Friends of the Richelieu. A river. A passion.



"Tout cedit pays est fort uny, remply de forests, vignes & noyers. Aucuns Chrestiens n'estoient encores parvenus jusques en cedit lieu, que nous, qui eusmes assez de peine à monter le riviere à la rame. " Samuel de Champlain


"All this region is very level and full of forests, vines and butternut trees. No Christian has ever visited this land and we had all the misery of the world trying to paddle the river upstream." Samuel de Champlain

Monday, November 28, 2011

Boues municipales sur des champs agricoles: de l'engrais sûr?

Photo: Sue Dayton

Voici une traduction libre d'un article publié dans une revue et qui parle de la région d'Ottawa, où l'épandage des boues municipales, ou les restes solides après le traitement des eaux d’égouts, a soulevé tout un tollé. C'est pas drôle au Québec non plus. Voir cet article récent qui parle de la situation à Chambly et Elgin: http://monteregieweb.com/main+fr+01_300+Carignan_navait_pas_le_droit_dinterdire_lepandage_de_boues_dusines_depuration.html?JournalID=25&ArticleID=729631


Pour connaître les permis octroyés par le gouvernement du Québec pour autoriser les épandages de boues municipales, fouillez ici: http://www.registres.mddep.gouv.qc.ca/index_LQE.asp

Les champs agricoles et les boues d’égouts

Quand la Municipalité d'Ottawa a permis l'épandage des biosolides sur un champs agricole près du village de Vernon, Jim Poushinsky passa à l'action. Dix ans plus tôt, Poushinsky avait démarré le groupe citoyen "Ontario Citizens Against Pollution by Sewage", alors c'était plutôt ironique que des biosolides, la boue qui reste dans le fond des bassins de décantation après le traitement des égouts, soient épandus dans sa propre communauté. Il a écrit aux autorités, il a écrit aux médias, et il a mobilisé ses voisins, obtint 182 noms sur une pétition et 70 personnes se sont déplacées pour aller à une réunion avec des représentants de la compagnie de manutention de matières résiduelles.

La pratique d'épandre les boues municipales sur les champs agricoles, ce qui donne de l'engrais gratuit aux fermiers tout en faisant économiser les municipalités en frais d'enfouissement, est encouragée par les gouvernements de tous les niveaux. Ils disent que c'est une manne pour les fermiers, pas dangereux pour les personnes, les animaux, le sol ou l'eau. Cela n'a rien de nouveau, mais çà demeure toujours un sujet controversé.

Les boues d’égouts sont testés pour les nitrites, les nitrates, l'ammoniaque, l'azote, le phosphore et 13 métaux; le seul organisme testé est l'E.coli. Mais les excréments humains ne sont pas du fumier de bétail. La recherche démontre que certains pathogènes humains survivent le procédé de traitement de digestion anaérobique. De plus, les biosolides peuvent continuer d'être biologiquement actifs, même après que l'on tire la chaîne de la toilette. Des voisins de champs où le produit a été épandu se sont plaints de puits contaminés, des problèmes de santé (dont des niveaux élevés de métaux dans leur corps), des terrains invendables et des maladies dans leur cheptel, dont des dérangements importants dans leur cycle hormonal. Des chimiques perturbateurs endocriniens sont la principale cause de la diminution d'habitats aquatiques. Il y a aussi les contaminants dans l'air, dont l'ammoniaque concentré. Les boues peuvent aussi contenir des chimiques venant des déchets industriels, des boues de désencrage et des eaux pluviales. Elles peuvent contenir des polybromodiphényléthers et des BPC, dont la dioxine. Pourtant, des tests complets n'ont jamais été faits.

Les gouvernements citent de la recherche qui démontre aucun liens de cause à effet entre les problèmes de santé, la pollution et les boues. On se base les affirmations rassurantes sur le fait que les boues correctement incorporées au sol demeurent dans les quelques pouces de surface. Mais une étude récente menée sur une terre agricole drainée artificiellement (et beaucoup de terres agricoles autour de chez moi le sont!) près de Winchester, en Ontario, qui partage le même bassin versant que Vernon, a trouvé de l'E. coli et des bactéries enterococci à 2 mètres de profondeur. Poushinsky est d'accord avec cette étude. Il a testé des spécimens d'eau prélevés des fossés de draînage et de la rivière avant l'épandage de Vernon, après l'épandage, et quelques jours plus tard après une pluie abondante. Après l'épandage, les niveaux d'E.coli ont augmenté, mais après la pluie, ils ont explosés. Un fossé est passé de 4 parties par 100 mL avant l'épandage à 990 après la pluie. Une concentration de 200 ferme les plages à la baignade.

Les règlements, qui sont en réalité des recommandations, suggèrent des bandes riveraines le long des cours d'eau, aucun épandage dans les plaines inondables ou près des puits d'eau potable, et se tenir à plus de 450 mètres des villages. Le Ministère de l'Environnement indique que les sites sont évalués avec soin. Mais à Vernon, 2 puits abandonnés ont échappé au consultant et le site est dans une plaine inondable d'une petite rivière qui passe au beau milieu du champs. La vigilance et les protestations des résidents ont fait que la surface d'épandage a été diminiuée de moitié. Qu'arrive-t-il ailleurs si les voisins ne sont pas vigilants?

