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"Tout cedit pays est fort uny, remply de forests, vignes & noyers. Aucuns Chrestiens n'estoient encores parvenus jusques en cedit lieu, que nous, qui eusmes assez de peine à monter le riviere à la rame. " Samuel de Champlain


"All this region is very level and full of forests, vines and butternut trees. No Christian has ever visited this land and we had all the misery of the world trying to paddle the river upstream." Samuel de Champlain

Tuesday, June 5, 2012

Agriculture - cessez de subventionner les riches!


Je traduis ici un éditorial du quotidien The New York Times, et on parle ici des subventions et soutiens financiers disponibles aux producteurs industriels des États-Unis. Remarquez que je n'utilise pas le mot "fermier" ou "agriculture" ici. On parle bien des producteurs intensifs qui profitent de généreuses compensations financières alimentées à même les fonds publics pour empocher encore plus de profits. N'allez pas croire que les choses se passent différemment ici au Québec! C'est à vous, cher lecteurs, de faire la différence entre un producteur alimentaire de masse et un fermier local qui tente de produire une nourriture saine à prix raisonnable sans trop dépendre des grands ensemenciers, fabricants de pesticides et d'OGM, et du système de distribution de nourriture qui favorise les corporations anonymes plutôt que le fermier au bout du rang.
Photo: Google Streets

Quand l'auge déborde

Traduction d'un éditorial écrit par Robert B. Semple Jr publié dans le quotidien The New York Times.

À tous les 5 ans, à peu près, le Congrès Américain promet un nouveau projet de loi agricole amélioré qui cesserait les subventions inutiles aux gros producteurs agricoles tout en améliorant l'environnement et changer véritablement les choses pour aider les petits fermiers et les petites municipalités. Mais en réalité, tout ce qui se passe, c'est qu'on trouve des nouvelles façons de masquer les vieilles injustices, pelleter les fonds publics dans la direction des riches agriculteurs, encourager l'expansion de l'agriculture industrielle, aider à l'inflation des valeurs des terres agricoles et contribuer à vider l'Amérique rurale de ses populations.

Le nouveau "farm bill" d'une durée de 5 ans présenté au Senate en ce début de juin semble répéter la même ritournelle: beaucoup d'aide excessivement généreuse accompagnée d'une érosion sévère des protections environnementales. Le projet de loi d'une valeur de près d'un trilliard de dollars fournirait environ $140 billions de subventions pendant 10 ans, et $55 billions pour financer des programmes de conservation, tout en accordant $750 billions pour le programme de bons alimentaires.

Ces subventions ont toujours été controversées. Un mélange de paiements directs, de service d'appui des prix, des prêts, des assurances subventionnées et d'aide en cas de désastre, ces subventions fournissent de la protection pour des millions de fermiers contre les méfaits de la météo et du marché. Mais depuis ces dernières années, elles ont surtout servi à garnir les porte-feuilles des gros producteurs de grandes cultures qui n'ont pas besoin d'aide, tout en oubliant les petits fermiers qui eux, en auraient bien besoin.

Comme plusieurs études menées par le Environmental Working Group l'ont démontré, l'histoire de l'agriculture moderne dans ce pays a une historique de concentrer les grosses subventions versées à quelques fermiers qui cultivent quelques récoltes en rangées: le maïs, le blé, le soya, le coton et le riz, dans une douzaine d'états au midwest et au sud des É.-U.

Parce que les subventions agricoles, les vieilles comme les neuves, sont calculées selon la production, ceux qui cultivent le plus de surface reçoivent le plus d'argent. Les 20% de ceux qui ont reçu le plus de subventions entre 1995 et 2010 ont reçu 90% des subventions: le reste des 80% en bas de l'échelle n'ont reçu que 10% des subventions. La plupart des fermiers, bien plus que la moitié du total, selon certaines estimations, ne reçoivent rien du tout.

Le projet de loi du Senate laissent ces paramètres pas mal tels quels. Un changement pour le mieux est l'élimination d'un programme indéfendable de subventions directes qui donnaient $5 billions par année à des fermiers, bon an, mal an. Mais les gros producteurs n'en souffriront pas. Le comité agricole du Sénat a redirigé ces économies dans une autre subvention: l'assurance récolte, qui paie les fermiers s'ils perdent des revenues en cas de diminution de rendement dans la récolte.

