Ma traduction libre d'un reportage d'Andrew Nikiforuk publié dans The Tyee.
Note bien personnelle: je n'ai aucune raison de croire que si l'industrie des combustibles fossiles s'installe bien solidement au Québec qu'elle agirait autrement. Partout sur la planète, nous voyons des cas de contaminations, d'embobinage du gouvernement en place, d'intimidation des victimes, des victimes dont on achète le silence, d'abus de pouvoir et des droits humains fondamentaux bafoués. Je reproduis ici l'histoire d'Ann qui n'est qu'une parmi tant d'autres qui ont vécu des cauchemars semblables.L'Albertaine dit que les forages ont soulevé sa propriété. Ensuite la vraie misère s'est installée.
Ann Craft avoue être une femme de souche irlandaise d'une forte volonté, mais compatissante, qui vend de l'immobilier au coeur de l'Alberta depuis 19 ans.
Mais maintenant, elle est plutôt bouleversée.
Elle est plus qu'en pétard. Elle est révoltée.
Révoltée, dit-elle, à cause de l'histoire d'horreur du fracking qui dure maintenant depuis 2 ans qu'elle a dû endurer. Et le manquement constant, accuse-t-elle, des agences régulatrices de l'Alberta, dont Alberta Environment, Alberta Health Services et l'Alberta Energy Regulator de n'avoir pas fait leur travail respectif.
"C'est ahurissant."
Pendant deux ans maintenant, Craft a été impliquée dans une bataille avec le gouvernement de l'Alberta à cause des dommages structuraux fait sur sa propriété ainsi que l'apparition de substances étranges sur ses terres, dans son étang ainsi que les changements observés dans son eau de puits à cause des activités pétrolières et gazières.
De plus, un livreur d'eau potable privé lui a livré un voyage d'eau toxique transvidé dans sa citerne au lieu de l'eau potable. Après, Craft s'est lavée avec.
Ses épreuves imprévues ont commencé en février 2012. C'est à ce moment-là que quelque chose de sismique est survenu sur sa propriété idyllique de 80 acres, où elle avait une maison mobile, un atelier, une grange, quelques bâtiments secondaires et plusieurs chiens, chevaux, chèvres et des ânes.
Depuis ce temps-là, les choses n'ont fait qu'empirer.
"Regardez, je fait 60,000 kilomètres par année pour vendre des propriétés partout dans la ruralité de l'Alberta. J'ai un oeil critique. Et maintenant, la topographie de ma propriété change," dit la femme d'affaires de 60 ans. "C'est pas normal ce qui se produit ici."
"Je suis chanceuse de ne pas être morte," elle ajoute encore.
Ann Craft est sérieuse quand elle dit çà.
Pour commencer, il y a eu ce que Craft décrit comme étant le "rebondissement" de "l'évènement". Au début de février 2012, quelque chose a soulevé son perron recouvert d'un toit ainsi que les marches attachés à sa maison mobile de 1999 et fendu tout le bois qui les gardaient en place. Le perron a sursauté deux fois au moment où elle montait les marches.
Plusieurs jours plus tard, elle remarqua des fissures dans le sol ainsi que des craquelures dans le plancher de ciment d'un atelier en métal. Elle a aussi trouvé du parement de métal sur un abri pour le foin qui était déformé.
Abasourdie, Craft n'avait aucune idée de ce qui pouvait faire bouger le sol sous sa maison.
Mais elle se doute fortement que les mouvements de sa propriété ont des liens avec les fracturations hydrauliques effectuées dans des puits gaziers dans des veines peu profondes de houille juste au nord de sa propriété, appartenant à Quicksilver Resources, fait en janvier et février de la même année.
Quelques mois plus tard, des liquides étranges ont commencé à sortir de terre, dont quelque chose qui ressemble à des fluides de forages, ainsi que de la poudre blanche. Elle a aussi trouvé des petites rondelles ressemblant à des oursins plats dans l'eau gelée de son étang.
Des représentants d'Alberta Environment et Quicksilver Resources ont finalement rendu visite sur la propriété de Craft le 21 mars pour faire des vérifications et s'occuper de sa plainte. Craft leur a fait savoir qu'elle était préoccupée du fait qu'il pourrait avoir des problèmes structuraux à long terme à ses bâtiments.
Après que Craft leur ait montré les poutres fendues et les bâtiments endommagés ainsi que des photos, les représentants l'ont regardé.
"Hé bien, c'était probablement un séisme ou une anomalie," suggéra le représentant d'Alberta Environment.
Craft s'est dit que les séismes faisaient bouger les choses de côté, plutôt. "Cet évènement a soulevé les choses."
