Friends of the Richelieu. A river. A passion.



"Tout cedit pays est fort uny, remply de forests, vignes & noyers. Aucuns Chrestiens n'estoient encores parvenus jusques en cedit lieu, que nous, qui eusmes assez de peine à monter le riviere à la rame. " Samuel de Champlain


"All this region is very level and full of forests, vines and butternut trees. No Christian has ever visited this land and we had all the misery of the world trying to paddle the river upstream." Samuel de Champlain

Tuesday, April 22, 2014

L’île d’Anticosti sous le regard de Dominic Champagne

Photo: Pierre-Étienne Lessard
Le metteur en scène et réalisateur Dominic Champagne en train de filmer au bord de la rivière Jupiter, sur l’île d’Anticosti, en compagnie de son fils Jules.


Une «perle sauvage» filmée avant le pétrole
Publié dans Le Devoir du 22 avril 2014 signé Alexandre Shields

Inquiet de voir le sort de l’île d’Anticosti scellé par des pétrolières et des politiciens en mal de projets industriels, Dominic Champagne s’est rendu sur la plus grande île du Québec, à la rencontre de sa beauté sauvage, mais aussi des gens qui y vivent. Il vient de terminer le documentaire Anticosti : la chasse au pétrole extrême, qui sortira dans quelques jours.


« Cette île est un symbole parce qu’Anticosti nous expose le problème global que nous avons avec le pétrole, fait valoir le metteur en scène en entrevue au Devoir. La combustion de cette ressource énergétique est en train de bouleverser la vie sur Terre. Et moi, je pense que le débat doit commencer là. La preuve reste à faire qu’il est raisonnable et viable d’aller exploiter le pétrole de l’île d’Anticosti dans un contexte de changements climatiques. Il faut donc un débat public digne de ce nom. »


« On sent pourtant, du côté des promoteurs du pétrole, une certitude que l’exigence écologique n’est qu’une chose qu’il faut contourner, et non pas considérer, ajoute M. Champagne. C’est pourtant un préalable à toute politique énergétique. Le récent rapport de la Commission sur les enjeux énergétiques nous le dit clairement. Et c’est indissociable d’une vision économique viable à long terme. Il nous faut un plan d’envergure sur l’usage de nos ressources et il faut se doter d’une vision à moyen et à long terme. Une vision qui va au-delà de la prochaine échéance électorale. »


Il estime raisonnable d’affirmer qu’il pourrait être plus responsable d’exploiter du pétrole qui se trouverait dans le sous-sol québécois. Cela réduirait les importations d’énergie fossile et nous forcerait à contrôler les conditions dans lesquelles cette industrie opère. « Mais là, on nous met devant le fait accompli. »


Dominic Champagne déplore d’ailleurs la décision de l’ex-gouvernement Marois d’investir 115 millions de dollars au cours des deux prochaines années sur Anticosti pour aider les pétrolières à déterminer s’il existe bel et bien des ressources d’or noir exploitables commercialement. Un engagement que Philippe Couillard respectera.


« Ce n’est pas simplement l’histoire d’un soi-disant profit pour nos finances publiques, explique celui qui s’était aussi engagé dans la lutte contre le gaz de schiste. Il s’agit aussi de nous déposséder de notre capacité d’agir pour lutter contre les changements climatiques. On peut se demander si c’est vraiment là qu’il faut investir. Le minimum serait donc d’avoir un débat de société avec des experts avisés, et non simplement des joueurs de l’industrie et un futur ministre de l’Environnement qui ne sera qu’un valet dans cette histoire. »


Et les Anticostiens?



Au-delà des « prétentions » économiques avancées sans preuves tangibles depuis maintenant plus de trois ans, le metteur en scène estime aussi que le gouvernement du Québec a complètement évacué l’idée d’impliquer les Anticostiens dans la réflexion. « Aucun membre de la classe politique n’a mis le pied sur Anticosti depuis deux ans. »


En l’espace de quelques semaines, Dominic Champagne est allé trois fois à la rencontre des citoyens qui habitent sur cette « perle sauvage » sise en plein coeur du Saint-Laurent. « J’ai vécu beaucoup d’émotions à voir une petite communauté d’êtres humains si attachée à cet art de vivre, à cet éloignement et à cet isolement. C’est certain que tout cela ne peut pas cohabiter avec le pétrole. Mais il y a aussi le paradoxe d’une communauté humaine qui a besoin de manger et de travailler. »


Le village de Port-Menier survit d’ailleurs de plus en plus difficilement, en mal de projets économiques et face à un exode marqué de ses résidants. « Pour l’instant, le seul horizon qu’on propose, c’est l’industrie pétrolière. Les gens sont donc inquiets, mais certains sont prêts à prendre le “beau risque” du pétrole. »


M. Champagne dit cependant avoir constaté une profonde division chez les insulaires. « Plusieurs personnes m’ont confié sous le couvert de l’anonymat qu’ils sont opposés à l’idée de voir l’industrie pétrolière débarquer sur l’île. Mais ils ne voulaient pas parler devant la caméra. Des gens m’ont bien accueilli, mais d’autres m’ont dit que leur village allait mourir sans le pétrole. »


Au lieu de se lancer dans l’exploitation du pétrole de schiste de l’île, Québec devrait selon lui trouver une solution de développement économique durable qui pourrait être utile à d’autres régions éloignées.


