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"Tout cedit pays est fort uny, remply de forests, vignes & noyers. Aucuns Chrestiens n'estoient encores parvenus jusques en cedit lieu, que nous, qui eusmes assez de peine à monter le riviere à la rame. " Samuel de Champlain


"All this region is very level and full of forests, vines and butternut trees. No Christian has ever visited this land and we had all the misery of the world trying to paddle the river upstream." Samuel de Champlain

Tuesday, April 2, 2013

Environnement et économie: l’échec des verts



30 mars 2013 | Éric Desrosiers

"Le mouvement environnemental a échoué, dit l’ex-commissaire au développement durable québécois et « ex-environnementaliste », Harvey Mead. Plus de 40 ans après le premier rapport du Club de Rome sur les limites de la croissance, on n’est toujours pas parvenu à convaincre les populations et leurs dirigeants de changer de paradigme économique. Il est désormais trop tard pour espérer entreprendre un virage en douceur vers le développement durable et éviter la collision avec la réalité.

Lorsqu’il regarde les nouvelles sur la crise européenne à la télévision, Harvey Mead a l’impression d’entrevoir l’avenir pas si lointain où la demande de matières premières, et, par conséquent, leurs prix, auront tellement augmenté que l’économie mondiale sera paralysée. « Les gens n’acceptent pas le catastrophisme. Je ne vois pas, ni chez nos leaders, ni dans la population, de véritable prise de conscience de l’exagération de notre mode de vie. Mais si on veut avoir une idée de quoi peut avoir l’air tout un continent dont l’économie est déstabilisée, il suffit de regarder du côté de l’Europe. »

L’échec

Premier sous-ministre québécois au développement durable, au tournant des années 90, et premier commissaire au développement durable du Québec avant de voir ce mandat brutalement interrompu en 2008, ce Québécois d’origine américaine a été de toutes les grandes batailles du mouvement environnemental québécois depuis la fin des années 60. Il a été l’un des premiers à prêcher les vertus du recyclage, du compostage, des voitures moins énergivores. Il a été l’un des premiers à élargir le discours écologiste au concept de développement durable.

Il ne veut plus aujourd’hui qu’on le présente comme un environnementaliste. « J’ai échoué dans cette carrière. » Il a publié en 2011 un volumineux ouvrage expliquant, notamment aux économistes, comment on pourrait remplacer le recours systématique au produit intérieur brut (PIB) par un Indice de progrès véritable faisant la somme de toutes les avancées en matière de qualité de vie, mais soustrayant aussi toutes les externalités négatives comme l’épuisement des ressources et la pollution. Outre ses nombreuses apparitions à des conférences, il tient également depuis peu un blogue (harveymead.org).

« Le changement de paradigme n’est pas survenu, constate-t-il à regret. Le seul objectif qui prévaut aujourd’hui est encore celui de la croissance. » C’est toujours le seul objectif qui compte vraiment pour les économistes et les grandes institutions économiques internationales qui conseillent les politiciens et que citent les médias. C’est aussi le principal objectif que défendent actuellement des dirigeants plus progressistes, comme Barack Obama aux États-Unis et François Hollande en France. Même Joseph Stiglitz - le célèbre Prix Nobel d’économie et grand critique du PIB - n’arrive pas à s’empêcher de retomber dans ces ornières intellectuelles.

L’inévitable choc

Harvey Mead ne croit pas en cette démarche consistant à essayer de donner une valeur financière aux écosystèmes afin qu’ils soient mieux pris en compte par la logique économique. « Actuellement, l’environnement et l’économie sont fondamentalement irréconciliables. » Il juge tout aussi sévèrement tous ces environnementalistes qui affirment qu’une poursuite de la croissance économique est possible si l’on entreprend une révolution industrielle verte qui s’appuierait, entre autres, sur les sources d’énergie renouvelables et sur des procédés de production tenant compte du cycle de vie des biens. « Il est trop tard pour cela. On n’a plus le temps », croit-il.

Quoi que l’on dise sur la dématérialisation de nos économies, que permettraient, entre autres, la croissance du secteur des services et les technologies numériques, elles ne savent toujours pas comment croître sans consommer plus de matières premières, à commencer par les énergies fossiles. Comme ces ressources ne sont pas illimitées, leur rareté et donc leurs prix ne peuvent qu’augmenter sans cesse, jusqu’à ce qu’ils pèsent trop lourd dans la balance.

Le Club de Rome avait déjà décrit ce phénomène au début des années 70, et avait prédit l’atteinte d’un point de rupture aux alentours de 2025-2030. Après cette date, l’augmentation des prix de l’énergie, des autres ressources non renouvelables et de l’alimentation allait plomber les économies et même provoquer un certain déclin démographique.

Les faits semblent donner raison à ces prédictions. Le taux de retour énergétique durant les belles années où le pétrole gisait du sol presque déjà raffiné était d’une unité d’énergie investie pour 100 unités extraites. Ce ratio est tombé depuis à 1 pour 25 dans les nouvelles exploitations pétrolières, il est d’environ 1 pour 20 pour le gaz naturel, il serait d’environ 1 pour 5 pour les sables bitumineux et le gaz de schiste, et de presque 1 pour 1 pour l’éthanol de maïs. Les sources d’énergie renouvelables ne seraient pas d’un grand secours, poursuit Harvey Mead. Les panneaux solaires ne dépassent pas un ratio de 1 pour 10 et l’énergie éolienne fait à peine mieux, alors qu’on estime que ce ratio serait le strict minimum pour permettre à nos sociétés de maintenir leur mode de vie et que ces sources alternatives ne comptent toujours pour presque rien dans leur approvisionnement énergétique.

