Friends of the Richelieu. A river. A passion.



"Tout cedit pays est fort uny, remply de forests, vignes & noyers. Aucuns Chrestiens n'estoient encores parvenus jusques en cedit lieu, que nous, qui eusmes assez de peine à monter le riviere à la rame. " Samuel de Champlain


"All this region is very level and full of forests, vines and butternut trees. No Christian has ever visited this land and we had all the misery of the world trying to paddle the river upstream." Samuel de Champlain

Saturday, May 7, 2016

L'eau, la confiance et la vérité


Ma traduction libre d'une critique de livre d'Amy Reiswig

Andrew Nikiforuk décrit la bataille d'une femme qui veut protéger son eau de la fracturation hydraulique et nos vies des mensonges corporatifs.

Peut importe où vous vous trouvez sur cette planète, la société a besoin de quelques éléments pour fonctionner. L'eau est l'un de ceux-là. La confiance en est un autre. Quand les deux deviennent corrompus, ils s'enflamment littéralement, afin de faire des profits, et on doit se demander où tout cela va nous mener, pas seulement environnementalement parlant, mais aussi moralement.

C'est une question abordée par Andrew Nikiforuk, un journaliste d'enquête récipiendaire de plusieurs prix, depuis bien des années par ses textes sur les secteurs de l'énergie et la ressource. Son tout dernier livre, Slick Water: Fracking and One Insider's Stand Against the World's Most Powerful Industry (Greystone Books et l'institut David Suzuki, 2015), retrace l'évolution du fracking et nous fait connaître une femme indomptable qui, après avoir perdu son eau et sa confiance, décide qu'elle devait prendre le chemin de la cour légale.

Nikiforuk est un chercheur tenace, diligent et un homme plein d'attention et de compassion (avec de la colère, aussi). En se penchant sur la longue histoire industrielle et les impacts intimes et personnels du fracking, il raconte une double histoire qui choque et émerveille pendant qu'il décortique non seulement une pratique problématique mais les questions philosophiques plus larges qui entourent ce qu'il croit être une culture d'extraction essentiellement abusive ainsi que ce que cela exige, à un profond niveau humain, pour lui tenir tête.

En 2007, Jessica Ernst, propriétaire terrien de l'Alberta et ancienne consultante pour le secteur pétrolier, témoignait devant le comité fédéral Standing Committee on Environment and Sustainable Development à Ottawa, et comme le rapporte Nikiforuk, "L'un des parlementaires a dit que la seule fois qu'il a vu une toilette prendre feu, c'est quand ses enfants regardaient le film Home Alone." Mais l'eau de Ernst, dans sa toilette et ses robinets, ne badinait pas, et ce qu'elle avait à dire n'avait rien d'une comédie, pour personne d'entre nous.

Après que les fracturations hydrauliques du géant énergétique Encana aient contaminé la nappe aquifère qui alimentait la propriété d'Ernst et ses voisins dans la communauté rurale de Rosebud, en Alberta, son eau maintenant devenue inflammable émanait une buée blanche, contenait des particules de charbon noir, et comptait des niveaux de méthane dissous de 44,800 parties par million (alors que l'Association des Producteurs pétroliers considèrent que 1 partie par million est un danger si l'eau se trouve dans un endroit clos). Dans un tour de force d'alchimie industrielle, son eau anciennement parfaitement saine à boire était devenue un mélange infernal de terre, d'air et de feu.

Par trahison cruelle, une compagnie pour laquelle Ernst avait travaillé finira par fracturer beaucoup plus que le roc sous sa maison. La communauté de Ernst s'en trouvera brisée, divisée par les cadeaux de l'industrie, et son sens de la justice.

Mais cela n'a pas affecté son courage. Avec sa poursuite sans précédent de $33 millions (qui finalement, après 9 longues années, s'est rendue à la Cour suprême en janvier de cette année), Ernst poursuit non seulement Encana, mais deux agences régulatrices du gouvernement de l'Alberta: Alberta Environment et Energy Resources Conservation Board (ERCB). Elle accuse Encana d'avoir fracturé dans une nappe aquifère, et en plus les deux agences gouvernementales n'ont pas bien fait l'enquête, et ainsi n'ont pas rempli leur obligation de diligence envers le public afin de protéger l'eau potable. Les agences avaient aussi interdit à Ernst de communiquer avec leurs employés, ainsi violant, d'après elle, ses droits selon la Charte. Comment une industrie soit-disant "propre" puisse se rendre à un tel point? Le livre de Nikiforuk examine la réponse à cette question.

