Friends of the Richelieu. A river. A passion.



"Tout cedit pays est fort uny, remply de forests, vignes & noyers. Aucuns Chrestiens n'estoient encores parvenus jusques en cedit lieu, que nous, qui eusmes assez de peine à monter le riviere à la rame. " Samuel de Champlain


"All this region is very level and full of forests, vines and butternut trees. No Christian has ever visited this land and we had all the misery of the world trying to paddle the river upstream." Samuel de Champlain

Wednesday, August 17, 2011

Gaz de schiste - les émeutes de la dignité

L'auteur du texte qui suit est Marc-André Cyr, étudiant au doctorat en science politique. Son mémoire porte sur l'histoire de la contestation sociale au Québec.

"Force est d'admettre que nos commentateurs sont souvent bien mal outillés pour saisir le sens de l'émeute. Comment, en effet, comprendre le sens de ce qui par définition semble ne pas en avoir? Comment saisir le message transmis par des événements qui se produisent précisément lorsque les mots ne suffisent plus?

Du côté des classes dirigeantes, les réponses sont le plus souvent toutes faites, et c'est sous la rubrique de l'irrationnel, de la sauvagerie et de la violence gratuite qu'on situe généralement l'émeute.

Sans chercher dans l'émeute l'expression d'une pensée sociale et politique purgée de contradictions, il faut pourtant la saisir comme une action rationnelle, un mode d'expressivité propre aux classes populaires. Il ne s'agit pas simplement de «violence aveugle»: les cibles des émeutiers en Angleterre sont trop précises et symboliquement cohérentes pour n'y voir que la manifestation d'une frénésie aléatoire.

Les attaques, comme le souligne Paul A. Gilje, qui a travaillé sur l'histoire des émeutes aux États-Unis, ne sont pas le fruit au hasard. Les émeutiers, contrairement à ce qu'on en dit, ne cassent pas «tout». C'est l'État et la société marchande, à travers les attaques aux forces de l'ordre, et la marchandise, à travers le pillage et la destruction, qui sont les cibles principales des émeutiers.

Le pillage, d'ailleurs, ne peut être réduit totalement réduit à sa dimension instrumentale ou consumériste: en banlieue de Londres comme en France, il n'est pas rare de voir ces marchandises détruites sur place, brûlées afin d'alimenter les feux ou utilisées comme matériel afin de dresser des barricades.

Les émeutes que vit présentement Londres peuvent être qualifiées, comme le fait l'anthropologue Alain Berthot, d'«émeutes de la dignité». Ces émeutes répondent à un processus logique, à un pattern. Le récit est systématiquement le même: dans un quartier pauvre à forte concentration ethnique, où les citoyens se plaignent de profilage et de stigmatisation, la police abat un jeune. L'émeute éclate généralement en quelques heures, au plus tard le lendemain, tout dépendant du temps que la rumeur prend à se répandre.

C'est à ce schéma que répondent les émeutes de Cincinnati (2001), de Kabylie (2001), de Benton Harbor (2003), d'Australie (2004-2005), de Chine (2005), de Bruxelles (2006), de France (presque à chaque année depuis 2001) et, plus près de chez nous, de Montréal-Nord (2008).

Le sens de ces émeutes est clair, limpide. Si les jeunes doivent cyniquement vivre dans des sociétés où ils sont des citoyens de seconde zone, ils refusent toutefois de mourir en silence sous les balles de la police et de l'État.

En Angleterre, ce sont les radicales compressions dans les services publics (dont la fermeture de nombreuses maisons de jeunes), de même que les hausses des frais de scolarité (qui ont presque doublé), qui expliquent cette expansion de la flambée émeutière.

Tendre l'oreille à ce cri de révolte obligerait les autorités à faire un examen de conscience hors du commun, car les problèmes mis à jour par l'émeute ne sont pas bénins, mais historiques.

Ce sont les formes mêmes de nos sociétés que l'émeute, par la destruction, remet en cause. Mais le changement ne semble pas être à l'ordre du jour. Quand les feux seront éteints et que les traces du combat auront quitté les rues, tout redeviendra «comme avant». Pour preuve, les autorités n'ont que le mot «riposte» à la bouche, comme si les émeutes étaient le fait d'étrangers ou d'ennemis de la nation."

Lien: http://www.cyberpresse.ca/opinions/201108/10/01-4424945-emeutes-de-la-dignite.php

Si les élus ne veulent pas réagir et les grands médias ne veulent pas montrer ceci:Photo: Manif à Frédéricton, au Nouveau-Brunswick, le 1 août 2011, crédit dominionpaper.ca

ni ceci:Photo: manif à Montréal, Québec, le 18 juin 2011

ni même ceci:Photo: manif à La Présentation, Québec, le 28 mai 2011

Quel message cela envoie-t-il quand ceci fait la page une jour après jour? Doit-on en conclure que la méthode dure court plus de chance de réussir à changer le système?
Photo: Les émeutes à Londres, Angleterre, août 2011, crédit: thelondonvandal.com

"Parti pris : contre la dictature financière, la révolte nécessaire: Face à la catastrophe annoncée, nous avons rendez-vous avec l'histoire. Car la crise actuelle ne résulte pas d'une inévitable fatalité économique ou d'une éphémère folie financière. Elle est la conséquence de politiques socialement criminelles, mensongères et amorales, qui, si elles ne sont pas défaites par les peuples, entraîneront nos sociétés dans une spirale de violences. Aussi est-il temps d'imposer des solutions s'attaquant à la racine du mal : réalistes parce que radicales." Edwy Plenel, Directeur de Mediapart
Lien: http://www.mediapart.fr/journal/international/100811/contre-la-dictature-financiere-la-revolte-necessaire

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