Friends of the Richelieu. A river. A passion.



"Tout cedit pays est fort uny, remply de forests, vignes & noyers. Aucuns Chrestiens n'estoient encores parvenus jusques en cedit lieu, que nous, qui eusmes assez de peine à monter le riviere à la rame. " Samuel de Champlain


"All this region is very level and full of forests, vines and butternut trees. No Christian has ever visited this land and we had all the misery of the world trying to paddle the river upstream." Samuel de Champlain

Wednesday, February 29, 2012

Gaz de schiste - les problèmes ne datent pas d'hier!

Photo: Jeff McIntosh

Je me dois de traduire cet article publié dans la revue Canadian Business, écrit par Andrew Nikiforuk. La date de l'article, tenez vous bien, c'est le 14 août 2006! Cela nous donne une bonne idée des gaffes de l'industrie, du manque de rigueur de nos institutions gouvernementales, et des problèmes qui nous attendent ici au Québec si on les laisse faire.

Eau de feu

Jessica Ernst est une femme d'affaires à l'esprit combatif de l'Alberta et qui vit un problème inhabituel: elle peut allumer son eau de robinet. Pas de farces! Après avoir rempli une bouteille de boisson gazeuse en plastique, la propriétaire de Ernst Environmental Services, une compagnie de consultants bien respectée dans le milieu pétrolier, peut allumer une allumette et alllumer une flamme bleue ou jaune, vombrissement de réacteur compris. Depuis qu'elle en a fait la découverte au mois de novembre passé (2005), la scientifique en impacts environnementaux a posé bien des questions sur le développement accéléré et agressif des puits gaziers peu profond dans les sols de l'Alberta.

Ernst se trouve maintenant au coeur d'une controverse majeure autour de la ressource, tout en jouant le rôle d'une héroïne locale. "Elle est un paratonnerre pour les ruraux de l'Alberta, ainsi qu'une source d'information crédible." dit le critique libéral en environnement David Swann. Non seulement est-ce que Mme Ernst a obligé le lancement d'enquêtes importantes en eaux souterraines, mais a incité le régulateur de l'Alberta pour les questions pétrolières et gazières appelé l'EUB (Energy and Utilities Board) de suspendre temporairement tous contacts avec elle pour des supposées raisons de sécurité. L'avocat-conseil du conseil d'administration de l'agence, Rick McKee, la surnomme amicalement "une épine au pied" (pain in the butt).

La timide consultante pétrolière de 49 ans dit que la controverse actuelle est une expérience très mal vécue. "J'aimerais mieux administrer mon commerce en paix." explique Mme Ernst, qui travaille souvent avec des grosses pétrolières et gazières, ainsi que les Premières Nations sur des questions de flore et de faune nordiques. "Mais je n'avais pas le choix. Les régulateurs ne faisaient pas leur travail de vérifications préalables (due diligence)."

Sa saga commença en 2003 lors du développement rapide de l'exploitation du méthane de charbon (CBM - coal-bed methane) dans la formation géologique Horseshoe Canyon, au coeur de l'Alberta. Le CBM est une ressource non conventionnelle (les sables bitumineux pour le gaz naturel) qui exige encore plus de forages et de gazoducs que le gaz naturel conventionnel. "C'est une ressource à faible volume dispendieux; çà vous donne une idée de la maturité du bassin de l'ouest canadien." dit Peter Doig, un analyste pétrolier et gazier de Scotia Capitol de son bureau de Calgary. "Nous en sommes au fond du baril du gaz naturel."

Contrairement au gaz conventionnel, le CBM se trouve souvent dans des filons de charbon très peu profonds, justement où se trouve l'eau souterraine de la province. (En réalité, presque 650,000 Albertains puisent leur eau potable des aquifères) Puisque le gaz CBM est emprisonné dans le charbon, il exige qu'on le fracture avec la fracturation hydraulique pour l'extraire. La fracturation a besoin de volumes importants de fluides ou de gaz pour ouvrir les formations afin de libérer encore plus de gaz. Des développements importants de CBM ont déclenchés plusieurs controverses d'eau souterraine aux États-Unis, où la ressource compte maintenant pour 9% du gaz naturel extrait du pays.

