Tuesday, November 3, 2015
Énergie Est - Feu vert aux relevés sismiques dans le Saint-Laurent
Texte publié dans Le Devoir du 3 novembre 2015 |Alexandre Shields
Le gouvernement Couillard vient d’autoriser TransCanada à réaliser des relevés sismiques en plein coeur du fleuve Saint-Laurent, a appris Le Devoir. La pétrolière a aussi obtenu le droit de mener des relevés à l’aide d’explosifs, et ce, dans une zone marécageuse située à la limite d’une importante réserve naturelle dont la protection est pourtant reconnue par Québec.
Avant même le début de l’évaluation environnementale du controversé projet de pipeline d’exportation, le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques vient en effet d’émettre un « certificat d’autorisation » pour des travaux prévus directement dans le fleuve Saint-Laurent, en amont de Québec.
Ces « travaux préliminaires » à la construction d’Énergie Est seront menés entre Saint-Augustin-de-Desmaures, sur la rive nord, et Lévis, sur la rive sud. C’est à cet endroit que le tuyau doit traverser le fleuve, et ce, sur une distance de plus de 3,5 kilomètres. Une telle traversée, jugée « à haut risque » par une firme d’experts mandatée l’an dernier par TransCanada, n’a jamais été tentée.
Le pipeline chargé de pétrole des sables bitumineux doit, en partant de la rive nord, traverser la réserve naturelle des Battures-de-Saint-Augustin-de-Desmaures. Ces battures, qui comptent des marais et des herbiers bénéficiant d’une protection reconnue, s’étendent sur plusieurs kilomètres en bordure du fleuve, de Cap-Rouge à Neuville. On y retrouve une biodiversité particulièrement riche. Plus de 200 espèces d’oiseaux fréquentent le secteur, mais aussi des espèces de vertébrés et de plantes considérées comme « menacées » en vertu des lois provinciales et fédérales. Trois espèces de plantes sont endémiques, c’est-à-dire qu’on ne les retrouve nulle part ailleurs dans le monde.
Le gouvernement Couillard a approuvé la réalisation de relevés sismiques dans ce secteur. Selon les termes du certificat d’autorisation, TransCanada peut mener « les relevés sismiques dans le marécage riverain de la rive nord » à l’aide de « charges explosives ». La pétrolière pourra aussi débroussailler une bande de végétation de 375 mètres carrés pour réaliser ses travaux industriels.
L’entreprise albertaine doit toutefois respecter « une zone tampon » de 20 mètres entre les relevés sismiques et la réserve naturelle des Battures-de-Saint-Augustin-de-Desmaures. TransCanada doit également « éviter les perturbations anticipées sur les espèces floristiques d’intérêt pour la conservation » en mettant en place des « mesures d’atténuation ». Québec demande aussi que soient restaurées les « zones perturbées » après les travaux, et ce, pour leur rendre « leur état d’origine ».
Avant le 30 novembre
Le ministère de l’Environnement du Québec permet également à la pétrolière de mener des « relevés sismiques » directement dans le fleuve Saint-Laurent. Pour cela, la multinationale peut utiliser des « canons à air », soit la même technologie que celle employée à Cacouna l’an dernier.
TransCanada doit vérifier si les relevés entraînent des mortalités de poissons dans le secteur et avertir le ministère de la Faune si de telles mortalités sont constatées. L’entreprise doit aussi « aviser les responsables de l’usine de filtration de Québec (Sainte-Foy) au moins 48 heures avant le début des travaux ».
Il faut rappeler que plus tôt cette année, le gouvernement du Québec avait accordé des permis à TransCanada afin qu’elle mène elle-même des études fauniques en vue d’obtenir le feu vert pour la réalisation de ses propres travaux préliminaires. Un inventaire faunique a d’ailleurs été « effectué par TransCanada » dans le fleuve Saint-Laurent, dans le secteur de Saint-Augustin-de-Desmaures.