Le fracking, ou la fracturation hydraulique, est un processus d'extraction controversé qui libère le pétrole et le gaz difficile à rejoindre en fissurant le roc avec des injections à haute pression d'eau, de sable et des mélanges de produits chimiques dont la recette est souvent secrète. Afin de comprendre les processus courants et la culture de l'industrie, Nikiforuk recule dans le temps jusqu'à ses origines, jusque dans les années 1850. Grâce à des recherches extensives dans des documents de l'industrie, il raconte l'histoire d'une mentalité de ruée vers l'or d'expérimentations scientifique effrénée, dont l'usage de torpilles, d'acide chlorhydrique, de nitre-glicerine, de napalm, de kérosène, de diesel et même des bombes nucléaires pour stimuler les puits dans le perpétuel désir de maximiser la production de la ressource.

Nikiforuk nous montre aussi que les opérateurs de l'industrie (alors comme maintenant) souvent ne comprennent tout simplement pas la complexité de la géologie, même si des déposants de brevets optimistes qualifient les pratiques du fracking comme étant de l'"art". Le livre se questionne sur cet "art" qui à Hutchison, au Kansas, en 2002, qui a laissé du méthane venu d'une installation de stockage gazier s'échapper d'un puits avec des fuites le gaz vers des fractures naturelles du roc, franchissant presque 7 milles de distance jusqu'à la surface dans des vieilles mines de sel en ville pour ensuite exploser, rasant ainsi deux édifices. Ou quand en 1985, un magasin de vêtements dans le district de Fairfax à Los Angeles "explosa dans un brasier" qui blessa 23 personnes à cause du gaz qui avait migré de puits gaziers urbains qui avaient été fracturés et de puits gaziers abandonnés qui avaient des fuites.

En se penchant sur l'historique de l'information sur l'industrie et les études scientifiques sur la technologie du fracking, Nikiforuk nous révèle une litanie de problèmes de longue date qui perdurent jusqu'à nos jours, comme les dimensions et les directions des fractures qu'on ne peut pas prédire ni contrôler (les fracturations hydrauliques qui sortent de la zone visée pour l'extraction) ou les gaz qui s'échappent des trous de puits qui fuient, le long des lignes de fractures non contrôlées ou les fractures naturelles et les failles du roc vers des zones résidentielles ou les nappes aquifères. Et tandis que cela semblait être nouveau d'entendre en mars qu'une étude canadienne était arrivée à la conclusion que le fracking cause des séismes jusqu'à 4,8 sentis dans l'ouest canadien, la recherche de Nikiforuk indique que les séismes ont été associés avec le fracking depuis la fin des années 1970. En 1978, la soit-disant stimulation d'un puits de 3,000 pieds de profondeur a déclenché 70 séismes en quelques 6 heures en Oklahoma. Cet état-là a été géo-transformé, écrit-il, en un "paysage plus sujet aux séismes que la Californie."

C'est un problème important pour la C.-B., où certaines fracturations hydrauliques les plus importantes au monde dans des régions comme les formations Montney et Horn River, celle-ci ayant déjà compté des centaines de séismes. En août 2015, Progress Energy (appartenant à Petronas) a déclenché un tremblement de terre dans la région de Fort St. John mesurant 4,6, à peu près aussi violent que celui qui a brassé Victoria en décembre. À cause de la récente étude sur les séismes, Andrew Weaver, le député Vert de Oak Bay-Gordon Head, demande un moratoire sur le fracking horizontal en C.-B., faisant la remarque que le Québec, le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse ont déjà déclaré un arrêt de la pratique. Le livre de Nikiforuk arrive donc à point pour les lecteurs intéressés par ce débat.

