Friends of the Richelieu. A river. A passion.



"Tout cedit pays est fort uny, remply de forests, vignes & noyers. Aucuns Chrestiens n'estoient encores parvenus jusques en cedit lieu, que nous, qui eusmes assez de peine à monter le riviere à la rame. " Samuel de Champlain


"All this region is very level and full of forests, vines and butternut trees. No Christian has ever visited this land and we had all the misery of the world trying to paddle the river upstream." Samuel de Champlain

Friday, November 19, 2010

Un monde sans oiseaux


Quels sont les liens entre les rivières, les insectes et les oiseaux? Plusieurs pourraient être surpris d'apprendre que beaucoup d'insectes vivent des stages de leur développement sous l'eau et font partie dès lors de la chaîne alimentaire aquatique dès sa base. D'autres insectes dans leur stage de développement larvaire sur terre ferme, nourissent déjà beaucoup d'oiseaux, même ceux qui mangent surtout des graines, car même ces espèces-là nourissent leurs oisillons d'insectes et leurs larves. Une fois en plein vol, beaucoup d'insectes se font manger par les oiseaux, ou par d'autres insectes qui ceux-là deviennent de la nourriture pour les oiseaux à leur tour. Voici la traduction d'un plaidoyer pour les oiseaux dans un grand quotidien britannique.

Kate Ravilious est certain que les pesticides sont coupables de la disparition de bons nombres d'oiseaux, et nous devons agir maintenant avant qu'il ne soit trop tard. Il se rappelle de son enfance quand le ciel était remplit d'oiseaux qui attrapaient des insectes en plein vol. Maintenant, de son potager et son verger, il les cherche avec ses lunettes d'approche. Il doit polléniser ses framboises à la main. Auparavant, les abeilles, les guêpes, les mouches et les papillons auraient cet tâche à sa place. Même les grandes récoltes se fient sur les ruches pleines d'abeilles que des camions transportent d'un site à un autre.

Cela fait presque 50 ans que Rachel Carson a écrit Silent Spring, le livre qui nous a averti des dommages environnementaux causés par le DDT. Aujourd'hui, l'usage du DDT est interdit, mais nous ne semblons pas avoir compris le message de base.

Selon Henk Tennekes, un chercheur scientifique au Experimental Toxicology Services à Zutphen, dans les Pays-Bas, la menace du DDT est maintenant remplacée par une nouvelle catégorie d'insecticides, les néonicotinoïdes. Dans son livre "The Systemic Insecticides: A Disaster in the Making" sorti ce mois-ci (novembre 2010), Tennekes fait tous les liens qui démontrent que les néonicotinoïdes sont à la source d'une catastrophe chez les insectes, ce qui a un impact considérable sur bien des oiseaux. Déjà, dans bien des régions, il y a beaucoup moins d'oiseaux qu'il y en a déjà eu. Partout en Europe, plusieurs espèces d'oiseaux ont vu leur population diminuer considérablement: des espèces communes, ainsi que des oiseaux des forêts, des milieux agricoles, elles sont toutes touchées.

Les ornithologues essaient désespérément de déterminer les causes de ces baisses rapides dans les populations d'oiseaux. Le développement urbain, les maisons hermétiques, même les granges mieux construites, comme les pratiques agricoles ont tous été pointés du doigt. Mais on s'explique encore mal les chutes des nombres d'oiseaux. Tennekes pense qu'il y a une réponse toute simple: "La preuve démontre que les espèces d'oiseaux qui voient leurs nombres diminuer depuis les années 1990 dépendent beaucoup des insectes pour leur nourriture". Il croit que le monde des insectes connaît de gros problèmes, et les oiseaux insectivores manquent de nourriture.

Mais qu'est-ce qui arrive à tous les insectes? Dans les années 1990s, une nouvelle classe d'insecticides apparaît sur le marché: les néonicotinoïdes. Les éleveurs d'abeilles ont été les premiers à se rendre compte du problème, parce que leurs abeilles quittaient leurs ruches et mourraient. Les premiers cas en France en 1994, mais l'épidémie a traversé l'Europe et fit son apparition aux États-Unis en 2006. Entre 2006 et 2009, le tiers des éleveurs d'abeilles ont constaté l'épidémie dans leurs colonies. À part de la perte de revenues dans leurs ventes de miel, cela inquiète à cause de notre dépendance aux abeilles pour polléniser nos récoltes: 35% des récoltes agricoles en dépendent. L'épidémie qui décime les populations d'abeilles est partout dans le monde. La Chine a même commencé à poliniser ses récoltes à la main!