Ce qui est davantage troublant, c'est que les règlements en vigueur actuellement se voient relâchées. En ce moment, les boues fait d'excréments sont classifiées dans la "classe B" des composts, et sont manipulées comme des matières dangereuses. Mais les nouvelles normes préparées pour cette année par la province de l'Ontario se préparent à diluer les biosolides en les mélangeant avec du compost régulier, ce qui en feraient du compost de "classe A" qui n'a pas de restrictions d'usages. Ce produit pourrait être mis en sacs et vendus aux consommateurs. Il semblerait bien que d'éviter d'être exposé aux boues sera impossible.

Les cours de justice pourraient ne pas être d'accord. À Warkworth, en Ontario, un procès qui établira des précédents a été entamé. Et la municipalité d'Elgin au Québec a interdit l'épandage des biosolides. L'automne dernier, cette interdiction a été mise au défi par un fermier. Il répète que le procédé est légal et est même encouragé par le gouvernement. Mais la cour supérieure du Québec a maintenu la validité du règlement municipal d'Elgin, précisant que les experts ne s'entendent pas sur les risques potentiels de la pratique.

Entre-temps, Jim Poushingsky continue de se battre. Il dit: "Ces agences gouvernementales chargées de protéger l'environnement de l'eau de surface croient que les "recommandations" peuvent empêcher les biosolides d’égouts de polluer les rivières et les lacs sans recherche scientifique réelle nécessaire pour étudier ce qui arrive dans les faits. Ils font de la protection de la ressource en eau une vraie farce."

L'article a été écrit en anglais par Candice Vetter et a été publié dans une revue appelée "Harrowsmith Country Life" dans son édition d'août 2010.
Photo: SF Public Utilities Commission

"Farm Fields and Sewage Sludge

When the City of Ottawa allowed biosolids to be spread on a farmer's field near the village of Vernon, resident Jim Poushinsky took action. Ten years earlier, Poushinsky had started Ontario Citizens Against Pollution by Sewage, so it was ironic that biosolids, the sludge remaining in the bottom of settling ponds after human sewage is treated, was being spread in his own community. He wrote to officials, he wrote to the media, and he roused his neighbours, getting 182 names on a petition and 70 people out to a public meeting with waste management officials.

The practice of spreading municipal sewage sludge on farm fields, providing farmers with free fertilizer while saving municipalities landfill space, is promoted by governments at all levels. They say it is a boon to farmers, not dangerous to people, animals, soil or water. It's nothing new, but it remains a hot-button issue.

Sewage sludge is tested for nitrite, nitrate, ammonia, nitrogen, phosphorus, and 13 metals; the only organism tested for is E. coli. But human waste is not cattle manure. Research shows some human pathogens survive the anaerobic digestion treatment process. Moreover, biosolids are also suspected to contain estrogen steroids, flame retardants, pharmaceuticals and personal care products, all of which may still biologically active even after they've been flushed down the drain. Neighbours of spread fields have reported contaminated wells, health problems (including high levels of metals in their bodies), unsellable land, and illness in livestock including severe disruptions to hormone cycles. Hormone disrupting chemicals are a major cause of declining aquatic habitats. There are also airborne contaminants, including concentrated ammonia. Sludge can also contain chemicals from industrial waste, de-inking sludge and storm sewer run-off. It may have PBDEs and PCBs, including dioxin. Yet complete testing has never been done.

Governements quote research that shows no causative link between health complaints, pollution and sludge. The basis of the safety claim is that properly incorporated sludge will stay in the top few inches of soil. But a more recent study conducted on tiled land near Winchester, Ontario, which shares the same watershed as Vernon, found E.coli and enterococci bacteria two metres down. This research is supported by Poushinsky. He tested water samples from the drainage ditches and river before the Vernon spread after the spread, and a few days later, after heavy rain. After the spread, the E. Coli count increased, but after the rain it exploded. One ditch went from 4 parts per 100 mL before spreading to 990 after the rain. A count of 200 closes beaches.

The regulations, which are actually guidelines, suggest buffer strips along watercourses, not spreading on flood plains or near wells, and staying 450 metres from villages. The Ministry of Environement states that sites are carefully evaluated. But in Vernon, two abandoned wells were unknown to the consultant and the site is on a flood plain of a small river that cuts right through the field. The vigilance and protests of residents resulted in the spread area being cut in half. What happens elsewhere if neighbours are not vigilant?

More alarming, existing regulations are being loosened. Currently sewage sludge is considered "Class B" compost, and is treated as hazardous material. But new guidelines being drafted this year by the Province of Ontario propose to dilute biosolids by mixing them with regular compost, producing "Class A" compost, which would have no restrictions on use. It could be bagged and sold to consumers. It seems that preventing exposure to sludge is impossible.

Courts, however, may disagree. In Warkworth, Ontario, a landmark lawsuit has been launched. And the Municipality of Elgin in Quebec has banned biosolids use. Last fall that ban was challenged by a farmer. His claim stated the process was both legal and encouraged by government. But Quebec's Superior Court upheld Elgin's bylaw, noting that experts disagreed on potential risks.

Meanwhile Jim Poushingsky is still fighting. He says, "These government agencies responsible for protecting the surface water environment believe 'guidelines' can keep sewage biosolids from polluting rivers and lakes - without the need for actual research to study what in fact is happening. They make a mockery of source water protection."

Article written by Candice Vetter published in Harrowsmith Country Life magazine, August 2010 edition.

To keep updated on the sludge situation in Vernon, check out this blog: http://vernonsludge.blogspot.com/

To find out where sludge spreading permits are given out by the Quebec governement, dig in here: http://www.registres.mddep.gouv.qc.ca/index_LQE.asp

Un fermier constate que son maïs réagit mal à l'épandage de boues municipales
Photo: Doug Larson

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