La représentante du gouvernement a dit qu'elle vérifierait ses dossiers. Elle a téléphoné Craft plus tard pour lui dire que les activités pétrolières et gazières locales s'avéraient normales. Elle ajouta qu'elle vivait dans la campagne de l'Alberta et que le bois se fendille à la campagne.
La représentante a ensuite dit à Craft que "c'est de la nature humaine d'inventer des choses."
Qu'est-ce que cela veut dire, pensa Craft. Est-ce que le gouvernement pense que j'invente tout çà? "Je crois que notre conversation est terminée," répondit Craft.
La fracturation hydraulique et les séismes
Mais la fracturation hydraulique peut en effet fait bouger le sol et de façon impossible à prédire.
La technologie, qui consiste à injecter des volumes d'eau, de sable, du gaz ou des produits chimiques à haute pression dans des formations géologiques peu profondes autant que très profondes, a provoqué des petits séismes en Colombie-Britannique, en Angleterre et en Oklahoma.
L'an dernier, la technologie controversée a aussi provoqué des centaines de petits séismes en Ohio quand les ouvriers ont frappé une faille géologique inconnue jusqu'alors.
En 2013, la Société canadienne des géophysiciens en exploration (CSEG) a aussi admis que la fracturation hydraulique peut provoquer des petits séismes involontaires. Le fracking peut créer des "nouvelles fractures et des interactions avec des fractures pré-existantes" et résulter en secousses provoquées par l'industrie.
De plus, des fractures ont voyagé au-delà de la zone visée, ont rebondi et même fait des connections et ont fait explosé d'autres puits pétroliers et gaziers situés jusqu'à 1,2 kilomètres de distance. Il y a eu plus de 30 tels incidents en Alberta et en Colombie-Britannique.
Des propriétaires terriens près de Cochrane et Peace River ont rapporté avoir subi plusieurs évènements sismiques anormaux près des opérations de fracturations pétrolières qui ont même brisé des fenêtres et fendillé des fondations.
Au début de novembre, des scientifiques ont rapporté que des puits d'injection qui servent à pomper des eaux usées dans le sol ont probablement provoqué des petits séismes en Alberta, dont plusieurs près de Ponoka.
Bien que les scientifiques provinciaux considèrent que les risques des activités pétrolières et gazières qui peuvent causer des dommages sont faibles, un rapport de 2014 ajoutait ce détail critique:
"Toutefois, si cela s'avère nécessaire de vérifier ou réfuter une corrélation de cause à effet définitive, ce sera difficile de le faire avec les données disponibles en ce moment. Dans les régions concernées, davantage de travail serait nécessaire pour agrandir le réseau de stations sismiques pour détecter précisément l'épicentre et les hypocentres d'un séisme."
En tous les cas, la province n'a pas offert de procéder à une enquête sismique autour de l'anomalie qui a brassé la propriété de Craft.
Une substance suintante
Après la rencontre de mars, Quicksilver, une compagnie dont les bureaux sont à Houston, a envoyé une lettre à Craft disant qu'elle était certaine que ses opérations "n'ont pas affecté l'intégrité d'aucun de ses bâtiments" et qu'elle considérait que le fracking dans des veines de houille était une "activité sécuritaire".
Mais des fracturations hydrauliques dans des veines de houille à 500 mètres de profondeur demeurent une activité problématique et incertaine. Restreindre des fractures dans des veines de houille n'est jamais assuré, et la pratique a provoqué plusieurs plaintes de contamination de puits d'eau potable ou des plans d'eau avec du méthane en Alberta, au Colorado, au Nouveau-Mexique, en Australie et en Alabama.
Contrairement aux autres formations géologiques pétrolifères et gazières, la houille est une formation très complexe, à plusieurs couches, très fracturée et contient typiquement de l'eau, ou est connectée à des nappes aquifères. Des veines de houille se trouvent beaucoup plus près de la surface que les formations de schiste et plus près des eaux souterraines également. En 2009, Halliburton, l'importante compagnie en fracturations hydrauliques aux É.-U., admettait que "la complexité des fracturations pour du CBM (coal bed methane) dépasse nos capacités de modélisations courantes."
C'est ensuite que les choses ont empiré pour Ann Craft.
Un an après les étranges évènements de soulèvement et les fracturations dans les 4 puits peu profonds CBM au nord de sa propriété, Craft a commencé à être malade. La plupart de ses animaux semblaient se porter mal également.
Ce printemps-là, elle avait trouvé des substances bizarres qu'elle ne pouvait pas s'expliquer qui suintaient du sol sur sa propriété et encore plus de fendillement sur ses bâtiments.
Pendant qu'elle vérifiait la citerne d'eau pour les chevaux, elle découvrit qu'une flotte de styrofoam qui avait à peine 1 an s'était désintégrée. L'eau venait de son puits d'eau domestique.