L'industrie en Alberta assurait que l'expérience au Canada serait bien différente, et que les forages des quelques 50,000 puits de CBM dans le Horseshoe Canyon, se déroulant sur une période de 20 ans, seraient bien réglementés. Un comité de travail sur l'eau souterraine organisée par le Conseil Canadien des Ministres de l'Environnement en est venu à des conclusions différentes. En 2002, tandis que les compagnies de CBM s'installaient dans la cour arrière de Mme Ernst, les chercheurs de la conférence ont émis un avertissement à l'industrie, au gouvernement et aux propriétaires terriens, qui s'avéra prémonitoire. Vu que la ressource se trouvait près des aquifères ou exigeait le retrait de l'eau afin de l'exploiter, leur rapport arrivait à la conclusion que le développement du CBM ne devrait pas se faire sans connaissances adéquates des niveaux de référence de base de la qualité de l'eau souterraine (baseline).

En réalité, Mme Ernst avait demandé pour ces données de niveau de référence, mais ne les a jamais reçues. Par conséquent, son cauchemar de l'eau débuta en 2003, quand EnCana Corp. a commencé son programme intensif de forages de CBM autour de la communauté de Rosebud, qui se trouve à une heure de route au nord-est de Calgary. Tout d'abord, ses robinets ont commencé à siffler: "Je pensais avoir des problèmes de plomberie." Mme Ernst raconte. Mais elle s'est laissée distraire par un autre impact des forages pour le CBM. Quand le bruit infernal d'une station de compresseur tout près, opérée par EnCana, a commencé à la déranger, Mme Ernst a passé plusieurs mois à tenter d'obliger la compagnie et et le EUB à établir des mesures de mitigation. (Le gas CBM a en soit très peu de pression et doit être "suçé par un réseau de stations de compresseurs)

Entre-temps, selon Mme Ernst, la qualité de son eau a commencé à empirer graduellement. Au printemps de 2005, même ses 2 chiens refusaient de la boire. Quand elle prenait son bain, dit-elle, elle avait des brûlures semblables à des engelures. Elle ajoute qu'elle trouvait d'étranges matériaux dans ses filtres à eau. Après avoir aperçu une fumée blanchâtre épaisse s'évaporer de son eau de robinet, un jour, elle remplit une bouteille d'eau en plastique et tenta une expérience. Après 5 minutes, elle alluma une allumette: "Il y a eu une explosion comme une fusée et la bouteille de plastique a fondu. J'étais en état de choc." dit-elle.

Mme Ernst ordonna et paya pour des tests d'un laboratoire indépendant: on y trouva 44,800 parties par million de méthane, ou 29,4 milligrammes par litre. L'agence américaine United States Geological Survey estime qu'une concentration au-dessus de 28 milligrammes par litre est un danger pour la santé publique.

Mme Ernst, par contre, ne pouvait pas avertir l'EUB de sa province, car l'organisme avait avisé ses employés "d'éviter d'avoir aucun contact" avec elle le 24 novembre 2005. Cela était dû au fait que Mme Ersnt avait tenté d'obtenir des tests sûrs et indépendants sur le bruit qui émanait des stations de compresseurs. Après avoir documenté 2 études sur le bruit, études que Mme Ernst considère comme étant erronés (elle dit que les micros n'étaient pas mis au bon endroit, tandis que l'EUB insiste pour dire que les études avaient été faites par une compagnie de bonne réputation et indépendante et avait offert de les recommencer à un moment choisi par Mme Ernst avec des micros aux endroits qu'elle voulait), elle envoya un courriel aux propriétaires terriens pour les avertir que l'agence régulateur se préparait à réduire les contrôles pour le bruit. La lettre se terminait avec une phrase: "Quelqu'un m'a dit l'autre jour: 'Vous savez, je commence à croire que la seule façon qu'il nous reste, c'est la façon de Wiebo (Wiebo Way)." Wiebo Ludwig, un ecclésiastique évangélique, avait commencé une campagne de vandalisme qui a coûté $10 millions à l'industrie pétrolière et gazière vers la fin des années 1990, après que le "sour gas", du gaz sulphureux, aurait empoissoné des membres de sa famille.

