Friends of the Richelieu. A river. A passion.



"Tout cedit pays est fort uny, remply de forests, vignes & noyers. Aucuns Chrestiens n'estoient encores parvenus jusques en cedit lieu, que nous, qui eusmes assez de peine à monter le riviere à la rame. " Samuel de Champlain


"All this region is very level and full of forests, vines and butternut trees. No Christian has ever visited this land and we had all the misery of the world trying to paddle the river upstream." Samuel de Champlain

Tuesday, April 23, 2013

2e lettre de Sandra Steingraber


Photo: Margie Rodgers. Reading Town Court, Schuyler County, NY. April 17, 2013

Ma traduction libre de la 2e lettre de Sandra Steingraber écrite de sa cellule de prison.

Pourquoi je suis en prison en cette Journée de la Terre

Ce matin, je n'ai pas d'idée quelle heure il est, il n'y a pas d'horloges en prison, et les lumières fluorescentes sont allumées toute la nuit, j'ai entendu le chant familier d'un moineau domestique et les notes liquides d'un cardinal. Il semblait y avoir un autre oiseau aussi, avec un chant en cascade. Pas une grive, un roitelet, peut-être? Les sons grinchants, tonnants, clinquants de la prison et les échanges des gardiens sur leurs radios, çà aussi, c'est toute la nuit, masquaient tout le reste. Mais le monde était là, dehors, je le savais.

La meilleure façon d'endurer la prison est de suinter la patience, et l'envelopper autour d'un coeur de détermination et d'abandon. Selon la loi de l'état de New York, tous les prisonniers à leur arrivée sont mis en isolation de la population incancérale jusqu'à ce que les tests pour la tuberculose soient fait et que les tests reviennent avec des résultats négatifs. Typiquement, cela peut prendre 3 jours. Être en isolement, cela veut dire que vous êtes embarrés dans votre cellule sans accès à un téléphone (le téléphone de l'aile D est situé à 4 pieds de mes barreaux, juste hors de ma portée); pas moyens d'avoir des livres (les 2 livres que j'ai dans ma cellule, qui m'ont été prêtés par un prisonnier compatissant, sont la Bible et "Carolina Moon" de Nora Roberts, un livre de 470 pages qui commence par la première phrase: "Elle caressa le corps d'un ami décédé."; et, bien sûr, pas de sans-fil, ni de cellulaires, pas de courriels ou d'Internet.

Je vous écris grâce à un crayon emprunté sur l'endos d'un formulaire de la prison intitulé "Chemung County Inmate Request Form", l'équivalent d'une demi-page. J'écris en tout petit et je fait la révision dans ma tête. Pardonnez-moi si les paragraphes sont bizarres, j'essaie d'économiser l'espace.

Hier, on m'a dit qu'il n'y avait pas de personnel médical disponible pour me faire passer mon test de tuberculose. Quand on m'a appelé pour que j'aille chez l'infirmière ce matin, elle m'a demandé pourquoi je n'avais pas subi mon test hier. Bien sûr qu'elle était là hier! Ce retard veut dire que je vais me joindre à la population de la prison et relâchée à partir de la fermeture de lundi au lieu de dimanche.

La frustration ne sert à rien et m'approche d'un sentiment de désespoir. Le laissez faire de l'abandon, ironiquement, me met en contact avec ma détermination.

Alors, lundi, pour le Jour de la Terre, j'émergerai de ma cellule et me joindrai à l'écosystème de la prison Chemung County Jail, où les voix des femmes sont fortes et défiantes. Stingray (pas son vrai nom) a brisé une dent hier. Quand elle l'a montré au gardien Murphy's Law (son vrai surnom), et a dit : "L'autre moitié est dans ma cellule.", Murphy's Law lui a répondu: "Alors, tu penses que la fée des dents va venir te voir?", et est parti.

Mais elle restait debout à la porte d'acier et demandait à avoir des médicaments contre la douleur, encore et encore, d'une voix que j'utilise pour mes discours lors des manifs. Pleine élocution. Qui se projette contre les poutres. Stingray est enceinte de 6 mois.

Elle les a eu, ses médicaments.