« Vous vous souvenez quand le prix du pétrole est monté à 148 $ le baril en 2008 ? donne-t-il comme exemple. Tous les secteurs ont été touchés. Il y a eu des émeutes de la faim. Ici, on ne parle pas seulement des prix de l’énergie, mais de celui de l’ensemble des principales ressources. »

Et l’environnement ?

Les perspectives sur le plan environnemental ne sont pas plus brillantes. Toutes les grandes institutions économiques internationales admettent désormais que les États n’ont aucune chance d’atteindre les cibles qu’elles se sont fixées en matière de réduction de gaz à effet de serre à moins d’un changement de cap tout aussi spectaculaire qu’improbable. Cela ne les empêche pas d’échafauder toutes sortes de scénarios de virage vers une économie verte.

Mais tout cela arrive trop tard, répète Harvey Mead. Le choc est inévitable et sera très dur. « Il ne nous reste plus qu’à essayer de sauver les meubles. De voir comment les pays riches parviendront à gérer l’effondrement du système économique et social. » L’un des grands avantages de cette décroissance est qu’elle donnera plus de temps pour changer enfin de paradigme et amorcer une véritable conversion vers une économie verte.

« Le plus gros problème est le sort des quatre ou cinq milliards d’êtres humains qui vivent toujours dans la pauvreté, observe-t-il. Il faudrait pouvoir trouver le moyen de traverser cette période de crise sans que cela les empêche d’améliorer leur situation. »"

Lien: http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/374596/environnement-et-economie-l-echec-des-verts

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My translation of an article in the independent newspaper Le Devoir

The environment and the economy: the greens have failed

The green environmental movement has failed says ex commissioner to sustainable development of Quebec and "ex-environmentalist" Harvey Mead. More than 40 years after the first Club of Rome report came out on the limits of growth, the public and it's leaders are still not convinced the economy paradigm needs to change. It's now too late to hope start anew towards sustainable development and avoid a collision with reality.

When he hears about the european crisis on television, Harvey Mead has the impression that he's having a glimpse of a near future when the demand for raw materials, and so their price will have gone up so much that the world economy will be paralysed. "People don't accept doom and gloom mongering. I don't see in our leaders nor in the population, a realization of how our lifestyle is exagerated. But if one wants an idea of what a whole continent will look like with a destabilized economy, one only has to look at Europe."

Failure

The first sustainable development deputy minister in the mid-90s and Quebec's first commissioner in sustainable development before this posting was brutally cancelled in 2008, this Québécois originally from the United States was part of all the big battles of the Quebec environmental movement since the beginning of the 60s. He was one of the first to talk about recycling, composting, energy efficient cars. He was one of the first to expand the ecological notion to sustainable development.

From now on, he no longer wants to be tagged as an environmentalist. "I failed in that career." he says. He published a voluminous publication in 2011 that explains, to the economists among others, how the gross domestic product (GDP) could be replaced by an index of real progess that would add up all the progress in matters of quality of life, but substracting also all the negative externalities like the exhaustion of natural resources and pollution. Besides being speaker at many conferences, he also has a blog he started recently. (harveymead.org).

"The change of paradigm did not happen," he says with regret. The only objective prevalent today is growth." It's still the only real objective that has any value for economists and the big internation economy institutions that advise politicians and that are always quoted in the media. It is also the only objective that really counts for the economists and the big international economic institutions that advise politicians and quoted by the media. It's also the main objective presently defended by the more progressive leaders like Barack Obama in the United States and François Hollande in France. Even Joseph Stiglitz, the famous Economy Nobel Prize winner and critic of the GDP, can't help but get entangled in this intelectual trap.

Inevitable shock

Harvey Mead does not beleive that the proposed solution to try to give a financial value to ecosystems so that they are taken into consideration by the logic of economics. "Right now, the environment and the economy are fundamentally irreconcilable." He also frowns upon all these environmentalists that claim that the pursuit of economic growth is possible if a green industrial revolution is based, among other things, on renewable sources of energy and on production processes that takes into account the life cycle of all things. "It's too late for that. We have run out of time," he beleives.

No matter what is said about the dematerialisation of our economies that would let the growth of services and digital technologies, among others, they still don't know how to grow without consuming even more raw materials, starting with fossil fuels. Since these resources are not unlimited, their rarety and so their price cannot but go up indefinitly, until they're too much.

The Club of Rome had already described this phenomenom in the beginning of the 70s, and had predicted that a breakpoint would occur around 2025-2030. After this time, the price increase of energy, of the other non renewable resources and food would bog down the economy and even provoque a certain demographic decline.

The facts seem to confirm these predictions. The rate of energy return during the good years back when the oil was in the ground almost in a refined form was a unit of energy invested for 100 units extracted. This ratio dropped since to 1 for 25 in the new oil exploitations, it's about 1 for 20 for natural gas, it would be about 1 for 5 when it comes for the tar sands and shale gas, an it's almost 1 for 1 for ethanol made out of corn. Renewable sources of energy would not be of great help, says Harvey Mead. Solar panels do not go beyond a ratio of 1 for 10 and wind energy is barely better, so we estimate that this ratio would be the strict minimum to let societies maintain their lifestyle and that these alternative sources would amount to almost nothing in providing energy.

"Do you remember when the price of oil went up to $148 a barrell in 2008?, he gives as an example. All sectors were affected. There was hunger riots. We're not only talking about energy prices here, but the price of all most important resources."

And the environment?

Things are not much brighter on the environmental front. All great international economic institutions admit now that the States have no chance in hell to reach the goals that they had given themselves for reducing their greenhouse gases emissions, unless a drastic change of course at least as spectacular as improbable. That does not prevent them from conceiving all kinds of scenarios involving switching to a greener economy.

"The biggest problem is what is in store for the 4 or 5 billion humans that still live in poverty, he says. There should be a way to go through this crisis and still try to better their plight."

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