Friends of the Richelieu. A river. A passion.



"Tout cedit pays est fort uny, remply de forests, vignes & noyers. Aucuns Chrestiens n'estoient encores parvenus jusques en cedit lieu, que nous, qui eusmes assez de peine à monter le riviere à la rame. " Samuel de Champlain


"All this region is very level and full of forests, vines and butternut trees. No Christian has ever visited this land and we had all the misery of the world trying to paddle the river upstream." Samuel de Champlain

Wednesday, May 15, 2013

L'eau qui brûle - Burning Water

Photo: Colin Smith

Si au Québec nous avons été mis au fait des problèmes liés avec les combustibles fossiles non conventionnels assez tardivement, et je m'inclus dans le tas, moi aussi, en Alberta, par contre, cela fait pas mal plus longtemps qu'on vit avec.

Comment se fait-il que des citoyens d'un même pays peuvent être si ignorants des problèmes de ses compatriotes? Je jette le blâme en parti sur les médias qui sont sensés faire des reportages équilibrés: donnez-nous des rapports de richesses naturelles exploitées, soit, mais dites-nous aussi quel prix ont dû payé certains citoyens pour l'exploitation débridée en milieu habité.

Voici ma traduction libre d'un billet écrit, tenez-vous bien, en 2007, et çà se passe en Alberta:

L'eau qui brûle

Bienvenue dans une vallée verte belle comme une image, accueillante pour les touristes, les jeunes familles et la bonne volonté corporative. C'est de valeur que vous ne pouvez pas boire son eau. Tadzio Richards documente le problème d'une communauté causé par des pratiques minières irresponsables.

Peter Lauridsen, dans ses bottes de caoutchouc, tenait un boyau de jardin dans sa cour de ferme, fixant des yeux une cruche de plastique noir pleine d'eau. Des bulles transparentes se formaient et pétillaient à la surface de l'eau.

"Eau bénite!", dit-il. "J'en ai jamais vu autant que çà."

Jessica Ernst, une résidente de la région, et moi l'observions. "Promets-moi que tu ne rempliras pas cette poubelle en métal," demanda-t-elle à Lauridsen. Elle pointait du doigt un baril près de la clôture du corral près du gros demi-dôme de l'entrepôt Quonset. "Si elle éclatait, des morceaux de métal seraient projetés partout. Ils pourraient te couper dans le cou."

Lauridsen acquiesça. Il laissa tomber le boyau, tint un long briquet à BBQ au-dessus de l'eau dans la cruche et le fit cliquer. Une bouffée de flamme surgit, les bulles crachaient et s'éclataient dans les flammes bleues et orange. Lauridsen ouvrit le couvercle d'une autre chaudière de plastique, fit cliquer le briquet une autre fois, et woosh! Il recula en sautant, les bottes clapotant dans la boue. Jessica Ernst riait, piétinant dans ses bottes de cowboy brunes et blanches. Elle se tourna ensuite vers moi: "Il va retourner dans la grande ville," dit-elle, "et il va leur dire qu'il y a ces gens étranges qui brûlent l'eau à Rosebud."

Niché dans une vallée sur les rives de la rivière Rosebud, aux frontières des Badlands de l'Alberta, le hameau de Rosebud (93 habitants) n'est pas cette petite ville typique des prairies. Le théâtre joue un rôle important ici. En réalité, vous pourriez dire que le théâtre a sauvé la région. En 1972, Rosebud était plus ou moins une ville abandonnée. Et le Rosebud Camp of the Arts fut fondé et devint une école de théâtre si populaire que les citoyens locaux misèrent leurs fortunes sur son succès. Aujourd'hui, plus de 30,000 touristes viennent ici à tous les ans. Ils marchent le long de Main Street, admirent les vieux édifices de la période des ranchs et les mines, mangent à volonté au buffet du restaurant, ensuite traversent la rue pour aller au Opera House pour un "musical", comédie musicale, qui, selon le directeur des arts du Rosebud Schoole, Bob Davis, "vous remontera le moral et touchera votre coeur." Depuis quelques années, par contre, la vallée de la rivière Rosebud, à une heure de voiture à l'est de Calgary, est devenue plus qu'un endroit prisé pour son théâtre: c'est l'endroit où on peut voir l'eau brûler.

Sur la propriété de 50 acres de Jessica Ernst, juste aux limites de Rosebud, l'eau de puits brûle bleue. À la ferme de Lauridsen, à 2 kilomètres de là, tout ce que çà prend, c'est un briquet pour transformer un boyau d'arrosage en lance-flamme. Remplir un contenant avec un couvercle et le laisser ainsi pendant quelques heures, cela donne un feu constant et orange pendant plus de 20 secondes. Regarder cela, c'est comme être à un spectacle de magie, excepté que les gens qui vous font la démonstration insistent pour vous l'expliquer. Les flammes bleues sont du méthane. Les flammes orange sont possiblement du toluène, un hydrocarbure que l'industrie pétrolière et gazière utilise comme solvant pour nettoyer les puits de gaz. Pas besoin de vous dire que çà ne devrait pas se retrouver dans de l'eau potable.

Certaines personnes de la place disent que le problème est naturel. "De l'eau dans le gaz, çà n'a rien de nouveau," dit George Comstock, un vieux de la veille dont le père est arrivé à Rosebud en 1912. "Anciennement, on se divertissait en allant chez quelqu'un et on allumait son robinet." Personne ne conteste cette anecdote, mais plusieurs, dont Comstock, s'inquiètent de voir que le problème s'empire. En août 2004, des sédiments ont bloqué plusieurs puits de Redland, juste en amont de Rosebud dans la vallée. Des tests ont révélé que la composition chimique de l'eau avait changé et les concentrations de gaz étaient à la hausse. En août 2005, de la fumée sortait des robinets dans la maison de Ernst. Ses deux chiens, Magic et Bandit, ont cessé de boire l'eau du robinet. Des problèmes semblables ont affligé la famille Lauridsen pendant les récoltes: les yeux de Fiona Lauridsen étaient irrités par l'ivraie de l'orge, mais après les avoir rincés avec de l'eau du robinet, l'irritation s'est empirée. À la veille de Noël, Fiona et ses enfants ont souffert de brûlures chimiques à la peau après avoir pris leur douche.

Des concentrations élevées de méthane ont été mesurées dans les sources d'eau de Ernst et des Lauridsen, dont un pic de 101,000 parties par million de méthane à la ferme des Lauridsen. Ernst, une consultante en environnement, s'inquiète que la raison pourrait être l'augmentation récente des puits de méthane de houille. "Nous avons besoin d'une évaluation exacte ici," dit-elle, "un régulateur qui n'est pas biaisé pour protéger EnCana."

EnCana est la compagnie de gaz naturel la plus importante du Canada, et fore la plupart des puits de méthane de houille et les autres puits gaziers éparpillés sur les plaines et brillent sur les collines autour de Rosebud. Quand j'ai demandé à Stacy Knull, le vice-président des opérations de l'unité de Chinook au sud de l'Alberta d'EnCana d'alors, à propos du gaz dans l'eau, il niait la responsabilité de la compagnie. "Si nous contaminons les puits," dit-il, "je perdrais la moitié de mon personnel."

