Les protections environnementales ne doivent pas attendre que les populations sont sur le point de disparaître.
Où et quand il y a des menaces sérieuses à l'environnement, les gouvernements ne devraient pas remettre à plus tard des mesures de prévention efficace parce que les preuves scientifiques n'ont pas été encore faites. C'est le principe de précaution qui le dit, une idée bien ancrée dans plusieurs traités internationaux, dont la déclaration signée en 1992 durant le Sommet de la Terre à Rio de Janeiro au Brésil.
Plusieurs scientifiques pensent que ce principe devrait avoir déclenché depuis longtemps des actions pour diminuer les dommages infligés à la vie aquatique causés par l'hormone synthétique EE2, l'éthynyl l'œstradiol, un ingrédient des pilules anti-ovulatoires qui se retrouve dans les usines de traitement d'eaux usées et finalement dans les cours d'eau et les lacs. Par exemple, en 2004, l'agence de l'environnement de la Grande-Bretagne a déclaré que cet hormone féminise les poissons de sexe mâle et nuit probablement à toutes les populations de poissons. Cet agence a conclu plus tard que ces dommages sont inacceptables à long terme.
Huit ans plus tard, les preuves des impacts de l'EE2 continuent de s'accumuler, mais la Commission Européenne propose seulement maintenant les premiers vrais efforts pour s'attaquer au problème en suggérant qu'il y ait des limites sévères sur la concentration de cet hormone dans l'environnement. La législation devrait s'avérer être un précédent à la grandeur de la planète. Mais les résultats devraient être mitigés surtout à cause des préoccupations sur les meilleures façons de restreindre les fuites de l'EE2 dans l'environnement aquatique, ce que cela coûterait et qui devra payer la note.
Les gouvernements et les membres du parlement européen ont raison de vouloir évaluer les coûts d'implanter cette législation. Mais certains gouvernements et groupes industriels tentent d'étouffer ces discussions essentielles alors qu'elles ont à peine commencées.
Par exemple, le gouvernement de la Grande Bretagne a suggéré que les changements nécessaires à apporter aux usines de traitement d'eaux usées coûteraient à l'Angleterre et au Pays de Galles entre £26 billions (US$41 billions) et £30 billions sur 10 ans, un montant si important que la législation sera probablement reportée aux calandres grecques. D'autres groupes gouvernementaux et de l'industrie se sont déjà prononcés contre les projets de lois. En privé, les scientifiques ont dit à la revue Nature qu'ils se doutent que les calculs sont fait pour en arriver à un coût le plus dispendieux que possible afin que les règlements proposés soient financièrement irréalistes.
Une enquête menée par Nature laisse comprendre que les prévisions de la Grande-Bretagne ne tiennent pas compte des occasions possibles de diminuer les coûts. De plus, est-ce que les coûts sont réellement si élevés que çà quand l'on sait que l'industrie de l'eau du pays s'est déjà engagée à dépenser £22 billions entre 2010-2015 pour améliorer ses infrastructures et la qualité de l'eau en Angleterre et dans le Pays de Galle? De plus, les mêmes mesures qui diminueraient la quantité de EE2 dans les eaux usées diminueraient aussi d'autres résidus pharmaceutiques potentiellement nuisibles dont des antibiotiques et le diclofenac, une autre substance dont la Commission Européenne s'étaient proposé à établir des limites plus sévères.
De plus, la discussion s'est concentré sur le traitement des eaux usées en tenant à peine compte de ce que les industries pharmaceutiques et agricoles pourraient faire pour éviter que leurs médicaments se retrouvent dans l'environnement aquatique. Les médecins et leurs patients ont aussi leurs responsabilités dans ce dossier afin qu'ils s'assurent que les médicaments soient prescrits de façon appropriée et que l'on dispose des comprimés non consommés de façon appropriée. Soyons clairs: personne ne suggère sérieusement que les patients soient privés des médicaments dont ils ont besoin, même si certaines personnes dans cette dispute ont déclaré que les restrictions auraient justement cet effet.
Il est temps de mettre de côté les tactiques de peur et d'échanger ouvertement et honnêtement sur les façons que l'on pourrait régler ce problème environnemental potentiellement dévastateur. Les limites de concentrations de EE2 dans les cours d'eau et les lacs proposées par la Commission Européenne est la première étape cruciale.
