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"All this region is very level and full of forests, vines and butternut trees. No Christian has ever visited this land and we had all the misery of the world trying to paddle the river upstream." Samuel de Champlain

Thursday, September 4, 2014

Forages à Cacouna - Québec s’en remet à TransCanada

Photo: Greenpeace

La pétrolière peut commencer ses travaux sans avoir à fournir d’avis scientifique
Publié dans Le Devoir le 30 août 2014 |Alexandre Shields

Malgré le fait qu’il ait essuyé uniquement des refus de TransCanada à ses demandes répétées d’un avis scientifique en bonne et due forme, le gouvernement du Québec a autorisé l’entreprise à mener des forages sous-marins dans le secteur maritime de Cacouna en vue de la construction d’un port pétrolier destiné à exporter du pétrole des sables bitumineux.

Des échanges de courriels et de documents entre le ministère de l’Environnement du Québec et le cabinet d’avocats Fasken Martineau — représentant de TransCanada — obtenus par Le Devoir démontrent en effet que, contrairement à la pratique habituelle, aucun « avis scientifique » émanant de la Direction des sciences de Pêches et Océans Canada (MPO) n’a été transmis aux autorités gouvernementales avant l’annonce de la décision des libéraux favorable à la pétrolière, le 21 août.

En soumettant en mai sa demande de certificat d’autorisation pour la réalisation de forages en milieu marin, TransCanada n’a pas fourni un tel avis, qui aurait été normalement préparé par les spécialistes des mammifères marins du MPO. Il faut rappeler qu’elle détenait alors l’autorisation fédérale. La demande formulée à Québec a seulement été envoyée après que des groupes eurent intenté un recours judiciaire pour forcer l’entreprise à obtenir le feu vert de la province avant de procéder.

Mais après analyse des documents transmis par la pétrolière albertaine, le ministère de l’Environnement a soulevé plusieurs « inquiétudes » concernant les impacts du bruit intense généré par la campagne de forages sur les bélugas.

Avis scientifiques

L’analyse de Québec se basait justement sur un avis scientifique du MPO produit dans le cadre d’un projet de port méthanier dont la construction était prévue au même endroit, à Cacouna, en 2007. Ce document soulignait l’importance d’interdire « tous travaux dans l’eau » de la mi-juin à la mi-septembre, soit « la période de fréquentation intensive » des femelles et de leurs veaux.

Le ministère a aussi rappelé qu’un avis préparé en prévision des levés sismiques menés par TransCanada en avril dernier à Cacouna insistait sur le fait que ceux-ci ne devaient pas être menés après le 30 avril. Cette mise en garde scientifique avait été établie afin de ne pas nuire à cette espèce « menacée de disparition » en vertu de la législation fédérale.

TransCanada a répondu que ces deux avis n’étaient pas pertinents dans le cadre de sa demande, tout en confirmant son intention de mener les forages « cet été ».

Québec y voyait au contraire des « similitudes » préoccupantes. À la lumière de ces deux avis scientifiques formels sur les risques d’impacts significatifs pour les bélugas, le ministère est donc revenu à la charge le 22 juillet. « Nous n’avons aucune étude scientifique du MPO concernant les travaux que vous désirez effectuer. Ainsi, veuillez nous acheminer un avis scientifique réalisé par les spécialistes des mammifères marins du MPO concernant les travaux que vous désirez réaliser », précise un courriel du ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC).

Cette requête visait sept éléments précis, dont des demandes concernant les bruits générés, des précisions sur les impacts des travaux sur les animaux et une évaluation des risques pour « la survie ou le rétablissement » de la population de bélugas.

TransCanada a répondu en faisant parvenir des analyses produites par le MPO. Ces documents ne constituent cependant pas des avis scientifiques en bonne et due forme.

Pétrolière impatiente

La teneur des échanges entre le ministère et la pétrolière albertaine indique en outre que l’entreprise, impatiente de pouvoir commencer, a même pressé le ministère de lui accorder son certificat d’autorisation au cours des dernières semaines. Dans un courriel transmis par Fasken Martineau le 29 juillet en réponse à des questions du ministère, elle souligne qu’il s’agit de sa réponse « finale et définitive ». Elle dit avoir fourni tous les documents exigés. « Le MDDELCC a donc tout en main pour rendre sa décision quant à l’émission du certificat d’autorisation demandé. Tout retard additionnel pourrait retarder indûment, voire compromettre la réalisation des travaux géotechniques. Nous attendons donc une décision du MDDELCC dans les plus brefs délais. »

La pétrolière a du même coup refusé de transmettre au gouvernement du Québec l’« expertise » préparée par un consultant privé embauché pour évaluer les impacts de ses travaux. Le ministère de l’Environnement a néanmoins réitéré le 1er août sa demande d’avis scientifique du MPO, ce à quoi TransCanada a répliqué que cette requête était « répétitive ».