Durant l'hiver de 2005, le toit du château d'eau de Rosebud sauta dans une explosion. En mars 2006, des tests du gouvernement sur la source d'eau potable du hameau détecta des traces de produits chimiques toxiques. Des tests subséquents n'ont pas eu des résultats aussi probant, bien que des traces d'hydrocarbures et de solvents industriels étaient toujours présents.

Malgré cela, plusieurs personnes de Rosebud se fendent en quatre pour rassurer les visiteurs que la source d'eau potable du hameau n'a pas de problèmes. "Il n'y a pas grand chose pour s'inquiéter," dit Debbie Anderson, la propriétaire du magasin Little Country Blessings General Store and Collectibles. "Excepté pour un ou deux extrémistes, la plupart des gens ne veulent plus en parler," dit-elle. "J'ai des clients qui viennent ici me dire que l'eau n'est pas bonne à boire. Nous devons nous tenir debout et intervenir. Si le théâtre s'en va et le restaurant s'en va, il n'y aura plus de ville."

En sortant du magasin, j'ai ramassé un pamphlet de l'école de théâtre Rosebud School of the Arts, une école catholique affiliée au Rosebud Theatre. Une phrase dans le pamphlet attira mon attention: "Rosebud est un endroit où les gens cherchent la vérité." C'est pas toutes les villes qui se donne une mission noble. Mais, la plupart du temps, l'avenir ne dépend pas de quelle histoire s'avérera véridique.

Le méthane de houille, CBM pour les intimes, est un gaz naturel comprimé dans les gisements de charbon sous terre. On lui donne le nom de gaz non conventionnel, et pour l'extraire, une compagnie énergétique fore dans la terre, perce la veine de charbon, et fracture le charbon en injectant d'importants volumes de gaz ou de produits chimiques. Le procédé de fracturation (connu sous l'expression "fracing") fait libérer le méthane dans le trou du puits.

Contrairement au gaz conventionnel, où un ou deux puits sont habituellement suffisants pour drainer les dépôts de gaz, les puits de CBM produisent habituellement des petites quantités de gaz. Cela veut dire que des puits multiples, liés par un réseau de pipelines enterrés, sont nécessaires pour acheminer le CBM vers les marchés. Sous terre, si une fracture se prolonge accidentellement d'un gisement de charbon peu profond dans une couche aquifère, ou si un travail de cimentation est défectueuse ou les coffrages fuient, alors le gaz naturel ou les fluides utilisés pendant les forages ou les fracturations peuvent s'introduire dans l'eau souterraine.

Aux États-Unis, où EnCana est aussi un gros joueur, les forages pour le CBM se font depuis au moins deux décennies. Dans des états comme le Wyoming, le Colorado et au Nouveau Mexique, les propriétaires terriens se plaignent d'irritations des yeux et de la peau inexpliquées, des gens sont malades des produits chimiques dans les puits d'eau potable, et le bétail qui boit l'eau contaminée se gonflent, saignent de tous les orifices avant de mourir.

Durant les premiers jours récents du CBM en Alberta, à moins qu'une compagnie planifiait de fracturer dans une nappe aquifère d'eau douce, les compagnies n'étaient pas obligées de faire des tests pour obtenir des niveaux de référence sur la qualité de l'eau dans les puits avoisinant avant de forer pour du gaz. Et ils pouvaient forer à moins de 200 mètres sous la surface, ou au-dessus de ce qu'on appelle "base of groundwater protection line", la limite pour protéger l'eau souterraine. Juste sous la surface, à l'abri des regards indiscrets, où le gaz naturel et l'eau souterraine sont à proximité l'un de l'autre, le sol a été éclaté.

À Calgary, j'ai parlé à un ingénieur, Pat McLellan, qui m'a dit: "La fracturation hydraulique à des faibles profondeurs de moins de 200 mètres est très complexe, et comme industrie, nous sommes moins certains tant qu'à la dimension et l'orientation du réseau de fissures créées."

Pour des raisons de propriétés de marques de commerce, les compagnies aux États-Unis et au Canada ne sont pas obligées de révéler les produits chimiques qu'elles injectent dans le sol pour fracturer les gisements de charbon. Comme les Docteurs Mary Bachran et Theo Colborn l'expliquent dans leur rapport intitulé "Chemicals Used in Natural Gas Development and Delivery" commandé par l'organisme Endocrine Disruption Exchange au Colorado, "les activités typiques des forages et stimulations nécessitent de 50,000 à 350,000 gallons ou plus de fluides à chaque fracturation. Quels produits chimiques sont utilisés dans ces liquides, et à quelles concentrations, on ne le sait pas." Il y a plus de 900 produits et composés chimiques qui pourraient être utilisés durant le processus de fracturation, dont plusieurs sont des cancérigènes très toxiques liés à des problèmes de reproduction, à des difformités du fœtus, à des défaillances au système immunitaire, à des dommages gastro-intestinaux et dommages au foie parmi d'autres effets adverses pour la santé. Aux États-Unis, l'industrie du gaz naturel "met des produits chimiques dans l'eau que vous ne voulez pas avoir pour prendre un bain, encore moins boire," dit le Docteur Colborn. Malgré tout çà, des analystes de l'industrie disent souvent que le CBM est la meilleure chose qui puisse profiter à l'industrie du gaz naturel au Canada. Débutant à la fin des années 1990, des puits exploratoires ont été forés dans la formation géologique Horseshoe Canyon sous des terres agricoles entre Calgary et Edmonton, et au travers la vallée de la rivière Rosebud. En 2006, il y avait plus de 7,000 puits de CBM dans la province.

Selon plusieurs, ce n'est que le premier pas dans la course pour le gaz de CBM. Certains analystes font des projections et disent qu'éventuellement, il aura jusqu'à 50,000 puits de CBM dans la formation Horseshoe Canyon à elle seule: une toile d'araignée grandissante de puits et de gazoducs qui pomperont le gaz pour peut-être 50 ans. D'autres formations de CBM comme les formations de charbon Mannville et Ardley sont dans la mire, en ce moment, des foreurs exploratoires, et l'exploration pour du CBM prend de l'ampleur en Colombie-Britannique et dans le Yukon aussi. La formation Horseshoe Canyon est la tête de proue pour le CBM au Canada, et à la fois l'industrie et le gouvernement affirment qu'il y a peu de raison de s'inquiéter: les veines de charbon sont "sèches", c'est-à-dire qu'il n'y a peu ou pas d'eau dans le charbon avant de pouvoir en extraire le gaz (du charbon "mouillé" génère d'importantes quantités d'eau qui doit être stockée en surface dans des bassins de décantation ou réinjectées sous terre). Aussi, l'agence provinciale Alberta Energy and Utilities Board (EUB) affirme que l'Alberta "l'environnement régulateur est sans doute le plus rigoureux de la planète."