Que cette règlementation de l'EE2 fasse face à de tels embûches malgré les preuves qui s'accumulent qui démontrent les dangers met en évidence un problème plus vaste des évaluations d'impacts environnementaux. Les gouvernements peuvent bien dire reconnaître le principe de précaution, mais avant d'agir, ils insistent souvent d'avoir des preuves que des populations, pas seulement des individus, sont à risque. Dans le cas de l'EE2, des groupes de l'industrie reconnaissent que des poissons individuels pourraient avoir été mis à risque, mais ajoutent qu'il ne semble pas avoir de chute importante dans les quantités de poissons d'eau douce en Europe. Pourtant, des liens sans équivoque entre un produit chimique spécifique dans l'environnement et un dommage aux populations de la faune n'ont été démontrés que dans quelques circonstances seulement.
Souvent, la preuve irréfutable survient seulement après que des dommages massifs ont été infligés, comme ce fut le cas de l'aigle américain, le Pygargue à tête blanche, durant les années 1960, quand les populations ont diminué considérablement à cause des résidus d'organochlorés comme le DDT qui rendaient les coquilles de leurs oeufs trop minces. Les gouvernements et les membres du parlement peuvent prévenir un tel désastre environnemental, mais ils doivent agir selon les preuves que nous avons déjà avant qu'il ne soit trop tard.
"Water wars
Environmental protections must not wait until a population is about to disappear.
Where there are serious threats to the environment, governments should not postpone cost-effective preventative measures because the scientific evidence is inconclusive. So says the precautionary principle, an idea enshrined in several international treaties, including the declaration signed in 1992 at the Earth Summit in Rio de Janeiro, Brazil.
Many scientists think that this principle should have long ago triggered action to curb the damage to aquatic wildlife caused by the synthetic hormone ethynyl oestradiol (EE2), an ingredient of birth-control pills that passes through wastewater treatment plants and into streams and lakes. In 2004, for example, the UK Environment Agency declared that the hormone feminizes male fish and is likely to damage entire fish populations. It later concluded that this damage is unacceptable in the long term.
Eight years on, the evidence against EE2 continues to mount, but the European Commission is only now proposing the first serious effort to tackle the problem, suggesting tight limits on the hormone’s concentration in the environment. The legislation would set a global precedent. But its prospects look bleak, mainly because of concerns about how best to limit the escape of EE2 into the aquatic environment, what that would cost and who should pay.
Governments and members of the European parliament are right to consider the costs of implementing the legislation. But some governments and industry groups are stifling these crucial discussions when they have barely begun.
The UK government, for example, has suggested that the necessary changes to wastewater treatment plants would cost England and Wales between £26 billion (US$41 billion) and £30 billion over ten years, a figure so breathtaking that it is likely to ensure that the legislation is kicked into the long grass. Other governments and industry groups have also branded the proposed rules unaffordable. Privately, scientists have told Nature that they suspect the calculations aim for the highest possible cost in order to portray the rules as financially unrealistic.
Nature’s investigation shows that the UK estimate ignores significant cost-cutting opportunities. And is the cost really so high when the UK water industry has already committed to spend £22 billion from 2010–15 to improve infrastructure and water quality in England and Wales? What is more, the same measures that would limit EE2 in waste water would also reduce other potentially harmful pharmaceutical residues, including antibiotics and diclofenac — a second substance for which the European Commission has proposed stringent limits.
In addition, the discussion has focused on wastewater treatment, with little consideration of what the pharmaceutical and farming industries could do to keep their drugs out of the aquatic environment. Doctors and patients have a responsibility here, too, to make sure that the drugs are prescribed appropriately and that leftover pills are disposed of properly. To be clear, no one is seriously suggesting inhibiting patients’ access to the drugs they need, even though some parties in the dispute have charged that the restrictions would do just that.
It is time to set aside scare tactics and to have an open and honest discussion about how to solve a potentially devastating environmental problem. The European Commission’s proposed limits on the levels of EE2 in streams and lakes are a crucial first step.
That the regulation of EE2 faces such hurdles despite the mounting evidence of harm highlights a wider problem with environmental risk assessment. Governments may acknowledge the precautionary principle, but before taking action they often insist on strong evidence that populations, and not just individuals, are at risk. In the case of EE2, industry groups acknowledge that individual fish may have been harmed but note that there is no sign of a crash in Europe’s freshwater fish numbers. Yet an unequivocal link between a specific chemical in the environment and harm to wildlife populations has been demonstrated in a mere handful of cases.
Often, the clinching evidence comes only after massive harm has been done, as was the case for North America’s bald eagle (Haliaeetus leucocephalus) in the 1960s, when the population plummeted because residues of organochlorines such as DDT (dichlorodiphenyltrichloroethane) had caused the species’ eggshells to thin. Governments and members of parliament have an opportunity to prevent a similar wildlife catastrophe, but they must act on the evidence before it is too late."
Editorial in Nature here: http://www.nature.com/news/water-wars-1.11852
Friday, November 23, 2012
Les guerres pour l'eau
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