Mme Ernst, qui ne possède pas d'armes et est une employée de l'industrie pétrolière, était abasourdie par l'action de l'EUB, et continue de la qualifier jusqu'à ce jour d'intimidation. Davis Sheremata, un porte-parole de l'EUB, explique que la décision de temporairement cesser toute communication avec Mme Ernst ne s'était jamais vu à l'EUB et a été en réaction à une menace qui impliquait l'un de ses employés. Les menaces envers les employés ne seront pas tolérés, insisite l'EUB. Mme Ernst a immédiatement envoyé une lettre demandant comment un commentaire sur Ludwig dans un courriel en circulation publique pouvait être considéré comme une menace criminelle à quiconque. Mais la lettre est revenu par courrier à Mme Ernst, sans que personne ne l'ait ouverte.

Mme Ernst, par contre, n'était pas la seule résidente de la région d'exploitation de CBM de l'Alberta à connaître des problèmes. Une voisine, Fiona Lauridsen, avait aussi remarqué des bulles sifflantes dans son eau de puits, parmis d'autres surprises qui sont survenues pas longtemps après: "Toute la famille s'est mis à souffrir d'irritations cutanées après avoir pris une douche la veille de Noël." dit-elle. Des tests en laboratoire ont révélés des concentrations de méthane allant jusqu'à 66 milligrammes par litre. "C'était un niveau étonnant." dit Lauridsen.

Vers la fin janvier, même le EUB a admis à reculon qu'il y avait des problèmes à forer pour le CBM à faible profondeur et la fracturation. La directive 027 du régulateur interdisait d'autres fracturations à moins de 200 mètres de profondeur sans faire une évaluation complète des impacts au préalable, afin de protéger les puits d'eau potable avoisinants. La directive précise qu'il n'y aurait peut-être jamais une compréhension complète de la propagation des fractures à des faibles profondeurs et que les programmes ne sont pas toujours soumis à des plans d'ingénierie rigoureux.

Vers la fin de février, Mmes Ernst, Lauridsen et Dale Zimmerman, un fermier de Wetaskiwin, en Alberta, ont rendu public leur histoire d'eau qui brûlait devant la législature provinciale, parce que, comme dit Mme Ernst, "On ne retournait pas mes appels chez le régulateur." Ces révélations ont déclenché une action immédiate de la part du Premier Ministre Ralph Klein et le Ministre de l'Environnement Guy Boutilier. "Peut importe ce qui doit être fait va être fait." a dit Klein. La question a aussi fait la page une des journeaux dans la ruralité de l'Alberta. À une réunion publique sur le CBM dans la communauté agricole de Trochu, qui se trouve à 2 heures de route de Calgary, Mme Ernst a donné une présentation sur la contamination de l'eau par les activités gazières devant 600 agriculteurs inquiets qui se sont levés debout pour l'applaudir quand elle eut terminée.

En mars, des remprésentants d'environnement Alberta se sont finalement montré chez elle pour faire des tests. En dedans de quelques semaines, le gouvernement a remplacé son eau de puits par des livraisons par camion. Elle a demandé d'avoir le protocole par écrit du gouvernement pour faire des tests pour le gaz dans l'eau, mais elle dit que cela a pris 4 mois pour l'avoir.

À la même période, l'industrie et le gouvernement insistaient pour dire que le méthane se retrouvait naturellement dans l'eau souterraine de la province. Environnement Alberta faisait remarquer que 906 puits d'eau potable dans la province avaient du gaz qu'on croyait être du méthane dans leur eau, et que presque 26,000 puits d'eau potable avaient des veines de charbon dedans. Cette révélation de fit qu'alarmer Mme Ernst: "Cela ne faisait que confirmer l'importance de faire des tests pour avoir des niveaux de référence (baseline) avant de commencer à forer." dit-elle. "Ils le savaient. Toutes les compagnies devraient avoir fait des tests pour mesurer le méthane dissous et la composition du gaz."