Parfois accusé d'être non objectif, Nikiforuk dit qu'il a commencé à écrire sur l'industrie énergétique comme un journaliste du monde des affaires. Un ancien de Calgary qui vit maintenant à Campbell River, en C.-B., il a aussi été un propriétaire terrien en Alberta et amis avec d'autres propriétaires terriens, alors il nous dit qu'il a souvent entendu "des vraies histoires de vraies personnes" sur la façon que les compagnies travaillent sur le terrain. "Une fois que vous avez entendu la vérité, dit-il simplement, "vous ne pouvez plus l'ignorer."Que ce soit pour ses articles dans National Magazine qui lui ont mérité des prix, ses reportages dans The Tyee, ou ses livres qui lui ont mérité le prix du Gouverneur général, ou être finaliste pour le prix Grantham Prize for Exellence in Reporting on the Environment, Nikiforuk s'est dévoué pendant des décennies pour trouver et partager la vérité sur une industrie qui, selon lui, est très adroite à cacher des choses.

Dans le fond, Slick Water est sur l'accès à l'information, la manipulation ou même la suppression de l'information environnementale, économique et de santé publique. "Quand j'ai commencé comme un reporter," raconte-t-il, "je n'ai pas connu le niveau de mensonges et d'évitement, l'évasion que je rencontre maintenant," et il remarque qu'il y a environ six personnes de relations publiques pour chaque journaliste. Alors que ce soit l'industrie qui se règlemente elle-même, les évaluateurs environnementaux qui se fient sur les données fournies par l'industrie, ou la machine de relations publiques corporative toujours en expansion, une partie de ce qui préoccupe Nikiforuk est la façon dont l'industrie projette son image.

Si nous avons besoin de confiance pour que la société fonctionne, cela doit inclure la communication. Quand Talisman, une compagnie de Calgary, a distribué un livre à colorier de Terry le gentil Fracosaurus montrant des bulles souriantes d'émanations de gaz, le comédien américain Stephen Colbert a qualifié ce geste comme l'équivalent de Joe Camel et la campagne pour vendre le tabac. Et quand les exécutifs de l'industrie affirment qu'il n'y a pas de cas démontrés de contamination de nappes aquifères d'eau douce, Nikiforuk appelle çà "l'un des plus gros mensonges du vingt-et-unième siècle," avançant que l'information est tout simplement étouffée par des ententes bâillons imposées aux plaignants quand ils s'entendent hors cour.

Nikiforuk ne s'inquiète pas seulement des impacts industriels sur l'environnement, mais sur nous aussi - le paysage salopé, notre intégrité morale. "C'est le même mécanisme utilisé par l'église catholique pour cacher les abus sexuels," dit-il, dégoûté par le procédé répété lors d'allégations de contamination environnementale faites contre les compagnies énergétiques, souvent faites par des propriétaires terriens ruraux, qu'ensuite des avocats bien payés viennent offrir des compensations en échange d'entente de confidentialité, et la victime souvent intimidée jusqu'au silence. Le cycle d'abus est ainsi perpétré sans dossiers publiques de malfaisances, dit-il. "C'est absolument malade et très efficace."

Ainsi, avec beaucoup d'admiration, Nikiforuk nous raconte aussi une deuxième histoire: comment aucune mesure d'intimidation ne peut faire taire Jessica Ernst.

Décrite par certains comme la Jeanne d'Arc de l'Alberta, l'Erin Brockovich du Canada et une héroïne du public, Nikiforuk raconte comment Jessica Ernst a passé les neuf dernières années à tenter de tenir responsable ceux qui ont contaminé son eau et tenté de la faire taire. Elle avait travaillé dans le secteur énergétique pendant presque 30 ans sur l'atténuation des risques, des plans de protection de la faune et la flore, et consultation des communautés pour certains des plus gros joueurs, Esso, Statoil, Chevron, et Encana, alors Nikiforuk l'appelle "une vraie histoire non conventionnelle" parce qu'elle n'est pas une environnementaliste ou une activiste mais une ancienne initiée qui, malgré beaucoup de pressions, refuse d'être une victime.

Le livre est donc en partie une exploration de son courage comme un lanceur d'alerte et un être humain qui soigne des blessures très profondes à la quête de la justice pour elle-même et les autres. Pour attester de l'empathie de Nikiforuk, Ernst, malgré qu'on l'ait trahie très souvent, s'est ouverte à lui et partagé des détails extrêmement personnels de sa vie. Agressée sexuellement à l'âge de six ans par un chauffeur d'autobus d'écoliers et ensuite violée à répétition par un ami de la famille quelques années plus tard, le sens de sécurité de son enfance en ce bas monde a été brisé. Mais on apprend comment, une fois adulte, ces souffrances ont paradoxalement alimenté sa détermination à arrêter ce qu'elle percevait être un nouveau cycle d'abus. Bien que plusieurs amis ont dit à Ernst que la poursuite serait seulement source de douleurs, inutile et finalement la ruinerait, elle dit: "La principale raison que je le fais est qu'il n'y a rien que personne ne peut me faire qui n'a déjà été fait. Ils ont violé notre nappe aquifère... je ne pouvais pas arrêter le chauffeur d'autobus ou Rex, mais je peux agir maintenant." Pour Ernst, la bataille en vaut le sacrifice personnel parce que, selon elle: "L'argent, c'est rien. Mes biens, c'est rien. L'eau, c'est tout. La vérité est beaucoup plus importante."