"Savez-vous ce qui mange du Styrofoam?" demanda Craft aux autorités d'Alberta Environment. "Des produits chimiques légers le font. Comment cela s'est produit?" Elle dit qu'elle n'a pas eu de réponse. (L'acétone et le diesel, qui font fondre le Styrofoam, sont des produits chimiques souvent utilisés durant des fracturations hydrauliques.)
Malade et brûlé
En mai 2013, Brent, le fils de Craft, un foreur pétrolier et gazier d'outre-mer, visita la ferme pour donner un coup de main. Après avoir pris 2 douches, il dit que sa peau s'est mise à brûler. "Je travaille avec de la mauvaise eau tout le temps, et cette eau était malpropre." Il dit à sa mère d'arrêter de l'utiliser.
Le jour suivant, ils installèrent une citerne en plastique de 1,750 gallons dans l'atelier pour éviter d'utiliser l'eau de puits. Un camion livrait de l'eau propre. Pour le prochain mois, Craft dit qu'elle et ses animaux ont commencé à se sentir mieux.
Mais le 27 juin 2013, la compagnie Doug's Tank Truck Service située dans Stettler, Alberta, a livré ce que l'industrie appelle "produced water", ou des déchets suite à des activités pétrolières et gazières. Dans ce cas-ci, l'eau contaminée contenait un rejet venant d'un pipeline transportant du brute sulfureux.
(Pour chaque baril de pétrole extrait par l'industrie, on pompe aussi environ trois barils de "produced water", des eaux usées toxiques qui sont pour la plupart réinjectées dans le sol.)
Même selon les normes de l'industrie, du "produced water" est un méchant mélange: cela contient habituellement des sels, des métaux lourds, des particules radioactives, du pétrole, des hydrocarbures, des gaz dissous, du H2S, des biocides, des matières anti-corrosion, et des matières pour décomposer les émulsions.
Avant que la compagnie Doug's Tank Truck Service réalise son erreur, Craft avait déjà pris une douche, lavé sa figure, rasé ses jambes et brossé ses dents dans ce que les fiches signalétiques décriront plus tard comme étant du pétrole brute sulfureux contenant des cancérigènes ainsi que des produits anti-corrosion d'où ont émané de l'ammoniaque lors d'une hausse de température. Tous "peuvent causer des effets sur le système nerveux central" et des irritations cutanées.
Presque immédiatement, sa figure s'est mise à brûler. Des taches rouges sont apparues sur sa tête et ses jambes. "C'était gênant. Je n'ai jamais eu de problèmes de peau." Plusieurs jours plus tard, de nouveaux symptômes sont apparus et son oeil gauche s'est mis à enfler. Des photos laissent voir que Craft semblait porter un genre de masque de monstre d'Halloween.
Après la livraison du brut sulfureux dans sa citerne d'eau, plusieurs de ses chevaux et son âne ont perdu du poil. Son plus gros chien Hank a commencé à avoir une cicatrice calcifiée surson nez et porte toujours à ce jour un nez qui semble avoir été brûlé sévèrement.
Craft qualifie maintenant toute l'affaire comme une "affaire de merde".
Selon une lettre datée du 10 juillet 2014 écrite plus tard par la docteur Deena Hinshaw, médecin hygiéniste provincial pour le centre de l'Alberta, Craft s'est retrouvée à l'hôpital plusieurs semaines plus tard avec des maux abdominaux sévères et la diarrhée. Elle était dans un état presque convulsif.
Depuis ce temps-là, elle s'est rendue à l'hôpital ou vu un médecin plus de 30 fois à cause des problèmes continus de santé. Tous les travailleurs de la santé familiers avec son cas avouent que ses symptômes sont cohérents avec une exposition répétée avec des hydrocarbures.
"Chanceuse de ne pas en être morte"
Après la livraison d'eau toxique, Craft est sortie de sa maison contaminée à cause des odeurs sulfureuses et vivait dans une cabane comme habitation temporaire.
Pendant qu'elle se débattait avec ses assurances et le gouvernement, une pensée ne la quittait jamais: "Comment peut-on livrer des eaux usées de brut sulfureux dans une maison et ne pas le savoir?" (Un autre propriétaire terrien a aussi reçu une livraison d'eau toxique mais a été averti de l'erreur avant qu'il puisse s'en servir.)
"Ils sont chanceux que je n'en suis pas morte."
Elle s'est rendue compte plus tard que le livreur en camion n'avait même pas un permis de matières alimentaires pour pouvoir livrer de l'eau potable. Il n'y a pas eu d'amende parce que, comme Mel Cherlenko, un officier de santé environnementale d'Alberta Health, a expliqué à Craft dans un courriel, "la compagnie a immédiatement cessé de faire des livraison d'eau potable au public."