Finalement, sans avoir obtenu une réponse scientifique pourtant maintes fois réclamée, le gouvernement de Philippe Couillard a autorisé récemment les travaux de forage en plein coeur de la pouponnière des bélugas. La certification d’autorisation mentionne d’ailleurs la série d’échanges de courriels et de documents, mais ceux-ci n’ont pas été rendus publics.

Le cabinet du ministre de l’Environnement David Heurtel n’a pas voulu préciser vendredi sur quelle expertise scientifique s’est basé Québec avant de rendre sa décision. « Comme le dossier est judiciarisé, il n’y aura pas de commentaires », a-t-on répondu par courriel. Le MPO n’a pas non plus été en mesure de fournir de copie d’un avis scientifique qui aurait été produit en prévision de ces travaux industriels.

Décision judiciaire

En théorie, les travaux de forage pourraient débuter dès mardi prochain, alors que plusieurs femelles bélugas et leurs veaux sont omniprésents dans le secteur. Mais un recours présenté vendredi en Cour supérieure pourrait en retarder le début. Une décision concernant un gel provisoire est attendue au cours des prochaines heures.

Les groupes environnementaux qui ont présenté le recours estiment que le gouvernement du Québec a fait fi de la science et de son devoir de protection de l’environnement en autorisant TransCanada à mener des forages. Ceux-ci doivent s’échelonner sur une période continue de 95 jours, à raison de cinq heures par jour.

Par ailleurs, selon les illustrations préliminaires transmises au gouvernement par TransCanada, le quai où viendront s’amarrer les pétroliers s’avancera de plus de 700 mètres dans les eaux du Saint-Laurent. Celui-ci sera situé exactement où se trouve l’habitat des baleines.

Les navires chargeront du pétrole qui sera acheminé au Québec par le futur oléoduc Énergie Est. Celui-ci doit transporter chaque jour 1,1 million de barils dès 2018. Il s’agit du plus important projet du genre actuellement en développement en Amérique du Nord. La décision sur la construction appartient uniquement à Ottawa.

Lien: http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/417283/forages-a-cacouna-quebec-s-en-remet-a-transcanada

Pour la suite des choses: http://ici.radio-canada.ca/regions/est-quebec/2014/08/29/004-transcanada-injonction-cour-superieure.shtml

Et encore:

Un avis scientifique (de plus) sur le béluga : «On va vers la catastrophe»

Jusqu’à maintenant, le biologiste du GREMM Robert Michaud était pratiquement le seul scientifique que les médias citaient (et re-re-re-citaient) dans le dossier du terminal pétrolier que TransCanada veut installer à Cacouna. L’entreprise, rappelons-le, voudrait transborder sur bateaux une partie du pétrole que son futur oléoduc Énergie Est acheminera de l’Alberta vers l’Atlantique. M. Michaud estime que le projet ajouterait un stress supplémentaire à une espèce déjà fragile, d’autant plus que la zone touchée est critique pour le béluga, qui s’en servent comme d’une pouponnière.

En général, le «syndrôme de l’expertise unique» peut indiquer l’un ou l’autre de deux problèmes : ou bien le sujet est tellement explosif qu’il n’y a qu’un seul expert qui accepte de se mouiller publiquement ; ou alors ledit spécialiste est isolé/discrédité dans la communauté scientifique, mais les journalistes se réfèrent quand même constamment à lui parce qu’il est à peu près le seul qui accrédite une thèse alarmiste et qui garde ainsi l’histoire «en vie». C’est une habitude médiatique très discutable, il va sans dire, mais cela le rend médiatiquement beaucoup plus utile que les experts majoritaires, qui «tuent l’histoire».