On a blâmé la chute des populations d'abeilles aux téléphones cellulaires, aux récoltes OGM, aux parasites, aux infections virales et fongiques, et les pesticides, bien sûr! Le mois passé, on pensait avoir trouvé l'ultime coupable quand un groupe de scientifiques des États-Unis ont publié leur étude qui blâme la chute des populations d'abeilles à une conjoncture d'un virus et d'un champignon (fungus), mais il s'est avéré que l'auteur principal de cette étude avait reçu dans le passé un fond de recherche payé par Bayer Crop Science, l'un des plus important fabriquant d'insecticides néonicotinoïdes. Jeroen van der Sluijs de l'Université Utrecht des Pays-Bas ne doute pas de la validité de cette étude américaine, mais ajoute qu'elle ne se penche pas sur ce noeud du problème: "Les recherches précédentes avaient démontré que l'exposition aux néonicotinoïdes rend les colonies (d'abeilles) plus vulnérables aux infections fongiques et virales."

Si c'est le cas, les insecticides néonicotinoïdes pourraient être la source du problème. Mais pourquoi sont-ils donc plus dangereux que les autres insecticides? "Les néonicotinoïdes sont révolutionnaires parce qu'ils sont insérés à l'intérieur de la graine et imprègnent toute la plante parce qu'ils sont solubles dans l'eau, ce pourquoi on dit qu'ils sont systémiques. N'importe quel insecte qui se nourrit de la plante meurt" explique Tennekes. Même de petites doses peuvent être fatales. Des études récentes sur des abeilles à miel en laboratoire ont démontré que ces insecticides s'accumulent dans le système nerveux central de l'insecte, ce qui fait que même de petites doses à long terme peuvent tuer. La raison pour laquelle les néonicotinoïdes peuvent avoir un effet si efficace à long terme est dû à la façon qu'elles agissent: elles s'agrippent aux récepteurs dans le système nerveux central des insectes d'une façon irréversible. "Un insecte a une quantité limitée de ces récepteurs. Le dommage est cumulatif: à chaque exposition, un nombre plus grand de récepteurs sont bloqués jusqu'à ce que les dommages sont si grands que l'insecte ne peut plus fonctionner et meurt." explique van der Sluijs.

Et malheureusement, la nature robuste des néonicotinoïdes les permet de voyager bien au-delà des récoltes où elles se trouvent. "Les néonicotinoïdes sont solubles dans l'eau et migrent dans le sol. Elles peuvent être lessivées des sols et aboutir dans les eaux souterraines, ce que l'on a constaté dans les Pays-Bas depuis 2004. Ce qui fait que les néonicotinoïdes sont probablement absorbées par les plantes sauvages également et se retrouvent partout dans la nature de cette façon, causant des dommages irréversibles aux insectes qui n'étaient pas visés par l'usage de cet insecticide." dit Tennekes.

Plusieurs scientifiques sont maintenant d'accord pour dire qu'ils y a beaucoup de bonnes preuves pour penser que les insecticides néonicotinoïdes nuisent aux abeilles. Mais les autres insectes? Sont-ils empoissonnés de la même façon? "C'est très difficile d'en faire la preuve, mais je crois que la plupart des insectes dont les populations sont à la baisse depuis l'introduction des néonicotinoïdes dans les années 1990 le sont à cause de cet insecticide. Le problème, c'est que nous ne nous préoccupons pas vraiment des insectes, à part des abeilles parce que nous en avons besoin et des papillons parce qu'ils sont beaux. Mais les quelques espèces d'insectes que nous monitorons de près sont en diminution massive." confirme Tennekes.

Une nouvelle thèse de doctorat aide beaucoup à appuyer les affirmations de Tennekes. Cette année, Tessa van Dijk de l'Université d'Utrecht a démontré un lien prononcé entre les niveaux croissants de pollution et le déclin des insectes, et surtout les insectes volants dans des régions des Pays-Bas où les résidus de néonicotinoïdes sont en concentrations élevées.

D'autres sont d'avis que Tennekes est sur la bonne piste. "C'est une théorie plausible que les oiseaux insectivores ou qui alimentent leurs oisillons uniquement avec des insectes vont souffrir du manque d'insectes. Mais beaucoup plus de données sont nécessaires pour comprendre l'importance du rôle des néonicotinoïdes" selon van der Sluijs.

Nigel Raine, un expert des abeilles de l'Université de Londres est d'accord. "Il n'y a pas encore assez de preuves pour démontrer que les insecticides néonicotinoïdes sont inoffensifs environnementalement parlant à long terme. Mais si on peut prouver qu'ils causent le déclin des insectes, c'est raisonnable de s'attendre à la réalité d'un lien avec le déclin des espèces d'oiseaux insectivores."

