Photo: Jacques Nadeau NDLR: La photo est de la rivière Richelieu prise du sommet du Mont Saint-Hilaire - photo taken from the top of St. Hilaire Mountain of Richelieu River below
Publié dans Le Devoir le 26 juin 2014 |Isabelle Paré
Des biologistes affirment que l’exploitation du gaz de schiste menacerait à moyen terme la biodiversité dans la vallée du Saint-Laurent, où le déploiement de routes et d’infrastructures industrielles entraînerait la fragmentation des habitats d’espèces animales et végétales et l’introduction d’espèces exotiques envahissantes.
Or cet enjeu crucial, souligne l’Association des biologistes du Québec (ABQ) dans son mémoire présenté la semaine dernière aux audiences du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), a été totalement occulté par le Comité de l’évaluation environnementale stratégique (ÉES) sur le gaz de schiste, dont le rapport de synthèse a été rendu public en février dernier.
« On a beaucoup parlé des enjeux liés aux nappes phréatiques, à la pollution de l’air, aux gaz à effet de serre, et des risques d’accidents et des impacts sur la santé humaine, mais il ne faut pas sous-estimer ceux qu’auront toutes ces infrastructures sur la faune et la flore. On ne doit pas seulement se préoccuper de ce qui se passe dans le sous-sol, mais aussi de ce qui se passera sur la terre ferme. Cet angle-là n’a pas été assez étudié », a insisté mercredi Patrick Paré, vice-président aux communications de l’ABQ.
L’Association a présenté son mémoire dans le cadre des audiences que poursuit le BAPE, depuis le début mai, sur les enjeux liés à l’exploration et à l’exploitation du gaz de schiste dans les basses terres du Saint-Laurent. « L’ÉES doit être complétée en y incluant la problématique [de la biodiversité] pour que le public soit bien informé de toutes les conséquences environnementales de la filière gazière », précise le mémoire.
Fragmentation des habitats
Les biologistes sont particulièrement préoccupés par la fragmentation des habitats que pourrait entraîner le déploiement de routes, de puits de forage ou de gazoducs dans la plaine du Saint-Laurent. Les scénarios présentés jusqu’ici au Comité de l’évaluation environnementale stratégique sur le gaz de schiste estiment qu’environ 1580 plateformes d’un à deux hectares seront requises pour l’exploitation du gaz et des milliers de kilomètres de routes devront être reconstruits pour en assurer le transport.
« Ces infrastructures vont engendrer une importante fragmentation des habitats, avec toutes les conséquences sur les écosystèmes, et ce, particulièrement dans les massifs forestiers actuellement peu fragmentés », lit-on dans leur mémoire.
Ces activités industrielles, ajoutent l’ABQ, pourraient entraîner la rupture de corridors fauniques essentiels au maintien de certaines espèces, notamment des amphibiens, des reptiles et des mammifères.
Même si la superficie affectée par l’implantation de plateformes de forage, de routes d’accès ou de gazoducs ne représente pas une grande portion du territoire, l’impact de la fragmentation pourrait être majeur pour plusieurs écosystèmes. Selon une étude menée dans la région de Lotbinière-Bécancour et citée dans le mémoire, l’exploitation gazière n’entraînerait la perte que de 1 % de l’habitat forestier, mais augmenterait de 20 % le nombre des parcelles créées par la fragmentation.
Bien documenté, le phénomène de la fragmentation des habitats fauniques limite les déplacements et, à terme, la reproduction des espèces. Ces deux effets combinés engendrent une perte de la diversité génétique chez les populations animales cloisonnées dans des parcelles, qui est susceptible de les rendre plus vulnérables, notamment aux maladies.
« L’exploitation du gaz de schiste dans la vallée du Saint-Laurent, déjà affectée par l’urbanisation et l’agriculture, décuplerait le nombre de parcelles », affirme Patrick Paré.
Corridors forestiers
Des études d’impact ont été menées dans le parc des Laurentides, lors de la construction de la route 175 reliant le sud du Québec à la région du Saguenay. Une quarantaine de tunnels ont été créés pour limiter l’impact de cette autoroute à quatre voies sur les corridors fauniques. Le minimum serait que de telles études soient faites avant de donner le feu vert à la filière gazière dans la plaine du Saint-Laurent, ajoute ce dernier. « En Montérégie, il reste tellement peu d’espaces naturels qu’il est d’autant plus important de conserver les corridors forestiers existants. Des analyses doivent être faites à tous niveaux, pas seulement au niveau géologique », relance le représentant de l’ABQ.