"Ici, c'est la meilleure place pour forer," dit Knull, qui a été conférencier à plus de 200 présentations sur le CBM. J'ai été le voir dans un des bureaux corporatifs d'EnCana au centre-ville de Calgary. Avec $7,4 milliards à dépenser, la compagnie a engagé un architecte d'Angleterre pour concevoir et faire construire un édifice de marque occupant un ou deux coins de rue à Calgary. Tant qu'il ne sera pas construit, les employés d'EnCana travaillent dans 6 différentes bâtisses au centre-ville. En sortant de l'ascenseur au 18e étage de celui que j'ai visité, j'ai remarqué que les murs étaient gris, ou beige crémeux, et décoré modestement avec des paysages pastels et des peintures abstraites. Il y avait très peu d'odeurs, et la place était récurée, donnant l'impression impersonnelle d'un hôtel d'aéroport. Knull avait des joues joufflues et une moustache bien taillée, portait une chemise au col à boutons. Il est avenant et direct. Les problèmes d'eau autour de Rosebud, selon lui, ne sont pas de la faute de sa compagnie. Des bactéries qui se retrouvaient là naturellement peuvent contaminer les puits d'eau potable. Lui-même un fermier, Knull explique que c'est nécessaire de faire un traitement choc au chlore au puits d'eau potable deux fois par année. Dans la région de Rosebud, selon lui, les puits d'eau potable sont souvent creusés dans des veines de charbon, et le gaz de méthane a toujours été dans l'eau. Pour ce qui est des fracturations dans le Horseshoe Canyon, Knull dit: "nous devons utiliser de l'azote." Il fait un poing dans l'air comme si il voulait séparer l'élément de l'oxygène et le faire apparaître. "L'azote est dans l'air que nous respirons," dit-il. Pour appuyer les initiatives locales comme des arénas pour le hockey ou des théâtres, EnCana donne 1% des profits aux communautés, selon lui. "Tout le monde a besoin d'énergie. Si vous êtes contre le pétrole ou l'essence, vous devez être pour le méthane de houille."

"S'il y avait un séisme," dit Sean Kenney, en indiquant sur une carte de sa ferme étendue sur sa table de cuisine, "c'est ici l'endroit idéal pour se trouver à ce moment-là." Il met son doigt sur une section carrée de la carte si striée de lignes que çà ressemblait à des plans pour un bunker en acier. "C'est très solide ici dedans." dit-il.

Un homme sans prétentions de grandeur et de poid moyens aux cheveux blonds cendrés coupés courts, Kenney travaille avec ses 3 frères sur la ferme de la famille de 8,000 acres qui produit de la moulée et du bétail dans la communauté de Redland, dans la vallée en amont de Rosebud. La carte indique tous les gazoducs et les puits gaziers sur la ferme de 4 générations de sa famille: on peut voir les puits gaziers profonds des années 1960, les puits gaziers peu profonds forés dans les années 1990 et les puits de CBM forés depuis les quelques dernières années.

"Quand ils vont en forer un autre," dit Kenney, "le superviseur de la construction n'a qu'à m'appeler. On s'entend bien."

Pendant qu'on parlait, l'épouse de Kenney, Jacqueline, surveillait leurs trois petits enfants tout en faisant les préparatifs pour un voyage en fin de semaine avec des amis de golf dans les Rocheuses. La télévision dans la nouvellement construite maison de ferme était allumée et on pouvait y regarder un tournoi de golf. La vie dans la maison semblait être la routine normale d'un fermier prospère de l'Alberta, excepté qu'il devait boire de l'eau en bouteille, selon Kenney. En août 2004, la famille revenait de vacances et a trouvé des sédiments dans leur eau de bain et leur eau de lessive. Un foreur de puits d'eau local appelé Chris Gerritsen croit qu'il y avait une fuite dans le coffrage du puits d'eau potable de Kenney. Il leur a foré un nouveau. Celui-là aussi s'est rempli de sédiments. Et après avoir pompé pendant plusieurs jours, le nouveau puits ne s'est pas nettoyé, ce qui arrive rarement. Un gros verre d'eau rempli du robinet se couvrait d'une épaisse couche de mousse. "Comme un buck de bière," dit-il. "vous pouviez l'enlever à la cuillère." Kenney a mis son doigt sur la carte, indiquant l'une des sources de CBM d'EnCana connue sous le nom de 05-14 Gas Well. "Çà, c'est le puits qu'ils ont cimentés," dit-il. "Il est tout près de ma maison."

Il jeta un regard sur ses enfants dans la cuisine, des enfants aux joues roses, le plus jeune avec des cheveux blonds frisés. "Ils ont fracturé 5 pieds de charbon d'où je prend mon eau," dit-il. "Quand l'eau est virée mauvaise, mon épouse était enceinte à 8 mois et demi. Nous avons transporté notre lessive à Rockyford pendant 3 mois."

"Je ne cherche pas de pépins," dit-il. "Je veux seulement savoir quels sont les produits chimiques sont dans l'eau." Les orages au coeur de l'Alberta sont impressionnants. Les premiers vents arrachent les branches des arbres, ensuite des vents encore plus violents apportent des nuages noirs qui courent les plaines. Les éclairs claquants transpercent l'air électrifié, et les nuages gonflés martèlent la pluie, parfois toute la nuit. Les routes de terre se transforment en boues raboteuses, dangereuses. Les herbes et les rosiers sauvages du bord de la route luisent sous la pluie. Pendant que l'orage fait à ses 4 volontés et transperce le vaste ciel, des clôtures orange brillent autour des puits gaziers dans des champs saturés d'eau, et le prochain nuage se projette déjà à l'horizon comme un poing.

J'ai pris l'auto pour rencontrer Gerritsen, le foreur de puits d'eau potable des Kenney, pendant un tel orage. Foreur de puits de 2e génération, Gerritsen est un homme solide avec un visage rondelet avenant. Des mèches de cheveux se dressent sur sa tête comme s'il était chargé d'électricité, et il parle rapidement, avec intensité, vous regardant directement dans les yeux. Quand je me suis montré à son entrepôt, ses assistants réparaient une pompe à eau sur le plancher de l'atelier, le tambourinement de la pluie se mêlant aux martèlement du métal qui frappait le métal. Nous montons les escaliers pour aller dans son bureau.

"Si je travaillais pour EnCana en ce moment, je ne pourrais pas vous parler de tout ceci," dit Gerritsen. "Alors j'ai donné ma démission." En 2004, Gerritsen était sous-contractant pour EnCana quand les problèmes d'eau ont commencé à la ferme de Kenney. Pendant son contrat, une firme de consultants appelée Hydrogeological Consultants Ltd (HCL) a été engagée par EnCana pour enquêter sur les problèmes d'eau de Kenney et faire un rapport.

"Chez Sean, nous avons foré un nouveau puits et ils ont pris çà pour faire des tests," dit-il. "La mousse qui sortait du puits de Sean, la mousse qu'il dit ressemblait à de la mousse sur le dessus d'un buck de bière, ils l'ont jetée. Il y a eu un test qu'ils ont fait qu'ils ont jeté parce que le niveau d'azote était à 30%. Ils disent qu'il était contaminé par l'air."

