Photo: Bobby Bascomb
Depuis une dizaines d'années, plus de 500 barrages ont été démantelés aux États-Unis, pendant qu'au Québec, on s'obstine à couler davantage de béton dans les dernières grandes rivières sauvages pour faire de l'électricité dont nous n'avons pas besoin!
Voici une traduction libre d'une transcription d'une émission radio sur le démantèlement de 2 barrages dans la plus grosse rivière dans le Maine, notre voisin au sud.
Le démantèlement du barrage dans la Penobscot River sera la bienvenue pour les poissons, mais le fournisseur d'hydroélectricité également.
La plupart des barrages qui se font démanteler surtout dans la partie nord-est des É.-U. avaient été construits au début du 20e siècle pour alimenter la révolution industrielle. Mais les petites usines et moulins n'y sont plus depuis belle lurette, et deux vieux barrages dans la rivière Penobscot disparaîtront eux aussi. La rivière est la plus importante de l'état du Maine.
Grâce à une collaboration bien spéciale, le projet de démantèlement des barrages sera pour le bonheur des poissons et de la compagnie d'électricité.
John Banks est le directeur des ressources naturelles de la Nation Penobscot. Il navigue adroitement son canot dans la rivière Penobscot. Il constate qu'il y a eu beaucoup de pluie cette année, et que cela fait l'affaire aux saumons. Il dit que pratiquement tout les affluents et les détours de la rivière portent un nom Penobscot.
Un peu en aval de Belfast, il y a une rivière appelée Passagassawakeag, un mot Penobscot qui veut dire un endroit pour attraper l'esturgeon à la fléchette la nuit. Quand les ancêtres de Bank utilisait une lumière pour attraper leur poisson, la rivière était pleine de millions de gaspareau, d'alose savoureuse et de saumon de l'Atlantique.
Les saumons étaient extrêmement importants comme source de protéines et pour la survie des membres des Premières Nations. Le saumon a aussi été important pour les communautés du début de la colonie le long de la rivière. Des clubs de pêche ont été implantés près des meilleures fosses. À chaque printemps, le premier pêcheur à attraper un saumon l'envoyait au président des États-Unis. À partir de 1830, le premier des 5 barrages a été construit pour alimenter les quantités sans cesse grandissantes de scieries qui s'implantaient le long de la Penobscot River. Les nouvelles industries polluaient l'eau et les barrages ont provoqué la diminution des montées de saumon. Les gens de la place qualifiait la rivière de polluée et salopée dans les années 1950 et 1960. Mais en 1972, la loi Clean Water Act commençait à réglementer les déversements dans la rivière. Et depuis les années 1980, des groupes environnementaux ont concentrés leurs efforts pour arrêter la construction de nouveaux barrages et démanteler les vieux.
Josh Royte est un planificateur environnemental pour l'organisme Nature Conservancy. Il dit que les poissons doivent pouvoir remonter et descendre les rivières, peut importe où ils vivent. Son organisme milite pour le démantèlement de barrages depuis des décennies, et les saumons sont l'espèce emblématique pour la restauration de la Penobscot River.
Selon Josh, la rivière Penobscot se trouve à être l'une des rivières qui a le meilleur potentiel pour la restauration du saumon de l'Atlantique au pays. Si des efforts doivent être faits pour ramener le saumon, cela doit se faire dans la Penobscot, selon lui.
En 1999, 7 groupes environnementaux et la tribu Penobscot se sont assis avec une compagnie qui fournit de l'électricité hydro-électrique afin de tenter de s'entendre. Laura Rose Day, la directrice exécutive du Penobscot River Restoration Trust, dit que c'était une rencontre de groupes qui ne semblaient pas avoir des points en commun au premier abord.
La production de l'électricité, des ressources culturelles de la tribu, les sports aquatiques, la pêche commerciale, tous les intervenants se sont mis ensemble pour trouver une solution qui répondraient aux besoins de tous et trouver un équilibre. De là est venu le projet Penobscot.
Après des années de négociations, le groupe est arrivé à une entente qui implique le démantèlement de 2 barrages et la construction d'une passe à poisson sur un troisième. Afin de compenser pour la perte de production d'électricité occasionnée par la perte des 2 barrages, la compagnie a déjà commencé à produire plus d'énergie à partir d'un affluent plus petit. Un barrage qui ne produisait rien depuis 10 ans a été remis en production pour fournir 30,000 mégawatts. Finalement, la compagnie produira la même puissance après qu'avant.
