Monday, July 29, 2013
Tony Ingraffea réplique au Président Obama
Voici ma traduction libre d'une lettre d'opinion publiée dans le quotidien The New York Times en réplique aux affirmations du Président Obama qui veut voir la fracturation hydraulique la planche de salut de son pays.
Un pont qui mène vers un avenir de changements climatiques
Plusieurs personnes préoccupées par les changements climatiques, dont le président Obama, ont adopté la fracturation hydraulique pour extraire le gaz naturel. Dans un discours tout récent sur le climat, le président a même eu le culot d'inclure le gaz naturel avec les énergies renouvelables comme étant une "source d'énergie propre."
En tant qu'ingénieur pétrolier et gazier de longue expérience qui a aidé à développer les techniques pour fracturer le schiste pour l'agence de l'énergie du pays (Energy Department), je peux vous assurer que ce gaz n'est pas "propre." À cause des fuites de méthane, le principal élément dans le gaz naturel, le gaz extrait des formations de schiste n'est pas un "pont" vers un avenir de sources d'énergie renouvelables: c'est plutôt un chemin qui mène vers encore plus de bouleversements climatiques et retardera le virage vers les investissements dans les énergies propres.
Le méthane est un GES pas mal plus puissant que le dioxyde de carbone, bien qu'il ne demeure pas aussi longtemps dans l'atmosphère. Tout de même, sur une échéance de 20 ans, une livre de ce gaz emprisonne autant de chaleur que plus de 72 livres de dioxyde de carbone. Sa puissance est à la baisse ensuite, mais même après une centaine d'années, il est toujours au moins 25 fois plus puissant que le dioxyde de carbone. Quand il est brûlé, le gaz naturel émet la moitié du dioxyde de carbone que le charbon, mais les fuites de méthane annulent cet avantage à cause de sa capacité à emmagasiner la chaleur.
Et le méthane fuit, en effet, bien qu'on soit encore incertains sur les quantités des fuites. Mais les mesures récentes faites par le National Oceanic and Atmospheric Administration dans des sites de forages pétroliers et gaziers en Californie, au Colorado et au Utah ont trouvé des taux de fuites variant de 2,3% à 17% sur une base de production annuelle, une quantité que mes collègues et moi avions prédit il y a plusieurs années déjà. Ceci est le gaz qui est relâché dans l'atmosphère, non brûlé, faisant parti du processus de fracturation hydraulique, ainsi que venant des fuites des gazoducs, des compresseurs et des stations de transformation. Ces données soulèvent des questions sur ce qui doit se passer ailleurs. L'EPA a émi de nouveaux règlements pour réduire ces émissions, mais les règlements seront effectifs qu'en 2015, et ne s'appliquent que pour les nouveaux puits.
Une étude de 2011 du National Center for Atmospheric Research était arrivé à la conclusion qu'à moins que les fuites se maintiennent sous les 2%, le gaz n'est pas mieux pour diminuer les impacts des changements climatiques que le charbon. Et une étude rendue publique en mai cette année faite par Climate Central, un groupe de scientifiques et de journalistes qui étudient les changements climatiques, a conclu que l'avantage de 50% du gaz naturel au lieu du charbon ne sera pas atteint avant 3 à 4 décennies. Malheureusement, nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre si longtemps pour contrer les changements climatiques: les 2 prochaines décennies sont cruciales.
Par contre, on doit féliciter le président pour la partie de son plan qui reconnaît que "diminuer nos émissions de méthane est critique." Toutefois, les fuites de gaz non brûlé durant les processus de production ne sont pas les seuls problèmes. Les puits pétroliers et gaziers qui perdent leur intégrité structurale fuient du méthane également, à part des autres contaminants qui sortent des coffrages et s'échappent dans l'atmosphère et dans les puits d'eau potable. Plusieurs études menées par l'industrie démontrent qu'environ 5% de tous les puits pétroliers et gaziers ont des fuites immédiatement à cause des problèmes d'intégrité, et ont des taux de fuites à la hausse au fur à mesure que le temps s'écoule. Avec des centaines de milliers de nouveaux puits projetés, ce problème n'est pas négligeable, et on ne peut pas les prévenir avec la technologie actuelle.
Pourquoi est-ce que tant de puits fuient de cette façon? Les pressions souterraines, les changements de température, les mouvements des sols à cause des forages des puits avoisinants, et les fissures de rétrécissement, endommagent la mince couche de cimentation qui est censé sceller le puits. Et obtenir le parfait ciment durant le forage horizontal dans le schiste est un défi de taille également. Une fois que le ciment est endommagé, le réparer à des milliers de pieds sous terre est dispendieux et souvent sans succès. L'industrie pétrolière et gazière tentent de résoudre ce problème depuis des décennies.
La communauté scientifique attend pour des meilleurs données de l'EPA pour évaluer l'étendue du problème de contamination de l'eau. C'est pourquoi c'est si décourageant de voir que l'EPA, confrontée par les plaintes de l'industrie, aurait semble-t-il clos plusieurs dossiers ou aurait laissé tomber plusieurs enquêtes sur ce problème. Peut-être qu'une étude complète de l'EPA sur la fracturation hydraulique et l'eau potable, que l'on attend pour 2014, sera plus transparente. De plus, des ébauches d'une étude du Energy Department laisse comprendre qu'il y a des problèmes importants à trouver assez d'eau pour fracturer les futurs puits. Le président ne devrait pas inclure cette technologie dans ses politiques énergétiques tant que ces études ne soient pas complétées.