D'autres plaintes ont été faites, et Gerritsen a réalisé que quelque chose d'inhabituel faisait quelque chose à l'eau dans la région. Il s'est mis à nommer les puits contaminés sur lesquels il a enquêté: "Don Glazebrook, Dale et Linda Dahm, celui de Olive Kenney était très aussi," dit-il. "Je me suis demandé, qu'est-ce qui se passe à Redland? Une chose après l'autre, des choses que je n'avais jamais vues auparavant, et çà fait longtemps que je fais çà."

"Les sédiments, c'est très habituel à Redland, et la chimie change dans l'eau," précise-t-il. "Le dénominateur commun, c'était plus de gaz."

En janvier 2005, la firme sous-contractante a conclu que les sédiments dans le nouveau puits d'eau potable de Kenney était causé par une conception inappropriée. Les concentrations élevées d'azote trouvées dans l'eau ne semblaient pas être causées par la stimulation du puits appelé 05-14 Gas Well." Ou en d'autres mots: l'azote est un évènement exceptionnel, et l'eau sale, c'est la faute du foreur de puits d'eau potable. Le rapport mettait complètement de côté la possibilité que l'azote utilisé durant les fractures du puits gazier peu profond aurait pu migrer dans l'eau souterraine, accompagné de tout autre chose qui aurait pu être dans le puits gazier.

"J'étais très vexé de tout cela," dit Gerritsen. "J'ai eu une rencontre avec EnCana et j'ai dit c'est fini, je ne veux plus que vous m'appeliez. Je leur ai dit que je savais ce qu'ils avaient fait là haut dans les collines."

Ce qui est clair, même en lisant le rapport, que quelque chose s'est mal déroulé dans le puits gazier. Dans les collines près de la maison de Kenney, le puits appelé 05-14 Gas Well produisait de l'eau, 5,6 litres par minute selon le rapport, ce qui équivaut à environ 8,000 litres par jour, de la même profondeur que la nappe aquifère qui alimente plusieurs puits d'eau potable de la région, incluant celui de Kenney. En juillet 2004, après un certain nombre d'arrêts de travaux à cause de l'eau, des serrures de ciment ou des sceaux ont été mis sur le puits gazier à des profondeurs si peu loin que 125,5 mètres. La formation géologique Horseshoe Canyon est supposée d'être sèche et ne pas produire beaucoup d'eau dans les puits gaziers, et les serrures de ciment sont habituellement faites seulement quand il y a un problème. En août, l'eau de Kenney est virée mauvaise. En octobre, le puits gazier était complètement cimenté et fermé pour de bon.

Six mois avant qu'on imprime le rapport, les tests menés par Encana sur le puits appelé 05-14 Gas Well indiquaient des concentrations d'azote qui atteignaient presque 30%. Bien que cette information était disponible, elle n'est pas mentionnée dans le rapport de HCL. Au lieu de comparer les niveaux d'azote élevés dans le puits de Kenney à ceux trouvés dans le puits appelé 05-14 Gas Well, le rapport compare l'eau de Kenney avec d'autres puits gaziers jusqu'à 27 kilomètres plus loin qui indiquent des bas niveaux d'azote. Le rapport concluait que l'azote trouvée dans l'eau du puits de Kenney ne pouvait pas venir d'un puits gazier parce que le gaz dans sa région ne contient pas des niveaux élevés d'azote. Gerritsen s'avance au-dessus de la table. "Le problème, ce sont les produits chimiques qui sont peut-être dans l'eau," dit-il. "Certaines choses à Redland, j'ai pensé, pourquoi n'ont-ils pas vérifié cela? Pourquoi n'ont-ils pas vérifié pour le méthane tout de suite? L'azote? Mais ils n'ont pas vérifié pour les hydrocarbures à aucun moment. Je pensais, ne voudriez-vous pas vérifier pour çà, juste pour savoir?"

"Nous avons toujours eu du gaz," dit-il. "Mais maintenant, la question est, combien et à quelle concentration? Quand vous testez d'autres puits qui n'ont pas été affectés, ils sont faibles. Un gisement de charbon va émettre une certaine quantité de méthane, mais maintenant, combien plus avons-nous? Nous ne faisions pas des tests auparavant, parce que ce n'était pas un problème."

Il secoua la tête. "Ils ont eu la réponse qu'ils avaient besoin," dit-il. "Ils n'admettront jamais les dommages qu'ils ont fait." "Prend un biscuit," dit Jessica Ernst. J'étais debout dans sa cuisine, regardant les chardonnerets dans une mangeoire près du perron. Ernst était debout à son comptoir de cuisine à manger du fromage et des biscuits. J'en ai pris, moi aussi, et je les ai mangé debout, comme elle. La table de cuisine débordait de papiers: des lettres, des reportages, des études scientifiques, des données techniques sur le forage et la fracturation hydraulique; çà débordait, poussant son portable juste au bord.

"Je suis si fatiguée," dit-elle, s'appuyant sur le frigo. "C'est une bataille sans fin."

Je croquais dans un biscuit en acquiesçant de la tête. Je suis allé dans sa maison à la limite de Rosebud plusieurs fois. Bien qu'elle soit née et a grandi à Montréal, Ernst a plus de 25 années d'expérience à travailler avec les compagnies pétrolières et gazières en Alberta. Une grande femme aux pommettes saillantes et de long cheveux blonds argentés, elle est une mine de savoir sur les questions techniques et régulatrices. Commençant tôt le matin, dès 8h00, il y a une suite de demandes presque constante: des appels téléphoniques de propriétaires terriens inquiets, des courriels de journalistes avec des heures de tombées, encore plus de documents de CBM à étudier, et pourtant, une autre réunion en soirée à préparer. Chaque fois que j'allais la voir, elle était en retard dans sa paperasse pour son commerce de consultation environnementale.

"Je n'ai plus de vie personnelle, dit-elle. "C'est l'une des choses qui me mettent vraiment en colère dans toute cette affaire. J'ai perdu ma solitude." Et son robinet. Un peu plus tôt, nous avions rempli des cruches de 5 gallons avec de l'eau de son boyau de jardin. L'eau faisait des bulles et pétillait dans la cruche. J'ai mis mes mains autour du col de la cruche pour le fermer et le gaz qui sortait de l'eau poussait sur mes paumes et sifflait au-travers de mes doigts même si je les tenais fermés le plus fort que je pouvais. Dans l'entrepôt Quonset, nous avons allumé un briquet au-dessus de l'ouverture de la cruche. Une flamme bleue surgit violemment dans la noirceur de la grange.

"Jusqu'en 2004, j'avais la meilleure eau de toute la vallée," dit Ernst. "Ensuite, tous ces gaz se sont mis à entrer dans ma maison, par les robinets. Je respirais tout çà. À partir de 2005, ma peau devenait irritée gravement quand je prenais un bain ou une douche, et mes yeux brûlaient."

En mars 2006, une enquête débuta pour étudier les problèmes d'eau sur la propriété de Ernst. Une enquête semblable se déroulait en même temps à la ferme Lauridsen, de l'autre côté de Rosebud. Sous les ordres d'Alberta Environment, pendant la durée de l'enquête, EnCana doit fournir de l'eau propre aux Lauridsen. Ernst aussi reçoit des livraisons régulières d'eau. Pour tenir le gouvernement responsable, elle a demandé à Alberta Environment de payer pour les livraisons.