Finaliste pour le Writers' Trust of Canada 2015 prix Shaughnessy Cohen pour écriture politique, Slick Water fusionne les faits et les données, la grande échelle comme le face à face, ainsi que l'économie et l'éthique qui vont au-delà de l'histoire d'une femme et même cette industrie. Souvent philosophique dans son oeuvre, Nikiforuk se réfère à The Technological Society de Jacques Ellul pour étudier comment la culture se fait transformer, comment nous et notre système de valeurs se font transformer par l'industrie énergétique. Comme il dit: "C'est très important pour les lecteurs de comprendre que l'histoire du fracking n'est pas seulement la seule histoire qu'ils vont rencontrer dans leurs vies" reliée à la technologie et ses impacts. "Nous sommes des mouches dans la toile de l'araignée, et nous ne voulons pas parler de la nature de la toile. Vivons-nous une crise culturelle à cause de çà?" demande-t-il sombrement. "Oui, nous le sommes."

Tandis que la cause de Ernst est centrée en Alberta, Nikiforuk croit qu'elle a une importance universelle. "Elle ne s'attendait pas à trouver justice," écrit-il. "À la place, elle réalise que sa poursuite est devenue quelque chose de plus profond." J'ajouterais que le livre de Nikiforuk est aussi à propos de quelque chose de plus profond qu'un exposé de l'industrie. C'est un avertissement pour tout le monde, globalement, pour penser à où nous mène notre dépendance énergétique, et qu'est-ce que nous sommes prêts à sacrifier pour s'y rendre, l'eau, la confiance, la vérité. Inciter les gens à se poser ce genre de question est, en un certains sens, un pas en avant vers une justice pour nous tous.

Quinze pourcent des redevances du livre seront mis de côté pour aider à financer la poursuite légale de Ernst.


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Water, trust and truth

By Amy Reiswig, May 2016

Andrew Nikiforuk writes about one woman’s battle to protect her water from fracking and our lives from corporate lies.

NO MATTER WHERE YOU ARE on this planet, society needs a few key things in order to work. Water is one. Trust is another. When both become corrupted—actually going up in flames—for industrial profit, one has to wonder where we’re headed, not just environmentally, but morally.

It’s a question award-winning investigative journalist Andrew Nikiforuk has been examining for years in writing about the energy and resource sectors. His most recent book, Slick Water: Fracking and One Insider’s Stand Against the World’s Most Powerful Industry (Greystone Books and the David Suzuki Institute, 2015), traces the evolution of fracking and shines a light on one indomitable woman who, after losing both her water and her faith, decided that where she was headed was to court.

Nikiforuk is a dogged, diligent researcher and a man of obvious thoughtfulness and compassion (and attendant anger). By looking at the broad industrial history and the intimate, personal impacts of fracking, he tells a double story that will shock and awe as he digs into not just a problematic practice but the larger philosophical issues around what he believes is an essentially abusive extraction culture as well as what it takes, at a deep human level, to stand up to it.

In 2007, Alberta landowner and former oil patch consultant Jessica Ernst testified before the federal Standing Committee on Environment and Sustainable Development in Ottawa, and as Nikiforuk reports, “One of the parliamentarians said the only time he had seen a toilet on fire was when his kids watched the movie Home Alone.” But Ernst’s water, in her toilet and taps, was no joke, and what she had to say was certainly no comedy—for any of us.

After fracking by energy giant Encana had contaminated the aquifer serving Ernst’s property and that of her neighbours in the rural town of Rosebud, Alberta, her now-flammable water gave off a white fog, ran bits of black coal, and showed dissolved methane levels at 44,800 parts per million (when the Canadian Association of Petroleum Producers considered a mere 1 part per million a hazard for water passing through an enclosed space). In a feat of industrial alchemy, her formerly safe water had become an unholy admixture of earth, air, and fire.

