Tuesday, March 5, 2013
Nous devrions tous fêter Aldo Leopold
Peut-être qu'il ne se passe pas grand chose par chez vous en ce moment, mais ce n'est pas le cas dans Batesland, au Dakota du Sud, une bourgade de 108 habitants, ainsi que dans les municipalités de La Crosse, Fond du Lac et New London dans le Wisconsin. Elles fêtes toutes la fin de semaine d'Aldo Leopold, et nous devrions le faire nous aussi!
La fin de semaine d'Aldo Leopold, baptisée officiellement ainsi au Wisconsin, mais célébrée de manière moins structurée ailleurs, se fête une fois l'an, et c'est une période pour réfléchir et passer à l'action, en honneur de l'un des poètes du mouvement de conservation, un homme presque oublié par le public en général mais vénéré parmi ceux qui croient, comme lui, qu'il y a 2 dangers spirituels à ne pas posséder une ferme: on pourrait penser que le déjeuner vient de l'épicerie et que la chaleur vient de la fournaise.
Relisez votre copie de ses écrits classiques, comme "A Sand County Almanac", ou allez à votre libraire du coin, ils en ont tous une, et ceux qui aiment les écrits sur la nature aussi possèdent au moins un de ses livres, et attardez-vous un moment sur l'Avant-Propos, écrit exactement il y a 65 ans de cela le 4 mars. Il y a plus de sagesse contenue dans ces 13 paragraphes que les douzaines de livres de 300 pages qui ont reçu le National Book Award. Surtout dans le 2e paragraphe.
Comme le vent et les couchers de soleil, les choses sauvages ont été prises pour acquises jusqu'à ce que le progrès commence à s'en débarrasser. Maintenant, nous devons nous demander si un meilleur standard de vie vaut le prix à payer en perte de créatures naturelles, sauvages et en liberté.
Le livre de Leopold médite sur les choses sauvages et les coûts de la civilisation. Bien avant que le mot "écologie" passe des livres d'histoire naturelle et de la faculté de zoologie vers la fin du 19e siècle à la page une des quotidiens de la fin des années 1960, ce superviseur du service de la foresterie des É.-U., professeur de l'université du Wisconsin enseignant d'administration de la chasse et de la pêche et écrivain émérite (éditions de 2 millions de copies) a enseigné les préceptes et les valeurs de sa discipline, qu'il partageait en expressions autant morales que scientifiques:
Que la terre soit une communauté est un concept de base de l'écologie, mais que la terre doit être aimée et respectée est une facette de l'éthique...Notre société plus dense et meilleure est maintenant comme une hypocondriaque, si obsédée par sa propre santé économique qu'elle a perdue sa capacité de rester en santé.
Est-ce que c'est une coïncidence que son oeuvre ait été complétée la même année (1948) que "Northern Farm", la chronique de l'année que Henry Beston ait vécue dans le Maine, écrite à Chimney Farm dans Nobleboro, où il habitait avec son épouse, la toute autant sage Elizabeth Coatsworth, native de Buffalo qui s'est mérité le prix Newbery Medal en 1931 pour "The Cat Who Went to Heaven" mais qu'on connaît mieux pour ses réflexions sur la ruralité de la Nouvelle Angleterre?
Beston pourrait être mieux connu pour son livre "The Outermost House", écrit en 1928 à Cape Cod, mais j'ai toujours aimé "Northern Farm" qui termine en concluant que ce qui est venu avec notre ère est une aliénation de la Nature comme jamais n'a connue l'histoire humaine. Cela nous a coûté notre sens de la réalité et nous fait presque perdre notre humanité.
C'est le message de Leopold également. Leopold et Rachel Carson (qui a déjà dit que Beston était le seul écrivain qui l'ait influencée) sont toujours nommés comme étant les fondateurs du mouvement environnemental moderne. Ouvrez un livre de Beston à n'importe quelle page et vous y lirez des réflexions comme celle-ci, à la page 24 de mon libre de poche qui porte bien son âge de 39 ans:
S'il y a une chose bien claire à comprendre des siècles qui ont été dominés par les usines et la roue, c'est que bien que la machine peut fabriquer de tout, d'une cuillère à un navire d’atterrissage, la joie naturelle à vivre sainement est quelque chose qui n'a jamais étée et ne sera jamais usinée.