Le certificat d’autorisation émis le 23 octobre précise par ailleurs que les travaux doivent être menés à terme avant le 30 novembre 2015. Le porte-parole de TransCanada, Tim Duboyce, a toutefois précisé lundi que l’échéancier des travaux n’était pas encore défini. Il a souligné que la conclusion des travaux préliminaires dans le Saint-Laurent n’était pas nécessaire avant le dépôt du projet final. Celui-ci doit être déposé d’ici la fin de 2015. On devrait alors savoir si la pétrolière souhaite toujours construire un port pétrolier d’exportation au Québec.
Une fois que le tracé définitif du pipeline Énergie Est sera connu, le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement du Québec (BAPE) mènera une enquête et une audience publique sur la portion québécoise du projet. Le BAPE devra toutefois mener ses travaux sans avoir obtenu d’étude d’impact portant sur le plus important projet de pipeline en développement en Amérique du Nord.
En effet, TransCanada a toujours refusé de transmettre un « avis de projet » au gouvernement du Québec. En vertu de la procédure habituelle pour un tel projet industriel, la pétrolière aurait dû transmettre un avis au ministère de l’Environnement. Normalement, c’est seulement à partir de ce moment qu’une étude d’impact est exigée au promoteur. Le ministre David Heurtel a néanmoins mandaté le BAPE en juin, mais sans avoir obtenu d’étude portant sur les impacts du projet. On ignore donc la nature des impacts de ce pipeline qui traversera 641 cours d’eau au Québec, mais aussi des municipalités et des zones agricoles.
Soirées de TransCanada
Après avoir refusé de participer aux audiences de la Communauté métropolitaine de Montréal sur le projet Énergie Est, TransCanada entend mener ses propres « soirées » d’information au cours des prochaines semaines, a constaté Le Devoir.
Un total de huit « soirées de type portes ouvertes » sont prévues d’ici le 16 décembre afin de « discuter » avec les experts de la pétrolière des questions de « sécurité » du projet. Selon M. Duboyce, ces événements doivent permettre de répondre aux questions du public.
La première rencontre organisée par la pétrolière avait lieu lundi soir à Saint-Honoré-de-Témiscouata, dans le Bas-Saint-Laurent. D’autres soirées sont prévues, notamment à Saint-Augustin-de-Desmaures, à Trois-Rivières, à Lévis, à Mirabel, à Rigaud et à Terrebonne.
Avec le transport de plus de 1,1 million de barils par jour dès 2020, Énergie Est fera du Québec un élément clé dans l’exportation du pétrole albertain. Plus du tiers de la production des sables bitumineux passera en sol québécois d’ici cinq ans. TransCanada a un total de 28 lobbyistes inscrits au registre québécois.
Lien: http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/454209/energie-est-feu-vert-aux-releves-sismiques-dans-le-saint-laurent
Photo: TransCanada sur le Saint-Laurent ce matin vers 11 heures, heure locale, près de Saint-Augustin-de-Desmaures, courtoisie Claudie Tremblay - TransCanada on the St.Lawrence this morning, at about 11AM local time.
Energy East - Green Light for seismic surveying in the St.Lawrence
My translation of above article:
The Couillard government just authorized TransCanada to do seismic surveying right in the heart of the St. Lawrence River learned Le Devoir. The oil company is also permitted to do surveying with the use of explosives in marshland just near the borderline with an important wildlife preserve even thought its protection is recognized by Quebec.
Even before the beginning of the environmental assessment of the controversial exportation pipeline project, the environment ministry just issued an "authorisation certificate" for work planned to be done directly in the St. Lawrence River just upriver from Quebec City.
This preliminary work to the construction of Energy East will be done between Saint-Augustin-de-Desmaures, on the North shore, and Lévis, on the South shore. It is here that the pipeline should cross the river, spanning more than 3.5 kilometers. Such a crossing, qualified as "at high risk" by a firm of experts hired last year by TransCanada, has never been attempted before.