Anticosti en héritage



Et s’il s’est investi dans le projet, c’est en partie dans un esprit de transmission entre générations de Champagne. Son père, Roland Champagne, était sous-ministre du Tourisme dans le gouvernement de Robert Bourassa. C’est ce gouvernement libéral qui, le 22 avril 1974, adopta le décret qui expropriait d’Anticosti la Consolidated Bathurst, l’entreprise qui possédait alors l’île. À l’époque, Québec avait agi de la sorte afin d’éviter que le gouvernement fédéral ne mette la main sur ce territoire de près de 8000 km2.


L’été dernier, il s’est donc rendu sur Anticosti avec un de ses fils. En plus des citoyens, il a découvert un territoire dont il garde un souvenir marquant. « C’est un lieu où on a une impression de bout du monde. C’est un sentiment qui va se négocier cher un jour. Cette impression, même au coeur du village de Port-Menier, on ne retrouve ça nulle part ailleurs dans le monde. »


« J’ai aussi vu la rivière Jupiter et son eau d’une clarté exceptionnelle. On voyait des dizaines de saumons. Je me suis dit : “wow, ça existe au Québec”. Et en arrivant à l’embouchure de la rivière, on a vu sur le rivage des fous de Bassan, plusieurs autres espèces d’oiseaux, des phoques et, au loin, des baleines à bosse. C’est sûr que si on débarque sur l’île pour y forer des milliers de puits de pétrole, cette réalité n’existera plus. »

Lien: http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/406133/l-

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Anticosti Island as seen through the eyes of Dominic Champagne

A "wild pearl" filmed before the oil invasion


My translation of an article written by Alexandre Shields published in the newspaper Le Devoir April 22 2014

Worried to see Anticosti Island's destiny sealed by the oil industry and politicians looking for industrial projects, Dominic Champagne visited the biggest Quebec island to see the wildlife, but also to meet the people who live there. He just finished a documentary titled "Anticosti: la chasse au pétrole extrême" - Anticosti, the hunt for extreme oil - that will come out in a few days.

"This island is a symbol because Anticosti represents the global problem we have with oil, explains the director in an interview with Le Devoir. The burning of this energy source is upsetting life on Earth. And I think that is where the debate should start. It is yet to be proven that it is reasonable and sustainable to go and extract oil from Anticosti Island in the context of climate change. There must be a public debate worthy of that word. "

"Yet we sense from the oil promoters a certainty that the environmental requirement is just something to avoid, and not to take into consideration, adds Mr Champagne. Yet, it is a prerequisite to any energy policy. The latest study of the Energy Challenge Commission was clear about this. And it is inseparable from a long term economic vision. We need a large-scale plan on the use of our resources and we need a mid and long term vision. A vision that goes beyond the next election."

It is reasonable to say that it would be more responsible to exploit the oil in Quebec. That would reduce the importation of fossil fuels and would force us to control the way the industry operates. "But now, we are confronted with a fait accompli."

Dominic Champagne also laments the decision of the ex-government Marois to invest $115 million during the next 2 years on Anticosti to help the oil industry determine if there is or not extractable oil commercially exploitable. A promise Philippe Couillard will keep.

"It is not only a matter of possible profit for our public purse, explains the man who was deeply involved in the battle against shale gas. It is also a matter of losing our capacity of fighting climate change. We have to ask if it is really there our investments should go. At the least, there should be a social debate with well-advised experts, and not simply players from the industry and a future Environment Minister that will be but a lackey in all this."

And the people of Anticosti?

More than the economic "claims" promoted without real proof for the past 3 years, the director feels also that the Quebec government completely put aside the idea of involving the people of Anticosti in the reflection. "No member of the political class ever stepped on Anticosti in the past 2 years."

For a few weeks interval, Dominic Champagne went 3 times to meet the citizens that live on this "wild pearl" sitting in the heart of the St. Lawrence. "I went through a lot of emotions to see this small community of human beings so attached to this way of living, to this isolation and remoteness. For sure, all this cannot cohabit with oil. But there is also the paradox of a human community that needs to feed itself and work."

More and more, the village of Port-Menier has a hard time surviving, needing economic projects and dealing with an important exodus of its residents. "For now, the only horizon proposed is the oil industry's. The people are worried, but some of them are willing to take the oil "beau risque"."

Mr Champagne says he found a deep division within the island people. "Many of them confided in me anonymously that they are against the idea of seeing the oil industry invade the island. But they don't want to talk in front of the camera. The people have warmly welcomed me, but others told me their village would die without the oil."

Instead of going ahead with the exploitation of shale oil on the island, he thinks that Quebec should find a solution for sustainable economical development that could be useful for other isolated regions of the province.

Anticosti as an inheritance

He got involved in this project partly because to transmit an inter-generational heritage of Champagne. His father, Roland Champagne, was Deputy Minister of Tourism under the Robert Bourassa government. It was this Liberal government that, April 22 1974, voted in the decree that expropriated Consolidated Bathurst from Anticosti, the company that owned the island back then. At the time, Quebec had did it to prevent the federal government from taking over this territory of nearly 8,000 km2.

Last summer, he went to Anticosti with one of his sons. More than its citizens, he also discovered a territory that gave him sweet memories. "It is a site that gives us a feeling of the end of the earth. It is a feeling that will cost dearly one day. This impression, even in the heart of the village of Port-Menier, cannot be found anywhere else on Earth."

"I also saw the Jupiter River and its exceptionally clear water. We could see dozens of salmon. I said to myself: "Wow! This exists in Quebec!". When I got to the mouth of the river, we saw some Northern Gannet on its shore and many other species of birds, some seals, and further away, some humpback whales. It is certain that if oil comes on the island to drill thousands of oil wells, this reality will no longer exist."

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