Plusieurs des clients de Mme Ernst dans les régions d'exploitation pétrolière ont aussi commencé à propager ce qu'elle considérait être de l'information troublante de l'association canadienne des producteurs pétroliers (Canadian Association of Petroleum Producers) et d'autres sources qui révélaient l'intensité de contamination au gaz naturel dans l'eau souterraine dans la province. Même un article de 2003 dans la revue spécialisée Oilfield Review prenait note de la construction défectueuse des puits gaziers ainsi que les coffrages et cimentations sont souvent la cause de fuites de gaz dans des zones qui ne contiendraient pas habituellement du gaz. L'article ajoute que les migrations de gaz se retrouvent partout, dans les puits gaziers peu profonds du sud de l'Alberta, dans les puits pétroliers de l'est de l'Alberta et dans les puits gaziers profonds au pied des Rocheuses. Dans un bulletin de l'industrie appelé GasTIPS, on mentionne une étude de l'Alberta qui affirme que 57% des puits forés à des profondeurs entre 1,900 et 5,900 pieds de profondeur ont des fuites après la première cimentation.

Maurice Dusseault, un ingénieur civil travaillant en Colombie-Britannique et expert en migration de gaz avec 28 ans d'expérience sur le terrain et l'auteur de quelques 400 articles sur le pétrole, confirme que les fuites de gaz naturel à cause des puits pétroliers et gaziers avec des coffrages défectueux qui s'infiltrent dans l'eau souterraine est un problème très bien documenté. "Nous n'avons pas bien pris soin de notre eau souterraine près des puits de gaz." dit-il. "Je ne blâme pas les compagnies. Je crois que l'EUB et les autres agences régulatrices provinciales ont été trop laxistes et n'ont pas bien protégé les eaux souterraines et voir au respect des lois." L'EUB, par contre, insiste pour dire qu'elle est extrêmement stricte à contrôler les migrations de gaz et que les cas de contamination de l'eau souterraine sont rares.

Après avoir fait plus de recherches, Mme Ernst a appris qu'analyser la composition isotopique était la seule façon définitive pour enquêter sur les contaminations d'eau souterraine par les puits de gaz. La technique qui identifie les gaz venant des différentes formations géologiques pour ensuite les comparer aux gaz trouvés dans les échantillons d'eau a été mise au point par Karlis Muehlenbachs, un géochimiste de 62 ans de l'université de l'Alberta. M. Muehlenbachs a même utilisé la technique pour permettre d'innoncenter une compagnie accusée d'une contamination durant la controverse de Ludwig. À l'insistance de Mme Ernst, Environnement Alberta a finalement ordonné qu'on fasse l'analyse de la composition isotopique de 4 puits de gaz et 3 puits d'eau potable à Rosebud, en Alberta, au mois de mars.

Peu après les tests de composition isotopique, McKee, le conseiller légal de l'EUB, a rencontré Mme Ernst le 8 juin afin de discuter de son cas. Le membre de l'Assemblée Libéral David Swann était là comme témoin, et Mme Ersnt a enregistré la conversation.

"Vous êtes trop intelligente et trop compétente pour commencer à nous donner une râclée." disait McKee. "J'ai appris qu'être raisonnable ne fonctionne pas." réplique Mme Ernst. Finalement, McKee promet que Mme Ernst aura une audience avec l'EUB, précisant qu'il voulait qu'elle soit réintroduite dans le processus.