"Maintenant, j'ai des citernes dans la maison remplies d'eau saine qu'on me livre," dit Ernst. "Ma vue revient normale. Ma vue s'empirait beaucoup."

Elle regardait par la fenêtre, voyait l’entrepôt Quonset à côté de la clôture et les vertes collines de la vallée au loin. Quand Ersnt a acheté la propriété en 1998, la cour était pleine de machinerie agricole brisée et rouillée. Maintenant, tout a été nettoyé. Un pic-bois martelait un poteau de téléphone. Un cerf broutait un buisson amélanchier sur la colline en arrière.

"Cet endroit est le projet environnemental de ma carrière. J'ai pas mal tout investi ce que j'avais pour le nettoyer," dit-elle. "Maintenant, la seule façon de faire des tests de façon sécuritaire chez moi serait d'avoir de la police, des pompiers et une ambulance sur les lieux, prêts à intervenir." Elle mange un autre biscuit avec du fromage et s'assoit devant son portable. Dans un article de journal parmi les piles de documents sur la table, Mike Dawson, le président du groupe Canadian Society for Unconventionnal Gas, affirme: "Des tests fait sur l'eau par Alberta Environment n'ont trouvé aucun lien entre les puits d'eau potable avec du gaz et le gaz naturel de l'exploration et le développement du gaz de houille." L'industrie et le gouvernement considèrent que le CBM est toujours sécuritaire. Ernst est déterminée de faire la preuve qu'ils ont tort. Parmi les preuves qui s'accumulent: Husky Oil a trouvé que 46% de ses puits de gaz conventionnel qui ont été testés en Alberta et en Saskatchewan fuyaient du gaz dans l'eau souterraine et le sol. L'Association canadienne des Producteurs pétroliers ont carrément titré l'une de leurs études "Migration of Methane into Groundwater from Leaking Production Wells Near Lloydminster" (la migration du méthane dans l'eau souterraine venant des puits de production fuyants près de Lloydminster). Une étude sur les forages aux É.-U. arrive à la conclusion que "les passages de migration fait par l'homme ont introduit la majorité du gaz près de la surface dans la région étudiée."

Elle fit un geste vers la pile de lettres envoyées aux propriétaires terriens de l'Alberta venant des agences de prêts qui refusent de leur accorder des prêts. "Pour accepter cette propriété comme garantie hypothécaire, nous exigeons une confirmation que cette propriété a été assainie et est libre de toute contamination environnementale de toutes sortes que ce soit." dit une lettre. "Nous sommes réticents d'accepter cette terre comme garantie à cause du déversement pétrolier." disait une autre.

Depuis un an, des nouveaux règlements ont été votés, interdisant la fracturation à faible profondeur au-dessus de la ligne de 200 mètres de profondeur sans une évaluation complète des impacts potentiels. Aussi, les compagnies doivent maintenant demander aux propriétaires terriens qui ont des puits d'eau potable à moins de 600 mètres d'un puits de gaz CBM si ils veulent avoir leur eau testée avant le début des forages (800 mètres si il n'y a pas de puits plus près). Ernst remarque que c'était trop peu, trop tard pour Horseshoe Canyon où des milliers de puits CBM ont déjà été forés. De plus, les tests de niveau de base n'identifieraient que la présence de gaz dans l'eau. Les augmentations de concentrations de gaz ne seraient pas vérifiées. Bien que la technologie existe pour le faire, il n'y a pas d'effort mandaté pour retracer le méthane dans l'eau d'un puits gazier qui contamine.

"Je suis choquée de voir qu'on laisse l'industrie nous passer sur le corps comme çà." dit-elle.

Je lui ai demandé ce qui la pousse à continuer. Elle leva les yeux de son portable: "C'est une guerre, dit-elle. "Et en fait, on ne peut pas m'acheter."

De la maison de Ernst, j'ai marché 5 minutes sur une route de terre, passé les silos-élévateurs à côté de la voie ferrée, les tracteurs antiques devant l'Opera House, et sur la Main Street du hameau, dans Rosebud, pour rencontrer Bob Davis du Rosebud Theatre. Des autobus en tournée arrivaient en ville. Des touristes faisaient les magasins et prenaient des photos des vieux édifices. "Notre eau est saine," it Davis, l'air tout jeune. "Le défi, c'est de faire une séparation entre le hameau et les propriétaires terriens privés."

Je lui demande comment la controverse du CBM pourrait se terminer si c'était une pièce de théâtre jouée par sa compagnie. "Si cette histoire était une pièce du Rosebud Theatre," dit Davis, "alors peut importe les problèmes des gens seraient résolus. Cela se terminerait par les corporations canadiennes qui seraient solidaires avec les ruraux de l'Alberta, ensemble sur un roc de compréhension où on pourrait se rencontrer et se saluer sans barrières. Çà finirait bien."

Il m'encourage pour que j'achète un billet pour le repas buffet et une pièce à l'Opera House. Joseph et l'équipe Amazing Technicolor Dreamcoat étaient à l'affiche: l'histoire d'un homme qui se fait vendre par ses frères pour faire de l'argent. J'ai acheté un billet. Au restaurant, j'ai regardé les plans d'un projet pour un nouveau Rosebud Centre (centre communautaire de 10,000 pieds carrés). EnCana a contribué pour $150,000.

Dans le Opera House, presque tous les sièges étaient pris par des groupes de personnes âgées et des familles avec de jeunes enfants. Je me suis assis à l'avant. On baisse les lumières. La scène s'anime. Une femme danse et chante tandis que des enfants étaient assis sur des lits avec de grands yeux pour mieux écouter les premières lignes de la pièce.

"Est-ce que ces histoires sont vraies?" demande-t-elle, pour ensuite répondre dramatiquement à sa propre question: "Les histoires vraies sont celles qui durent très très longtemps."
Photo: Tim Fraser, Calgary Herald

"Burning Water

Welcome to a picture-perfect green valley of happy tourists, young families and corporate goodwill. Too bad you can't drink the water. Tadzio Richards documents a community's concern over irresponsible mining practices.
By Tadzio Richards March 17, 2007

- Peter Lauridsen stood in his farmyard in gumboots with a garden hose in his hand, staring at a black plastic jug of water. Clear bubbles formed and popped on the water’s surface.

“Holy doodle,” he said. “That’s the worst I’ve ever seen.”

Local resident Jessica Ernst and I watched. “Promise me you won’t fill that metal bin,” she said to Lauridsen. She pointed at a barrel by the corral fence next to the big half-dome Quonset hut. “If it blew, there’d be shards of metal flying. They could cut you in the neck.”

Lauridsen nodded. He dropped the hose, held a long barbecue lighter above the water in the jug and clacked the trigger. A gust of flame erupted, the bubbles sizzling and popping in blue and orange bursts. Lauridsen flipped the lid open on another plastic pail, clacked the lighter again and thump-whoosh! He leapt back, boots sloshing in the mud. Jessica Ernst laughed, rocking back and forth in her brown and white cowboy boots. Then she looked at me. “He’s going to go back to the big city,” she said, “and he’s going to say there’s these really strange people burning water out in Rosebud.”

