Friday, October 10, 2014
Je n'en peux plus
Je ne sens plus aucun point en commun entre lui et moi: ce qui l'intéresse ne m'intéresse pas ou plus. En réalité, plus rien ne m'intéresse, à part la rénovation de ma maison. Même jouer dehors dans mon jardin est devenu ardu.
Prendre soin de lui prend toutes mes forces: voir à ce qu'il se nourrit adéquatement est prioritaire. Mais je me sens si inapte à lui inculquer des notions d'hygiène de base: il change ses vêtements et s'habille quand çà lui plaît. Il prend sa douche à peine une fois par semaine, et se lave peu ou très mal entre les douches: ses doigts gras font des taches partout dans la maison.
Il m'énerve avec ses inquiétudes sur les bruits, le déplacement des gens dans la rue et les avions dans les airs. Il évite toute conversation sérieuse sur notre vie depuis son encéphalopathie. De toute façon, il n'a jamais aimé parler de maladie, et c'est encore pire maintenant. Ce sont toujours les mêmes sujets de conversation jour après jour, semaine après semaine, mois après mois.
Le voir dormir des heures en plein jour me déprime et m'exaspère. Le voir passer des journées entières en robe de chambre me déprime et m'exaspère. Il passe au peigne fin les journaux et publicités et passe des heures devant l'écran de l'ordi ou à faire des gugusses électroniques inutiles.
À tout bout de champs, il veut que je serre la vis ici, ouvre cela, tente de réparer cette bébelle.
Dans sa tête, il a toujours du poids à perdre, alors qu'IL EST PRESQUE MORT DE FAIM l'an passé, et je fais tellement d'efforts pour cuisiner afin de lui faire prendre du poids tout en ayant un menu équilibré et intéressant pour quelqu'un qui n'a presque plus de dents parce qu'IL N'A JAMAIS ÉTÉ VOIR UN DENTISTE!
Après toutes ces années à faire le ménage seule, à prendre soin de nos vêtements seule, à mettre de l'ordre seule, à tenir maison seule, je suis maintenant VRAIMENT seule, à part d'avoir cette personne handicapée à ma charge. Le vase déborde, ou plutôt le vase est vide, tari, sec et je veux que çà cesse avant qu'il ne reste de moi qu'une coquille vide, flétrie et ratatinée.
Voir mon autre entrée de blog: http://lesamisdurichelieu.blogspot.ca/2013/11/wernicke-korsakoff.html
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Hier, il semblait sortir de sa coquille: il se tenait debout bien droit (ce qui est très rare) devant la fenêtre du salon et regardait le paysage d'automne devant lui. Qu'est-ce qui se passe dans sa tête? Voulait-il s'en souvenir? Cette semaine pourrait être sa dernière semaine à vivre ici. S'en souvient-il?
ReplyDeleteCet après-midi, le début de sa nouvelle vie: une préposée au bain vient l'aider à prendre sa douche, lui donne une routine pour se laver et changer ses vêtements, s'assurer que ses orteils soient saines. Une charge de moins pour moi.
ReplyDeleteNous étions dans une réunion qui réunissait les personnes clés de ses soins pour définir ce qu'on ferait pour le prochain mois: l'infirmière de la résidence, la psycho-sociale du CLSC, l'administratrice de la résidence et moi-même, et à brûle-pourpoint, il déclare: "Tout le monde a des boucles d'oreilles, excepté moi!". Il y a eu un petit silence gêné.
ReplyDeleteToday, he asked me if he could come back home. I said I was not willing to become the sole person responsible for taking care of him. Especially due to the fact that he does not recognize that his problems are due to his alcoholism, and that he is not even considering stopping his drinking, which would make me live last year's nightmare all over again if he ever started drinking again.
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