Day espère que ce projet démontre qu'il y a moyen que les gens travaillent ensemble pour faire fonctionner un projet commun. Fondamentalement, la compagnie produira éventuellement plus d'énergie dans des régions moins écologiquement sensibles. Le trajet principal de la rivière sera réhabilité et deviendra une autoroute à poissons.
Mais pour le moment, la rivière Penobscot ressemble plus à une rue résidentielle pleine de dos d'ânes et de nids de poule. Le premier obstacle pour un poisson qui arrive de l'Atlantique est le barrage Veazie Dam. Il y a une passe à poisson de 3 pieds de large à cet endroit. Les poissons qui réussissent à la trouver peuvent continuer de nager en amont. Ceux qui ne le trouve pas se cogne le nez sur un mur de ciment.
Le journaliste a rencontré Mitch Simpson sur le site du barrage tôt un matin. Simpson est un biologiste avec le département des ressources marines du Maine (Maine Department of Marine Resources) et est responsable de gérer la trappe à poisson à Veazie Dam. Cet obstacle sera démantelé à l'été 2013, mais entre-temps, c'est l'endroit clé pour la gérance du poisson de la rivière.
La trappe à poisson est un genre d'élévateur qui descend au fond de l'eau et remonte jusqu'en haut du barrage. Le journaliste et Simpson se tiennent sur un grillage de métal à la tête de l'ascenseur. Pendant que l'ascenseur monte du fond de la rivière, trois formes deviennent plus visibles.
Simpson s'exclame: "C'est bien du saumon de l'Atlantique! Au moins 3!" Il ouvre une porte de métal sur le côté pour apercevoir 3 gros saumons qui nagent en cercles serrés dans 3 pieds d'eau. Son assistant descend dans la trappe avec un tube énorme en plastique pour attraper chaque poisson individuellement et le transporter dans une citerne de transport. Simpson se penche au-dessus de la citerne pour mesurer les poissons et les examiner. Il constate une nageoire dorsale déformée: c'est probablement un poisson d'ensemencement. Grâce aux poissons d'ensemencement, la population se maintient stable. Seulement 3% à 5% des poissons qui remontent la Penobscot sont sauvages, ce que nous qualifions de sauvage.
Car certains des poissons attrapés ici sont envoyés à un labo d'alevinage où des biologistes en tirent des oeufs et élèvent des bébés saumons qui seront relâchés en amont éventuellement. Les autres saumons seront relâchés en amont, mais doivent d'abord être injectés avec une étiquette qui les identifiera individuellement. Chaque passe à poisson sur la rivière a son système d'antenne qui identifie les poissons au passage. Les étiquettes électroniques fonctionnent avec des lecteurs. Comme sur des autoroutes payantes, les poissons circulent dans la rivière et sont suivis.
Cette autoroute électronique permet aux scientifiques de calculer le temps nécessaire pour un saumon d'aller d'un barrage à un autre et la quantité exacte qui réussit le périple. C'est comme cela qu'ils ont découvert que le prochain barrage à être démanteler, le Great Works Dam, ne laisse presque pas de poissons passer. C'est le barrage qui sera démantelé l'été prochain. Cela sera un bon débarras, selon Simpson.
La rivière Penobscot est 260 milles de long dans l'état du Maine. Malgré les barrages, la rivière connaît toujours la plus importante montée de saumon de l'Atlantique des États-Unis, Contrairement au saumon du Pacifique qui meurt après avoir pondu, le saumon de l'Atlantique peut revenir plusieurs années pour frayer.
Mais Laura Rose Day dit que ce qui fait la rivière Penobscot vraiment exceptionnelle est le fait qu'elle abrite toujours des restant de populations de 11 espèces de poissons qui migrent de la rivière jusqu'à la mer. En réalité, les centaines de millions d'aloses qui reviennent toujours dans la Penobscot sont aussi importants, parce que, par exemple, quand un jeune saumon descend la rivière, le meilleur moyen de ne pas se faire manger est de voyager avec ces millions d'aloses. S'il voyageait seul, il aurait de bonnes chances de se faire manger par un cormoran.
Josh Royte du Nature Conservancy dit qu'une fois les barrages démantelés, les biologistes s'attendent à ce que les populations de poissons explosent. En ce moment, il y aurait environ 800 aloses dans la rivière, mais Royte espère que le chiffre dépasse 1,5 millions dans le futur. Tout comme le saumon, qui se dénombre autour de 2,000 en ce moment: on espère le voir dépasser les 12,000 à migrer sans la rivière à tous les ans. Selon Royte, c'est l'un des projets de restauration de rivière les plus emballants au monde.