And in a cruel betrayal, a company Ernst had worked for ended up fracturing much more than the rock around her home. It broke up Ernst’s community, divided around the benefits of the industry, and her sense of justice.

But it didn’t touch her courage. In a groundbreaking $33 million lawsuit (that finally, after nine years, reached the Supreme Court in January of this year), Ernst sued not just Encana but two Alberta government regulators: Alberta Environment and the Energy Resources Conservation Board (ERCB). She charged that while Encana had fracked into an aquifer, the two regulators had failed to investigate—and failed in what Ernst saw as a duty of care to the public to protect the groundwater. They had also barred Ernst from communicating with them, thereby, she claimed, violating her Charter rights. How did a supposed “clean” energy industry get to this? Nikiforuk’s book explores the answer.

Fracking, or hydraulic fracturing, is a controversial extraction process that frees hard-to-get oil and gas by cracking rock with high-pressure injections of water, sand, and often non-publicly-disclosable combinations of chemicals. In order to understand the current processes and industry culture, Nikiforuk goes back to its origins, all the way to the 1850s. Through extensive research into industry documents, he presents the story of a gold rush mentality of excited science experimentation, including the use of torpedoes, hydrochloric acid, nitro-glycerin, napalm, kerosene, diesel oil and even nuclear bombs to stimulate wells in the incessant drive to maximize energy production.

Nikiforuk also shows that industry operators (then and now) often simply don’t quite understand the complexities of geology, even though some patent filers rather rose-colouredly referred to fracking practices as an “art.” The book questions how artful it is when, in Hutchison, Kansas, in 2002, methane from an underground gas facility escaped a leaky well into natural rock fractures, travelled almost seven miles to surface in old salt wells in town and exploded, levelling two buildings. Or when, in 1985, a clothing store in the Fairfax District of L.A. “blew up into an inferno” that injured 23 people because of migrating gas from urban horizontal fracking and leaky abandoned gas wells.

By looking at the historical record of industry information and scientific papers around fracking technology, Nikiforuk reveals a litany of long-known problems that we’re still dealing with today, like unpredictable and uncontrollable fracture dimensions and directions (frack jobs going “out of zone”) or gases escaping out leaky wellbores, along uncontrolled frack lines or natural rock fractures and faults into residential areas or aquifers. And while it may have seemed to be news in March when a Canadian study concluded that fracking is behind quakes as large as magnitude 4.8 felt in western Canada, Nikiforuk’s research indicates that earthquakes have been associated with fracking since the late 1970s. In 1978, the so-called stimulation of one 3000-foot-deep well triggered 70 earthquakes in just over six hours in Oklahoma. That state has been geo-engineered, he writes, into “a landscape more earthquake-prone than California.”

It’s an important issue for BC, home to some of the world’s largest frack jobs in areas like the Montney and Horn River formations, the latter already having experienced hundreds of quakes. In August 2015, Progress Energy (owned by Petronas) triggered a quake in the Fort St John area measuring 4.6—roughly the size of the one that rumbled through Victoria in December. As a result of the recent quake study, Andrew Weaver, Green Party MLA for Oak Bay-Gordon Head, called for a moratorium on horizontal fracking in BC, noting that Quebec, New Brunswick, and Nova Scotia have already suspended it. Nikiforuk’s book is therefore timely reading for anyone interested in the debate.

Sometimes accused of being unobjective, Nikiforuk says he started writing about the energy industry as a business journalist. A former Calgarian now living in Campbell River, BC, he was also an Alberta landowner and friends with other landowners, so he would regularly hear, he tells me, “real stories from real people” about how energy companies worked on the ground. “Once you’ve heard the truth,” he says simply, “you can’t ignore it.” Whether in his National Magazine Award-winning articles, his column in the Tyee, or books that have won him the Governor General’s Award for Non-Fiction and the Rachel Carson Environment Book Award, and landed him as a finalist for the Grantham Prize for Excellence in Reporting on the Environment, Nikiforuk has devoted decades to finding and sharing the truth of an industry that is, he says, very good at hiding things.

