Wednesday, July 13, 2016
L'illusion des nettoyages des marées noires
Photo: Associated Press
Pourquoi faisons-nous semblant de nettoyer les déversements pétroliers en pleine mer?
Ma traduction libre d'un texte d'Andrew Nikiforuk publié en ligne
Quand le puits pétrolier Deepwater Horizon opéré par BP (anciennement British Petroleum) a explosé et contaminé le Golfe du Mexique avec au moins 650 millions de litres de pétrole brut en 2010, des sauveteurs d'animaux vêtus de bleu sont rapidement apparus à la télé. Ayant l'air d'infirmiers internes, les répondants ont nettoyé des oiseaux couverts de pétrole avec des solutions au charbon, des antibiotiques et du détergent à vaisselle. Ils ont aussi forcé les oiseaux d'avaler du Pepto-Bismol qui aide à absorber les hydrocarbures. Les images familières, sinon étranges, laissaient l'impression qu'on faisait du ménage.
Mais durant le désastre chaotique, Silvia Gaus dénonça au grand jour ce mythe. La biologiste allemande avait travaillé dans les battures de la Mer des Wadden, une région de la Mer du Nord et le plus vaste système intact de battures de sable et de boues au monde et un habitat critique pour les oiseaux. Un déversement pétrolier en 1998 de plus de 100,000 litres dans la Mer du Nord avait tué 13,000 oiseaux dans le parc national Wattenmeer, et la scientifique avait compris que nettoyer les oiseaux couverts de pétrole pouvait être aussi nuisible à leur système immunitaire que le pétrole qui s'accumulait dans leur foie et leurs reins. Tuez, ne nettoyez pas, elle conseillait aux intervenants du déversement de BP en 2010. Gaus s'est ensuite référée à des études scientifiques pour appuyer sa déclaration étonnante. Une étude de la Californie en 1996, par exemple, avait fait le suivi de pélicans bruns salis par le pétrole. Les chercheurs avaient marqué les oiseaux après qu'ils aient été "nettoyés" et relâchés en pleine nature. La majorité sont morts ou n'ont jamais plus été capable de s'accoupler par après. Les chercheurs sont donc arrivés à la conclusion que nettoyer les pélicans bruns ne pouvait pas les ramener en santé suffisamment pour qu'ils puissent se reproduire ou "capacité de survie normale." Une autre étude en 1997 constatait qu'une fois les oiseaux affectés par une marée noire aient été nettoyés, ils n'étaient pas bien et avaient un taux anormalement élevé de mortalités.
Et prenez le cas du naufrage du MV Prestige en 2002. Le navire pétrolier se fendit en deux au large des côtes de l'Espagne, déversant plus de 70 millions de litres de mazout très toxique qui a recouvert plus de 600 plages d'hydrocarbures. La catastrophe tua plus de 300,000 d'oiseaux marins. Bien que les équipes de premiers répondants ont consciencieusement nettoyé plusieurs milles animaux, la plupart des oiseaux sont morts en dedans d'une semaine. Seulement quelques centaines ont pu retrouver la liberté. En réalité, dit Gaus, des étude indiquent qu'en général, le taux de survie après les traitements faits aux oiseaux couverts d'hydrocarbures est moins de un pourcent.
Pas tous les nettoyages d'oiseaux sont futiles. Des sauveteurs ont sauvé des milliers de manchots après le déversement du MV Treasure le long des côtes d'Afrique du Sud en 2000, par exemple. Des histoires aux fins heureuses, toutefois, sont rares. Dans le Golfe du Mexique, le déversement du géant BP a probablement tué un million d'oiseaux. Les commentaires de Gaus soulignent deux réalités gênantes: nettoyer des oiseaux couverts d'hydrocarbures est une entreprise risquée, et le nettoyage de pétrole en milieu marin peut souvent faire plus de tort que de bien.