L’autre phénomène craint par les biologistes est l’introduction d’espèces exotiques envahissantes, que favorise la percée de routes et de plateformes dans les zones boisées. Plusieurs espèces animales et végétales agressives profitent de ces couloirs de prédilection pour rivaliser avec les espèces locales. On compte, parmi ces intrus végétaux, la renouée japonaise et le phragmite commun, deux espèces qui viennent bouleverser l’équilibre d’écosystèmes fragiles et, à terme, la survie de certaines espèces animales.
« Les espèces exotiques envahissantes sont une des principales sources de la perte de biodiversité dans le monde », insiste le mémoire.
Lien: http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/411903/gaz-de-schiste-dans-les-basses-terres-du-saint-laurent
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BAPE (provincial environmental public hearings body) on shale gas: biodiversity left out
My translation of article written by Isabelle Paré published in Le Devoir June 26 2014
Some biologists claim that shale gas exploitation would threaten in the medium term biodiversity in the St. Lawrence valley where the roads and industrial infrastructures to serve the industry would fragment the habitats of animal and vegetation species and would introduce invading exotic species.
This crucial challenge, mentions the Biologists Association of Quebec (ABQ) in its paper presented last week to the provincial environmental public hearings body, was completely left out by the Strategic Environmental Assessment Committee on shale gas, whose synthesis report was made public last February.
"A lot was said about the stakes tied to groundwater, air pollution, greenhouse gas emissions, and accident risks and the impacts on human health, but one must not underestimate those from all the infrastructres on the flora and the fauna. We must not only worry about what is going on underground, but also about what will happen on terra ferma. That angle has not been studied", insisted Patrick Paré, vice-president of communications for the ABQ.
The Association presented its paper during the hearings of the BAPE going on since the beginning of May on the stakes tied with the exploration and exploitation of shale gas in the St. Lawrence Lowlands. "The ÉES must be done while including the problem of biodiversity so that the public is well informed of all the environmental consequences of the gas file", insists the paper.
Fragmentation of habitats
The biologists are particularly worried about habitat fragmentation that could happen during the construction of roads, drilling sites or pipeline in the St. Lawrence valley. The scenarios presented up to now to the Committee estimate that about 1580 drilling sites of one to two hectares will be needed to exploit gas and thousands of kilometers of roads will have to be built to insure its transportation.
"These infrastructures will generate important habitat fragmentation with all kinds of consequences on the ecosystems, particularly in forests that are right now slightly fragmented", says the paper.
These industrial activities, adds the ABQ, could provoque the rupture of fauna corridors essential to maintain some species, like amphibians, reptiles and mammals.
Even if the surface area affected by the drilling platforms, access roads or pipelines does not represent a big portion of the territory, the impact of the fragmentation could be major for many ecosystems. As per a study done in the Lotbinière-Bécancour area and mentioned in the paper, gas exploitation would only bring the loss of 1% of forest, but would increase by 20% the number of patches of land created by the fragmentation.
Well documented, the fragmentation of fauna habitat phenomenom limits the travelling and eventually, the reproduction of the species. These two effects combined create a loss of genetic diversity in animal populations cut off by the patches, which make them susceptible to make them more vulnerable to illnesses, for example.
"The exploitation of shale gas in the St. Lawrence valley already affected by urbanisation and agriculture, would increase tenfold the amount of patches of land", says Patrick Paré.
Forest passages
Impact studies were done in the Laurentides Park during the construction of road 175 that ties southern Quebec with the Saguenay region. About forty tunnels were created to limit the impact of this 4 lane highway on the fauna passageways. The minimum (to be done) would be to have similar studies done before giving the green light to the gas file in the St. Lawrence valley, he adds. "In the Montérégie region, there is so little natural spaces left that it is even more important to preserve these few existing forested passageways. Some analysis must be done at all levels, not only on the geological level", adds the representative of the ABQ.
The other phenomenom that preoccupies biologists is the introduction of invasive exotic species that favor the construction of roads and platforms in forested zones. Many aggressive animal and vegetation species take advantage of these passageways to gain over local species. Among these vegetation intruders, there is Japanese knotweed and common reed, two species that upset the balance of fragile ecosystems, and eventually the survival of some animal species.
"Invasive exotic species are one of the main causes of the loss of biodiversity in the world", insists the paper.
Saturday, June 28, 2014
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