Nestled in a valley along the Rosebud River at the edge of the Alberta Badlands, the hamlet of Rosebud (pop. 93) is not your typical little town on the prairie. Theatre is a big deal here. In fact, you could say it saved the area. In 1972, Rosebud was more or less a ghost town. Then Rosebud Camp of the Arts was started and grew into a theatre school so successful that local citizenry pegged their fortunes to it. Today over thirty thousand tourists visit every year. They walk the Main Street, admire the old ranching and coal mining-era buildings, eat a heaping buffet meal at the restaurant, and then cross the street to the Opera House to see a musical that, according to Rosebud School of the Arts Executive Director Bob Davis, “will uplift the human spirit and touch the heart.” In recent years, however, the Rosebud River Valley—an hour’s drive east of Calgary—has become known as more than a theatre hotbed: it’s the place to see water burn.

At Jessica Ernst’s fifty-acre property, just outside Rosebud, the well water burns blue. At the Lauridsen farm, two kilometres away, a lighter is all it takes to turn a garden hose into a flame-thrower. Poured into a container with a lid and left to sit for a few hours, the blaze is steady and orange for more than twenty seconds. Watching this is like being at a magic show, except the people doing the trick insist on explaining it. The blue flames are methane. The orange flames are possibly toluene, a hydrocarbon the oil and gas industry uses as a solvent to clean gas wells. Needless to say, it has no business lurking in drinking water.

Some locals claim the problem is natural. “Gas in water is nothing new,” said old-timer George Comstock, whose father came to Rosebud in 1912. “In the old days, the entertainment was to go to someone’s place and light the taps on fire.” No one disputes the anecdote, but many—including Comstock—worry that the problem is getting worse. In August 2004, silt choked several wells in Redland, just up the valley from Rosebud. Tests revealed changes in the water’s chemical composition and increased levels of gas. In August 2005, smoke came out of the taps in Ernst’s house. Her two dogs, Magic and Bandit, quit drinking the tap water. Similar problems hit the Lauridsen family during harvest—Fiona Lauridsen’s eyes had been irritated by barley chaff, but after she rinsed them in tap water the irritation got worse. On Christmas Eve, Fiona and her children got chemical skin burns from taking showers.

High levels of methane were found in both the Ernst and Lauridsen water supplies, with a bubble-producing high of 101,000 parts per million methane at the Lauridsen farm. Ernst, an environmental consultant, is worried the reason might be the recent increase in coalbed methane wells. “We need an accurate assessment here,” she said, “a regulator who’s not biased to protect EnCana.”

EnCana is Canada’s largest natural-gas company, and it drills most of the coalbed methane and other gas wells that dot the plains and glisten on hills around Rosebud. When I asked Stacy Knull, EnCana’s then-vice president of operations for the Chinook Business Unit in southern Alberta, about the gas in the water, he denied company responsibility. “If we’re contaminating wells,” he said, “I’d lose half my staff.”

In winter 2005, the top of the Rosebud water tower blew off in an explosion. In March 2006, government tests of the hamlet’s water supply found traces of toxic chemicals. Later tests were less conclusive, though traces of hydrocarbons and industrial solvents were still found.

Despite this, many in Rosebud go out of their way to reassure visitors that nothing is wrong with the hamlet’s water supply. “There’s not a lot to be worried about,” said Debbie Anderson, the storekeeper at Little Country Blessings General Store and Collectibles. “Except for one or two extremists, most people don’t want to bring it up anymore,” she said. “I had patrons coming in saying the water’s not fit to drink. We have to step in and say something. If the theatre goes and the restaurant goes, there goes the town.”

On my way out of the store, I picked up a brochure for Rosebud School of the Arts, a Christian school affiliated with the Rosebud Theatre. A line from the brochure caught my eye: “Rosebud is a place for people who seek out truth.” It’s not every town that claims a higher purpose. Then again, in most places, the future doesn’t depend on whose story turns out to be true.

Coalbed methane—CBM for short—is natural gas compressed into coal seams under the earth. It’s known as unconventional gas, and to get it out, an energy company drills into the earth, pierces the coal seam and fractures apart the coal by blasting in large volumes of gases or chemicals. The fracturing process (known as “fracing”) releases methane into the well bore.

Unlike conventional gas, where one or two wells are usually enough to drain a gas deposit, CBM wells typically produce low amounts of gas. This means that multiple wells, linked by networks of buried pipeline, are needed to get CBM to market. Under the ground, if a fracture accidentally spreads from a shallow coal seam into an aquifer, or if a cement job fails and a gas well casing leaks, then natural gas or fluids introduced during the drilling or fracing process can seep into groundwater.

In the US, where EnCana is also a big player, CBM drilling has been up and running for at least two decades. In states like Wyoming, Colorado and New Mexico, landowner complaints include unexplained skin and eye irritations, people getting sick from chemicals in water wells, and cattle drinking contaminated water then bloating and dripping blood from orifices before dying.

In the recent early days of CBM in Alberta, unless a company was planning on fracing into freshwater aquifers, companies were not required to do baseline testing of nearby water wells prior to drilling for gas. And they were allowed to drill at less than two hundred metres below the surface, or above what’s known as the “base of groundwater protection” line. Just beneath the surface, out of sight, where natural gas and groundwater lie in close proximity, the ground was blasted apart.

In Calgary, I talked to an engineer, Pat McLellan, who said, “Hydraulic fracturing at shallow depths of less than two hundred metres is complex, and as an industry, we are less certain about the size and orientation of the induced network of cracks.”

For proprietary reasons, companies in the United States and Canada do not have to disclose the chemicals they inject into the earth to fracture the coal seams. As Dr. Mary Bachran and Dr. Theo Colborn explain in a report entitled “Chemicals Used in Natural Gas Development and Delivery,” commissioned by the Endocrine Disruption Exchange in Colorado, “Typical drilling and stimulation activities use fifty thousand to three hundred and fifty thousand gallons or more of the fluid at each fracing. What chemicals constitute these liquids, and at what concentrations, is unknown.” There are over nine hundred products and chemicals that could be used in the fracing process, many of which are highly toxic carcinogens linked to reproductive problems, fetal deformities, immune-system failure, and gastrointestinal and liver damage among other adverse health effects. In the US, the natural-gas industry is “putting chemicals in water that you don’t even want to take a bath in, let alone drink,” said Dr. Colborn. Despite all this, industry analysts often refer to CBM as the next big thing for Canada’s natural-gas industry. Beginning in the late 1990s, exploratory wells were drilled in the Horseshoe Canyon formation running beneath agricultural land between Calgary and Edmonton and through the Rosebud River Valley. By 2006, there were more than seven thousand CBM wells in the province.

By most accounts, that’s just a first step in the CBM gas rush. Some analysts project there will eventually be as many as fifty thousand CBM wells in the Horseshoe Canyon area alone—a growing spiderweb of wells and pipelines pumping gas for up to fifty years. Other CBM beds such as the Mannville and Ardley coal formations are currently the focus of exploratory drilling, and CBM exploration is ramping up in British Columbia and the Yukon as well. Horseshoe Canyon is the beachhead for CBM in Canada, and both industry and government claim there’s little to worry about: the coal seams are “dry” meaning little or no water has to be pumped from the coal before the gas can flow (“wet” coal generates large volumes of water that needs to be stored in surface containment ponds or diverted back underground). As well, the Alberta Energy and Utilities Board (EUB) claims that Alberta’s “regulatory environment is arguably the most stringent in the world.”