The pipeline full of oil from the tar sands must cross the wildlife preserve of the Battures-de-Saint-Augustin-de-Desmaures, from the North shore. These officially protected marshlands go for many kilometres along the River, from Cap-Rouge to Neuville. A particularly rich biodiversity can be found there. More than 200 species of birds can be found there, and vertebrate species and plants considered "threatened" as per provincial and federal laws. Three species of plants are endemic, and cannot be found anywhere else in the world.
The Couillard government approved the realisation of the seismic surveys in this sector. As per the terms of the authorisation certificate, TransCanada can do "seismic surveying in the marshlands of the North shore" with the use of "explosive charges". The oil company will also be able to slash the vegetation on 375 square meters to accomplish its industrial work.
The Alberta company must respect a "buffer zone" of 20 meters between the seismic surveying and the wildlife preserve of the Battures-de-Saint-Augustin-de-Desmaures. TransCanada must also "avoid anticipated disruption on flora species of conservation interest" by using "mitigation measures". Quebec also asks that the "disrupted zones" be restored after the work to bring them back to their "original state".
Before November 30
The Quebec Environment Ministry also lets the oil company to do "seismic surveys" directly in the St. Lawrence River. To do that, the multinational can use "air cannons", the same technology as the one used at Cacouna last year.
TransCanada must check if this surveying will cause fish mortality in the sector and warn the Fauna Ministry if such mortality does occur. The company must also "advise the people responsible for the filtration plant of Quebec City (Sainte-Foy) at least 48 hours in advance."
One must remember that earlier this year, the Quebec government had given out permits to TransCanada so it could do its own fauna studies with the goal to get the green light to do its own preliminary work. A fauna inventory was indeed "done by TransCanada" in the St. Lawrence River in the Saint-Augustin-de-Desmaures sector.
The authorization certificate given out last October 23 mentions that the work must be done before November 30 2015. The TransCanada spokesperson, Tim Duboyce, did mention Monday that the deadline for the work was not determined yet. He specified that the conclusion of the preliminary work in the St. Lawrence was not necessary before the presentation of the final project. That should be presented by the end of 2015. We then should know if the oil company still wishes to build an oil port for export in Quebec.
Once the definitive path of the Energy East pipeline will be known, the BAPE (provincial environmental public hearings body) will do an inquiry and a public hearing for the Quebec portion of the project. The BAPE will have to do this without having received an impact study on the biggest pipeline project currently planned in North America right now.
Indeed, TransCanada is still refusing to send a "notice of project" to the Quebec government. As per the usual procedure for such an industrial project, the oil company should have sent a notice to the Environment ministry. Usually, it is only then that an impact study is required from the promoter. Minister David Heurtel launched a BAPE anyway in June without having received any study on the impacts of the project. Thus, we do not know the nature of the impacts of this pipeline that will cross 641 watercourses in Quebec and also many municipalities and agricultural areas.
TransCanada evenings
After having refused to participate to the Montreal Metropolitan Community hearings on the Energy East project, TransCanada intends to organize its own information "evenings" during the next few weeks, Le Devoir has found out.
A total of eight "open door evenings" are planned between now and December 16 so to "discuss" with the company's experts about the "security" questions of the project. As per Mr Duboyce, these events will allow time to answer the public's questions.
The first evening organized by the oil company happened last Monday night in Saint-Honoré-de-Témiscouata, in the Bas-Saint-Laurent. Other evenings are planned, like in Saint-Augustin-de-Desmaures, in Three-Rivers, in Lévis, in Mirabel, in Rigaud and in Terrebonne.
Thanks to the transportation of more than 1.1 million of barrels per day as soon as 2020, Energy East will make of Quebec a key element of the exportation of Alberta oil. More than a third of the production coming out of the tar sands will pass through Quebec as soon as 5 years from now. TransCanada has a total of 28 lobbyists registered in the Quebec register.
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