Friends of the Richelieu. A river. A passion.



"Tout cedit pays est fort uny, remply de forests, vignes & noyers. Aucuns Chrestiens n'estoient encores parvenus jusques en cedit lieu, que nous, qui eusmes assez de peine à monter le riviere à la rame. " Samuel de Champlain


"All this region is very level and full of forests, vines and butternut trees. No Christian has ever visited this land and we had all the misery of the world trying to paddle the river upstream." Samuel de Champlain

Saturday, November 22, 2014

Sandra explique pourquoi elle se retrouve (encore!) en prison



Ma traduction libre d'une lettre qu'elle a envoyée à EcoWatch pour être partagée avec tous les militants contre le développement des combustibles fossiles.

Le petit déjeuner servi dans la prison de Chemung County est servi à 5h00. Ce matin, vendredi le 21 novembre 2014, c'était des Cheerios avec du lait et deux morceaux du bien méprisé "breakfast cake". Avec les cabarets de nourriture passés au travers les barreaux sont aussi distribués les médicaments du matin pour les prisonniers avec des prescriptions. Maintenant vient ma période préférée de la journée en prison: deux heures tranquilles entre le petit déjeuner et 7h00 avant qu'on allume la télé et nous sommes ordonnés de faire nos lits: c'est alors que la journée bruyante commence. Entre le petit-déjeuner et 7h00, la plupart des femmes retournent se coucher pour dormir. J'entends seulement leur souffle dans leur sommeil, chacune à leur propre rythme, et du côté opposé à la porte en acier, parfois des voix des gardiens et les ordres transmises par walkie-talkie qu'ils reçoivent.

Entre-temps, mon lit est déjà fait et j'ai donné un nouvel usage à mon petit panier de linge sale en le mettant dessous dessus: il est maintenant une petite table qui me permet d'écrire. Et parce que je suis une écrivaine qui écrit, je suis heureuse.

Je suis aussi heureuse parce que je sais qu'en écrivant, je remplis une promesse que j'ai faite à Ashley (pas son vrai nom) qui m'a donné un crayon aiguisé hier soir avec une pile de formulaires de demandes médicales pour les prisonniers qui vont me servir de papier à lettre. Après avoir entendu mon histoire racontée au travers les barreaux de ma cellule, puisque je suis gardée emprisonnée jusqu'à ce qu'on reçoive les résultats de mon test de tuberculose, Ashley m'a dit: "Je suis au courant des militants contre le projet de Seneca Lake. J'ai lu des articles de votre histoire. Mais seulement une fois. Vous devez continuer la bataille. Vous devez écrire aux journaux. Vous pouvez le faire d'ici, vous savez. Vous ne pouvez pas rester dans votre cellule pendant 14 jours et ne rien faire. Vous devez vous battre." Et puis elle est partie pour me trouver du papier.

Assise sur un tabouret juste au bord de ma cellule, qui est soudé sur la rangée éloignée des barreaux de la cellule, Ashley m'a librement donné des conseils hier soir pour le groupe militant We Are Seneca Lake. "N'abandonnez pas. Continuez à écrire aux journaux. Ils se cherchent toujours des histoires à rapporter." Elle ajoute: "Je n'ai que 21 ans, mais j'en sais beaucoup sur certaines choses."

Voici l'histoire d'Ashley: elle a été mise sous arrestation il y a 2 ans, à l'âge de 19 ans, pour avoir volé une citrouille. Elle est maintenant en prison pour n'avoir pas respecté ses conditions de période de sursis. Elle a trois enfants: 6, 4 et 2 ans, qui vivent avec sa mère adoptive à Allegany County jusqu'à ce qu'elle puisse sortir de prison. Elle sera libre la journée après Noël. Entre-temps, elle étudie pour son GED et se prépare à aller au collège.

La moitié des femmes dans mon aile de prison sont ici pour n'avoir pas respecté leurs conditions de période de sursis. Elles sont toutes d'accord sur un point: c'est presque impossible d'être une mère mono-parentale qui se cherche une place pour rester et un emploi, les deux exigeant qu'on soit mobile, et respecter en même temps les règlements de la période de sursis, qui limitent la mobilité. C'est mieux de faire son temps en prison et recommencer à la case un ensuite.

Je comprends çà. C'est un cheminement logique qui fait parallèle avec le mien. J'en suis venue à croire qu'une campagne de désobéissance civile qui réussit dépend aussi de la bonne volonté d'au moins quelques-uns d'entre nous d'accepter de faire un peu de prison plutôt que d'autres sortes de sentences, comme payer des amendes.

