Friends of the Richelieu. A river. A passion.



"Tout cedit pays est fort uny, remply de forests, vignes & noyers. Aucuns Chrestiens n'estoient encores parvenus jusques en cedit lieu, que nous, qui eusmes assez de peine à monter le riviere à la rame. " Samuel de Champlain


"All this region is very level and full of forests, vines and butternut trees. No Christian has ever visited this land and we had all the misery of the world trying to paddle the river upstream." Samuel de Champlain

Monday, September 13, 2010

Protéger notre environnement: quel est votre seuil de tolérance?

Photo: fwcando.org

On s'en fait passer des sapins, en environnement, malgré toutes nos objections verbales et écrites. Jusqu'à quel diamètre de sapin allons nous laisser passer? À quel moment allons nous nous dire: "ASSEZ!" et passer à l'action?

Je traduis ici une partie d'un éditorial publié dans Truth Out le 5 septembre 2010. Je pense qu'il est particulièrement d'actualité vu la crise du gaz de schiste dans la province de Québec. L'éditorial commence ainsi:

Si quelqu'un défonce la porte de votre maison et attache les personnes que vous aimez pour leur verser du poison dans leur bouche, arrêteriez-vous cette personne? Et si quelqu'un versait du pétrole brut sur vos récoltes et vos bêtes? N'essayeriez-vous pas de les arrêter?

Ces questions pointilleuses viennent d'un homme qui porte le nom de Derrick Jensen. Elles aident à comprendre sa façon qu'il perçoit le capitalisme corporatif dévalisant notre planète. Elles sont posées pour nous choquer, nous rendre conscients que nous sommes témoins de la vie sur terre se faire anéantir. Elles sont posées aussi pour nous provoquer et nous forcer à penser à quelle forme de résistance nous devrions adopter face à cette prise de conscience. "Je pense que ce que nous avons besoin de faire est d'arrêter de nous faire des illusions et penser que ceux qui ont en pouvoir vont faire ce qu'ils n'ont pas fait jusqu'à date et ne semblent pas préparer à faire, ce qui est de soutenir la vie plutôt que la production" avance Jensen, un auteur et activiste environnemental qui vit dans le nord de la Californie.

Nous sommes poussés à une vitesse folle vers un futur qui promet un changement climatique catastrophique et global, les ressources naturelles épuisées, de la dégradation environnementale et une humanité en plein chaos et souffrante à grande échelle. Cent vingt espèces de vies sont effacées de la planète à tous les jours. 90% de tous les poissons pélagiques des océans sont disparus. La calotte glacière de l'Artic disparaît sous nos yeux pendant que les températures globales continuent de monter.

Ceci n'arrive pas parce que nous le voulons, mais parce que ceux qui ont le pouvoir qui ont des comptes à rendre seulement à leurs soutients corporatifs jouent le jeu de "n'importe quoi pour grossir". Développement et expansion. Plus de profits. Plus de pouvoir. Jensen croit que s'attendre à ce que ceux qui sont au pouvoir vont faire ce qu'ils doivent pour le bien des êtres humains, encore moins la planète, c'est se faire des illusions. "Leur fonction dans une démocratie c'est de nous donner l'illusion du pouvoir, mais en réalité, ils font ce qu'ils veulent, explique Jensen. Pourquoi est-ce que les policiers sont toujours appelés pour briser les grèves mais pas pour aider les grévistes? Quand le rôle de l'état est de soutenir la privatisation des profits et l'exteriorisation des coûts, quelle genre d'état avons nous affaire?"

"Si des extra-terrestres arrivaient et changeaient systématiquement la planète, est-ce que nous répliquerions en les traînant en cours de justice, en faisant des manifs et en signant des pétitions? demande Jensen. J'ai déjà été interviewé par un pacifiste qui trouvait que je voulais que tous les activistes militants agissent comme des assassins. Ce n'est pas vrai. Tout ce que je veux, c'est que les activistes agissent comme s'ils étaient sérieux dans leur résistance, et cela pourra inclure des assassinations."