Bien qu'Environnement Alberta ne veut pas passer de commentaires sur les derniers résultats des tests, Muehlenbachs dit que la situation n'est ni noire, ni blanche - et que les eaux souterraines de la province n'est plus immaculée. "Çà fait 70 ans que nous forons." dit-il. "Il y a des fuites partout." Dans le cas de Zimmerman, Muehlenbachs avance que la contamination pourrait être dûe à cause des activités de l'industrie, mais qu'il n'existe pas de données de niveau de référence (baseline data) sur les concentrations de méthane dans l'eau. "C'est très ambigu." dit-il. Dans la région de Rosebud, Muehlenbachs a trouvé du propane et du butane dans plusieurs puits d'eau potable, un signe certain de fuites possibles venant des formations géologiques gazières plus profondes. "À moins que quelqu'un ait jeté un briquet Bic dans le puits, c'est un signe certain de contamination." dit Muehlenbachs. Mais encore ici, le manque de données d'un niveau de référence complique l'affaire. "Quels gaz étaient là au début et combien ont été ajoutés, voilà la question qui tue."

Bev Yee, la sous-ministre adjointe à Environnement Alberta, dit qu'elle ne peut pas se prononcer sur aucune des enquêtes en cour, parce qu'elles sont incomplètes et sont sous révision par le Alberta Research Council. "Nous avons déterminé qu'il n'y a pas de liens directs avec le méthane venant des veines de charbon (coal-bed methane)" insiste-elle.

Yee explique que le gouvernement a débuté un programme de tests d'eau pour établir un niveau de référence le premier mai, mais admet que les données des niveaux de référence n'ont pas été colligées de façon constante dans le passé. Intérrogée sur le rapport de 2005 fait par Komex International Ltd, une compagnie de consultants en environnement, qui a clairement indiqué qu'il manquait des puits de monitorage dans Horseshoe Canyon et dans les autres formations pétrolières et gazières. Yee dit qu'elle a inclus ce rapport dans son processus de prise de décisions: elle dit que le gouvernement verra à améliorer son réseau de monitorage.

Yee ajoute que le gouvernement n'oblige pas les compagnies en ce moment de prendre la composition isotopique de leur gaz ou de rendre cette information disponible pour le public, ce que Mme Ernst, M. Muehlenbachs et d'autres scientifiques considèrent être des procédures essentielles. Un comité de travail scientifique indépendant pourrait étudier la question bientôt, ainsi que d'autres normes liées avec le monitorage de l'eau souterraine, ajoute Yee.

Mme Ernst se doute maintenant que les forages et les fracturations à faible profondeur pour du CBM ont empiré un problème déjà existant: des migrations de gaz naturel venant de puits peu profonds, ainsi que des puits plus âgés, à cause de l'intensité d'activités. Depuis les 4 derniers mois, elle dit qu'elle a reçu une centaine de coups de téléphone de résidents ruraux, et presque la moitié étaient à cause de contaminations de l'eau. "Nous avons le droit d'avoir de l'eau saine." dit-elle.

Le membre de l'Assemblée Libéral Swann accuse maintenant ouvertement le gouvernement de l'Alberta de négligence, et a demandé au EUB et l'association canadienne des producteurs pétroliers de tenir une journée de forum sur la migration du gaz naturel dans l'eau souterraine. Durant une série de rencontres publiques en milieu rural de l'Alberta en juin, il a dit qu'il perçu beaucoup de scepticisme et de cynisme vis-à-vis les régulateurs du gouvernement.

D'après Muehlenbachs, l'exploitation de la ressource en Alberta a tout simplement été trop rapide à comparé à la science de base sur l'eau souterraine. Il dit que l'industrie et les régulateurs gouvernementaux n'en savent vraiement pas suffisamment sur l'eau souterraine dans l'une des régions les plus forées de l'Amérique du Nord. "Ils ont besoin d'avoir un peu de curiosité sur les fonctionnements de Mère Nature et ce qu'il arrive quand on y fait des changements."

Photo: LM Otero

"Fire water

Jessica Ernst is a combative Alberta businesswoman with an unusual problem: she can set her tap water on fire. No kidding. After filling up a plastic pop bottle, the owner of Ernst Environmental Services, a well-respected oilpatch consulting company, can light a match and create a blue or yellow flame, complete with a rocket-like roar. Ever since she made the explosive discovery last November (2005), the environmental-impact scientist has been asking a lot of questions about aggressive shallow-gas developments in booming Alberta.