Une réaction théâtrale
De plusieurs façons, la réaction théâtrale de la société après des déversements de pétrole catastrophiques ressemble à la réaction des professionnels de la santé envers un cancer agressif chez un patient avancé en âge. Parce que les opérations chirurgicales sont disponibles, on y va de l'avant. La chirurgie crée aussi l'impression que le système de santé fait quelque chose quand en réalité il ne peut pas changer ou inverser la condition ultime du patient. Dans une société basée sur le pétrole, l'illusion du nettoyage est aussi irrésistible. Tout comme il est difficile de reconnaître les limites des interventions médicales, la société a de la difficulté à reconnaître les limites des technologies ou les conséquences des habitudes énergétiques. Et c'est où on en est aujourd'hui avec les réactions suite à un déversement de pétrole en milieu marin: elles créent pas beaucoup plus qu'une illusion de nettoyage. Les scientifiques qui ne font pas parti de l'industrie pétrolière les qualifient de "théâtre de grande écoute" ou "réponse de théâtre."
Bombes de vérité
La vérité scientifique toute crue est ceci: un important déversement est presque impossible à contenir parce qu'il est physiquement impossible de mobiliser les effectifs nécessaires et les technologies de nettoyage courantes en temps opportun. Quand la ville de Vancouver a rendu publique une étude de 2015 sur l'efficacité des réponses aux déversements de bateaux citernes ou de pipelines le long de la côte sud de la Colombie-Britannique, la conclusion était brutale: "ramasser et enlever le pétrole de la surface de la mer est un processus difficile, contraint par le temps, et souvent inefficace," même en eau calme.
Les scientifiques ont reconnu cette réalité depuis longtemps. Pendant les années 1970 quand l'industrie pétrolière s'apprêtait à envahir la Mer de Beaufort, le gouvernement du Canada a engagé plus de 100 chercheurs pour évaluer les impacts d'un déversement pétrolier sur la glace de l'Arctique. Les chercheurs ont trempé des canards marins et des phoques annelés de pétrole et allumé des nappes de pétrole en feu sous une variété de conditions de glace. Ils ont aussi créé des déversements pétroliers assez importants (l'un d'eux était de presque 60,000 litres, un déversement de taille moyenne) dans la Mer de Beaufort et ont essayé de les contenir avec des matelas absorbants et des écumoires. Ils ont poussés des ours polaires dans un déversement artificiel pour se rendre compte que les ours, comme les oiseaux, lèchent le pétrole pour se nettoyer pour mourir ensuite d'insuffisance rénale. Finalement, le Projet de la Mer de Beaufort est arrivé à la conclusion que "les contremesures, les techniques et l'équipement suite à un déversement de pétrole" auraient "une efficacité limité" sur des eaux couvertes de glace. Les rapports, toutefois, n'ont pas suffi pour empêcher les forages dans l'Arctique.
Une partie de l'illusion a été crée par des technologies inefficaces adoptées et qualifiées par l'industrie comme était "de classe mondiale." Depuis les années 1970, l'industrie pétrolière et gazière utilise quatre façons pour faire face avec les déversements en pleine mer: des matelas absorbants pour contenir le pétrole; des écumoires pour enlever le pétrole; le feu pour brûler le pétrole; et des dispersants chimiques, comme le Corexit, pour morceler le pétrole en plus petits morceaux. Pour les petits déversements, ces technologie peuvent parfois faire une différence, mais seulement en eaux protégées. Aucunes n'ont jamais été efficaces pour contenir de vastes déversements.
Les matelas absorbants conventionnels, par exemple, ne fonctionnent pas dans de l'eau glacée, où quand les vagues se déchaînent. Brûler le pétrole transforme un gros problème, la pollution de l'eau, en gaz à effet de serre contaminés et crée de la pollution aérienne. Les dispersants ne font que cacher le pétrole en parsemant les petites gouttelettes dans l'eau, et pourtant n'y arrivent même pas car les conditions doivent être idéales pour que les dispersants puissent bien faire leur travail. Darryl McMahon, un directeur de RESTCo, une compagnie qui cherche des technologies de nettoyage plus efficaces, a beaucoup écrit sur le sujet problématique, et son opinion demeure toujours: "Tristement, même après 40 années d'expérience, les résultats ne sont pas acceptables. Dans plusieurs cas, la stratégie est encore d'ignorer les déversements au large et s'en occuper seulement quand ils s'échouent sur la plage."