D'autres pensent que ce n'est pas si simple que cela: "Le déclin des populations d'oiseaux a commencé avant l'apparition des néonicotinoïdes. Comme cela arrive souvent, le déclin des oiseaux a sûrement plusieurs causes, dont les pesticides, la perte d'habitat, etc." pense Gard Otis, un entomologiste de l'Université de Guelph en Ontario. Néammoins, cerains pays ont commencé à réagir. En 2008, les autorités allemandes, italiennes et slovaques ont banni l'usage de 2 types d'insecticides néonicotinoïdes sur le maïs. Entre-temps, la France bannit l'usage d'un insecticide néonicotinoïde utilisé sur les récoltes de graines de tournesol depuis 1999.

Mais pour Tennekes, la seule solution est l'interdiction globale: "Les néonicotinoïdes agissent comme un cancérigène chimique pour lequel il n'existe pas de niveau d'exposition sans danger. Le message est: nous devons agir rapidement et bannir ces composés pour éviter la catastrophe."

Hum! N'était-ce pas le message de Rachel Carson dans "Silent Spring"?

"None flew over the cuckoo's nest: A world without birds

Could we be facing a future without birds? Our reliance on pesticides has cut a swathe through their numbers. We must act now, argues Kate Ravilious. Scanning the sky with his binoculars, he searches carefully for any sign of movement: the steady beat of a blackbird's wings, the fluttering of a flock of starlings. It has been a week now since he saw the starlings: just four of them flitting from tree to tree, feasting on the autumn berries.

Birds are a real rarity these days. In his boyhood, he recalls, he would watch the acrobatics of entire flocks as they ducked and dived after insects. But now the skies are silent, barring the hum of the odd airplane. Turning back to his fruit and vegetable patch, he continues the laborious task of pollinating the raspberry plants by hand, gently brushing pollen onto the slender stigmas inside the flowers. In the past, bees, wasps, butterflies and flies would have done this job for him; nowadays such insects are likewise a rarity. Farmers instead resort to robot bees to pollinate their crops: tiny motors, encased in fuzzy fabric, which hover from flower to flower.

Will this bleak outlook be a reality for future generations? It is nearly 50 years since Rachel Carson wrote Silent Spring, the book that warned of environmental damage the pesticide DDT was causing. Today, DDT use is banned except in exceptional circumstances, yet we still don't seem to have taken on board Carson's fundamental message.

According to Henk Tennekes, a researcher at the Experimental Toxicology Services in Zutphen, the Netherlands, the threat of DDT has been superseded by a relatively new class of insecticide, known as the neonicotinoids. In his book The Systemic Insecticides: A Disaster in the Making, published this month (November 2010), Tennekes draws all the evidence together, to make the case that neonicotinoids are causing a catastrophe in the insect world, which is having a knock-on effect for many of our birds.

Already, in many areas, the skies are much quieter than they used to be. All over Europe, many species of bird have suffered a population crash. Spotting a house sparrow, common swift or a flock of starlings used to be unremarkable, but today they are a more of an unusual sight. Since 1977, Britain's house-sparrow population has shrunk by 68 per cent. The common swift has suffered a 41 per cent fall in numbers since 1994, and the starling 26 per cent. The story is similar for woodland birds (such as the spotted flycatcher, willow tit and wood warbler), and farmland birds (including the northern lapwing, snipe, curlew, redshank and song thrush).

Ornithologists have been trying desperately to work out what is behind these rapid declines. Urban development, hermetically sealed houses and barns, designer gardens and changing farming practices have all been blamed, but exactly why these birds have fallen from the skies is still largely unexplained. However, Tennekes thinks there may be a simple reason. "The evidence shows that the bird species suffering massive decline since the 1990s rely on insects for their diet," he says. He believes that the insect world is no longer thriving, and that birds that feed on insects are short on food.

So what has happened to all the insects? In the Nineties, a new class of insecticide – the neonicotinoids – was introduced. Beekeepers were the first people to notice a problem, as their bees began to desert their hives and die, a phenomenon known as Colony Collapse Disorder (CCD). The first cases were in France in 1994, but the epidemic quickly fanned out across Europe, and by 2006 CCD reached the US too. Between 2006 and 2009 one third of American beekeepers reported cases of colony collapse. Aside from the loss of revenue in honey sales, this is worrying news because honey bees are one of the world's most important pollinators, and 35 per cent of agricultural crops rely on pollinators.