At its heart, Slick Water is about access to information—the manipulation or outright suppression of information germane to environmental, economic, and public health. “When I started out as a reporter,” he recounts, “I didn’t encounter the level of lies and evasion, the constant evasion that I do now,” and he notes that there are approximately six PR people employed for every journalist. So whether it’s industry self-regulation, environmental assessors relying on industry-submitted data, or the ever-expanding corporate PR machine, part of what preoccupies Nikiforuk is the way the industry represents itself.

If we need trust for society to work, that has to include communication. When Calgary-based Talisman put out a colouring book featuring Terry the friendly Fracosaurus and showing escaping natural gas as happy-faced balloons, US comedian Stephen Colbert called it the fracking industry’s equivalent of Joe Camel. And when industry executives claim there are no proven cases of freshwater aquifer contamination, Nikiforuk calls it “one of the biggest lies of the twenty-first century,” arguing that the information is simply buried by gag orders imposed on complainants when they settle out of court.

Nikiforuk’s concern is not just with industrial impacts on the environment but on ourselves—the dirtying of the human landscape, of our moral character. “It’s the same mechanism the Catholic church used to cover up abuse,” he tells me, clearly disgusted by the repeated process wherein allegations of environmental contamination are made against energy companies, often by rural landowners, then high-paid lawyers swoop in offering compensation in exchange for a confidentiality agreement, with the victim frequently intimidated into silence. The cycle of abuse is therefore allowed to go on with no public record of wrongdoing, he says. “It’s absolutely sick and very effective.”

Thus, with clear admiration, Nikiforuk also tells a second story: How no amount of intimidation could silence Jessica Ernst.



DESCRIBED BY SOME AS the Joan of Arc of Alberta, Canada’s Erin Brockovich and a public hero, Nikiforuk chronicles how Jessica Ernst has spent the last nine years trying to hold accountable those responsible for contaminating her water and trying to suppress her voice. She worked in the energy sector for nearly 30 years on risk mitigation, wildlife protection plans, and community consultation for some of the biggest players—Esso, Statoil, Chevron, and Encana—and so Nikiforuk calls hers an “unconventional true story” because she’s not an environmentalist or an activist but a former insider who, against tremendous pressure, refused to be a victim.

The book is therefore partly an exploration of her courage as a whistleblower and as a human being overcoming deep wounds in a search for justice for herself and others. In a testament to Nikiforuk’s empathy, the oft-betrayed Ernst opens up to him about extremely personal life details. Molested by a school bus driver at age six and repeatedly raped by a family friend a few years later, her childhood sense of safety in the world was broken. But we learn how, as an adult, that suffering paradoxically fuelled her determination to stop what she saw as a new cycle of abuse. Though many friends told Ernst the lawsuit would only be painful, futile and ultimately financially ruinous, she said: “The main reason I can do this is that there is nothing anyone can do to me that hasn’t already been done. They raped our aquifer…I couldn’t stop the bus driver or Rex, but I can do something now.” For Ernst, the fight is worth the personal sacrifice because, as she puts it: “Money is nothing. My belongings are nothing. Water is everything. Truth is much more important.”

A finalist for the Writers’ Trust of Canada 2015 Shaughnessy Cohen Prize for Political Writing, Slick Water integrates facts and figures, the large-scale and the face-to-face, as well as economics and ethics that go beyond this one woman’s story and even this one industry. Often touching on philosophy in his work, Nikiforuk here looks to Jacques Ellul’s The Technological Society to explore how culture is being transformed, how we and our values are being transformed by the energy industry. As he tells me: “It’s very important for readers to understand that the story of fracking is not the only story they’re going to encounter in their lives” that revolves around technology and its impacts. “We’re flies in the spiderweb, and we don’t want to talk about the nature of the web. Are we in a cultural crisis over this?” he asks somberly. “Yes, we are.”

While the Ernst case is centred in Alberta, Nikiforuk believes there’s a universal importance to it. “She didn’t expect to find justice,” he writes. “Instead, she realized that her case had become something more profound.” I would argue that Nikiforuk’s book is also about something more profound than an industry exposé. It’s a caution to everyone, globally, to consider where our energy dependence is leading and what we’re each willing to sacrifice along the way—water, trust, truth. Prompting people to ask that kind of question is, in a sense, a step towards some justice for us all.

Fifteen percent of the book’s royalties will be set aside to help fund Ernst’s ongoing legal case.

Link: http://focusonline.ca/node/1086

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