Le problème se résume pas mal par l'envergure, explique Jeffrey Short, un chercheur en chimie du National Oceanic and Atmospheric Administration à la retraite qui avait étudié les suites du désastre de BP en 2010 ainsi que le déversement du Exxon Valdez dans Prince William Sound, qui s'était étendu d'une surface équivalente à un demi terrain de football par seconde pendant 2 jours. "Essayez donc de contrôler quelque chose comme çà," dit Short. Pourtant, presque 30 ans après que le Exxon Valdez ait contaminé la majorité du Prince William Sound, la technologie de nettoyage a très peu changée.
"Ce que je trouve le plus dérangeant est la tendance des autorités responsable et de l'industrie d'adopter des technologies surtout à cause des apparences et très peu à cause de leur efficacité," dit Short. De plus, c'est le chaos après un déversement. L'énorme pression politique de faire quelque chose sacrifie de façon routinière quelque devoir d'évaluer adéquatement quel genre de réponse pourrait véritablement fonctionner au fil du temps, dit Short. "L'industrie dit 'nous voulons juste le nettoyer,' pourtant leur capacité d'en faire la démonstration qu'ils nettoient fait dur."
Prenez par exemple le pauvre bilan de l'industrie de récupération du pétrole. Les citoyens ordinaires pourraient penser qu'un nettoyage d'un déversement pétrolier en milieu marin réussi implique réellement la récupération de ce qui a été déversé. Ils pourraient aussi s'attendre à ce que la quantité de pétrole récupérée augmenterait avec le temps puisque l'industrie acquiert des connaissances et adopte de meilleures technologies. Mais il y a eu très peu d'amélioration depuis les années 1960.
Pendant le désastre de BP, la majorité du pétrole s'est évaporé, a calé au fond de l'océan, noirci les plages, s'est dissout, ou est demeuré sur ou juste sous la surface de l'eau sous forme de reflets ou de boules de bitume. Un peu de bactéries mangeuses de pétrole ont prêté main forte en bio-dégradant le pétrole après qu'il se soit dispersé. Des calculs approximatifs indiquent que, de la quantité totale de pétrole déversée, BP a récupéré environ 3% avec des écumoires, 17% en siphonnant à la tête de puits, et 5% par le feu. Malgré cela, ce n'est pas beaucoup mieux que le déversement du Exxon Valdez en 1989 quand l'industrie a récupéré environ 14% du pétrole. Transport Canada admet qu'il ne s'attend pas plus à 10% ou 15% d'un déversement pétrolier en milieu marin d'être récupéré sur l'eau. "Même des gens informés sont surpris par ces chiffres," dit Short.
Et ces chiffres ne sont pas meilleurs pour les petits déversements marins (de moins de 7,950 litres). Cette année, des chercheurs de York University ont découvert que les plate-formes pétrolières et gazières en haute-mer ont rapporté un total de 381 petits déversements entre 1997 et 2010. Seulement 11 déversements ne mentionnaient la présence d'oiseaux marins, pourtant il suffit d'une tache de pétrole de la grandeur d'un 10 cents dans de l'eau froide pour tuer un oiseau.
Le danger de se bercer d'illusions
Les auto-déclarations combinés avec un bilan aberrant des récupérations de déversements mettent en évidence la piètre performance des technologies prisées par l'industrie sur le terrain. L'épandage de dispersants, par exemple, est aussi efficace que le nettoyage des oiseaux couverts de pétrole et demeure un autre exemple du théâtre de réponse conçu pour cacher les vrais dommages. Pendant le déversement catastrophique de BP dans le Golfe du Mexique, la compagnie a épandu plus de 6,8 millions de litres de Corexit. C'était la plus grande quantité de dispersant jamais utilisé lors d'un déversement et une expérimentation chimique géante.
Les chercheurs savent depuis des décennies que mélanger du pétrole avec du Corexit fonctionne rarement. Short compare cela à ajouter du détergent quand vous lavez de la vaisselle: cela crée une suspension brouillée qui s'épand dans l'eau mais reste à la surface. La Suède a interdit son usage, et la Grande-Bretagne l'a imitée, à cause des dangers potentiels pour les travailleurs. Mais cela n'a pas empêché le bombardement aérien des eaux du Golfe du Mexique avec le Corexit, qui a en réalité tué les bactéries mangeuses de pétrole, parce que cela donnait l'apparence que les autorités faisaient quelque chose. Leur travail a fait très peu de différence. Les cétacés Tursiops, déjà vulnérables, sont morts en nombre record de maladies pulmonaires et de leurs glandes surrénales à cause de leur exposition au pétrole.