Jensen pense que nous sommes à un moment dans notre histoire quand la planète même sur laquelle nous vivons et notre vie même est en danger. Si la croissance perpétuelle et la machine corporative-capitaliste-industrielle est laissée à elle-même, nous allons mourir. Donc elle doit être arrêtée par n'importe quel moyen. "Mon but est de faire penser les gens comme des membres d'une résistance. Premièrement, on doit commencer par ne pas se penser comme faisant partie du système capitaliste industriel et s'éloigner de ce gouvernement que nous reconnaissons tous comme serviteur des corporations plutôt que du citoyen et des terres où nous habitons."

"Je ne suis pas un violent, rétorque Jensen. Je suis vraiment le gars ouvert à tout. Seulement 2% de l'IRA ont pris les armes. 98% faisaient du travail de soutient. Nous avons besoin d'un éventail de tactiques qui inclut se défendre et attaquer l'infrastructure. Je ne comprends pas ce qui est si radical ou incendiaire à croire que les océans sont plus importants que la structure sociale. La culture en général souffre de folie, dont une version qui avance que cette structure sociale est plus importante que la planète vivante. Je ne pense pas qu'on puisse accepter la désillusion qu'on puisse systématiquement démanteler la planète et continuer de vivre dessus également. Pour moi, c'est bien clair. La vie est plus importante que le capitalisme."

Le pouvoir pacifique non violent organisé à grande échelle comme le mouvement de Gandhi en Inde pourrait possiblement éviter des mesures draconiennes tout en déstabilisant les centres corporatifs du pouvoir. "Nous pourrions rassembler les forces qui disent "Vous ne pouvez pas empoissonner cette terre et nous allons vous arrêter. Si des gens viennent dans notre maison et versent du poison dans notre bouche, nous allons les arrêter."

"Je demande aux gens à travers le pays: "Croyez-vous que nous vivons dans une démocratie?" et presque jamais personne ne répond oui. Je demande "Est-ce que le gouvernement prend mieux soin des corporations que des êtres humains?" Des milles personnes à qui j'ai posé cette question à des conférences, personne ne répond "les êtres humains". Et encore moins des saumons!" Jensen dit qu'à tous les matin quand il se réveille, il se demande si il devrait écrire ou faire sauter un barrage. "Vous et moi pouvons écrire tant que nous voulons, ce n'est pas çà qui va aider les saumons, dit Jensen. Ce que les saumons ont besoin c'est qu'on enlève les barrages et qu'on arrête de faire des coupes à blanc."

Son pragmatisme incisif ne s'inquiète pas de choquer les gens, ou d'être politiquement correct. Il continue dans son travail parce l'urgence du problème l'exige. Jensen croit que toutes les formes de résistance, pacifiste, violente, et tout entre les deux extrêmes sont importantes et utiles. Mais il n'hésite pas à souligner ce qui ne fonctionne pas selon lui car certaines méthodes ne vont pas assez loin.

Jensen encourage les gens à penser pour eux-mêmes car il pressent que c'est le premier pas très important vers la vraie liberté. "Je veux qu'ils décolonisent leurs coeurs et leurs pensées, explique-t-il. Cela veut dire qu'on doit reconnaître que cette culture n'est pas la seule possible. Elle n'est qu'une culture. Reconnaître que le progrès technologique n'est pas le progrès. C'est une escalade. Çà améliore l'abilité de ceux en pouvoir de faire obéir la matière et l'énergie à leur moindre désirs. Si les tortues de mer développaient toutes sortes de technologies qui tuaient la planète, nous n'appellerions pas çà le progrès."

Pour tous ceux d'entre nous qui travaillent déjà ou qui veulent s'impliquer dans ce qui pourrait préparer un meilleur futur pour la planète, c'est important de savoir ce qui nous tient le plus à coeur. Vu que les problèmes sont nombreux (changements climatiques, militantisme, capitalisme corporatif, etc...) qui demandent notre attention immédiate, et vu la sévérité des crises, on peut être facilement dépassé.

"Qu'est ce qui vaut la peine de protéger avec ma vie? Jensen veut qu'on se demande. "Combattre par tous les moyens, soit par un procès judiciaire ou un fusil? Est-ce votre famille, les survivants de violence conjugale, les saumons ou le Rio Grande? Qu'est-ce que vous aimez assez que vous êtes prêts à vous battre pour protéger?"