Ernst now finds herself at the centre of a major resource controversy, as well as something of a folk hero. "She has been a lightning rod for rural Albertans, as well as a source of credible information," says Liberal environment critic, David Swann. Ernst has not only forced major groundwater investigations, but also prompted Alberta's leading oil-and-gas regulator, the Energy and Utilities Board (EUB), to temporarily suspend contact with her for alleged security reasons. The board's legal counsel, Rick McKee, now endearingly refers to her as a "pain in the butt."

The shy 49-year-old oilpatch consultant says that the ongoing controversy has been a very unwelcome experience. "I'd rather be running my business in peace," explains Ernst, who frequently works with major oil and gas firms and First Nations on northern wildlife issues. "But I had no choice. The regulators just didn't do their due diligence."

Her tale began in 2003 with the rapid development of coal-bed methane (CBM) in the Horseshoe Canyon formation, in central Alberta. CBM is an unconventional resource (the oilsands of natural gas) that requires more drilling and pipelines to develop than does old-fashioned natural gas. "It is a low-volume, high-capital-cost resource that tells you something about the maturity of the Western Canadian Sedimentary Basin," says Calgary-based Scotia Capital oil-and-gas analyst Peter Doig. "We are getting to the bottom of the natural-gas barrel."

Unlike conventional gas, CBM often sits in shallow coal seams, where much of the province's groundwater is located. (In fact, nearly 650,000 Albertans get their drinking water from aquifers.) As a "tight" or unco-operative gas, CBM also requires extensive hydraulic fracturing ("fracing") to get it flowing. Fracing uses massive volumes of fluids or gases to open up the formation to release more gas. Extensive CBM developments have sparked numerous groundwater controversies in the United States, where the resource now accounts for 9% of that nation's gas supply.

Alberta's industry claimed that the Canadian experience would be much different — and that the drilling of 50,000 CBM wells in the Horseshoe Canyon, over a 20-year period, would be well regulated. A groundwater workshop organized by the Canadian Council of Ministers of the Environment came to different conclusions. In 2002, as CBM companies arrived in Ernst's backyard, researchers at the conference issued a prescient warning to industry, government and landowners alike. Given that the resource lies near aquifers or requires the removal of water in order to be produced, their report concluded that CBM development shouldn't take place "without adequate baseline groundwater knowledge."

Ernst actually asked for that baseline data, but it was never provided. As a consequence, her water nightmare began, in 2003, when EnCana Corp. started an extensive CBM drilling program around the hamlet of Rosebud, just an hour's drive northeast of Calgary. First her water taps started to whirr and hiss. "I thought I was having plumbing problems," Ernst recalls. But then, she got distracted by another impact of CBM drilling. When the roaring noise of a nearby compressor station, operated by EnCana, began to disturb her, Ernst spent several months trying to get the company and the EUB to muffle it. (CBM gas has little pressure and needs to be vacuumed up with a network of compressor stations.)

Meanwhile, Ernst says, she thinks her water quality steadily declined. By the spring of 2005, even her two dogs refused to drink it. Whenever she bathed, she says, she got a bad skin burn "that felt like frostbite." She adds that she found strange materials in her water filters. After observing thick white smoke coming off the water one day, Ernst decided to fill up a plastic bottle and conduct an experiment. She waited five minutes and then put a match to it. "It blew like a rocket and melted the plastic container," she recalls. "I was in shock."

Private lab tests ordered and paid for by Ernst later revealed 44,800 parts per million of methane or 29.4 milligrams per litre. The United States Geological Survey considers anything above 28 milligrams per litre a dangerous public-health concern.