"Les mauvaises personnes sont chargées de ce travail," dit McMahon, qui suit les mythes des déversements pétroliers de l'industrie depuis des années. Le Corexit, le dispersant préféré de l'industrie, contient probablement des hydrocarbures selon plusieurs, ce qui lui donne une connotation de mauvaise augure. À ses débuts, le produit a été conçu par Standard Oil, et sa liste d'ingrédients demeure un secret de commerce à ce jour. Bien que l'industrie pétrolière se vante d'avoir une "culture de sécurité," tout le monde sait vraiment qu'elle opère selon une culture de cupidité, ajoute McMahon. Au fil des ans, l'industrie est devenue habile à vendre une illusion en disant aux actionnaires et aux régulateurs ce qu'ils veulent entendre sur les déversements de pétrole (dans le passé, les exécutifs disaient que leurs compagnies récupéraient 95% du pétrole déversé).
Au Canada, les pétrolières multi-nationales sont aussi propriétaires des corporations qui détiennent les licences pour agir en cas de déversements catastrophiques. La Western Canadian Marine Response Corporation, par exemple, appartient à Kinder Morgan, Imperial Oil, Shell, Chevron et Suncor, tandis que la Eastern Canada Response Corporation appartient à Ultramar, Shell, Imperial Oil et Suncor. Dans une analyse récente sur ce copinage, Robyn Allan, un économiste et ancien président de Insurance Corporation of British Columbia, arrivait à la conclusion que de laisser les compagnies pétrolières internationales déterminer les fins et les objectifs des préparatifs et des réponses aux déversements marins était un conflit d'intérêt flagrant.
Les déversements importants, qui peuvent détruire les pêcheries et des communautés entières, peuvent générer des factures de plusieurs milliards pour le nettoyage et malgré tout ne pas réhabiliter ce qui a été perdu. Les coûts de nettoyage du désastre d'Exxon Valdez ont été de $2 milliards US (payés par différents joueurs), et Exxon s'est battu contre une demande du gouvernement fédéral de payer un $92 millions de plus pour la restauration, jusqu'à ce que le gouvernement ait laissé tombé sa demande en 2015. Jusqu'à date, BP a dépensé plus de $42 milliards US pour la réponse, la compensation et les pénalités du Golfe du Mexique. Entretemps, les preuves démontrent les déversements près des côtes et dans les ports sont de quatre à cinq fois plus dispendieux à nettoyer que les déversements en haute mer et que le pétrole lourd, comme le bitume, coûte presque dix fois plus cher que le pétrole léger parce qu'il persiste plus longtemps dans l'eau. Pourtant, pas plus de $1,3 milliards en fonds canadiens n'ont été mis de côté au Canada pour un déversement majeur, une somme que les experts pensent être totalement inadéquate. Selon une étude faite par l'université de la Colombie-Britannique, un déversement de 16,000 mètres cubes de bitume dilué dans le Burrard Inlet de Vancouver infligerait au moins $1,2 milliards de dommages sur l'économie locale, qui dépend beaucoup sur le tourisme et la promotion de ses beautés "naturelles." Ce chiffre n'inclut pas les coûts du "nettoyage."
En se basant sur la science, s'attendre à remédier adéquatement aux déversements importants avec les technologies actuelles, c'est se bercer d'illusions, semble-t-il. Et çà ne changera pas tant que les autorités responsables ne font pas ces trois choses: donner aux communautés les plus affectées par un déversement catastrophique le droit démocratique de dire non à des projets à hauts risques, comme des bateaux citernes ou des pipelines; reconnaître publiquement que répondre à un gros déversement pétrolier est aussi dangereux que de répondre à un puissant séisme et qu'il n'existe pas de solution technique miracle; et reconnaître que l'industrie n'adoptera pas des technologies plus efficaces qui récupèrent véritablement le pétrole des océans tant que les gouvernements et les communautés mettent le prix réel au risque des déversements catastrophiques et demandent un versement initial en caution de plusieurs milliards de dollars en compensation. "Si ils causent un déversement, ils devront payer une sanglante fortune," dit Short.