Comme Beston, Leopold était un très bon observateur. Il contemplait le bruant des champs, le troglodyte, et même la bien nommée paruline orangée, si à l'aise dans un trou creusé par un pic. Il s'est fait des amis parmi les fusains, les cornouillers rouges, les noisetiers et les solanums, souvent méprisés par les moins subtils comme étant de la fardoche. Il remarquait comment les mûres sauvages pendaient comme des lanternes chinoises sur les rives des cours d'eau à lent débit. Il trouvait que les vents de novembre étaient pressés.
En somme, les boisés agricoles lui donnaient ce qu'il appelait une éducation libérale, car il arrivait à la conclusion que cette récolte de sagesse ne lui faisait jamais défaut. Voici un peu de cette sagesse, disponible dans la toute dernière édition publiée ce mois-ci par la Library of America:
"Si vous avez des tendances à aimer économiser, vous trouverez que les pins sont de votre opinion, car contrairement aux essences de bois dur qui vivent au jour le jour, ils ne paient jamais leurs factures courantes avec leurs économies courantes: ils vivent uniquement de leurs économies de l'année précédente."
Durant ce mois de mars, les rumeurs entre les pins voisins ont dit à Leopold qu'un chevreuil bien nourri est trop paresseux pour s'étirer au-delà de 4 pieds pour se nourrir des branches, mais s'ils sont vraiment affamés, ils iront rejoindre celles qui se trouvent à moins de 8 pieds. "Donc", écrit-il, "je suis renseigné sur la gastronomie du chevreuil sans même le voir, et j'apprends, sans aller dans ses champs, si mon voisin a récolté ses épis." (Si vous pensez que ce genre de sagesse, rare à n'importe quel siècle, n'a pas sa place de nos jours, je vous recommande de lire "Reading the Forested Landscape" de Tom Wessels, peut-être le meilleur livre sur la nature du siècle) Quelques 65 années plus tard, Leopold nous dit qu'un matin de mars n'est morose que pour celui qui ne regarde pas en direction du ciel, l'oreille à l'écoute pour les oies.
L'autre jour, j'étais à la campagne et je regardais le ciel. J'ai vu des nuages chargés de neige en compétition avec le soleil. C'est la neige qui a gagné. Tout était bien sur la terre, adouci par le blanc.
Leopold, qui aimait dire qu'il savait ce qu'une montagne pouvait penser, considérait l'homme comme étant le plus récent animal apparu sur la prairie qu'il a appris à aimer, intervenant en privant le paysage de son ancien allié, le feu.
Il nous rappelle que l'éminent John Muir ressentait la même chose. "S'il n'y avait pas eu les feux," écrivait Muir, "ces belles prairies, un symbole si important pour ce pays, auraient été recouvertes par de denses forêts."
Cei amena Leopold à nous raconter que celui qui possède un chêne à gros fruits, nombreux dans la partie du sud du Wisconsin, possède donc une bibliothèque historique, et une place réservée dans le théâtre de l'évolution.
Ce qui est le plus merveilleux, c'est qu'il nous a réservé une place dans ce théâtre. Assoyez-vous donc et admirer l'action. C'est la fin de semaine d'Aldo Leopold.
"We Should All Celebrate Aldo Leopold
Maybe nothing much is going on right now in your hometown, but that’s not the case in Batesland, S.D. (population 108), and in the Wisconsin towns of La Crosse, Fond du Lac and New London. They’re all marking Aldo Leopold Weekend, and we should, too.
Aldo Leopold Weekend — officially so designated in Wisconsin but informally marked elsewhere — comes only once a year, and it is a time for reflection and action, all in honor of one of the poets laureate of the conservation movement, a man much forgotten by the general public but much revered among those who believe, as he did, that there are two spiritual dangers in not owning a farm — that you might think breakfast comes from the store and that you might believe heat comes from the furnace.
Pick up your copy of his classic “A Sand County Almanac” — all libraries have one, several schools do, and those who love nature writing own at least one volume — and pause for a moment on his foreword, written precisely 65 years ago Monday (March 4). There is more wisdom in those 13 paragraphs than in a dozen 300-page works that have won the National Book Award. Pause for a moment on the second paragraph:
Like winds and sunsets, wild things were taken for granted until progress began to do away with them. Now we face the question whether a still higher “standard of living” is worth its cost in things natural, wild and free.