“This is a better place to drill,” said Knull, who has given over two hundred presentations on CBM. I went to visit him at one of EnCana’s corporate offices in downtown Calgary. With $7.4 billion to spend, the company has hired an architect from England to design and build a “signature building” on “one or two” city blocks in Calgary. Until it’s built, EnCana employees work in six different buildings in the downtown core. Getting out of the elevator on the eighteenth floor of the one I visited, I noticed the walls were grey, or creamy beige, and sparsely adorned with softly coloured landscapes and abstract paintings. There is very little smell, and the place has the scrubbed, rootless feel of an airport hotel. Knull has chubby cheeks and a trim moustache, and wears a blue button-up shirt. He is personable and direct. The water problems around Rosebud, he said, were “not caused by us.” Naturally occurring bacteria can contaminate water wells. A farmer himself, Knull explained that “it is necessary to shock-chlorinate [the] wells twice a year.” In the Rosebud area, he said, water wells are often sunk into coal seams, and methane gas has always been in the water. As for fracing in the Horseshoe Canyon, says Knull, “we just use nitrogen.” He grabbed the air with his hand as if to tear the element from oxygen and bring it into view. “Nitrogen is in the air we breathe,” he said. In support of initiatives like hockey arenas and theatres, EnCana gives “one percent of profits to communities,” he said. “Everyone needs energy. If you’re anti–oil and gas, you’ve got to support coalbed methane.”

If there was an earthquake,” said Sean Kenney, pointing at a map of his farm laid out on his kitchen table, “this would be the place to be.” He put his finger on a square section of map so thick with lines it looked like a blueprint for a steel bunker. “It’s pretty solid in there,” he said.

An unassuming man of medium height and weight with short, dirty-blond hair, Kenney works with his three brothers on the family’s eight-thousand-acre cattle-and-grain operation in the community of Redland, just up the valley from Rosebud. The map showed all the pipelines and gas wells on the fourth-generation farm—the deep gas wells from the 1960s, the shallow gas wells that came in the 1990s and the CBM wells drilled in the last few years.

“When they’re going to drill a new one,” says Kenney, “the construction supervisor will just call me up. We have a good relationship.”

As we talked, Kenney’s wife Jacqueline watched their three small children and packed for a weekend trip—golf with friends in the Rockies. The TV in the newly built farmhouse was tuned in to a golf tournament. Life in the house seemed like the normal routine of a successful Alberta farmer, except for one thing: “We’re drinking bottled water,” said Kenney. In August 2004, the family came back from a vacation and found silt in their bath and laundry water. A local well driller named Chris Gerritsen believed there was a break in the casing of the Kenney’s water well. He drilled them a new one. It, too, was full of silt. And after pumping for several days, the new well didn’t clean out—an extremely rare occurrence. A mug of water poured from a tap had thick foam on top. “Like beer head,” he said, “you could spoon it.” Kenney put his finger on the map, pointing to one of EnCana’s CBM sources known as the 05-14 Gas Well. “This is the well they cemented over,” he said. “It’s right next to my house.”

He looked over at his children in the kitchen, rosy-cheeked children, the youngest with curly blond hair. “They fraced five feet of coal that I’m getting water from,” he said. “When the water went, my wife was eight-and-a- half months pregnant. We hauled laundry to Rockyford for three months.”

“I’m not looking for a problem,” he said. “I just want to know what chemicals are in the water.” Storms in central Alberta are something to behold. Advance winds blow branches from trees, then stronger winds bring bustling dark clouds over the plains. Crackling spears of lightning shoot through the electric air, and bloated low clouds pelt rain, sometimes all night. Dirt roads turn into treacherous, potholed slicks. Roadside grasses and pink wild roses glisten with rain. As the storm rages ungovernable and moves on across the big sky, orange fences gleam around gas wells in waterlogged fields, and the next dark thunderhead is already rising in the distance like a fist.

I drove out to meet Gerritsen, the Kenneys’ water-well driller, during one such downpour. A second-generation driller, Gerritsen is a stocky man with a round, friendly face. Strands of hair stick up from his head as if charged with static electricity, and he speaks quickly, intently, with an eye-to-eye gaze. When I showed up at his warehouse, his assistants were fixing a water pump on the shop floor, the clatter of rain on the roof mixing with the clang and thump of metal on metal. We went up the stairs to his office.

“If I were working for EnCana right now, I could not talk to you about this,” said Gerritsen. “So I quit.” In 2004, Gerritsen was under contract to EnCana when the water problems began at Kenney’s farm. During his contract, a consulting firm, Hydrogeological Consultants Ltd. (HCL), was hired by EnCana to investigate the Kenney water problems and write a report.

“At Sean’s, we drilled a new well and they used that for testing,” he said. “The foam coming out of Sean’s well—the foam he said looked exactly like beer in a mug—they threw it out. There was one test they did that they threw out because the nitrogen level was 30 percent. They said it was contaminated from the air.”

More complaints came in, and Gerritsen realized that something unusual was happening to the water in the area. He counted off the contaminated water wells he had investigated: “Don Glazebrook, Dale and Linda Dahm—Olive Kenney was a real hot one too,” he said. “I just asked myself, what’s going on in Redland? Like, one thing after another, stuff I’ve never seen before—and I’ve done this for a long time.”

“The silt is very common in Redland, and chemistry changes in the water,” he continued. “The common denominator was more gas.”

In January 2005, the consulting firm concluded that the silt in Kenney’s new water well was related to “inappropriate design.” The high levels of nitrogen found in the water “did not appear to be a result of the stimulation of the 05-14 Gas Well.” Or in plain language: The nitrogen is a freak occurrence, and the dirty water is the water-well driller’s fault. The report dismissed the possibility that nitrogen used in the shallow gas-well fractures had migrated into the groundwater, along with anything else that might have been in the gas well.

“I was quite upset about this,” said Gerritsen. “I had a meeting with EnCana and I said I’m done, I don’t want you to call me. I said I knew what they did up in the hills.”

What’s clear, even from the report, is that something went wrong with the gas well. In the hills by the Kenney house, the 05-14 Gas Well was producing water—5.6 litres a minute according to the report, which amounts to about 8,000 litres a day—from the same depths as the aquifer that supplies a number of water wells in the area, including Kenney’s. In July 2004, after a number of shutdowns because of the water, cement squeezes or seals were applied to the gas well at depths as shallow as 125.5 metres. The Horseshoe Canyon is supposed to be dry and not produce much water in gas wells, and cement squeezes are usually done only if there’s a problem. In August, the Kenney water well went bad. In October, the gas well was fully cemented off and shut down.