Tant que ces réformes n'auront pas lieu, attendez-vous à du théâtre dramatique de grande écoute lors des eaux océaniques salopées. Mais nous ne devrions pas croire un seul instant que nous sommes témoins d'un nettoyage. Les seules choses qui se font lessiver, ce sont les consciences coupables.
Photo: Time
The Oil Spill Cleanup Illusion
Why do we pretend to clean up oil spills in the ocean?
by Andrew Nikiforuk
Published July 12, 2016
When the Deepwater Horizon well operated by BP (formerly British Petroleum) exploded and contaminated the Gulf of Mexico with at least 650 million liters of crude oil in 2010, blue-smocked animal rescuers quickly appeared on television screens. Looking like scrub nurses, the responders treated oil-coated birds with charcoal solutions, antibiotics, and dish soap. They also forced the birds to swallow Pepto-Bismol, which helps absorb hydrocarbons. The familiar, if not outlandish, images suggested that something was being cleaned up.
But during the chaotic disaster, Silvia Gaus poked a large hole in that myth. The German biologist had worked in the tidal flats of the Wadden Sea, a region of the North Sea and the world’s largest unbroken system of intertidal sand and mud, and critical bird habitat. A 1998 oil spill of more than 100,000 liters in the North Sea had killed 13,000 birds in Wattenmeer national park, and the scientist had learned that cleaning oil-soaked birds could be as harmful to their immune systems as the oil accumulating in their livers and kidneys. Kill, don’t clean, she advised responders in the 2010 BP spill. Gaus then referred to scientific studies to support her unsettling declaration. One 1996 California study, for example, followed the fate of brown pelicans fouled by oil. Researchers marked the birds after they had been “cleaned” and released them into the wild. The majority died or failed to mate again. The researchers concluded that cleaning brown pelicans couldn’t restore them to good breeding health or “normal survivability.” Another study from 1997 observed that once birds affected by an oil spill had been cleaned, they fared poorly and suffered higher than expected mortality rates.
And, consider the 2002 sinking of the MV Prestige. The tanker split in half off the coast of Spain, spilling more than 70 million liters of highly toxic bunker fuel that coated more than 600 beaches with oil. The catastrophe killed some 300,000 seabirds. Although response teams diligently cleaned thousands of animals, most of the birds died within a week. Only a few hundred ever made it back to the wild. In fact, said Gaus, studies indicate that, in general, the post-treatment survival rate of oil-soaked birds is less than one percent.
Not all bird cleaning is futile. Rescuers saved thousands of penguins following the MV Treasure spill off South Africa in 2000, for example. Success stories, however, are rare. In the Gulf of Mexico, the giant BP spill probably killed nearly a million birds. Gaus’s comments highlighted two uncomfortable realities: cleaning oily birds is a risky business, and the marine oil spill cleanup can often do more harm than good.
A Theatrical Response
In many respects, society’s theatrical response to catastrophic oil spills resembles the way medical professionals respond to aggressive cancer in an elderly patient. Because surgery is available, it is often used. Surgery also creates the impression that the health care system is doing something even though it can’t change or reverse the patient’s ultimate condition. In an oil-based society, the cleanup delusion is also irresistible. Just as it is difficult for us to acknowledge the limits of medical intervention, society struggles to acknowledge the limits of technologies or the consequences of energy habits. And that’s where the state of marine oil spill response sits today: it creates little more than an illusion of a cleanup. Scientists—outside the oil industry—call it “prime-time theater” or “response theater.”
Truth Bombs
The hard scientific reality is this: a big spill is almost impossible to contain because it is physically impossible to mobilize the labor needed and current cleanup technologies in a timely fashion. When the city of Vancouver released a study in 2015 on the effectiveness of responses to large tanker or pipeline spills along the southern coast of British Columbia, the conclusion was blunt: “collecting and removing oil from the sea surface is a challenging, time-sensitive, and often ineffective process,” even in calm water.