En quelques jours, la compagnie a refait une application et a reçu un permis pour livrer de l'eau potable.
"Vous vous moquez de moi?" pensa Craft. Elle croit toujours que la livraison devrait avoir été considérée comme un déversement toxique en Alberta et rapporté correctement par les services de santé Alberta Health Services.
Entre-temps, Breeann Barry d'Alberta Environment and Sustainable Resource Development a finalement fait le suivi sur la plainte originale de Craft sur les changements dans son eau de puits et des substances étranges qui suintaient du sol.
Le 4 juillet 2013, trois semaines après la livraison d'eau toxique, l'officier de protection de l'environnement a ordonné à Quicksilver Resources de revoir toutes ses activités de forage incluant les produits chimiques utilisés durant les fracturations hydrauliques de tous les puits de CBM complétés en dedans d'un rayon de 2 kilomètres de la ferme de Craft, ainsi "qu'une évaluation hydrogéologique complète de la région du sujet."
Çà, c'est une étude coûteuse qui examine comment l'eau souterraine se déplace au travers du roc et comment sa qualité peut varier ou être impactée par les activités industrielles.
À ce moment-là, Brent, le fils de Craft qui travaille pour l'industrie, dit: "Merde. Quelqu'un au gouvernement fait sa job et prend çà sérieusement."
Changement de l'objectif de l'étude
Mais ce n'est pas ce qui est arrivé. Le rapport final ne contenait pas d'information sur les 4 puits de CBM forés au nord de la résidence de Craft. Il n'a pas révélé d'information sur les fluides de fracturations non plus.
En effet, le gouvernement et Quicksilver se sont entendus ensembles pour altérer complètement l'objectif de l'étude. Elle se portait maintenant sur seulement un puits CBM à 800 mètres de distance foré en 2006. Craft n'a jamais songé que ce puits en particulier avait rien à voir avec l'évènement sismique.
Plus tard, le gouvernement a expliqué dans un courriel envoyé à Brent qu'il avait changé l'intention de l'étude après avoir parlé avec Quicksilver. De plus, il n'y avait "aucune intention de prendre des prélèvements d'eau du puits d'eau potable pour mesurer les gaz" comme le méthane. Le gouvernement ne fera pas non plus d'étude hydrogéologique.
L'étude tronquée arrivait à la conclusion qu'il n'y avait pas de problèmes. Le gouvernement a fermé le dossier encore une fois.
Depuis ce temps-là, Craft téléphone et se bat avec le gouvernement pour obtenir une enquête adéquate sur le soulèvement de la maison mobile ainsi que la livraison d'eau toxique dans sa citerne.
Deux séries de tests des sols à sa pompe de système sceptique ont trouvé des sols contenant des hydrocarbures volatils dont du benzène à des concentrations bien au-delà des normes d'assainissement des sols et de l'eau souterraine de l'Alberta.
Des rapports de Nichols Environmental indiquent "qu'une quantité substantielle d'eau contaminée a migré de la citerne d'eau potable de Craft et au travers de la résidence de Craft et le système septique."
Pourtant, jusqu'à date, le gouvernement n'a pas fait de réhabilitation pour nettoyer la contamination, comme l'exige la loi.
L'Alberta Energy Regulator dit qu'ils ont fermé le dossier de Craft et que la livraison d'eau toxique et la contamination de sa maison ne sont pas "sous la juridiction de AER."
Peter Murchland, un porte-parole pour le régulateur ajoute dans un courriel que "les séries de séismes sont observées dans certaines régions où il y a une augmentation d'activités pétrolières. L'agence Alberta Geological Survey fait enquête sur la cause de ces séries de séismes."
Craft décrit maintenant la réponse du gouvernement sur les deux évènements comme étant pathétique et ahurissante. "Ils ont passé 20 minutes sur le terrain en 2012. Ils n'avaient pas une once d'inquiétude. Je ne suis pas l'ennemie. Je fais partie de l'environnement, comme n'importe quelle personne de l'Alberta. Et c'est pour nous protéger que le gouvernement de l'Alberta existe. Je veux seulement que le gouvernement fasse sa job."
Bref feu d'artifice dans la législature
Au mois de mai passé, son histoire a déclenché un bref débat animé en législature de l'Alberta.
Rodney Fox, un membre de l'assemblée législative du Wildrose de Lacombe-Ponoka, a demandé pourquoi, après des douzaines de lettres et de coups de téléphone, est-ce que Craft n'avait toujours pas de réponse satisfaisante du gouvernement.