Il y a 4 raisons pour çà. Premièrement, cela démontre qu'on respecte la loi. Dans mon cas, j'ai été mise sous arrestation pour avoir marcher dans une entrée privée d'une compagnie énergétique du Texas qui a seulement l'intention de transformer ses vieilles mines de sel sous la colline en citernes à gaz immenses pour contenir à très haute pression les produits de la fracturation hydraulique: du méthane, du propane et du butane. (La partie du projet qui implique le stockage du méthane a déjà été approuvée par la commission fédérale Federal Energy Regulatory Commission). Même avant que les infrastructures de ce site de stockage gazier soient construites, Crestwood Midstream a pollué le lac avec du sel à des concentrations qui dépassent les normes légales. La réplique de Crestwood est de payer l'amende et continuer de polluer. Au contraire, je refuse de payer une amende pour qu'on pardonne mon crime, alors j'accepte les conséquences légales de mes actions.

Deuxièmement, en partageant mon témoignage de désobéissance civile en prison confirme le sérieux de mes intentions. Quatre des 17 personnes qui ont fait de la désobéissance civile qui ont jusqu'à date été poursuivies en justice pour leur rôle dans la campagne de We Are Seneca Lake ont choisi du temps en prison plutôt que payer des amendes: Dwain Wilder, 75 ans, un vétéran de la Marine qui a été mis en prison la Journée du Souvenir; Roland Micklem, 86 ans, un Quaker, qui est maintenant en prison dans le Schuyler County Jail (Roland Micklem a été relâché hier à cause de problèmes de santé); Colleen Boland, 58 ans, un sergent à la retraite du Air Force qui a travaillé dans la Maison Blanche; et moi-même (je suis une biologiste de 55 ans et écrivaine).

Colleen est dans la cellule d'à côté. Nous nous parlons au travers le mur. Colleen, Roland et moi cherchons à savoir ce qu'on sert aux prisonniers pour le souper du Thanksgiving.

En nous séparant volontairement de nos familles, par notre sacrifice et notre consentement à souffrir, par notre absence, nous disons que nous nous objectons en des termes non équivoques à la transformation de notre communauté bien-aimée des Finger Lakes en une plaque tournante pour la fracturation hydraulique. Nous nous objectons à l'occupation de nos rives par une corporation de Houston qui veut continuer à construire des infrastructures à combustibles fossiles en ces temps d'urgence du climat, et en faisant ainsi, met en péril la source d'eau potable de 100,000 personnes.

Troisièmement, en remplissant les prisons avec des mères, des personnes âgées et des vétérans, nous provoquons paisiblement une crise qui ne peut pas être ignorée par les médias et les élus politiques. Bien sûr, la désobéissance civile est toujours une méthode de dernier recours, utilisée quand toutes les autres méthodes de placer une plainte ont été épuisées. Nous avons tout essayé. Nous avons présentés des commentaires, écrit des lettres, présenté des témoignages, fait des demandes d'accès à l'information pour avoir des documents secrets, pour constater que nos préoccupations légitimes ont été rejetées du revers de la main. Notre temps en prison démontre que le système régulatrice est brisé. Jusqu'à date, durant la campagne Seneca Lake, il y a eu 59 arrestations, et la majorité de celles-là n'ont pas reçu leurs sentences. Nous serons plus nombreux en prison avant la fin de l'année.

Et la quatrième raison est ceci: passer du temps en prison est un temps de transformation personnelle. Seule avec un crayon et des formulaires de prisonniers comme papier à lettre, la Bible et ses pensées intimes, on découvre qu'on est plus brave que l'on croyait. Vous passez du temps en prison, et ce temps-là nous offre la possibilité de se redédier au travail à venir: démanteler l'industrie des combustibles fossiles pendant les 20 années qu'il nous reste avant que la crise du climat ne se transforme en calamité impossible à réparer et interminable.

La nuit passée, j'ai appris comment créer un outil pour changer le poste de la télé qui hurle à tue-tête de l'autre côté des barreaux. J'enroule du papier journal autour une rangée de crayons et la rendre plus rigide avec de la pâte à dents.

C'est ainsi que les femmes de la prison de Chemung County, toutes des mères, sont des agents de changement des circonstances de leurs vies et défient le statu quo. C'est un talent dont nous avons tous besoin. Comme Ashley me faisait des reproches hier soir, tout en me refilant un crayon affilé au travers les barreaux, "Tu ne peux pas rester assis là pendant les 14 prochains jours. Commence à te battre."


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Sandra Steingraber: Why I am in Jail

Sandra Steingraber | November 21, 2014 4:22 pm |

Breakfast in the Chemung County Jail is served at 5 a.m. This morning—Friday, November 21, 2014—it was Cheerios and milk plus two slaps of universally-despised “breakfast cake.” Along with trays of food—which are passed through the bars—arrive the morning rounds of meds for the inmates who take them. Now comes my favorite time of day in jail—the two quiet hours between breakfast and 7 a.m. before the television clicks on and we are ordered to make our beds and the loud day begins. Between the end of breakfast and 7 a.m., most women go back to sleep. Now I can hear only the sounds of their breathing—different rhythms all—and, on the far side of the steel door—the occasional voices of the C.O.s (correction officers, a.k.a. the guards) and the walkie-talkie orders they themselves are receiving.