Scientists have recognized this reality for a long time. During the 1970s when the oil industry was poised to invade the Beaufort Sea, the Canadian government employed more than 100 researchers to gauge the impacts of an oil spill on Arctic ice. The researchers doused sea ducks and ring seals with oil and set pools of oil on fire under a variety of ice conditions. They also created sizable oil spills (one was almost 60,000 liters, a medium-sized spill) in the Beaufort Sea and tried to contain them with booms and skimmers. They prodded polar bears into a man-made oil slick only to discover that bears, like birds, will lick oil off their matted fur and later die of kidney failure. In the end, the Beaufort Sea Project concluded that “oil spill countermeasures, techniques, and equipment” would have “limited effectiveness” on ice-covered waters. The reports, however, failed to stop Arctic drilling.
Part of the illusion has been created by ineffective technologies adopted and billed by industry as “world class.” Ever since the 1970s, the oil and gas industry has trotted out four basic ways to deal with ocean spills: booms to contain the oil; skimmers to remove the oil; fire to burn the oil; and chemical dispersants, such as Corexit, to break the oil into smaller pieces. For small spills these technologies can sometimes make a difference, but only in sheltered waters. None has ever been effective in containing large spills.
Conventional containment booms, for example, don’t work in icy water, or where waves run amok. Burning oil merely transforms one grave problem—water pollution—into sooty greenhouse gases and creates air pollution. Dispersants only hide the oil by scattering small droplets into the water column, yet they often don’t even do that since conditions have to be just right for dispersants to work. Darryl McMahon, a director of RESTCo, a firm pursuing more effective cleanup technologies, has written extensively about the problem, and his opinion remains: “Sadly, even after over 40 years experience, the outcomes are not acceptable. In many cases, the strategy is still to ignore spills on open water, only addressing them when the slicks reach shore.”
The issue partly boils down to scale, explains Jeffrey Short, a retired National Oceanic and Atmospheric Administration research chemist who studied the aftermath of the 2010 BP disaster as well as the Exxon Valdez spill in Prince William Sound, which grew at the alarming rate of half a football field per second over two days. “Go try and control something like that,” says Short. Yet almost 30 years after the Exxon Valdez contaminated much of Prince William Sound, the cleanup technology has changed little.
“What I find the most disturbing is the tendency for responsible authorities and industry to adopt technologies mainly because of their optics and with scant regard for their efficacy,” says Short. In addition, chaos rules in the aftermath of a spill. The enormous political pressure to do something routinely sacrifices any duty to properly evaluate what kind of response might actually work over time, says Short. “Industry says ‘we just want to clean it up,’ yet their demonstrative ability to clean it up sucks.”
Consider, for a moment, the industry’s dismal record on oil recovery. Average citizens may think that a successful marine oil spill cleanup actually involves recovering what has been spilled. They may also expect the amount of oil recovered would increase over time as industry learns and adopts better technologies. But there has been little improvement since the 1960s.
During the BP disaster, the majority of the oil evaporated, dropped to the ocean bottom, smothered beaches, dissolved, or remained on or just below the water’s surface as sheen or tar balls. Some oil-chewing bacteria offered assistance by biodegrading the oil after it had been dispersed. Rough estimates indicate that, out of the total amount of oil it spilled, BP recovered 3 percent through skimming, 17 percent from siphoning at the wellhead, and 5 percent from burning. Even so, that’s not much better than the Exxon Valdez spill in 1989 when industry recovered an estimated 14 percent of the oil. Transport Canada admits that it expects only 10 to 15 percent of a marine oil spill to ever be recovered from open water. “Even informed people are taken aback by these numbers,” says Short.
Nor are the numbers any better for small marine spills (smaller than 7,950 liters). This year, York University researchers discovered that offshore oil and gas platforms reported a total of 381 small spills between 1997 and 2010. Only 11 spills mentioned the presence of seabirds, yet it only takes a dime-sized blotch of oil in cold water to kill a bird.