John Banks continue de pagayer dans son canot, remontant le courant. Il dit que la rivière est le plus propre qu'il n'a jamais vu de sa vie, et a bien hâte de voir les barrages disparaître. Il a beaucoup d'espoir pour l'avenir, ainsi que pour l'avenir des générations futures de sa tribu: une rivière propre et en santé à leur portée.
La tribu Penobscot n'a pas pu profiter de ses droits ancestraux de pêche ici depuis plus de 100 ans. Mais d'ici quelques années, juste quelques générations de poissons, les membres de la tribu Penosbscot espèrent pouvoir pêcher le poisson dans la rivière comme le faisait leurs ancêtres.
Banks veut remonter un peu plus la rivière. Il y a un endroit où les aigles se perchent souvent et il veut y emmener le journaliste. La scène se termine au chant des oiseaux. Photo: loe.org
"Removing Dams in Maine
An unusual collaboration has led to a deal that will remove two dams on the largest river in Maine. As Living on Earth’s Bobby Bascomb reports, the Penobscot River dam removals will not only benefit native fish, but also the hydroelectric utility.
GELLERMAN: Over the past decade, more than 500 dams have been removed in the United States, the majority in the Northeast. Most of the dams were built around the turn of the 20th century to power the Industrial Revolution. But the small factories and mills are long gone, and soon, so will two old dams along the Penobscot River in central Maine. It’s the largest river in the state. As Living On Earth's Bobby Bascomb reports, thanks to an unusual coalition, the dam removal project will serve the needs of fish and a power company far into the future.
BANKS: We’ve had a lot of rain this year. It’s been great for the salmon.
BASCOMB: It’s a warm, sunny day as John Banks paddles an Old Town canoe up the wide Penobscot River. Banks, the natural resources director for the Penobscot Nation, heads towards a favorite calm spot on the water. He says practically every tributary and bend in the river bears a Penobscot name.
BANKS: If you go down, downstate to the Belfast area, there’s a river called the Passagassawakeag which comes from a Penobscot word that refers to a place where you could spear sturgeon at night by torchlight.
BASCOMB: When Banks’ ancestors were using torchlight to catch their dinner, the river was thick with millions of alewife, shad, and Atlantic salmon.
BANKS: The salmon were extremely important to my ancestors in terms of protein and survival.
BASCOMB: The salmon have also been important for non-native communities along the river. Salmon club were established near fishing holes. Each spring, the first fisherman to catch a salmon sent that fish to the President of the United States. Starting in 1830, the first of five dams was built to power the growing number of sawmills that popped up along the Penobscot River. New industry polluted the water and dams diminished the once strong fish runs. Locals describe a filthy, polluted river in the 1950s and 60s. But by 1972, the Clean Water Act began to regulate discharge into the river. And since the 1980s, environmental groups have focused on blocking new dam construction and removing existing dams.
ROYTE: Fish need to move up and down streams, wherever they live.
BASCOMB: Josh Royte is a conservation planner with the Nature Conservancy. His organization has pushed for dam removal for decades, and salmon have become the poster species for Penobscot River restoration.
ROYTE: The Penobscot happens to be one of the rivers that has the highest potential for Atlantic salmon recovery in the country. And if we’re going to bring back salmon, we need to bring them back to the Penobscot River.
BASCOMB: In 1999, seven environmental groups and the Penobscot tribe sat down with a local hydropower utility to see if they could reach common ground. Laura Rose Day, executive director of the Penobscot River Restoration Trust, says it was an unusual gathering of groups with seemingly conflicting interests.
DAY: Power production, tribal cultural resources, recreational paddlers, commercial fishing, we all got together and said, "If we could do this again to better accommodate interests and bring back some balance, what would we do?" And the Penobscot project was the result of that.
BASCOMB: After years of negotiations, the group came up with a deal that will remove two dams and install a state of the art fish passage on a third. To offset power lost when the two dams are removed, the utility has already increased production on a smaller tributary. A dam on one branch that’s been idle for 10 years is now up and running again, producing 30,000 megawatts of electricity. Ultimately, the utility will be producing the same amount of energy as before the project began.
DAY: We hope that that is one thing that this project provides is an example of how people can work together and not only reach an agreement, but really make it stick. Basically, they’ll be increasing power in less ecologically damaging areas than the current dam. So the main stem of the river will be opened up; it will basically be the fish highway.