"Vu que le gouvernement a laissé les appels et les lettres d'Ann sans réponses pendant deux ans et demi et vu que cette question de droits de propriété, de protection environnementale, et bien franchement, une préoccupation sérieuse de santé publique, est-ce que les ministres comprennent pourquoi les Albertains ont complètement perdu toute confiance en vous, votre gouvernement, et en l'Alberta Energy Regulator?" demanda Fox.
Robin Campbell, alors ministre de l'Environnement et Sustainable Resource Development, a répondu agressivement à l'attaque.
"Je suis grandement offensé par ce que dit le membre de l'opposition quand il dit que nous ne retournons pas les coups de téléphone et ne répondons pas aux lettres. Les gens de notre département sont très consciencieux et se soucient beaucoup pour l'environnement, et sont très conscients du travail qu'ils effectuent. Je vous dirais que si une lettre a été écrite ou si un appel a été fait, je vous dirais que ces coups de téléphone seraient retournés. Laissez-moi vous dire que nous ne sommes pas toujours d'accord avec les gens de l'autre bout du fil. La réponse pourrait être non, alors une personne pourrait ne pas être satisfaite. Mais je vous promets personnellement que je vais me pencher sur ce dossier et je vais parler à cette électrice."
Craft a éventuellement reçu un appel de Campbell qui lui a promis de se pencher sur son dossier et la rappeler. Campbell, toutefois, a été transféré au poste de ministre des finances.
"Je n'en ai jamais réentendu parlé."
"Je ne m’en vais pas nulle part."
À la porte de sa maison mobile, Craft a expliqué qu'elle n'est pas le genre de personne à faire des montagnes pour des riens.
"Mais je n'ai jamais fait l'expérience ou vu ce que j'ai vu ici sur mes terres. Je ne suis pas une environnementaliste, ni un géologue, ni un médecin. Mais je peux faire des liens, et je suis inquiète."
Elle défie n'importe quel politicien de l'Alberta de vivre ce qu'elle a enduré. Elle continue de transporter à la main de 40 à 50 gallons d'eau par jour comme elle l'a fait depuis 17 mois. Elle s'inquiète continuellement pour sa santé et la santé de ses animaux. Elle a le sentiment qu'elle est continuellement exposée aux résidus qui restent après la livraison de l'eau toxique dans son système de tuyauterie. Tous les jours, elle se lave dans un bol. Sa santé n'est jamais revenue à la normale. Jusqu'à date, elle a accumulé presque $60,000 de dettes et perdu 5 animaux.
Maintenant que l'hiver est arrivé, elle vit maintenant dans un établi de métal à cause de la contamination de sa maison mobile. "L'ironie est que je tente de trouver une maison pour les gens à tous les jours."
Elle a entamé une poursuite de $850,000 contre la compagnie de camionnage qui a fait la livraison de brute sulfureux au lieu d'eau potable dans sa citerne. Mais qu'est-ce qui la dérange le plus, c'est l'irresponsabilité du gouvernement.
"Si comme Albertains nous ne nous soucions pas de ce que nous infligeons entre nous, où en sommes-nous? Je ne suis pas une écolo. Mais il doit y avoir de la redevabilité."
Après une pause, elle dit: "Si ma terre bouge, qu'est-ce qui se passe sous terre? ... Je ne m'en vais pas, tant que ceci n'est pas réglé proprement."
Une lettre récente envoyée au Premier Ministre Jim Prentice lui demandait de l'aide. Elle a été répondue par Kyle Fawcet, le nouveau ministre de l'environnement de la province le 13 novembre.
Craft la qualifie d'une autre lettre de rupture. Elle en a une collection. La réponse de Fawcett insiste auprès de Craft que "l'exigence du régulateur de faire l'assainissement de la contamination environnementale sur votre propriété est une priorité."
Craft attend toujours une vraie réponse du Premier Ministre.
"Je me suis couchée il y a 2 ans et mon monde allait bien. Et quand je me suis réveillée, le cauchemar s'était produit. Et cela s'est accéléré à un point que c'est ahurissant de voir un état élu par le peuple et payé par nos taxes pour nous protéger. Les mots ne peuvent vraiment pas décrire comment tout ceci est honteux."
L'eau toxique livrée "par erreur" chez Ann - toxic water delivered by mistake
Personal comment: I have no reason to believe that if the fossil fuel industry makes deeper roots here in Quebec, it would act otherwise. Everywhere on the Planet, contamination problems, government corruption, victim intimidation, or worse, cases when victims' silence was bought out, power abuse and human rights violations can be found on every continent. Above, I translated Ann's story, but she is only one amongst many that have gone through similar nightmares.
The Nightmare of Ann Craft: Fracked, then Poisoned
Albertan says drilling buckled her property. Then the real misery started.