The Danger of Wishful Thinking
Self-reporting combined with an appalling spill-recovery record underscores how poorly industry’s preferred technologies perform in the field. Deploying dispersants, for example, is about as effective as cleaning oil-soaked birds and remains another example of response theater designed to hide the real damage. During BP’s catastrophic spill in the Gulf of Mexico, the company sprayed over 6.8 million liters of Corexit. It was the largest volume of dispersant ever used for an oil spill and one giant chemical experiment.
Researchers have known for decades that mixing oil with Corexit rarely works. Short compares it to adding detergent when you’re washing dishes: it produces a cloudy suspension that scatters through the water but hovers close to the top. Sweden has banned its use, and the UK followed suit, based on the potential danger to workers. That didn’t stop the aerial bombing of Gulf of Mexico waters with Corexit—which actually killed oil-eating bacteria—because it looked as if the authorities were doing something. Their work made little difference. Bottlenose dolphins, already vulnerable, died in record numbers from adrenal and lung diseases linked to oil exposure.
“We’ve put the wrong people in charge of the job,” says McMahon, who has charted industry’s oil spill myths for years. Corexit, industry’s favorite dispersant, is widely believed to contain hydrocarbon, which gives it an ominous undertone. The product was first developed by Standard Oil, and its ingredient list remains a trade secret. Although the oil industry boasts a “safety culture,” everyone really knows that it operates with a greed culture, adds McMahon. Over the years, industry has become adept at selling an illusion by telling regulators and stakeholders whatever they want to hear about oil spills (in the past, executives claimed that their companies recovered 95 percent of spilled oil).
In Canada, multinational oil companies also own the corporations licensed to respond to catastrophic spills. The Western Canadian Marine Response Corporation, for example, is owned by Kinder Morgan, Imperial Oil, Shell, Chevron, and Suncor while the Eastern Canada Response Corporation is owned by Ultramar, Shell, Imperial Oil, and Suncor. In a recent analysis on this cozy relationship, Robyn Allan, an economist and former CEO of the Insurance Corporation of British Columbia, concluded that letting international oil companies determine the goals and objectives of marine spill preparedness and response was a flagrant conflict of interest.
Large spills, which can destroy fisheries and entire communities, can impose billion dollar cleanup bills and still not restore what has been lost. The cleanup costs for the Exxon Valdez disaster reached US $2-billion (paid by various parties), and Exxon fought the federal government’s claim for an extra $92-million for restoration, until the government dropped their claim in 2015. To date, BP has spent more than US $42-billion on response, compensation, and fines in the Gulf of Mexico. Meanwhile, the evidence shows that nearshore and in-port spills are four to five times more expensive to clean up than offshore spills and that heavy oil, such as bitumen, costs nearly 10 times more than light oils because it persists longer in water. And yet, no more than CAN $1.3-billion has been set aside in Canada for a major oil spill—a sum experts find woefully inadequate. According to a University of British Columbia study, a release of 16,000 cubic meters of diluted bitumen in Vancouver’s Burrard Inlet would inflict at least $1.2-billion worth of damage on the local economy, which is heavily reliant on tourism and promoting its “natural” beauty. That figure doesn’t include the cost of a “cleanup.”
Based on the science, expecting to adequately remedy large spills with current technologies seems like wishful thinking. And there will be no change unless responsible authorities do three things: give communities most affected by a catastrophic spill the democratic right to say no to high-risk projects, such as tankers or pipelines; publicly recognize that responding to a large oil spill is as haphazard as responding to a large earthquake and that there is no real techno-fix; and recognize that industry won’t adopt more effective technologies that actually recover oil from the ocean until governments and communities properly price the risk of catastrophic spills and demand upfront multi-billion-dollar bonds for compensation. “If they spill, they must lose a bloody fortune,” says Short.
Until those reforms take place, expect more dramatic prime-time theater on oiled ocean waters. But we shouldn’t for a moment believe we’re watching a cleanup. The only things being wiped clean are guilty consciences.
Link: https://www.hakaimagazine.com/article-long/oil-spill-cleanup-illusion
Photo: Charlie Riedel, AP
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What a fascinating article! But it's Hakai Magazine's article. Why don't you post a paragraph or two, then direct readers to the source?
ReplyDeleteI did publish the Hakai Magazine's article and I did give the source (see "Link:".
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