Les quelques échanges que j’avais eu par le passé avec M. Michaud ne me donnaient absolument aucune raison de penser qu’il puisse être ce genre d’«expert» mais, d’un autre côté, je me disais que j’avais trop vu d’exemples d’expertises minoritaires/douteuses montées en épingle afin de mousser des non-histoires pour ne pas y regarder de plus près. Alors dans le cadre d’un dossier faisant le point sur le déclin de la population des bélugas, j’ai posé la question au vétérinaire de l’Université de Montréal Stéphane Lair, qui dirige le programme d’autopsies des bélugas du Saint-Laurent (en vertu duquel toutes les carcasses retrouvées sur les berges sont examinées). La citation laisse peu de place au doute :

«Dans ce contexte-là [de déclin démographique, NDLR], quand on voit la possibilité d’avoir un autre stress très important dans une zone clé pour la reproduction, nous autres, on pense qu’on s’en va vers la catastrophe.

«Les mesures mises en place par le gouvernement provincial, c’est n’importe quoi. Cinq cents mètres de distance? Ce n’est rien. Les bélugas vont peut-être éviter le secteur, mais ça ne réglera pas le problème : il y a des raisons pour lesquelles ils allaient là. C’est pour mettre bas et nourrir leurs jeunes. Et là, on sait qu’ils ont déjà des problèmes de mise bas. Puis, on sait aussi que les animaux sauvages ont besoin de calme pour mettre bas, et que si un animal est stressé à ce moment-là, il va y avoir des différences dans la sécrétion de certaines hormones qui doivent faciliter la mise bas, l’enclenchement de la production de lait et l’attachement entre la mère et son veau. [...] Si la mère est dérangée à cette période-là, je ne vois pas comment ça pourrait ne pas avoir d’impact sur la population.

Les avis précédents, au sujet d’un projet de port méthanier autrefois, disaient de ne pas faire d’activité durant la période de reproduction. Là, je ne sais pas pourquoi, mais c’est la même situation et ça aurait changé…»

Bref, deux des plus grands spécialistes des bélugas que nous ayons au Québec s’entendent…

Lien: http://blogues.lapresse.ca/sciences/2014/09/02/un-avis-scientifique-de-plus-sur-le-beluga%C2%A0-%C2%ABvers-la-catastrophe%C2%BB/


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Drilling at Cacouna - Quebec leaves it up to TransCanada

The oil company can start drilling without giving over any scientific recommendations

My translation of an article published in one of the last independent newspapers in Quebec

Even though TransCanada always refused to submit scientific recommendations like the Quebec government has asked for many times, it has received permission to do underwater drilling in the maritime sector of Cacouna in preparation of the construction of an oil harbor that will allow the export of tarsands production.

Emails and documents exchanged between the Quebec Environment ministry and the law firm Fasken Martineau, representing TransCanada, that Le Devoir was able to obtain, demonstrate indeed that, contrary to usual practice, no "scientific recommendations" coming from the director of Science and Research at Fisheries and Oceans Canada (MPO) was sent to government authorities before the announcement of the Liberals' decision in favor of the oil company on august 21st.

By presenting its request for an authorization certificate in May in order to start marine drilling, TransCanada did not supply any recommendations that would normally be prepared by specialists in marine mammals. They did have a federal authorization. The request sent to Quebec was just sent after groups filed a legal appeal to force the company to get the green light from the province before going ahead.

But after analyzing the documents sent by the Alberta company, the Environment ministry brought up a few "preoccupations" regarding the intense noise impacts coming from de cluster of drilling on the Belugas.

Scientific recommendations

Quebec's analysis was indeed based on the scientific recommendations of the MPO issued for the oil harbor project whose construction was planned on the same site, in Cacouna, back in 2007. That document mentioned the importance of banning "all work in the water" from mid June to mid September, when the females and their calves are often found there.

The ministry also recalled that a recommendation prepared for the seismic survey done by TransCanada last April at Cacouna insisted that this must not be done after April 30. This scientific warning was so that the endangered species is not harmed, as per a federal legislation.

TransCanada answered that the two recommendations were not applicable in the case of their request while confirming their intention to drill this summer.

On the contrary, Quebec thought that there was some worrisome similarities. Taking into account the two formal scientific recommendations about the risks of significant impacts for the Belugas, the ministry came back on July 22: "We have no scientific study from the MPO concerning the development you wish to do. So would you send us a scientific recommendation done by MPO specialists in marine mammals about the development you want to do", reads an Environment Ministry email.

This request was about 7 precise items, like the requests about the noise, precisions on the impact of the work on the animals and an assessment of the risks for "the survival or the recovery" of the Beluga population.

TransCanada answered by sending MPO analyses. These documents are not scientific recommendations per se.