Stingray m'inspire. Comment pourrais-je profiter de mon temps ici, séparée de toute la race humaine par des avocats d'acier et de béton, pour parler haut et fort et avec un ton de défi à propos des plans d'affaires d'une compagnie qui s'appelle Inergy qui cherche à transformer ma communauté des Finger Lakes en un centre de transport et de stockage de gaz de combustibles fossiles? C'est mal que de comprimer et enterrer des gaz explosifs dans des cavernes de sel à côté et au-dessous d'un lac, le lac Seneca, qui sert de source d'eau potable pour 100,000 personnes. C'est mal de construire une torchère sur les rives de ce lac, car cela contribuera à polluer l'air avec des polluants dangereux, dont l'ozone mortelle. C'est mal pour le DEC et l'EPA et le FERC de plier les genoux devant une compagnie qui depuis les 12 derniers quarts a dépassé sa limite de déversement de produits chimiques dans ce lac. C'est mal pour une compagnie d'affirmer que toute l'information qu'elle possède sur la géologie de base de la roche mère elle-même est un secret commercial et cacher cette information du public et de la communauté scientifique. C'est mal d'empirer notre dépendance aux combustibles fossiles en ces temps d'urgence climatique.

Je pourrais exprimer des idées d'une façon plus éloquente s'il y avait du café en prison. Il y en n'a pas.

J'ai abouti dans la cellule #1 de l'aile D de la prison de Chemung County à cause de 3 choses. De un, c'est la décision de Inergy d'industrialiser la région des Finger Lakes où j'habite, et en ce faisant, aider et contribuer à l'industrie de la fracturation hydraulique en érigeant un endroit de stockage immense près de l'endroit où mon fils est né. Je considère cela comme un acte de profanation. C'est ce que les biologistes appellent la cause de proximité de ma décision d'accomplir un acte de violation de propriété en bloquant l'entrée de la station de compression d'Inergy.

La cause ultime est un commentaire publié l'automne dernier dans un journal que les biologistes lisent, la revue scientifique Nature, signé par Jeremy Grantham, qui n'est pas un scientifique, mais un économiste. Il remarquait que toutes les prévisions des changements climatiques, même les scénarios les plus extrêmes, étaient dépassées par des données en temps réel. En d'autres mots, notre problème de climat est pire que l'on pensait, même quand nous regardons les pires prévisions. M. Grantham a ensuite prié les scientifiques pour que cette connaissance soit mise de l'avant, en soulignant que personne ne porte attention à ces données: "Soyez persuasifs, soyez audacieux, faites-vous mettre sous arrestation (s'il le faut)."

Alors, me voici, sonnant la sirène d'alarme de ma cellule d'isolation en ce Jour de la Terre. Puisse ma voix soit aussi insistante que celle de Stingray.

La troisième raison est celle-ci: il y a 7 ans de cela, quand mon fils avait 4 ans, il m'a demandé un costume d'ours polaire pour passer l'Halloween, alors je me suis mise à coudre pour lui faire un costume fait d'un couvre-pied de chenille. Tout en sachant que le costume survivrait sûrement l'espèce. Dehors, dans la rue ce soir-là, en tenant une citrouille de plastique pour recevoir ses barres de chocolat, j'ai vu plusieurs espèces vouées à l'extinction: des enfants habillés en grenouilles, en abeilles, en papillons Monarque, et le symbole de l'Halloween lui-même, la petite chauve-souris brune.

La sympathie qu'on les enfants pour les animaux et leur disparition en devenir de notre planète m'a fait plier les genoux ce soir-là, sur un trottoir dans mon propre village. C'est l'amour qui m'a forcée à me relever. C'est l'amour qui m'a menée dans cette cellule de prison.

Mes enfants ont besoin d'un monde avec des insectes pollinisateurs et des populations de plankton et un climat stable. Ils ont besoin de rives de lacs qui n'ont pas de gaz d'hydrocarbures explosifs enterrés en dessous.

La fête des combustibles fossiles doit arriver à sa fin. Je crie à la porte d'acier. Pouvez-vous m'entendre maintenant?

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"Sandra Steingraber: Letter from Chemung County Jail, Part 2

April 19, 2013

“Why I am in Jail on Earth Day”

This morning – I have no idea what time this morning, as there are no clocks in jail, and the florescent lights are on all night long – I heard the familiar chirping of English sparrows and the liquid notes of a cardinal. And there seemed to be another bird too – one who sang a burbling tune. Not a robin–wren? The buzzing, banging, clanking of jail and the growled announcements of guards on their two-way radios – which also go on all night – drowned it out. But the world, I knew, was out there somewhere.

