Friends of the Richelieu. A river. A passion.



"Tout cedit pays est fort uny, remply de forests, vignes & noyers. Aucuns Chrestiens n'estoient encores parvenus jusques en cedit lieu, que nous, qui eusmes assez de peine à monter le riviere à la rame. " Samuel de Champlain


"All this region is very level and full of forests, vines and butternut trees. No Christian has ever visited this land and we had all the misery of the world trying to paddle the river upstream." Samuel de Champlain

Sunday, June 5, 2011

LE LAC CHAMPLAIN REVISITÉ


Extraits de Cent Papiers:

LE LAC CHAMPLAIN REVISITÉ

Introduction

« Mons. de Saliere a envoyé 18 ou 20 hommes descouvrir l’entrée du lac Champellein, ils ont avancé 4 lieues dans le lac & ont admiré la beauté du pais », Le Journal des Jésuites, Octobre 1665

Histoire mise à part, ce lac d’une beauté inégalée parmi ceux d’Amérique du Nord, bien qu’à seulement une heure de Montréal, semble méconnu de trop nombreux Québécois, hormis des plaisanciers dont une bonne partie hivernent leurs bateaux à Saint-Paul de l’Île-aux-Noix sur le Richelieu et des quelques privilégiés qui peuvent se payer une résidence secondaire au bord du lac.

Les faits saillants de quatre Régimes

Le lac fut Améridien jusqu’en 1609, Français jusqu’en 1759, Britannique jusqu’en 1775, Américain par la suite.

La découverte du lac par Samuel de Champlain et la première bataille des Français contre les Cinq-Nations remonte à juillet 1609 à Ticonderoga NY. Cette bataille est parfois qualifiée de tragédie nationale car elle provoqua les tribus Iroquoises, en particulier les Agniers (Mohawks), qui menacèrent dorénavant la Nouvelle-France et se liguèrent avec les Anglais. Ce n’est que 56 ans après cet événement qu’un premier fort français sera établi, le fort Ste-Anne sur l’île Lamotte en 1665. On trouve sur le site une basilique catholique, la Saint-Anne Shrine.

Le lac Champlain fait partie de la Nouvelle-France durant 150 ans, sous Régime français de 1609 à 1759, et passe aux Anglais lors de la Conquête. La trace de loin la plus importante laissée par le Régime français est le fort Carillon renommé fort Ticonderoga et situé au sud du lac, côté New York. Les traces toponymiques sont plus répandues et plus proches de la frontière : Ausable, Boquet, Champlain, Chazy, Corbeau, Grand Isle, La Chute, Lamoille, Lamotte, La Platte, Mallett, Monty, Niquette, Point au Fer, Point au Roche, Rouses, St-Armand, Saint-Anne, Tracy, Trombly, Vergennes, Vermont…

De nombreuses seigneuries sont accordées sur les rives du lac Champlain en 1733 mais le Roi de France doit en reprendre la majorité en 1741 parce que les seigneurs ne les développent pas. Elles n’ont guère laissé de traces.

Avec la vallée du Richelieu, le lac sert d’axe de défense contre la menace d’abord iroquoise, anglaise jusqu’en 1759 puis américaine en 1775 et en 1812. Les expéditions franco-amérindiennes dirigées d’abord contre les Iroquois, puis contre les Anglais de la Nouvelle-Angleterre, empruntent souvent le lac Champlain

Six forts pour se défendre contre les Amérindiens

Le système de défense contre les Iroquois est constitué de cinq forts sur le Richelieu: fort Richelieu à Sorel, fort l’Assomption à Saint-Marc, fort Saint-Louis à Chambly, fort Ste-Thérèse sur la rive ouest face au nord de l’île du même nom, fort Saint-Jean au sud de la ville du même nom, et d’un sixième fort sur le lac: le fort Ste Anne sur l’Île Lamotte, premier établissement européen du Vermont. Il n’en reste que l’imposant fort de Chambly; bien préservé et ouvert aux visiteurs l’été.

Nous avons déjà souligné[1] la visite du botaniste scandinave Pehr KALM en 1749, dont les carnets livrent de précieux renseignements sur le style de vie de l’époque.

Deux forts au bord du lac pour se défendre contre les Anglais

Le fort Saint Frédéric (à Crown Point). Une imposante colonie française établie durant 28 ans vit passer 16 commandants et ses 13 aumôniers célébrèrent 331 mariages, 243 baptêmes et 198 sépultures. Sabordé par les Français en fuite et passé aux Anglais en 1759, il est remplacé à grands frais par l’Anglais AMHERST et nommé Fort of Crown Point et Fort Amherst; il ne servit jamais, brûla accidentellement en 1773 quelque temps après sa construction[2], et il n’en reste aujourd’hui que quelques ruines.

Le fort Carillon (à Ticonderoga). Après Québec et Louisbourg, c’est la troisième plus imposante fortification construite par les Français durant l’époque coloniale en Amérique. Il fut en 1758 le site de la plus éclatante victoire militaire de Montcalm contre l’Anglais Abercrombie. Passé aux Anglais sous Amherst en 1759, il est audacieusement capturé en 1775 par Ethan ALLEN au nom des insurgés Américains, puis repris temporairement et futilement par l’Anglais BURGOYNE en 1777. Cet impressionnant fort est bien préservé et peut être visité l’été[3].