Impatient oil company

The content of the exchanges between the ministry and the Alberta oil company leads us to understand that the company, eager to start working again, even put pressure on the ministry so it could receive the authorisation certificate during the past few weeks. In an email sent by Fasken Martineau July 29 to answer some of the Ministry's questions, she mentions that this is her "final and definite" answer. She says she sent all the requested documents. "The Ministry has everything it needs to make a decision about remitting the authorisation certificate we asked for. All further delay could put back, even compromise, geo-technical work. We are waiting for a decision as soon as possible."

The oil company has also refused to send to the Quebec government the "expertise" prepared by a private consultant hire to assess the impacts of the development. The Environment Ministry repeated anyway its request for a MPO scientific recommendation August 1, after which TransCanada replied that this request was "repetitive".

Finally, without having received a scientific answer that had been requested many times, the Philippe Couillard government recently authorized the drilling right in the heart of the Beluga nursery. The authorization certificate mentions the whole series of emails and documents, but did not make them public.

The office of the Environment Minister David Heurtel was not able to tell us Friday on which scientific expertise Quebec based it's decision. "Because this is before the courts, there will be no comments", was the email answer. Nor did the MPO able to give a copy of a scientific recommendation that could have been produced in preparation for this industrial development.

Judicial decision

In theory, the drilling could start as soon as next Tuesday, when many female Belugas and their calves are always found in this sector. But a plea presented Friday in Superior Court could delay the beginning of the drilling. A decision regarding a temporary suspension is expected in the next few hours.

Environmental groups that presented this plea say that the Quebec government did not take into account the science and its obligation to protect the environment by letting TransCanada do this drilling. The drilling should go on for 95 days, five hours a day.

Also, as per the preliminary illustrations that TransCanada sent to the government, the dock where the oil tankers will moor will jut forward 700 meters in the St. Lawrence River. It will be situated exactly where the whale habitat is.

The tankers will be loaded with oil that had come to Quebec by the future oil pipeline called Energy East. This pipeline should move 1,1 million barrels of oil every day as of 2018. It is the biggest similar project being developed right now in North America. The decision about the construction is up to Ottawa only.

And what's more:

Another scientific recommendation about the Beluga: "We are headed for disaster"

Up to now, the GREMM Biologist Robert Michaud is practically the only scientist the media have been quoting again and again about the TransCanada oil harbor in Cacouna. The company would like to transfer by oil tanker a part of the oil its future Energy East pipeline will bring from Alberta towards the Atlantic. Mr Michaud thinks that the project will add more stress to an already fragile species, much more so because the zone impacted is critical for the Beluga that uses it as a nursery.

In general, the "unique expertise syndrome" can mean that there is one of two problems: either the subject is so explosive that there is only one expert that accepts the risk of speaking out publicly, or that specialist is isolated or discredited from the scientific community, but the journalists refer to him constantly because he is practically the only one that has an alarmist theory and thus keeps the story "alive". It is a very questionable media habit, of course, but it makes him much more useful to the media than the majority of the experts that "kill the story".

The few times I contacted Mr Michaud in the past gave me no reason at all to think that he could be that kind of "expert" but, on the other hand, I told myself that I had seen too many examples of minority and suspect expert assessments that came out of nowhere just to build up non stories that I had to take a closer look. So to work on a question about the decline of a Beluga population, I asked Stéphane Lair, veterinary of the University of Montreal, head of the autopsy program on the St. Lawrence Belugas (through which all the found carcasses on the shores are examined). His quote leaves little room for uncertainty:



"In this context (the demographic decline), when one sees the possibility of having another very important stress added in a key reproduction zone, we think we are headed for disaster.

"The measures put in place by the provincial government are rubbish. A distance of five hundred meters? That's nothing. The Belugas will maybe avoid the sector, but that will not solve the problem: there are reasons why they go there. It is to have their calves and feed their young. And right now, we know that they already have calving problems. And we also know that wild animals need calm to give birth, and if an animal is stressed at that moment in time, there will be differences in some hormonal secretions that are aimed at make calving easier, the start of milk production and bonding between the mother and her calve. (...) If the mother is disturbed at this time, I do not see how it could not have any impact on the population.

The previous recommendations, about the previous oil harbor project, said that no activity should be done during the reproduction time. But now, I do not why, it is the same situation and it is not the same..."



In short, two of the greatest Beluga specialists we have in Quebec agree...

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