Six months before the report was printed, EnCana’s testing of the 05-14 Gas Well revealed nitrogen levels as high as almost 30 percent. While this information was available, it’s not in the HCL report. Instead of comparing the high nitrogen levels in the Kenney well to that in the 05-14 Gas Well, the report compares Kenney’s water with other gas wells up to twenty-seven kilometres away with low levels of nitrogen. The report found the nitrogen in the Kenney water couldn’t have come from a gas well because gas in the general area doesn’t have high levels of nitrogen. Gerritsen leaned over the table. “The concern now is chemicals possibly in the water,” he said. “Certain things at Redland—I thought, why didn’t they check for this? Why didn’t they check for methane levels right away? Nitrogen levels? But they didn’t check for hydrocarbons at any time. I thought, wouldn’t you want to check for that, just to see?” “We’ve always had gas,” he said. “But now the question is, how much and in what concentration? When you test other wells that haven’t been affected, they’re low. A coal seam will give off a certain amount of methane, but now, how much more do we have? We weren’t testing for it before because it wasn’t a problem.”

He shook his head. “They got the answer they needed,” he said. “They’ll never admit the damage.” Have some crackers,” said Jessica Ernst. I stood in her kitchen, staring out the window at goldfinches pecking in a bird feeder at the edge of the deck. Ernst stood at the counter eating cheese and crackers. I grabbed some, too, and ate standing up like she did. The kitchen table was stacked with papers: letters, articles, studies, technical data on drilling and fracing, lists of chemicals, data sheets on CBM wells and records of rural water tests. The piles spilled over the ends of the table, pushing her laptop to the edge.

“I’m so tired,” she said, leaning back against the fridge. “It’s a non-stop battle.”

I munched on crackers and nodded. I’d been to her house at the edge of Rosebud several times. Though born and raised in Montreal, Ernst has over twenty-five years of experience working with oil and gas companies in Alberta. A tall woman with high cheekbones and long, silvery-blond hair, she is a wealth of knowledge about technical and regulatory issues. Beginning in the morning, from eight o’clock on, there is a near-constant stream of inquiries: phone calls from concerned landowners, emails from journalists with deadlines, more CBM-related documents to look at, yet another evening meeting to prepare for. Each time I visited, she was behind in the paperwork for her environmental consulting business.

“I’ve lost my life,” she said. “That’s the one thing that really angers me in all this. I’ve lost my solitude.” And her tap water. Earlier we’d filled five-gallon jugs with water from her garden hose. The water bubbled and fizzed in the jug. I put my hands around the top of the jug to make a seal and the gas coming off the water pushed at my palms and whistled through tightly squeezed fingers. In the Quonset hut, we’d sparked a lighter at the opening at the top of the jug. A burst of blue flame ripped upward in the darkness of the barn.

“Till 2004, I had the best water in the valley,” said Ernst. “Then all these gases were blowing in my home, coming out the taps. I was breathing this stuff. From 2005, my skin was getting irritated really bad from baths and showers, and my eyes were burning.”

In March 2006, an investigation had begun to look into the water problems at Ernst’s place. A similar investigation was already under way at the Lauridsen farm on the other side of Rosebud. Under order from Alberta Environment, for the duration of the investigation, EnCana now provides the Lauridsen’s with clean water. Ernst also receives regular water deliveries. To hold the government accountable, she requested that Alberta Environment pay for the deliveries.

“Now I have tanks in the house with safe water delivered,” said Ernst. “My eyesight’s coming back. My eyesight was really going downhill.”

She looked out the window at the Quonset hut by the fence and the green hills of the valley beyond. When Ernst bought the property in 1998, the yard was full of broken-down, rusting farming equipment. Now it’s cleaned up. A pileated woodpecker knocked on a telephone pole. A deer nibbled on the Saskatoon bushes on the back hill.

“This place is the environmental project of my career. I put pretty much everything I had into cleaning it up,” she said. “Now the only safe way to do testing on my place would be to have police, firemen and paramedics on site.” She finished another cracker with cheese and sat back down in front of her laptop. In a newspaper article in the piles of documents on the table, Mike Dawson, president of the Canadian Society for Unconventional Gas, is quoted as saying, “Water tests done by Alberta Environment have found no connection whatsoever between gassy water wells and natural gas from coal exploration and development.” For industry and government, CBM is still considered safe. Ernst is out to prove them wrong. Among the mounting evidence: Husky Oil found that 46 percent of its tested conventional-gas wells in Alberta and Saskatchewan leaked gas into groundwater or soil. The Canadian Association of Petroleum Producers bluntly titled one study, “Migration of Methane into Groundwater from Leaking Production Wells Near Lloydminster.” A study of drilling in the US concluded that “man-made migration pathways probably introduced most near-surface gas to the study area.”

She gestured at a pile of letters sent to rural Alberta landowners by lending agencies refusing loans. “To consider this property for mortgage security, we will require confirmation that the above property has been reclaimed and is free and clear from any environmental contamination of any kind whatsoever,” said one letter. “We are reluctant to take this land as security due to the oil spill,” said another.

This past year, new regulations were drafted, banning shallow fracing above two hundred metres in depth without a full first assessment of potential impacts. As well, companies must now ask landowners with water wells within six hundred metres of a CBM gas well if they want their water tested prior to drilling (eight hundred metres if there’s no closer well). Ernst noted that this was too little, too late for the Horseshoe Canyon, where thousands of CBM wells already exist. And besides, the baseline testing would just identify the presence of gas in water. Increases of gas levels in water would not be tested for. Though the technology exists to do it, there is no mandated effort to trace methane in water back to a contaminating gas well.

“I’m shocked that we’ve allowed industry to barrel over us like it has,” she said.

I asked her what keeps her going. She looked up from her laptop. “It’s a war,” she said. “And the big thing is that I can’t be bought.”

From Ernst’s house I walked five minutes down a dirt road—past the grain elevators by the railway tracks, the antique tractors by the Opera House, and along the hamlet’s Main Street—into Rosebud, to meet Bob Davis of the Rosebud Theatre. Tour buses rolled into town. Tourists walked in and out of the stores and took pictures of the old buildings. “Our hamlet water is safe,” said the youthful-looking Davis. “The challenge is [in] creating a separation between the hamlet and private landowners.”

I asked him how the CBM controversy would end if it were a play done by his theatre company. “If this story was a Rosebud Theatre story,” said Davis, “then whatever problems people have would be resolved. It would end with corporate Canada standing alongside rural Albertans on a bedrock of understanding where we could meet and greet without barriers. It would have a happy ending.”

He encouraged me to buy a ticket for the buffet meal and a play at the Opera House. Joseph and the Amazing Technicolor Dreamcoat was on, the story of a man who is sold out by his brothers for material gain. I bought a ticket. At the restaurant, I looked at the plans for a new Rosebud Centre (a 10,000-square-foot multi-use space). EnCana had contributed $150,000 for its expansion.

In the Opera House, nearly every seat was taken, filled by groups of elderly people and families with young children. I settled in a seat right at the front. The theatre went dark. The stage lit up. A woman danced and sang while child actors sat up in onstage beds, wide-eyed and listening to the early lines of the play.

“Are those stories true?” she asked, and then replied theatrically to her own question: “The ones that are true last a really long time.”"

Link: http://maisonneuve.org/article/2007/03/17/burning-water/
Photo: CanadaBadlands.com


No comments:

Post a Comment