Si en tant que québécois de souche votre histoire vous intéresse, cette visite vaut le voyage. Des Américains fiers de leur histoire l’entretiennent avec diligence, y commémorent chaque 8 juillet la Bataille de Carillon où Montcalm avait brillamment vaincu Abercrombie en 1758, vers la fin du Régime français. Ils ont même organisé, à l’occasion du 250e anniversaire en 2008, une reconstitution de la victoire française en présence d’un visiteur Français, Cyrille de Germain, descendant direct de Joseph de Germain : ingénieur, architecte et officier pour Montcalm au fort Carillon et gendre du baron Charles Lemoyne de Longueuil.

St-Paul de l’Île-aux-Noix

L’île-aux-Noix sur le Richelieu est fortifiée en premier lieu par les Français en 1759 contre la menace anglaise imminente arrivant du lac mais en 1760 le siège par l’anglais Haviland force Bougainville à abandonner l’île. Durant la guerre de 1812-14 les Anglais y installent un chantier naval pour reprendre aux Américains le lac Champlain mais sans succès. Puis les Anglais y érigent le Fort Lennox entre 1819 et 1829, contre l’apparence d’une menace américaine plus symbolique que réelle suscitée par l’érection du fort Montgomery en 1816 à Rouses Point NY. Fort Lennox peut être visité l’été, on s’y rend en bac depuis St Paul de l’Île aux Noix.

Des colons français pro-américains

Quand les Américains envahissent le Québec en 1775 et sont repoussés en 1776 au début de la guerre d’Indépendance américaine, les capitaines Hazen et Livingston recrutent des Canadiens français pro-américains qui prendront les armes aux côtés des insurgents et après la fin de cette guerre en 1781 plusieurs de ces partisans dits « Républicains[4]» s’installent sur des concessions au NE du comté de Clinton NY (Rouses Point[5], Chazy[6], Champlain[7]) mais réapparaissent dans la vallée du Richelieu pour y recevoir des sacrements car ces colons n’auront jamais la masse critique pour y implanter leurs institutions, d’autant plus qu’ils ne sont pas bien vus par les antipapistes protestants en tant que catholiques et par le clergé Irlando Américain en tant que francophones.

Le père d’une religieuse de l’Hôtel-Dieu est aussi « père » du Vermont !

En 1775, Ethan Allen enlève facilement aux Britanniques le fort Ticonderoga mal défendu, marquant le début de la conquête américaine du lac Champlain. Il sera ensuite emprisonné à Montréal la même année après avoir tenté témérairement de capturer la ville avec une poignée d’hommes dans l’ancien arrondissement de Longue Pointe.

Sa fille Fanny Allen apprend le français au pensionnat de la Congrégation Notre-Dame à Montréal, se convertit au catholicisme, devient une exemplaire Religieuse Hospitalière de Saint-Joseph à l’Hôtel-Dieu de Montréal où elle décède en 1819 et dont l’influence posthume mène à la fondation du Fanny Allen Hospital ouvert en 1894 à Winooski en banlieue nord de Burlington VT.

Les insurgents américains gagnent la bataille de Plattsburg

Durant la guerre canado-américaine de 1812 – guerre, soit dit en passant, parfaitement inutile – les expéditions du Canada autour et sur le lac se terminent par une victoire navale américaine devant Plattsburgh en 1814, la paix est officialisée par la signature du traité de Gand en 1814

Les Patriotes de 1837

En 1837-39 de nombreux Patriotes du Bas Canada ayant pris la parole ou les armes contre le Régime anglais dont Louis Hippolyte Lafontaine et Louis Joseph Papineau s’exilent dans les états de New York et du Vermont, plusieurs y résident plus ou moins longtemps – comme Robert Nelson et Cyrille Côté à Plattsburgh et se réunissent fréquemment dans la Vallée du lac Champlain: Albany, Chazy, Plattsburgh, Rouses Point, Schenectady dans l’État de New-York et Burlington, Middlebury, Saint Albans, Swanton, Vergennes dans l’État du Vermont.

Pour en savoir plus sur le lac – géographie et histoire

Précipitez-vous vivement sur le site de James Millard, l’historien américain le plus prolifique du jour sur le sujet : America’s Historic Lakes, The Lake Champlain and Lake George Historical Site[8].

Pierre Biron
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[1] Dans Les belles du Québec paru le 27 janvier 2011 dans centpapiers

[2] En fait, le 21 avril 1773 les épouses des militaires faisaient bouillir du gras pour en faire du savon et les flammes firent exploser une centaine de barils de poudre à canon qui endommagèrent tellement le fort, déjà délabré, qu’il ne valut pas la peine d’être reconstruit

[3] À 211 km de Montréal, franc Sud

[4] Par opposition aux Loyalistes, monarchistes fidèles à la couronne d’Angleterre

[5] En l’honneur de son premier colon, le français Jacques Rous

[6] En mémoire de Nicolas de Chazy, soldat français du régiment de Carignan-Salières en poste à la garnison du fort Ste-Anne sur l’île Lamotte au Vermont, tué par des Mohawks sur la rivière qui porte son nom dans l’état de NY

[7] En mémoire du découvreur du lac

[8] http://www.historiclakes.org/ C’est un très beau site web du genre. Vous aurez droit à une visite virtuelle des sites historiques.

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