Ernst, however, couldn't report the matter to the EUB because it had just instructed its staff "to avoid any further contact" with her, on Nov. 24, 2005. The banishment arose from Ernst's efforts to secure reliable sound tests on the noisy compressor stations. After documenting two noise studies Ernst alleges were faulty (she says the microphones weren't properly placed, while the EUB contends the studies were done by a "reputable and independent" firm and that it offered to redo them at a time of her choosing with mics wherever she wanted), she fired off an e-mail to landowners, warning them that the regulator was planning to weaken its noise controls. The letter ended with a one-liner: "Someone said to me the other day: "You know, I am beginning to think the only way is the Wiebo Way." Wiebo Ludwig, an evangelical cleric, began a $10-million vandalism campaign against the oil and gas industry, in the late 1990s, after sour gas allegedly poisoned members of his family.

Ernst, who doesn't own a gun and is dutifully employed by the oilpatch, was dumbfounded by the EUB's action and to this day calls it "intimidation." Davis Sheremata, an EUB spokesman, explains that "the decision to temporarily suspend contact with Ms. Ernst was unprecedented within the EUB and was done in response to a threat that was made involving our staff. Threats against our staff won't be tolerated." Ernst immediately dashed off a letter asking how a comment about Ludwig in a publicly circulated e-mail could be deemed "a criminal threat" to anyone. But it was returned unopened.

Ernst, however, wasn't the only resident of Alberta's booming CBM fields experiencing problems. A neighbour, Fiona Lauridsen, noted fizzing bubbles in well water, among other surprises. "The whole family suffered severe skin irritation in the shower on Christmas Eve," she says. Lab tests revealed levels of methane as high as 66 milligrams per litre. "It was an astonishing level," says Lauridsen.

In late January, even the EUB quietly acknowledged problems with shallow CBM drilling and fracing. The regulator's Directive 027 banned any further fracing at less than 200 metres in depth without fully assessing all potential impacts first, to protect nearby water wells. It added that "there may not always be a complete understanding of fracture propagation at shallow depths and that programs are not always subject to rigorous engineering design."

In late February, Ernst, Lauridsen and Dale Zimmerman, a farmer in Wetaskiwin, Alta., went public with their burning water at the provincial legislature, because, as Ernst put it, "I wasn't getting any calls from the regulator." The revelations sparked immediate action from Premier Ralph Klein and Environment Minister Guy Boutilier. "Whatever is necessary to be done will be done," said Klein. The issue also made big headlines in rural Alberta. At one public meeting about CBM in the farming community of Trochu, a two-hour drive northeast of Calgary, Ernst received a standing ovation from 600 concerned farmers after giving a presentation on natural-gas contamination in water.

In March, representatives of Alberta Environment finally showed up at Ernst's residence to do some testing. Within weeks of that work, the government replaced her well water with truck deliveries. She asked for the government's written protocol for gas sampling in water but says it took her four months to get it.

At the same time, both industry and government emphasized that methane naturally occurred in the province's groundwater. Alberta Environment noted that 906 water wells in the province had gas "assumed to be methane" in their water, and that nearly 26,000 water wells had coal seams present. That revelation merely alarmed Ernst. "It was all the more reason to do baseline testing before they drilled," she says. "They knew. All the companies should have tested for dissolved methane and gas composition."

Many of Ernst's clients in the oilpatch also started to pass on what she viewed as disturbing information by the Canadian Association of Petroleum Producers and other sources about the scale of natural-gas contamination in groundwater in the province. Even a 2003 article in the Oilfield Review, a quarterly technical journal, noted poor gas-well construction combined with faulty cement casing routinely resulted in "leaks of gas into zones that would otherwise not be gas-bearing." It added that gas migration occurs everywhere — in "shallow gas wells in southern Alberta, heavy oil producers in eastern Alberta and deep gas wells in the foothills of the Rocky Mountains." An industry newsletter, GasTIPS, reported one Alberta study even found that 57% of wells drilled between a depth between 1,900 and 5,900 feet "develop leaks after the primary cement job."

