"Environnement - Québec se voit comme «partenaire» des pétrolières
Les forages avec fracturation seront permis sur l’île Anticosti avant l’évaluation environnementale
23 mai 2013 | Alexandre Shields
Le gouvernement Marois entend agir en « partenaire » des entreprises pétrolières qui comptent exploiter d’éventuelles réserves d’or noir québécois. En entrevue au Devoir, le ministre de l’Environnement, Yves-François Blanchet, a ainsi affirmé que les forages avec fracturation seront permis sur l’île d’Anticosti avant que soit menée l’évaluation environnementale de cette filière. L’étude approfondie des risques liés à l’exploitation du pétrole et du gaz de schiste ne sera d’ailleurs pas complétée avant le dépôt d’un projet de loi sur les hydrocarbures.
« Je ne suis pas là pour dénoncer, condamner ou reprocher. Je suis là pour être un partenaire de prévisibilité pour les entreprises, a expliqué le ministre Blanchet. Les entreprises vont collaborer étroitement avec le ministère. Le ministère va collaborer étroitement avec les entreprises pour qu’on avance ensemble de façon sécuritaire. Le plus grand service qu’on peut rendre aux entreprises est de rassurer la population par rapport à ce qui se passe. Si la population est rassurée, la capacité d’aller de l’avant des entreprises est évidemment plus importante. »
Mais pour le ministre du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs, il est hors de question de freiner, ne serait-ce que temporairement, le processus d’exploration entrepris sur l’île d’Anticosti sans cadre réglementaire. « Il y a des gens qui veulent qu’on bloque carrément. Ce n’est pas mon but, ce n’est pas mon travail, ce n’est pas mon mandat », a insisté M. Blanchet. Il a toutefois répété qu’il mettra en place « un accompagnement scientifique et réglementaire » des activités d’exploration, sans plus de précisions.
Chose certaine, Québec veut savoir « ce qu’il y a là ». Selon des estimations très préliminaires, le sous-sol de la plus grande île du Québec pourrait renfermer jusqu’à 40 milliards de barils de pétrole. Les entreprises Junex et Pétrolia, qui contrôlent la majorité des permis d’exploration sur Anticosti, n’ont pas encore extrait d’énergie fossile du sous-sol de l’île. Mais toutes deux estiment que l’or noir qui s’y trouve serait en fait du pétrole de schiste. Il faudra donc procéder à des opérations de fracturation pour espérer l’exploiter.
Yves-François Blanchet entend d’ailleurs les laisser mener de tels travaux. « Il faut être cohérent. On ne peut dire qu’on veut permettre l’exploration, mais qu’on ne permettra pas la fracturation. Ce n’est pas logique », a-t-il laissé tomber il y a quelques jours au cours d’un entretien accordé au Devoir avant de partir pour Washington. Ce voyage, qui se termine ce jeudi, était destiné à promouvoir la stratégie québécoise de lutte contre les changements climatiques.
C’est seulement une fois que les entreprises auront terminé l’exploration sur Anticosti que le gouvernement mandatera le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) pour étudier les risques de l’exploitation. Pour le moment, on ignore totalement combien de forages et d’opérations de fracturation seront nécessaires avant de statuer sur la possibilité d’extraire du pétrole.
Dire non au gaz de schiste ?
Revenant sur la décision péquiste de confier l’épineux dossier du gaz de schiste au BAPE tout en décrétant un moratoire complet, M. Blanchet a souligné qu’un processus d’évaluation environnementale, aussi rigoureux soit-il, pourrait être insuffisant pour ouvrir la porte à l’implantation des gazières dans les basses terres du Saint-Laurent. « Quels que soient les résultats des audiences publiques, ça ne garantit pas l’acceptabilité sociale. Et ultimement, au-delà des considérations environnementales et au-delà des considérations économiques, il n’y a aucun gouvernement qui peut faire abstraction de l’acceptabilité sociale. »
Est-ce que Québec pourrait fermer la porte au gaz de schiste si les citoyens maintiennent leurs objections après les travaux du BAPE, en 2014 ? « Je suppose qu’un gouvernement élu démocratiquement va avoir la prudence de demeurer à l’écoute », a souligné le ministre de l’Environnement.
Yves-François Blanchet ne voit par ailleurs pas d’incohérence dans le fait que le gouvernement Marois entend déposer dès l’automne un projet de loi sur les hydrocarbures. Or, au moment où il sera présenté, les travaux du BAPE ne seront pas menés à terme pour le gaz de schiste. Mais, selon le ministre, il sera possible de « revenir sur l’enjeu des gaz de schiste à une date ultérieure, ce qui est tout à fait cohérent comme approche ».