BASCOMB: Today, the Penobscot is less fish highway and more like a residential street full of speed bumps and potholes. The first obstacle for fish coming in from the Atlantic Ocean is the Veazie Dam.
BASCOMB: There’s a fishway here, three feet wide. The fish that find it can continue upstream. Those that don’t, bump their noses against a cement wall. The Veazie Dam will come down in the summer of 2013, but until then, it’s ground zero for managing fish on the river. I met Mitch Simpson at the dam on a cool morning. Simpson is a biologist with the Maine Department of Marine Resources and in charge of managing the fish trap at the Veazie Dam.
SIMPSON: This is the fish trap right here. The fishway is actually underneath - you see it down below there.
BASCOMB: The fish trap is essentially a tall elevator that goes from the bottom of the river to the top of the dam. Simpson and I stand on a metal grate that’s the top of the fish lift. As the floor rises below, us three dark shapes take form.
SIMPSON: Those are Atlantic salmon, yeah. At least three.
BASCOMB: Simpson opens a metal door on the side to reveal three large salmon swimming circles in two feet of water. His assistant climbs inside the trap with a large plastic tube to catch each fish and move it into a holding tank. Simpson leans over the tank to measure the fish and look at its overall condition.
SIMPSON: A deformed dorsal, like this one has, is typically a hatchery fish. The hatchery fish, right now, are pretty much sustaining the population. Only anywhere from three to five percent of the fish that come back to the Penobscot are wild - what we call wild.
BASCOMB: Some of the fish caught here are sent to a hatchery where biologists harvest the eggs and raise baby salmon to release upstream. The rest of the salmon are sent on their way, but first they are injected with a tag that uniquely identifies each fish. Every fishway on the river has an antenna system that identifies that fish as it passes.
SIMPSON: So when that tag goes through, it’s just like a tollbooth. Like the Easy Pass, so basically we’re giving all these fish an Easy Pass.
BASCOMB: The "easy pass" allows scientists to figure out how long it takes the salmon to go from dam to dam, and how many are actually getting through. That’s how they discovered that the next dam up - the Great Works Dam - allows almost no fish to pass through. The Great Works will be the first dam to come out next summer.
SIMPSON: That’ll be good to get rid of that one.
BASCOMB: At 260 miles, the Penobscot is the longest river in Maine. Despite the dams, it’s still home to the largest remaining Atlantic salmon run in the country. Unlike Pacific salmon, Atlantic salmon can return several times over to spawn.
DAY: Salmon get a lot of focus; they’re, you know, sort of the sexy fish.
BASCOMB: But Laura Rose Day says what makes the Penobscot really exceptional is that it still has remnant populations of all 11 species of fish that live in both this river and the sea.
DAY: The reality is that the 100s of millions of river herring that will rebound in the Penobscot River are equally important, because for instance, when a young salmon migrates down, one of their biggest ways to avoid being eaten is to travel down with all of these millions of herring, and if you’re the only fish coming down the river, well, the cormorant is going to have you for lunch.
BASCOMB: The Nature Conservancy’s Josh Royte says that once the dams come down, biologists expect fish populations to explode.
ROYTE: Where right now there maybe 800 or so American shad in the river, we hope that there’s over 1.5 million shad in the future. And for salmon likewise, it will be a huge increase from about the 2,000 that we see right now, to as many as 12,000 or more fish coming up and down the river every year. It’s one of the most exciting projects I know about for river restoration in the world.
BASCOMB: Back on the Penobscot River, John Banks continues to paddle his canoe upstream. He says the river now is as clean as it’s been in his lifetime, and he’s looking forward to the day the dams finally come down.
BANKS: So, I have a lot of hope for the future - for our future generations of tribal members, and their use of a clean, healthy river.
BASCOMB: The Penobscot tribe has not been able to exercise its fishing rights here for more than 100 years. But a couple years from now - that’s just a few fish generations away - the Penobscot expect to be able to fish in the river as their ancestors once did.
BANKS: Let’s just go up a little bit further. There’s a place up here where eagles often perch.
BASCOMB: For Living on Earth, I’m Bobby Bascomb on the Penobscot River in Central Maine."
Excerpts from article of Living on Earth published here: http://www.loe.org/shows/segments.html?programID=11-P13-00038&segmentID=6
Photo de Laura Rose Day prise par Bobby Bascomb
Tuesday, September 27, 2011
Barrages - un démantèlement, bon pour le poisson, bon pour l'électricité
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