Meanwhile, my bed is already made and I have repurposed my small laundry basket—by flipping it upside down—into a table on which I am writing. And because I am a writer who is writing, I am happy.

I am also happy because I know that, by writing, I am fulfilling a promise to Ashley (not her real name) who brought me last night a sharpened pencil and a stack of inmate medical request forms to use as writing paper. After hearing my story—narrated through the bars of my cell as I am being kept in “keeplock” until the results of my TB screening come back—Ashley said, “I know about you Seneca Lake protesters. I read about that. But only once. You have to keep fighting. You have to write to the newspaper. You can do that from here, you know. You can’t just sit in your cell for 14 days and do nothing. You have to fight.” And then she ran off and found me paper.

Sitting on a stool outside my cell—which is welded to the far row of bars—Ashley freely dispensed advice last night for the We Are Seneca Lake movement. “Don’t give up. Keep writing the newspapers. They are always looking for stories.” She added, “I may be only 21, but I’m wise about some things.”

Here’s Ashley’s story: She was arrested two years ago—at age 19—for stealing a pumpkin. She is jailed now for violating probation. She has three kids—ages 6, 4 and 2—who are staying with her foster mother in Allegany County until she serves her time. She’ll be out the day after Christmas. Meanwhile, she’s studying for her GED and laying plans to go to college.

Half the women in my cell block are here for probation violation. One thing they all agree on: It’s almost impossible to be a single mother in search of housing and a job, both of which require mobility, and comply with probation rules, which restrict mobility. Better to do the time and then make a fresh start.

I get that. And it’s a logic that runs parallel to my own. I have come to believe that a successful civil disobedience campaign likewise depends on the willingness of at least some of us to gladly accept jail time over other kinds of sentences, such as paying fines.

There are four reasons for this. First, it shows respect for the law. In my case, I was arrested for trespassing on the driveway of a Texas-based energy company that has the sole intention of turning the crumbling salt mines underneath the hillside into massive gas tanks for the highly-pressurized products of fracking: methane, propane and butane. (The part of the plan involving methane storage has already been approved by the Federal Energy Regulatory Commission). Even before the infrastructure for this gas storage is built, Crestwood Midstream has polluted the lake with salt, at levels that exceed its legal limits. Crestwood’s response is to pay a fine and keep polluting. By contrast, I refuse to pay a fine to excuse my crime and so accepted the lawful consequences of my actions.

Second, extending one’s civil disobedience testimony in jail shows seriousness of intent. Four of the 17 civil disobedients who have so far been arraigned as part of the We Are Seneca Lake campaign have chosen jail instead of fines: 75-year-old Dwain Wilder, a veteran of the Navy who was incarcerated for Veteran’s Day; 86-year-old Roland Micklem, a Quaker, who is now incarcerated in the Schuyler County Jail [Roland Micklem was released yesterday due to health concern]; 58-year-old Colleen Boland, a retired Air Force sergeant who served in the White House; and me (I’m a 55-year-old biologist and author).

Colleen occupies the cell next to mine. We talk through the wall. Colleen, Roland and I are on track to find out what they serve prisoners for Thanksgiving dinner.

By our willing separation from our families, by our sacrifice and consent to suffer, by our very absence, we are saying that we object in the strongest terms to the transformation of our beloved Finger Lakes community into a hub for fracking. We object to the occupation of our lakeshore by a Houston-based corporation that seeks to further build out fossil-fuel infrastructure in a time of climate emergency, and in so doing, imperils a source of drinking water for 100,000 people.

Third, by filling the jails with mothers, elders and veterans, we peacefully provoke a crisis that cannot be ignored by media or political leaders. Of course, civil disobedience is always a method of last recourse, deployed when all other methods of addressing a grievance have been exhausted. We have turned over all stones. We have submitted comments, written letters, offered testimony, filed Freedom of Information requests for secret documents—only to see our legitimate concerns brushed aside. Our incarceration shows that the regulatory system is broken. So far, in the Seneca Lake campaign, there have been 59 arrests, and a majority of those have yet to be sentenced. There will be more of us in jail before the year is out.

And the fourth reason is this: spending time in jail is a time of personal transformation. Alone with a pencil, some inmate request forms for stationery, the Bible and your own thoughts, you discover that you are braver than you knew. You are doing time, and time offers the possibility of rededicating oneself to the necessary work ahead: dismantling the fossil fuel industry in the last 20 years left to us, before the climate crisis spins into unfixable, unending calamity.

Last night I learned how to create a tool for changing the channel on the television, which blares from the other side of two rows of bars. It involves twisting newspaper around a row of pencils and stiffening it with toothpaste.

Thus do the women of the Chemung County Jail—all mothers—exert agency over the circumstances of their lives and defy the status quo. That’s a skill set we all need. As Ashley scolded me last night, while passing a sharpened pencil through the bars, “You can’t just sit there for the next 14 days. Start fighting.”

Link: http://ecowatch.com/2014/11/21/sandra-steingraber-why-im-in-jail/

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