Le programme d'assurance récolte actuel qui paye en moyenne 605 des primes d'assurance des fermiers, a augmenté de $2,4 billions en 2001 jusqu'à environ $8,7 billions en 2011, et l'on s'attend à ce qu'il coûte $9 billions par année durant les prochaines années. Le comité a aussi ajouté un 2e programme d'assurance qui pourrait coûter un autre $3 billions par année. Les principaux bénéficiaires de ces assurances récoltes seront encore les gros producteurs qui prennent les plus grosses assurances.

En plus d'encrer davantage le statu quo, le projet de loi menace aussi l'environnement. Parce que le comité insiste à donner des subventions importantes généreuses, il n'a pas rencontré les réductions requises par le Budget Control Act de 2011, même après avoir coupé les paiements directs. Alors il a coupé $6 billions sur 10 ans sur les programmes environnementaux, surtout la Conservation Reserve Program qui récompense les fermiers qui dédient des terres agricoles susceptibles d'érosion à des pâturages et d'autres végétations. Bien qu'imparfaits, les anciens programmes de subventions exigeaient des fermiers de faire une gestion responsable des terres, comme promettre de ne pas drainer des milieux humides. Les subventions d'assurance-récoltes n'impose pas de telles obligations.

Enrichis par des prix à la hausse (en tout cas, pour le moment), choyés par des assurances à bas prix, graciés de leurs obligations environnementales, les fermiers pourraient bien être tentés de commencer à cultiver d'un bout à l'autre de leurs terres. Cela serait un coup dur pour le paysage américain.

Where the Trough Is Overflowing
By ROBERT B. SEMPLE Jr.

Every five years or so, Congress promises a new, improved farm bill that will end unnecessary subsidies to big farmers, enhance the environment and actually do something to help small farmers and small towns. But what it usually does is find ways of disguising the old inequities, sending taxpayers dollars to wealthy farmers, accelerating the expansion of industrial farming, inflating land prices and further depopulating rural America.

The new five-year farm bill that could hit the Senate floor as early as this week (first week of June 2012) promises more of the same — excessively generous handouts, combined with a serious erosion of environmental protections. The nearly trillion-dollar bill would provide over 10 years roughly $140 billion in farm subsidies, $55 billion or so in conservation programs and more than $750 billion in food stamp aid.

The subsidies have always been controversial. A mix of direct payments, price supports, loans, subsidized insurance and disaster relief, these subsidies provided protection for millions of farmers in the New Deal and afterward against the vicissitudes of the weather and the market. But in recent years, they have mainly lined the pockets of big farmers of big row crops who don’t need help, while ignoring the little guys who do.

As numerous studies from the Environmental Working Group have shown, the story of modern agriculture in this country is a story of concentration, of huge subsidies flowing to relatively few farmers who grow a handful of row crops — corn, wheat, soybeans, cotton and rice — in a dozen or so Midwestern and Southern states.

Because farm subsidies, old and new, have been tied to production, those cultivating the largest acreage get the biggest payouts. The top 20 percent of recipients from 1995 to 2010 got 90 percent of the subsidies; the bottom 80 percent just 10 percent. Many farmers — well over half the total, by some estimates — get no help at all.

The Senate bill leaves these basic contours unaltered. One positive change is the elimination of an indefensible program of “direct subsidies” that showered $5 billion a year on farmers in good times and bad. But big farmers won’t be worse off. The Senate Agriculture Committee redirected much of the savings into a different subsidy — crop insurance, which pays farmers if they have a loss in revenue or crop yield.

The existing crop insurance program, which pays on average 60 percent of the cost of insurance premiums for farmers, has risen from about $2.4 billion in 2001 to about $8.7 billion in 2011, and is expected to cost $9 billion annually in the coming years. The committee also added a second insurance-related program that could cost an additional $3 billion a year. The main beneficiaries of crop insurance will still be the big farmers, who take out the biggest policies.

Beyond enshrining that status quo, the bill seriously threatens the environment. Because the committee insisted on generous insurance subsidies, it did not meet the reductions required by the 2011 Budget Control Act even after cutting the direct payments. So it trimmed $6 billion over 10 years from environmental programs, chiefly the Conservation Reserve Program, which rewards farmers for converting erodible farmland to grass and other vegetation. However flawed, the old subsidy programs required farmers to act as responsible stewards of the land — promising, among other things, not to drain wetlands. The crop insurance subsidies impose no such obligations.

Enriched by high prices (at least for now), cosseted by inexpensive insurance, relieved of their environmental obligations, farmers could well be inclined to start planting from fence line to fence line. That would be a severe blow to the American landscape. "

Link: http://www.nytimes.com/2012/06/03/opinion/sunday/where-the-trough-is-overflowing.html


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