Québec n’aura pas non plus en main d’évaluation environnementale de la filière pétrolière. Rien n’a jusqu’ici été annoncé pour la Gaspésie ou Anticosti. L’évaluation environnementale pour le golfe du Saint-Laurent se fait toujours attendre.
Le ministre Blanchet prévoit cependant préciser d’ici « quelques semaines » les détails de la « consultation » qui sera menée pour étudier le projet d’inversion du pipeline 9B d’Enbridge. Cet oléoduc permettra d’acheminer du pétrole de l’Ouest canadien jusqu’à Montréal. Il n’est pas question d’inclure de réflexion sur l’impact de l’exploitation des sables bitumineux, réputés très polluants, dans l’étude québécoise. Pour Yves-François Blanchet, l’opposition à l’arrivée de pétrole des sables bitumineux au Québec est davantage « philosophique »."
Lien: http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/378848/quebec-se-voit-comme-partenaire-des-petrolieres
Photo: Pétrolia
Environment - Quebec sees itself as a "partner" to oil industry. Drilling with fracking will be allowed on Anticosti Island before environmental assessment.
My translation of article written by Alexandre Shields published in the newspaper Le Devoir May 23 2013The Marois government intends to act as a "partner" to the oil companies that want to extract eventual black gold reserves in Quebec. In an interview with Le Devoir, Yves-François Blanchet, Environment Minister, confirmed that drilling with hydraulic fracturing will be allowed on Anticosti Island before the environmental assessment on the subject. The in-depth study of the risks associated to shale oil and gas exploitation will not be completed before the tabling of the hydrocarbon bill.
"I am not here to denounce, condemn or reproach. I'm here to be a partner of foreseeable nature for companies, explained Minister Blanchet. Companies will collaborate closely with the ministry. The ministry will collaborate closely with the companies so that we go ahead together in a safe manner. The greatest help we can give to companies is to reassure the population about what is going on. If the population is reassured, the capacity to go ahead for the companies is evidently more important."
But for the Environment Minister, it is out of the question to slow down, be it but temporarily, the process of exploration started on Anticosti Island without regulatory oversight. "Some people want a complete stop. This is not what I aim for, it is not my job, it is not in my mandate" insists Mr Blanchet. He did repeat that he will put in place "a scientific and regulatory accompaniment" of exploration activities, without giving more details.
One thing is for sure, Quebec wants to know "what's down there". As per very preliminary estimations, under the largest island in Quebec could be up to 40 billion barrels of oil. Junex and Pétrolia, businesses that control the most part of the exploration permits on Anticosti, have not extracted any fossil fuels from the island yet. But both estimate that the oil there would indeed be shale oil. Hydraulic fracturing operations would then be necessary to hope exploit it.
Yves-François Blanchet intends to let them go ahead with such operations. "We must be coherent. We can't say we allow exploration, but that we won't allow fracking. That's not logical", he said a couple of days ago during an interview with Le Devoir before leaving for Washington. This trip ending Thursday is meant to promote Quebec's strategy in fighting climate change.
It's only after the companies will have finished exploring Anticosti Island that the government will mandate the BAPE (provincial environmental public hearings body) to study the risks of exploitation. For the moment, we totally ignore how many wells will be drilled and fracked that will be needed to determine the possibility of extracting oil.
No to shale gas?
Going back on the PQ decision to give the controversial shale gas file to the BAPE while declaring a complete moratorium, Mr Blanchet noted that an environmental assessment process, no matter how rigorous, could turn out to be insufficient to let the gas industry get established in the St. Lawrence Lowlands. "No matter the results of the public hearings, it would not guarantee social acceptability. Ultimately, beyond the environmental considerations and beyond the economic considerations, no government can leave aside social acceptability."
Would Quebec close the door to shale gas if citizens maintain their objections after the BAPE hearings in 2014? "I suppose that a democratically elected government will be careful enough to stay tuned (to what people want)", added the Environment Minister.
Yves-François Blanchet does not see any incoherence in the fact that the Marois government intends to table a bill this fall on hydrocarbons. At the moment when that will happen, the BAPE on shale gas will not be over. But, says the minister, it will be possible to "go back on the shale gas issue on an ulterior date, which is quite a coherent way of doing things."
By then, Quebec will not have any environmental assessment on the oil file. Nothing has been announced yet for the Gaspésie Peninsula or Anticosti Island. We are still waiting for an environmental assessment for the Gulf of St. Lawrence.
Minister Blanchet plans to give precisions on the consultation within a few weeks, consultation that will study the inversion project of the Enbridge 9B pipeline. This oil pipeline will transport western Canada's oil to Montreal. There is no question of including comments on the impacts of exploiting the oil sands that have the reputation of being very polluting in the Quebec study. For Yves-François Blanchet, the opposition to the import of tar sand oil in Quebec is mostly "philosophical".
Photo: radio-canada.ca
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