"Croyez-vous que notre culture va se transformer volontairement pour devenir plus sensée et offrir une façon de vivre plus soutenable? demande Jensen. Pendant ces dernières années, j'ai posé cette question à des foules à des conférences, dans les librairies, sur les autobus, dans les avions, à l'épicerie, au magasin. Partout. Les réponses vont d'un "non" définif jusqu'à un rire embarassé. Personne ne répond par l'affirmative. Une fois, un homme a timidement dit oui, mais quand tout le monde autour de lui le dévisageait, il a avoué: "Volontairement? Non, bien sûr que non"

"Ma prochaine question est : maintenant, en comprenant cela, que cette culture ne cessera pas volontairement de détruire le monde naturel, d'éliminer les cultures indigènes, d'exploiter les pauvres et de tuer ceux qui résistent, comment doit-on modifier notre stratégie et nos tactiques? La réponse? Personne ne le sait, parce que personne n'ose en parler: nous sommes trop occupés à faire semblant que la culture se transformera magiquement toute seule."

"Je vous dis: faites quelque chose, urge Jensen. La division n'est pas entre ceux qui pensent qu'on doit résister par n'importe quelle façon nécessaire, et ceux qui ne veulent pas. La division n'est pas entre le peuple et le mouvement tendance. La grande division est entre ceux qui font quelque chose et ceux qui ne font rien."

L'activisme "business as usual" et la politique garantissent les changements climatiques catastrophiques, encore plus de désastres environnementaux comme ceux du Golfe du Mexique et la dépravation corporative. Que les gens débattent sur l'usage de la violence ou pas, le sentiment d'urgence de Jensen à ce moment-ci de l'histoire est certaine.

Alors. Où vous situez-vous?
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"Life vs. Productivity: "What Would You Live and Die to Protect?"

If someone broke into your house, pinned down your loved ones and began pouring poison down their throats, would you stop that person? What if someone poured crude oil all over your crops and livestock? Wouldn't you try to stop them from doing it?

Pointed questions like these come from a man named Derrick Jensen. They provide a lens through which to view the havoc that corporate capitalism is wreaking on our planet. They are meant to jolt us into the awareness that we are watching life on earth annihilated. They are also meant to challenge us into thinking about what form our resistance to this should take. "I think what we need to do is to stop deluding ourselves into believing that those in power will do what they have not done and they've shown no inclination to do, which is to support life over production," says Jensen, an author and environmental activist who lives in Northern California.

... we are all being pushed, at breakneck speed, toward a future that promises catastrophic global climate change, depleted natural resources, environmental degradation and human chaos and suffering on an apocalyptic scale. One hundred and twenty species of life are erased from the planet each day. Ninety percent of all the pelagic fish in the oceans are gone. The Arctic ice cap is vanishing before our eyes as global temperatures continue to rise.

This is happening not because any of us want it, but because those in power, answerable only to their corporate sponsors, are playing out their mantra of "every means should be used to further expansion." Expansion of growth. Expansion of profits. Expansion of power.

Jensen believes that expecting those in power to do what is right for human beings, much less the planet, "is delusional." "Their function in a democracy is to give us the illusion of power, but the truth is that they do what they want," Jensen explains. "Why is it that cops are always called in to break strikes but not help the strikers? When the function of the state is to support the privatization of profits and the externalization of costs, what kind of state is this?"

"If it was space aliens coming down and systematically changing the planet, would we appeal to them through lawsuits, take off our clothes and make peace symbols, petitions?" Jensen asks. "I was once being interviewed by a dogmatic pacifist and he felt that I wanted all activists to act like assassins. That's not true. What I want is for all activists to act like they are serious about their resistance and that might include assassinations."

Jensen believes that we are at a point in history where the very planet upon which we live and our lives are at stake. If the perpetual growth, corporate-capitalist-industrial machine is allowed to continue, we will die. Thus, it must be stopped by any means necessary. "The point is that I want people to think like members of a resistance. The first thing that means is to start thinking away from being part of a capitalist industrial system and away from this government that we all acknowledge serves corporations better than us and toward the land where we live."

"I am not the violence guy," is Jensen's response, "I'm really the everything guy. Only two percent of the IRA ever picked up weapons. 98 percent were doing support work. We need a wide range of tactics, which can include fighting back and attacking the infrastructure. I don't know what is so radical or incendiary about believing that living oceans are more important than a social structure. The culture as a whole suffers from insanity, one form of which is that this social structure is more important than the living planet. I don't believe you can suffer the delusion that you can systematically dismantle a planet and live on it. It's very simple to me. Life is more important than capitalism."