Nous avons l'éolien renouvelable, le solaire, et des choix de technologies efficaces énergétiquement à notre portée déjà. Nous pouvons les développer rapidement à prix abordable, contribuant ainsi à une croissance économique, à de la création d'emplois, pour un avenir vraiment propre contre les changements climatiques. La volonté politique est le seul ingrédient manquant dans la recette. Des réductions importantes de carbone seront impossibles tant et aussi longtemps que l'industrie des combustibles fossiles ait tant d'influence sur nos politiques énergétiques et les agences régulatrices. Les dirigeants politiques ont besoin d'écouter les voix des scientifiques indépendants pendant qu'il est encore temps.
Signé: Anthony R. Ingraffea, professeur en ingénierie civile et environnementale à Cornell University et président du groupe OBNL "Physicians, Scientists and Engineers for Healthy Energy" (un peu comme notre Collectif scientifique)
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"Gangplank to a Warm Future
ITHACA, N.Y. — MANY concerned about climate change, including President Obama, have embraced hydraulic fracturing for natural gas. In his recent climate speech, the president went so far as to lump gas with renewables as “clean energy.”
As a longtime oil and gas engineer who helped develop shale fracking techniques for the Energy Department, I can assure you that this gas is not “clean.” Because of leaks of methane, the main component of natural gas, the gas extracted from shale deposits is not a “bridge” to a renewable energy future — it’s a gangplank to more warming and away from clean energy investments.
Methane is a far more powerful greenhouse gas than carbon dioxide, though it doesn’t last nearly as long in the atmosphere. Still, over a 20-year period, one pound of it traps as much heat as at least 72 pounds of carbon dioxide. Its potency declines, but even after a century, it is at least 25 times as powerful as carbon dioxide. When burned, natural gas emits half the carbon dioxide of coal, but methane leakage eviscerates this advantage because of its heat-trapping power.
And methane is leaking, though there is significant uncertainty over the rate. But recent measurements by the National Oceanic and Atmospheric Administration at gas and oil fields in California, Colorado and Utah found leakage rates of 2.3 percent to 17 percent of annual production, in the range my colleagues at Cornell and I predicted some years ago. This is the gas that is released into the atmosphere unburned as part of the hydraulic fracturing process, and also from pipelines, compressors and processing units. Those findings raise questions about what is happening elsewhere. The Environmental Protection Agency has issued new rules to reduce these emissions, but the rules don’t take effect until 2015, and apply only to new wells.
A 2011 study from the National Center for Atmospheric Research concluded that unless leaks can be kept below 2 percent, gas lacks any climate advantage over coal. And a study released this May by Climate Central, a group of scientists and journalists studying climate change, concluded that the 50 percent climate advantage of natural gas over coal is unlikely to be achieved over the next three to four decades. Unfortunately, we don’t have that long to address climate change — the next two decades are crucial.
To its credit, the president’s plan recognizes that “curbing emissions of methane is critical.” However, the release of unburned gas in the production process is not the only problem. Gas and oil wells that lose their structural integrity also leak methane and other contaminants outside their casings and into the atmosphere and water wells. Multiple industry studies show that about 5 percent of all oil and gas wells leak immediately because of integrity issues, with increasing rates of leakage over time. With hundreds of thousands of new wells expected, this problem is neither negligible nor preventable with current technology.
Why do so many wells leak this way? Pressures under the earth, temperature changes, ground movement from the drilling of nearby wells and shrinkage crack and damage the thin layer of brittle cement that is supposed to seal the wells. And getting the cement perfect as the drilling goes horizontally into shale is extremely challenging. Once the cement is damaged, repairing it thousands of feet underground is expensive and often unsuccessful. The gas and oil industries have been trying to solve this problem for decades.
The scientific community has been waiting for better data from the E.P.A. to assess the extent of the water contamination problem. That is why it is so discouraging that, in the face of industry complaints, the E.P.A. reportedly has closed or backed away from several investigations into the problem. Perhaps a full E.P.A. study of hydraulic fracturing and drinking water, due in 2014, will be more forthcoming. In addition, drafts of an Energy Department study suggest that there are huge problems finding enough water for fracturing future wells. The president should not include this technology in his energy policy until these studies are complete.
We have renewable wind, water, solar and energy-efficiency technology options now. We can scale these quickly and affordably, creating economic growth, jobs and a truly clean energy future to address climate change. Political will is the missing ingredient. Meaningful carbon reduction is impossible so long as the fossil fuel industry is allowed so much influence over our energy policies and regulatory agencies. Policy makers need to listen to the voices of independent scientists while there is still time.
Anthony R. Ingraffea is a professor of civil and environmental engineering at Cornell University and the president of Physicians, Scientists and Engineers for Healthy Energy, a nonprofit group."
Link: http://www.nytimes.com/2013/07/29/opinion/gangplank-to-a-warm-future.html
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