. Some trees serve as fertilizers — they take in nitrogen from the atmosphere, or pump it from deep underground and, when they drop their leaves, make it available upon decomposition. Trees planted along streams can take up and scrub out polluted farm runoff. They increase species diversity by providing habitat, and some of those species are friendly to farmers — bees and butterflies that help pollinate crops, for example. (One study showed that 66 species of birds benefit from windbreaks on farms.) Trees can keep a field cooler and more moist.
Some research also shows that cattle farmers can improve their income by introducing trees, both by selling timber and by cooling cows in the shade.
And trees in general help the environment by absorbing greenhouse gases and by cleaning up polluted water — countering some of the effects of large-scale agriculture.
“The biggest problem with food production is environmental degradation,” said Gene Garrett, an emeritus professor of forestry and former director of the Center for Agroforestry at the University of Missouri. Properly placed belts of trees and other vegetation along streams can filter out 95 percent of the soil sediment that washes off farm fields, studies show, and up to 80 percent of phosphate and nitrogen that runs off.
While the idea of farming with trees is being reborn in the United States, it is not new. It got its start here in the Dust Bowl era, when trees were planted in shelter belts to stop severe wind erosion, Mr. Mason said. And around the world, agroforestry goes back centuries. “Many generations have been on the land,” said Jill M. Belsky, a professor of rural and environmental sociology at the University of Montana who has studied forest farms. “They have deep ecological knowledge and many cycles of these seasons. “For example, they taste the soil and say, ‘We need a few more chickens in here’ ” for fertilizer.
Elsewhere, “working” trees are being used to replenish eroded or desert landscapes. A program in Niger has greened millions of acres in the last 20 years.
There are several approaches to agroforestry. Grazing livestock under a canopy of trees is called silvo-pasture, for instance. In alley cropping, an ancient technique that is becoming more common in the United States, rows of commercially valuable hardwood trees like oak are alternated with rows of corn, wheat or grasses for biofuel.
Agroforestry operations are also helping raise specialty crops. Nicola MacPherson raises timber in the Ozarks, and grows shiitake and oyster mushrooms on the waste branches; she is also establishing a truffle orchard. Then there are forest gardens like the one the Floras are creating.
Agroforestry is not just as simple as sticking trees in the ground — it can be a sophisticated form of management. “The key to a lot of systems is how they manage shade and light,” Dr. Belsky said. In one common system — teak trees over vegetable crops — as the over-story closes, limiting light, “the types of crops below change.”
Here in Montana, the Floras say they hope that their garden will evolve as conditions change. The climate of the northern Rockies, though, is a world away from tropical forest farms, and the Floras are pioneers. They have had their share of learning experiences. Bees left their hives and never came back; the Floras had to pollinate their fruit trees by hand, with paintbrushes. One October, trees were killed by a snowstorm and bitter cold. And there are rodents. “Gophers do a lot of damage,” Ms. Flora said. “They eat tree roots, carrots and potatoes.” Her Yorkshire terrier, Rocky, has been the best remedy so far.
The soil is nutrient-poor, but a forest garden turns marginal soil into much more fertile ground. As the needles and leaves fall and animal waste collects, nutrients increase over time. One major hurdle to widespread adoption of agroforestry, though, might be conventional thinking about trees. “Families spent generations removing trees to practice agriculture, and we’re up against that,” said Dr. Garrett, the emeritus professor here. “We have to stress that if you don’t put them in the way, you can use working trees to benefit agriculture.” "
Excerpts of article written by Jim Robbins published in The New York Times here: http://www.nytimes.com/2011/11/22/science/quiet-push-for-agroforestry-in-us.html?_r=1
Photo: University of Waterloo
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