Organized nonviolent power, on a massive scale, like that by the movement behind Gandhi in India, could possibly avoid these draconian measures while destabilizing the corporate centers of power. "We could start putting together forces that say, "You will not toxify this land and we will stop you. If people came into our homes and started to pour poison down our throats, we would stop them."

"I ask people all over the country, 'Do you believe we live in a democracy?' And almost nobody ever says yes. I ask, 'Does the government take better care of corporations or human beings?' Of the thousands of people I ask this to at talks, nobody says human beings and this is not even to speak of salmon."Jensen says every morning when he wakes up, he asks himself if he should write or blow up a dam. "You and I can write all we want, but that doesn't help the salmon," he tells me, "What they need is for dams to be removed and logging stopped."

His incisive pragmatism disregards any concern for upsetting people, groups or adherence to what is politically correct. He is spurred forward in his work because the urgency of the situation demands it. Jensen believes that all forms of resistance, nonviolent, violent and everything in between, are important and useful. But he does not hesitate to point out where he feels some methods do not go far enough.

Jensen urges people to "think for themselves," as he feels this is the most important first step toward true freedom. "I want them to decolonize their hearts and minds," he explains. "That means to recognize that this culture is not the only way to live. This is one culture. To recognize that technological progress is not progress. It is escalation. It improves the ability of those in power to make matter and energy jump through hoops on command. If sea turtles were developing all kinds of technology that was killing the planet, we would not call it progress."

For all of us who are or want to be actively involved in work that might shape a better future for the planet, it is imperative we know what we love and care about most. Given the vast number of issues (climate change, militarism, corporate capitalism etc.) that need our immediate attention, coupled with the severity of crisis many of them encompass, it is easy to be overwhelmed.

"What would you live and die to protect?" Jensen suggests we ask ourselves. "Fight by any means, whether that be by a lawsuit or a gun? Is it your family, survivors of domestic violence, salmon, the Rio Grande River? What is it you love enough that you would fight to defend?"

"Do you believe that our culture will undergo a voluntary transformation to a sane and sustainable way of living?" asks Jensen. "For the last several years I've taken to asking people this question, at talks and rallies, in libraries, on buses, in airplanes, at the grocery store, the hardware store. Everywhere. The answers range from emphatic 'No's' to laughter. No one answers in the affirmative. One fellow at one talk did raise his hand and when everyone looked at him, he dropped his hand, then said, sheepishly, 'Oh, voluntary? No, of course not.'

"My next question: how will this understanding - that this culture will not voluntarily stop destroying the natural world, eliminating indigenous cultures, exploiting the poor and killing those who resist - shift our strategy and tactics? The answer? Nobody knows, because we never talk about it: we're too busy pretending the culture will undergo a magical transformation."

"I say, do something," Jensen urges. "The big dividing line is not between those who advocate resistance through any means necessary and those who don't. It's not even between grassroots and mainstream. The big divide is between those who do something and those who don't."

Business-as-usual activism and politics will guarantee catastrophic climate change, more environmental disasters like what we are witnessing in the Gulf of Mexico and continued corporate depravity. Wherever people stand in the debate on the use of violence versus nonviolence, Jensen's sense of urgency at this moment in history is unarguable.

So, where do you stand?"

Excerpts from article written by Dahr Jamail published here: http://www.truth-out.org/life-vs-productivity-what-would-you-live-and-die-protect62946

Indeed. Where do you stand?

1 comment:

  1. Comme je comprends votre position. Je suis membre du Comité pour l'environnement de Dunham (CEDunham.org) et nous nous battons pour que les gouvernements provincial et fédéral décrètent des études d'impacts environnementales pour s'assurer que le pipeline que l'on veut inverser est sécuritaire. Le CEDunham et beaucoup d'autres organismes se demandent si un pipeline qui a été installé en 1950 pourra résister longtemps à l'inversion du débit de pétrole brut. Ce pipeline pourrait se briser n'importe où le long des 112 km de la frontière américaine (Highwater à Montréal-est) et la fuite se déverser dans les rivières, lacs et ruisseaux le long de son parcours. Les déversements récents de pipelines au Michigan et en Illinois se sont produits sur des pipelines installés après 1950. Alors, nous avons raison de s'inquiéter, même si on ne faisait pas d'inversion de débit.

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