Leopold’s book is a meditation on wild things and on the cost of civilization. Long before the word “ecology” moved from the natural-history and zoology faculty in the late 19th century to the front pages of newspapers in the late 1960s, this U.S. Forest Service supervisor, University of Wisconsin professor of game management and long-selling author (2 million copies in print) preached the precepts and values of this discipline, which he viewed in moral as much as in scientific terms:
That land is a community is the basic concept of ecology, but that land is to be loved and respected is an extension of ethics … Our bigger-and-better society is now like a hypochondriac, so obsessed with its own economic health as to have lost the capacity to remain healthy.
Can it be a coincidence that his masterwork was completed in the same year (1948) as “Northern Farm,” Henry Beston’s chronicle of a year in Maine, written from Chimney Farm in Nobleboro, where he lived with his wife, the equally sagacious Elizabeth Coatsworth, a Buffalo girl who won the Newbery Medal in 1931 for “The Cat Who Went to Heaven” but is best remembered in our house for her musings about rural New England?
Beston may be better known for “The Outermost House,” written in 1928 from Cape Cod, but I have always been drawn to “Northern Farm,” which he concludes by observing that “(w)hat has come over our age is an alienation from Nature unexampled in human history. It has cost us our sense of reality and all but cost us our humanity.”
That is the Leopold insight as well. Leopold and Rachel Carson (who once said Beston was the only writer who influenced her) are almost always cited as the founding father and mother of the modern environmental movement. Open Beston’s book at random and you’ll encounter reflections like this, on page 24 of my well-loved paperback edition, now 39 years old:
If there is one thing clear about the centuries dominated by the factory and the wheel, it is that although the machine can make everything from a spoon to a landing-craft, a natural joy in earthly living is something it never has and never will be able to manufacture.
Like Beston, Leopold was a great observer. He contemplated field sparrows, wrens, even the beautifully named prothonotary warbler, the latter very much at home in a hole carved by a woodpecker. He made friends with the wahoo, red dogwood, hazel and bittersweet, dismissed by the less discerning as mere brush. He noticed how the wild blackberries glowed along boggy streams like red lanterns. He found that the winds of November were in a hurry.
In all, the farm woodlands provided him with what he called “a liberal education,” for he concluded that “(t)his crop of wisdom never fails.” Here’s some of that wisdom, beautifully captured in a new edition published this month by the Library of America:
If you are thriftily inclined, you will find pines congenial company, for, unlike the hand-to-mouth hardwoods, they never pay current bills out of current earnings; they live solely on their savings of the year before.
In this month of March the “small-talk and neighborhood gossip among pines” told Leopold that a well-fed deer is too lazy to reach up beyond 4 feet for his feast of branches but a really famished one will reach as high as 8 feet. “Thus,” he wrote, “I learn the gastronomic status of the deer without seeing them, and I learn, without visiting his field, whether my neighbor has hauled in his cornshocks.” (Lest you think this sort of wisdom, rare in any age, has no equal in our time, let me recommend “Reading the Forested Landscape” by Tom Wessels, perhaps the best nature book of our century.) Some 65 years later, Leopold tells us that a “March morning is only as drab as he who walks in it without a glance skyward, ear cocked for geese.”
The other day I was in the country and looked skyward and saw snow-laden clouds at war with the sun. The snow won. All was right with the world, softened by the white.
Leopold, who prided himself on knowing how a mountain thinks, saw man as merely the newest animal on the prairie he came to love, intervening by depriving the land of its onetime ally, fire.
He reminds us that the great John Muir felt the same thing. “Had there been no fires,” wrote Muir, “these fine prairies, so marked a feature of the country, would have been covered by the heaviest forest.”
This led Leopold to tell us that he who owns a bur oak, so prominent in southern Wisconsin, “owns a historical library, and a reserved seat in the theater of evolution.”
The amazing thing is that he saved a seat for us in that theater. Sit back and watch the action. It’s Aldo Leopold Weekend."
Article écrit par Shribman publié dans le quotidien The Ponca City News ici: http://www.poncacitynews.com/Shribman2013-03-03T01-58-16
Subscribe to:
Post Comments (Atom)
No comments:
Post a Comment