As a service, pollination is worth an estimated £440m a year to the UK economy and a staggering $15bn (£9.3bn) to US farmers. And it isn't just the Western world that is affected: in China the lack of bees has become so serious that farmers in some regions are already resorting to pollinating their crops by hand. Controversy has swirled around the issue, with everything from mobile phones to GM crops being held to blame. The key contenders include parasites, viral and fungal infections, and insecticides.

Last month the problem appeared to have been cracked, when a group of US scientists published a paper in the online journal PLoS One which indicated that CCD was caused by the interaction between a virus, the invertebrate iridescent virus, and a fungus known as Nosema apis. But since then it has emerged that the study's lead author, Jerry Bromenshenk, has in recent years received a research grant from Bayer Crop Science (a leading manufacturer of neonicotinoid insecticides) to study bee pollination. Bromenshenk has, however, said that no Bayer funds were used in the earlier study. Jeroen van der Sluijs, of the Netherlands' Utrecht University, doesn't doubt Bromenshenk's findings, but says they don't address the key issue: "Previous research has shown that exposure to neonicotinoids makes colonies more prone to the Nosema fungus and virus infections."

If that is so, then neonicotinoid insecticides could be the root cause of the problem. But why are they so much worse than other insecticides? "Neonicotinoids are revolutionary because they are put inside seeds and permeate the whole plant because they are water-soluble (which is why they are called systemic insecticides). Any insect that feeds on the crop dies," explains Tennekes. Even small doses can kill. Recent research, carried out on honey bees in the lab, showed that these insecticides build up in the central nervous system of the insect, so that very small doses over a long time period can have a fatal effect. The reason that neonicotinoids can have such a powerful long-term effect is down to the way they work – binding irreversibly to receptors in the central nervous systems of insects. "An insect has a limited amount of such receptors. The damage is cumulative: with every exposure, more receptors are blocked, until the damage is so big that the insect cannot function any more and dies," explains van der Sluijs.

And unfortunately the robust nature of neonicotinoids means that they can travel far beyond the crops they were used to treat. "Neonicotinoids are water-soluble and mobile in soil. They can be washed out of soils and into surface and groundwater – as we've seen in the Netherlands since 2004. As a result, neonicotinoids are probably readily taken up by wild plants as well, and in this way spread throughout nature, causing irreversible damage to non-target insects," says Tennekes.

Many scientists now agree that there is strong evidence to suggest that neonicotinoid insecticides are damaging to bees. But what about the other insects? Are they being poisoned in the same way? "It is very difficult to prove, but I believe that most insects will have declined since the introduction of neonicotinoids in the 1990s. The problem is that we are not really interested in insects, apart from bees (because we need them) and butterflies (because they are pretty). However, the few insect species that we monitor closely indicate massive decline," says Tennekes.

A new PhD thesis goes some way to backing up Tennekes's claim. This year, Tessa van Dijk at Utrecht University demonstrated a strong link between increased pollution levels and a reduced presence of insects, and especially flying insects, in regions of the Netherlands where residues of neonicotinoids are high.

Others agree that Tennekes may be onto something. "It is a plausible theory that birds that feed on insects, or that feed their chicks on insects only, will suffer from insect decline. But much more data are needed to understand how big the role of neonicotinoids is," says van der Sluijs.

Nigel Raine, a bee expert from Royal Holloway, University of London, concurs. "There is not yet enough evidence to show that neonicotinoid insecticides are environmentally safe in the longer term. But if it can be proved that they are causing a decline in insects, it is reasonable to assume a link to a decline in the bird species that eat insects."

Some argue, however, that the story is unlikely to be so simple. "Bird decline started before neonicotinoids hit the scene. Like so many things, the decline of bird populations is almost certainly multifactorial, involving pesticides, habitat loss and many other variables," says Gard Otis, an entomologist at the University of Guelph in Ontario, Canada.

Nonetheless, some countries have already begun to take action. In 2008 the German, Italian and Slovenian authorities imposed a ban on the use of two types of neonicotinoid insecticides on maize. Meanwhile France has had a ban in place since 1999, on a neonicotinoid insecticide used to dress sunflower seeds.

But for Tennekes the only solution is a global ban. "Neonicotinoids act like chemical carcinogens, for which there are no safe levels of exposure. The message is that we must act quickly and ban these compounds, to avoid a catastrophe," he says.

Excerpts from article published in The Independent here:
http://www.independent.co.uk/environment/nature/none-flew-over-the-cuckoos-nest-a-world-without-birds-2134031.html

Isn't Tennekes' message the one Rachel Carson gave us in her book "Silent Spring"?

No comments:

Post a Comment