Saturday, May 30, 2015
Le Québec «pas prêt» à exploiter le pétrole dans le Golfe, disent des scientifiques
Photo: François Gravel
Le Québec «pas prêt» à exploiter le pétrole dans le Golfe, disent des scientifiques
Philippe Mercure
La Presse
(Rimouski) Un nouveau regroupement de scientifiques de tous horizons appelé « Notre Golfe » tiendra sa première réunion officielle vendredi matin (29 mai 2015). Et son message est clair : le Québec n'est pas prêt à exploiter les hydrocarbures dans le golfe du Saint-Laurent.
«Il y a un consensus scientifique, tout le monde dit la même chose : nous sommes très loin d'avoir les connaissances nécessaires, actuellement, pour se lancer dans l'exploitation du pétrole dans le golfe du Saint-Laurent», a affirmé à La Presse Philippe Archambault, codirecteur du groupe, en marge d'un colloque au congrès de l'ACFAS, à Rimouski.
Le groupe compte autant des océanographes que des sociologues et des juristes. «Nous voulons réfléchir à la façon de se faire entendre dans ce débat. La discussion est beaucoup basée sur des opinions et des idéologies. Nous voulons que les faits scientifiques prévalent», a dit M. Archambault, qui est océanographe à l'Institut des sciences de la mer de Rimouski.
Devant une salle bondée, des océanographes ont affirmé hier que les connaissances actuelles sur les courants marins ne permettent pas de prédire comment se déplaceraient les nappes de pétrole en cas de déversements.
«L'un des gros problèmes, c'est l'hiver, explique Dany Dumont, océanographe à l'Institut des sciences de la mer de l'Université de Rimouski. C'est un immense point d'interrogation. On ne sait pas comment le pétrole se propage dans la glace. On ne peut pas voir les nappes sous la glace, et on ne peut pas pomper de la glace. Alors qu'est-ce qu'on fait s'il y a un déversement l'hiver? On attend au printemps, et pendant ce temps le pétrole parcourt des milliers de kilomètres ?
Selon lui, c'est maintenant qu'il faut se poser ces questions.
"Parce que des déversements, il va y en avoir.», dit-il. Ils peuvent être de plus ou moins grande amplitude, mais la probabilité zéro n'existe pas."
Mathieu Cusson, professeur au laboratoire des sciences aquatiques de l'Université du Québec à Chicoutimi, a souligné que le Golfe et l'estuaire du Saint-Laurent comptent plusieurs écosystèmes différents qui sont encore méconnus.
"Les données actuelles des écosystèmes ne nous permettent pas d'évaluer l'impact d'un déversement d'hydrocarbures", dit-il. Il a aussi souligné que les travaux de dépollution ont souvent un impact aussi sinon plus important sur les écosystèmes que la pollution elle-même.
Martin Castonguay, spécialiste en océanographie biologique à l'Institut Maurice-Lamontagne étudie les populations de poissons du golfe du Saint-Laurent.
"Nous avons de bonnes raisons de croire que le site de Old Harry, par exemple, est un important site de fraie pour le sébaste et le flétan du Groenland", dit-il, rappelant que la pêche dans le golfe génère des retombées de 500 millions par année, dont 170 millions au Québec. Or, les interactions entre activité pétrolière et pêche sont encore inconnues.
Les impacts sur les populations, le tourisme, le trafic maritime, notamment, ont aussi été discutés et jugés mal documentés. Il manque aussi un cadre légal pour répondre à plusieurs questions, notamment la gestion des risques de pollution, a dit Hugo Tremblay, professeur de droit à l'Université de Montréal.
"J'ai pu voir, en Norvège, quelle est l'étendue des processus déployés avant même de parler d'un financement gouvernemental pour aller de l'avant, dit Dany Dumont. On met de 10 à 20 ans juste pour mettre les connaissances en commun. Ici, je vois l'étendue d problème. Je vois le peu de transparence dans les prises de décision, le fait que bien des acteurs, dont les chercheurs académiques, ne sont pas impliqués dans les consultations. Et çà m'inquiète."
Lien: http://www.lapresse.ca/environnement/201505/28/01-4873350-le-quebec-pas-pret-a-exploiter-le-petrole-dans-le-golfe-disent-des-scientifiques.php
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Quebec is not ready to extract the oil in the Gulf of St. Lawrence say some scientists
My translation of article published in the Montreal La Presse.
A newly formed group of scientists from many specialties called "Notre Golfe", Our Gulf, will have its first official meeting Friday morning, May 29). And their message is very clear: Quebec is not ready to extract the hydrocarbons from the Gulf of the St. Lawrence.
"There is a scientific consensus. Everybody is saying the same thing: right now, we are far from having all the necessary knowledge needed to exploit the oil from the Gulf of the St. Lawrence", says Philippe Archambault, co-director of the group to La Presse, during a meeting of the ACFAS ( Association francophone pour le savoir - French association for knowledge) congress, taking place in Rimouski.
In the group, one can find oceanographers, sociologists and jurists. "We want to reflect on the best way to make ourselves heard in this debate. The discussion is much to much about opinions and ideologies. We want that scientific facts prevail", says Mr Archambault, oceanographer from the Institut des sciences de la mer de Rimouski (ocean sciences institute in Rimouski).
In front of a full house, some oceanographers said yesterday that present knowledge on marine ocean currents is insufficient to predict how oil slicks would move after a spill.
"One of our big problems is winter, explains Dany Dumont, oceanographer from the Institut des sciences de la mer of the Rimouski university. It is a big mystery. We do not know how oil moves in ice. We cannot see oil slicks under the ice, and we cannot pump ice. So what can we do after a spill that happens in the wintertime? Wait for Spring? In the meantime, the oil spreads for kilometers.
He says that we have to ask these questions right now.
"Because spills will happen." He says. They can be small or massive, but zero probability does not exist."
Mathieu Cusson, professor at the aquatic sciences laboratory of the Quebec university in Rimouski, says that the Gulf and the St. Lawrence estuary have many different ecosystems that we still do not know very well.
"Present data on the ecosystems cannot let us evaluate the impact of a hydrocarbon spill", he says. He also added that the depollution work often has an impact that is as considerable, sometimes more so, that the pollution itself.
Martin Castonguay, specialist in biological oceanography at the Maurice-Lamontagne institute, studies fish populations in the St. Lawrence Gulf.
"We have good reason to believe that the Old Harry site, for example, is an important reproduction site for the Atlantic Red Fish and the Greenland Halibut", he says, mentioning that fishing in the gulf is a $500 million per year business, part of which $170 for Quebec. But the interactions between oil activities and fishing are still unknown.
Impacts on the populations, tourism, maritime traffic, among others, have also been discussed and the conclusion is they are all badly documented. There is also a lack of legal framework to answer our many questions, like about the management of pollution risks, says Hugo Tremblay legal professor at the University of Montreal.
"I was able to see that in Norway the extent of the processes that they went through even before talking about government financing and going ahead, says Dany Dumont. It takes from 10 to 20 years just to put all the knowledge together. Here, I can see the extent of the problem. I can see the lack of transparency during decision making, the fact that many actors, like academic researchers, are not involved during the consultations. And that worries me."
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