Maurice Dusseault, a B.C.-based civil engineer, gas migration expert with 28 years' experience in the field and the author of some 400 articles on petroleum-related subjects, confirms that the seepage of natural gas from poorly cased oil and gas wells into groundwater is a well-documented problem. "We haven't been good stewards of our groundwater near gas wells," he says. "I don't blame the companies. I feel the EUB and other provincial regulatory agencies have been lax in protecting groundwater and in enforcement." The EUB, however, insists it "is extremely stringent in its enforcement of gas migration," and that cases of groundwater contamination are rare.

After doing more research, Ernst learned that isotopic fingerprinting was the only definitive way to investigate suspected groundwater contamination from gas wells. The technique, which identifies gases from different formations and then matches them to gases found in water samples, was pioneered by Karlis Muehlenbachs, a 62-year-old geochemist at the University of Alberta. Muehlenbachs even used the technique to clear a company of contamination charges during the Ludwig controversy. At Ernst's insistence, Alberta Environment finally ordered isotopic fingerprinting of four gas wells and three water wells in Rosebud, in March.

Shortly after the fingerprinting tests, McKee, the EUB's legal counsel, met with Ernst, on June 8, to discuss her case. Liberal MLA David Swann sat in as a witness, and Ernst taped the exchange.

"You are too intelligent and too capable...to just start bashing us,"said McKee. "I have learned that being reasonable doesn't work," replied Ernst. At the end, McKee promised Ernst an audience with the EUB, adding, "I want to have you reinvigorated and reinjected into the process."

Although Alberta Environment won't comment yet on the latest test results, Muehlenbachs says the situation is neither black nor white — and that the province's groundwater is no longer pristine. "We've been drilling for 70 years," he says. "There are leaks everywhere." In the Zimmerman case, Muehlenbachs suggests that contamination possibly resulted from industry activity, but no good baseline data on the methane content of the water exists. "It's ambiguous," he explains. In the Rosebud area, Muehlenbachs found propane and butane in several water wells, a clear signature of possible leaks from deeper gas formations. "Unless someone threw a Bic lighter down the well, it's a sure sign of contamination," Muehlenbachs says. But the lack of good baseline water data again clouds the issue. "What gas was there in the first place and how much was added — you have to guess."

Bev Yee, assistant deputy minister of Alberta Environment, said she cannot comment directly on any of the investigations, because they are incomplete and are currently under review by the Alberta Research Council. "We have established no direct ties to coal-bed methane," she insists.

Yee explained that the government introduced a new baseline water testing program, on May 1, but admitted that baseline data hadn't been "gathered consistently" in the past. When asked about a 2005 report, by Komex International Ltd., a global environmental consulting firm, that pointedly identified a "lack of monitoring wells" in Horseshoe Canyon and other oil and gas formations as "clearly evident," Yee replied: "I've taken that report into consideration." She added that the government will be looking at enhancing the monitoring network.

Yee says that the government currently has no requirement for companies to fingerprint their gas or to make that information publicly available, something Ernst, Muehlenbachs and other scientists consider an essential procedure. An independent scientific panel may soon review the topic, as well as all other standards associated with groundwater monitoring, Yee adds.

Ernst now suspects that shallow drilling and fracing for CBM have aggravated an existing problem: natural gas migration from shallow wells, as well as older wells, due to unprecedented activity. In the past four months, she says she has had about 100 calls from rural residents, and nearly half dealt with water contamination of some kind. "We have the right to safe water," she argues.

Liberal MLA Swann now accuses the Alberta government of outright negligence — and has called upon the EUB and the Canadian Association of Petroleum Producers to hold a one-day forum on natural-gas migration into groundwater. At a series of public meetings in rural Alberta, in June, he says he found "a high degree of skepticism and cynicism about government regulators."

To Muehlenbachs, resource exploitation in Alberta has simply galloped ahead of basic science on groundwater. He says that industry and government regulators really don't know enough about the state of groundwater in one of the most heavily drilled landscapes in North America. "They need to have some curiosity about how mother nature works and what happens when we fiddle with it.""

Written by Andrew Nikiforuk, published in Canadian Business magazine here: http://www.canadianbusiness.com/article/13196--fire-water

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