By Andrew Nikiforuk, Yesterday, TheTyee.ca
Ann Craft is a self-described strong willed and caring Irish woman who has been selling real estate in Central Alberta for 19 years.
But now she is getting rather upset.
"I'm more than pissed off. I'm appalled."
Appalled, she says, by the two-year fracking horror story she has lived through. And the consistent failure, she charges, of Alberta's regulatory bodies including Alberta Environment, Alberta Health Services and the Alberta Energy Regulator to do their respective jobs.
"It's mind-boggling."
For two years now Craft has been involved in a fight with the Alberta government over the structural damage to her property along with the appearance of strange substances on her land and dug-out along with changes to her well water due to oil and gas activity.
In addition, a private water hauler delivered a batch of toxic water to her cistern instead of potable water. Craft then bathed in it.
Her unexpected ordeal began in Feb. 2012. That's when something seismic happened to her 80-acre dream property, which included a mobile home, a shop, a barn, several outbuildings and several dogs, horses, goats and donkeys.
Ever since then, things have gone bad to worse.
"Look, I drive 60,000 kilometres a year selling properties all over rural Alberta. I have a critical eye. And now, the topography of my land is changing," says the 60-year-old businesswoman. "It's not normal what is happening here."
"I'm lucky I'm not dead," she adds.
Ann Craft is not kidding.
First came what Craft describes as "the bouncing" or "the event." In early Feb. 2012, something lifted up her covered deck and steps attached to 1999 mobile house and split all the wood reinforcing it. The deck hopped twice as she climbed up the steps.
Days later she noticed cracks in the ground as well as cracks in the cement floor of a metal covered shop. She also found buckled metal siding on a hay shelter.
Dumbfounded, Craft had no idea what moved the ground beneath her house.
But she strongly suspects that the uplift of her property was related to the fracking of four shallow coal bed methane wells just north of property by Quicksilver Resources in January and February of that year.
Months later strange liquids starting coming out of the ground, including something that resembled drilling fluid as well as a white powder. She also found small sand dollar-like discs in frozen water on her dugout.
Representatives from Albertan Environment and Quicksilver Resources finally visited Craft's property on March 21 to check things out and deal with her complaint. Craft let them know that she was concerned about long term structural damage to her buildings.
After Craft showed them the split beams and damaged buildings along with photographs, the representatives looked at the woman.
"Well, it was probably an earthquake or an anomaly," offered the Alberta Environment official.
Craft thought to herself that earthquakes shook things sideways. "This event lifted stuff up."
The government representative said she would check the records. She later phoned Craft and said all the local oil and gas activity checked out just fine. She added that she lived in rural Alberta and that wood splits in the country.
The representative then told Craft that "It's human nature to make things up."
What the hell does that mean, thought Craft. Does the government think I'm making all of this up? "I guess our conversation is over," replied Craft.
Fracking and earthquakes
But hydraulic fracturing can indeed make the earth move and in unpredictable ways.
The technology, which injects highly pressurized volumes of water, sand, gas or chemicals into shallow and deep formations, has caused small earthquakes in British Columbia, England and Oklahoma.
Last year, the controversial technology also triggered hundreds of small quakes in Ohio when frackers hit an unknown fault line.
In 2013, the Canadian Society of Exploration Geophysicists also admitted that hydraulic fracturing can cause unintended small earthquakes. Fracking can create "new fractures and interaction with pre-existing fractures" that results in industry-made tremors.
In addition, fractures have travelled out of zone, bounced around and even connected and exploded up other oil and gas wells as far away as 1.2 kilometres. There have been more than 30 such incidents in Alberta and British Columbia.
Alberta landowners near Cochrane and Peace River have reported several abnormal seismic events near oil fracking operations that have broken windows and cracked foundations.
In early November, scientists reported that injection wells that pump wastewater deep in the ground have probably triggered small quakes in Alberta including several near Ponoka, Alberta.
Although the provincial scientists consider the risk of oil and gas activity triggering a damaging quake low, a 2014 report added this critical qualifier:
"However, if it becomes necessary to verify or refute a definitive causal correlation, it would be hard to do so with the currently available data. In the areas of concern, more work is needed to expand the array of seismic stations to precisely detect the epicenter and hypocenters of an earthquake."
In any case, the province did not offer to conduct any seismic investigation into the anomaly that rocked Craft's property.
Oozing substance
After the March meeting, Quicksilver, a Houston-based company, wrote a letter to Craft saying it was confident that its operations "did not affect the integrity of any of your buildings" and that it considered the fracking of coal seams "to be a safe activity."
But fracking 500-metre-deep coal seams remains a problematic and uncertain activity. Containing fracks in coal seams is never assured, and the practice has resulted in scores of complaints about methane contamination of water wells or water bodies in Alberta, Colorado, New Mexico, Australia and Alabama.