The best way to deal with jail is to exude patience, and wrap it around a core of resolve and surrender. According to New York state law, all inmates upon arrival are isolated from the general population until they are tested for tuberculosis and that test comes back negative. Typically, that takes three days. Isolation means you are locked inside your cell with no access to the phone (the phone for cell block D happens to be located, tantalizingly, four feet from my bars - just out of reach); no access to books (the two books I have in my cell, lent to me by an empathetic inmate, are the Bible and Nora Roberts’ Carolina Moon, which is a 470-page paperback whose opening sentence is, “She woke in the body of a dead friend.”); and, of course, no access to wi fi, cell phones, e-mail or the internet.

I am writing with a borrowed pencil on the back of the “Chemung County Inmate Request Form,” which is a half sheet of paper. I am writing small and revising in my head. (Forgive the paragraphing – I’m trying to save space.)

Yesterday, I was told that no medical personnel were available to administer my TB test. When I was called down to the nurse this morning, she asked why I didn’t have my TB test yesterday. Of course, she was available yesterday. The resulting delay means that I will join the prison population and be released from 24 hour lock-down on Monday, rather than Sunday.

Frustration will be counter-productive and place me closer to despair. Let–it–go surrender, ironically, keeps me in touch with my resolve.

So, Monday, which is Earth Day, I will emerge from my cell and join the ecosystem of the Chemung County Jail, where the women’s voices are loud and defiant. Stingray (not her actual nickname), broke a tooth yesterday. When she showed it to officer Murphy’s Law (that’s his actual nickname) and said, “the other half is in my cell,” Murphy’s Law replied, “So, you think the tooth fairy’s going to come?” And then he left.

But she stood at the iron door and called for pain meds, over and over in a voice that I use for rally speeches. Full oration. Projecting to the rafters. Stingray is six months pregnant.

She got her pain meds.

Stingray is my inspiration. How can I use my time here – separated from the whole human race by the layers of steel and concrete – to speak loudly and defiantly about the business plans of a company called Inergy that seeks to turn my Finger Lakes home into a transportation and storage hub for fossil fuel gases? It is wrong to compress and bury explosive gases in salt caverns beside and beneath a lake – Seneca – that serves as a source of drinking water for 100,000 people. It is wrong to construct a flare stack on the banks of this lake, which will contribute hazardous air pollutants, including death-dealing ozone, into the air. It is wrong for DEC and EPA and FERC to turn a blind eye to a company that has, for the last 12 quarters, exceeded its permitted discharge of chemicals into this lake. It is wrong for a company to claim that basic geological knowledge about the bedrock itself, is a proprietary trade secret and hide it from the public and from the scientific community. It is wrong to deepen our dependency on fossil fuels in a time of climate emergency.

I could express these ideas more eloquently if there were coffee in jail. There is not.

I was led to cell #1 in block D of the Chemung County jail by three things. One is the decision of Inergy to industrialize the Finger Lakes region where I live and, in so doing, aid and abet the fracking industry by erecting a massive storage depot near the birthplace of my son. I consider this an act of desecration. That’s what biologists call the proximate cause of my decision to commit an act of trespass by blockading the Inergy’s compressor station driveway.

The ultimate cause is a commentary published last fall in the journal that all biologists read – Nature – by Jeremy Grantham, who is not a scientist, but an economist. (www.nature.com/uidfinder/10.1038/491303a) He noted that all the projections for climate change – even the worst case scenarios – were being overtaken by real-life data. In other words, our climate situation is worse than we thought – even when we assumed the worst. Mr. Grantham then exhorted scientists who have this knowledge to be bold – noting that no one is paying attention to this data: “Be persuasive, be bold, be arrested (if necessary).”

So, here I am, ringing the alarm bell from my isolation cell on Earth Day. May my voice be as un-ignorable as Stingray’s.

The third reason is this one: seven years ago, when my son was four years old, he asked to be a polar bear for Halloween, and so I went to work sewing him a costume from a chenille bedspread. It was with the knowledge that the costume would almost certainly outlast the species. Out on the street that night – holding a plastic pumpkin will with KitKat bars – I saw many species heading towards extinction; children dressed as frogs, bees, monarch butterflies, and the icon of Halloween itself – the little brown bat.

The kinship that children feel for animals and their ongoing disappearance from us literally brought me to my knees that night, on a sidewalk in my own village. It was love that got me back up. It was love that brought me to this jail cell.

My children need a world with pollinators and plankton stocks and a stable climate. They need lake shores that do not have explosive hydrocarbon gases buried underneath.

The fossil fuel party must come to an end. I am shouting at an iron door. Can you hear me now?"

Link: http://www.facebook.com/notes/raising-elijah-by-sandra-steingraber/sandra-steingraber-letter-from-chemung-county-jail-part-2/572156746138145

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