Unlike many other oil and gas formations, coals are very complex, highly layered, well fractured and typically contain water or connect to aquifers. Coal seams lie much shallower in the ground than shale formations and closer to groundwater too. In 2009, Halliburton, the big U.S. fracking service company, pointedly admitted that "The complexity of CBM fracs exceeds current modelling capabilities."
But then things got worse for Ann Craft.
A year after the strange bouncing events and the fracking of four shallow CBM wells north her property, Craft started to get sick. Most of her animals seemed unwell too.
That spring she found bizarre unexplainable substances oozing through the ground on her property and more cracking on the buildings.
While checking the water tank for the horses, she discovered that a year-old Styrofoam float had partly disintegrated. The water came from her domestic well.
"Do you know what eats Styrofoam?" Craft asked Alberta Environment officials. "Light chemicals do. How did that happen?" She says she got no answer. (Acetone and diesel, which melt Styrofoam, are common chemicals used in hydraulic fracturing.)
Sickened and burned
In May 2013 Craft's son Brent, an overseas oil and gas driller, dropped by the farm to help out. After he took two showers, he says that his skin was on fire. "I work with bad water all the time and this water was unclean." He told his mother to stop using it.
The next day they installed a plastic 1,750-gallon tank in the shop to bypass the water well. A truck delivered clean water. For the next month Craft says that she and her animals started to feel better.
But on June 27, 2013, Doug's Tank Truck Service of Stettler Alberta delivered what industry calls "produced water" or dirty waste from oil and gas activity. In this case the contaminated water included a flush from a sour crude pipeline.
(For every barrel of oil that industry extracts, it also pumps up about three barrels of "produced water" or highly toxic wastewater that is mostly injected back into the ground.)
Even by industry standards produced water makes a nasty brew: it typically contains salts, heavy metals, radioactive particles, oil, hydrocarbons, dissolved gases, H2S, biocides, corrosion inhibitors and emulsion breakers.
Before Doug's Tank Truck Service recognized the mistake, Craft showered, washed her face, shaved her legs and brushed her teeth in what Material Data Safety Sheets later described as sour crude oil containing carcinogens as well as a corrosion inhibitor that released ammonia when heated. All "may cause central nervous system effects" and skin irritation.
Almost immediately her face started to burn. Red blotches appeared on her head and legs. "It was embarrassing. I never had skin problems." Days later, new symptoms appeared and her left eye swelled up." Pictures show that Craft looked like she was wearing some kind of monster Halloween mask.
After the delivery of the sour crude to her water tank, several of her horses and donkey's lost their hair. Her biggest dog, Hank, developed a calcified nose that looks to this day badly burned.
Craft now frankly calls the whole affair "a shit show."
According to a July 10, 2014 letter later written by Dr. Deena Hinshaw, Medical Officer of Health for central Alberta, Craft ended up in the hospital weeks later with severe abdominal pain and diarrhea. She was almost in a convulsive state.
Since then she has made more than 30 trips to the doctor or the hospital over continued ill health. All health providers familiar with her case admit that her symptoms are consistent with repeated exposure to hydrocarbons.
'Lucky I didn't die'
After the toxic water delivery, Craft moved out of her contaminated house due to the sour smell and lived in a rig shack as interim housing.
As she battled with insurers and the government, one thought overwhelmed her: "How does one deliver sour crude produced water to a home and not know it?" (Another landowner also received a toxic water delivery but was notified of the mistake before he used it.)
"They are lucky I didn't die."
She later discovered that the truck hauler did not even have a food permit for delivering fresh water. There was no fine because as Mel Cherlenko, an environmental health officer with Alberta Health, explained to Craft in an email, "the company immediately ceased delivery of potable water to the public."
In a matter of days the company reapplied and got a permit to deliver potable water.
"Are you kidding me?" thought Craft. She still thinks the delivery should have been treated as a toxic release in Alberta and properly reported by Alberta Health Services.
Meanwhile, Breeann Barry of Alberta Environment and Sustainable Resource Development finally followed up on Craft's original complaint about changes to her well water and strange substances leeching out of the ground.
On July 4, 2013, three weeks after the toxic water delivery, the environmental protection officer ordered Quicksilver Resources to review its drilling activities including chemicals used in fracking for all completed CBM wells within a two km radius of Craft's farm, along with "complete a hydrogeological evaluation of the subject area."
That's an expensive study that looks at how groundwater moves through rocks and how its quality may vary or be impacted by industrial activity.
At that point Craft's son Brent, who works in the industry, said, "Holy shit. Someone is doing their job in the government and taking this issue seriously."
Focus of study changed
But that's not what happened. The final report contained no information on the four CBM wells drilled north of Craft's home. If disclosed no information on frack fluids either.
In fact, the government and Quicksilver jointly agreed to alter the entire focus of the study. It now included only one CBM well 800 metres away that had been drilled in 2006. Craft never suspected that particular well had anything to do with the seismic event.
The government later explained in an email to Brent that they had changed the intent of the study after talks with Quicksilver. In addition, there was "no plan to sample the water well for gases" such as methane. Nor was the government going to perform any hydrogeological study.
The truncated study concluded that there were no problems. The government closed the case again.
Since then Craft has been phoning and battling with government to get a proper investigation on the uplift of her mobile home as well as the delivery of toxic water to her cistern.
Two rounds of soil testing at her septic system pump out found soil containing volatile hydrocarbons including benzene way beyond Alberta soil and groundwater remediation guidelines.
Reports by Nichols Environmental indicate that a "substantial amount of contaminated water travelled from the Craft potable water tank and through the Craft residence and septic system."
Yet to date, the government has not cleaned up the contamination as required by law.
The Alberta Energy Regulator says they have closed Craft's case and that the delivery of toxic produced water and contamination of her home was not "under AER jurisdiction."
Peter Murchland, a spokesperson for the regulator added in an email, that "Clusters of earthquakes are being observed in some areas of increased oilfield activity. The Alberta Geological Survey is investigating the cause of these clusters."
Craft now describes the government response to both events as pathetic and appalling. "They spent 20 minutes out here in 2012. There wasn't an ounce of concern. I'm not the enemy. I am part of the environment as any Albertan. And that's what the government is there to protect. I just want the government to do its job."
Brief fireworks in the legislature
Last May, her story sparked a brief but heated debate in the Alberta legislature.
Rodney Fox, a Wildrose MLA representing Lacombe-Ponoka, asked why, after dozens of letters and phone calls, Craft had no satisfaction from the government.
"Given that the government has allowed Ann's calls and letters to go unanswered for two and a half years and given this issue of property rights, environmental protection, and, quite frankly, a serious public health concern, do the ministers understand why Albertans have completely lost confidence in you, your government, and in the new Alberta Energy Regulator?" asked MLA Fox.
Robin Campbell, then minister of Environment and Sustainable Resource Development, replied angrily to the charge.
"I take great offence to the member opposite saying that we don't return letters or answer phone calls. The people in our department are very conscious about the environment, and they're very conscious about the work they do. I will say to you that if a letter was written or if a phone call was made, I would say that those phone calls would be returned. Let me say that we don't always agree with the people on the other end of the phone. The answer might be no, so that person may not be happy. But I will commit personally that I will deal with this issue, and I will talk to that constituent."
Craft eventually got a call from Campbell, who promised to look into the matter and get back to her. Campbell, however, got reassigned as finance minister.
"I never did hear from him again."
'I'm not going away'
Outside her mobile home, Craft explains that she is not the kind of person to make mountains out of molehills.
"But I've never experienced or seen what I've seen here on my land. I'm not an environmentalist, geologist or doctor. But I can connect the dots and I'm concerned."
She dares an Alberta politician to live what she has endured. She continues to hand-haul 40 to 50 gallons of water a day as she has done for 17 months. She chronically worries about the health of her animals and herself. She feels she's been continuously exposed to residue from the toxic water delivery in her plumbing system. Every day she bathes in a fruit bowl. Her health has not returned to normal. To date she has accumulated nearly $60,000 debt and lost five animals.
With the snow flying, she now lives in a metal-clad shop building because of the contamination in her mobile home. "The irony here is that I try to find a home for people every day."
She has launched a $850,000 lawsuit against the trucking company that delivered sour crude instead of potable water to her cistern. But what bothers her most is the government's unaccountability.
"If as Albertans we can't care about what we do to each other, where are we? I'm not a tree hugger. But there has to be accountability."
She pauses: "If my land is moving what is happening underneath it? ... I'm not going away, till this handled properly."
A recent letter to Alberta Premier Jim Prentice asked for help. It was answered by Kyle Fawcet, the province's new environment minister on Nov. 13.
Craft calls it another Dear John letter. She has a collection. Fawcet's reply assured Craft that "the regulatory requirement to remediate the environmental contamination on your property is a priority."
Craft is still waiting a genuine reply from the premier.
"I went to bed two years ago and my world was okay. When I awoke, the nightmare happened. And it was accelerated to an almost mind-boggling state by the people that we elect and pay our taxes to protect us. Words can not really describe the shamefulness of this." [Tyee]
Link: http://thetyee.ca/News/2014/12/04/Nightmare-of-Ann-Craft/
Les brûlures sur ses jambes - leg burns:
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