Friday, August 9, 2013
Agriculture - Pour l'UPA, la cohabitation est à sens unique
"Pour l’UPA, la cohabitation est à sens unique
7 août 2013 16h08 | Roméo Bouchard - Saint-Germain-de-Kamouraska
L’Union des producteurs agricoles (UPA) demande à Québec de retirer aux municipalités le pouvoir de réglementer les activités agricoles, rapportait Le Devoir dans son édition du samedi 3 août, et promet en retour d’assouplir son opposition au morcellement de certaines terres pour permettre à des petites productions de s’établir ; son président précise que si l’UPA ne veut pas voir d’habitations s’installer en campagne (on voit qui mène !), c’est justement parce que, une fois installés, les résidants se plaignent des activités agricoles et forcent les municipalités à les réglementer.
On croirait entendre les minières, les pétrolières et les gazières réclamer le maintien de leurs droits prioritaires sur tout le sous-sol québécois, où qu’il soit. Rarement l’UPA a-t-elle affiché aussi ouvertement son arrogance et son mépris pour les communautés où elle vit et dont elle a besoin pour vivre. Rarement a-t-il été aussi évident que l’agriculture industrielle est devenue étrangère et même hostile à son milieu et que l’UPA s’arroge tous les droits sur la zone agricole et l’agriculture du Québec.
La cohabitation entre la production agricole industrielle et les citoyens des campagnes fait problème depuis les années 1990. On se souvient de tous des conflits suscités par l’invasion des porcheries industrielles. La loi sur le droit de produire de 1996, adoptée sous la pression de l’UPA, avait considérablement restreint le pouvoir des municipalités de réglementer les activités agricoles précisément pour laisser le champ libre à l’industrie porcine, devenue le fer de lance des exportations agricoles du Québec. Les conflits de cohabitation et l’explosion des taux de phosphore dans les sols et les cours d’eau qui en ont résulté ont provoqué une crise sociale en campagne (rappelons-nous Bacon, le film), la fondation de l’Union paysanne, le moratoire et le BAPE générique sur l’industrie porcine, à la suite de quoi le gouvernement a été forcé de redonner aux municipalités un certain pouvoir d’encadrement des activités agricoles, lui-même très encadré et inachevé. Le scénario se reproduit présentement pour les mines et les forages.
Cohabitation dans les deux sens
Il serait absurde de revenir en arrière. L’UPA aurait dû comprendre depuis longtemps que la cohabitation va dans les deux sens et que l’acceptation sociale est un droit démocratique. Les agriculteurs ne forment même plus 5 % de la population dans les villages qu’on disait agricoles. Plus de la moitié des terres ne sont plus cultivées comme elles le pourraient. Si ces communautés arrivent à maintenir tant bien que mal leurs services, leur économie et leur dynamisme, c’est largement grâce à tous les néoruraux qui y apportent une diversification indispensable.
Pendant ce temps, les ministères de l’Agriculture et de l’Environnement ont autorisé le développement de pratiques agricoles industrielles qui contaminent et déséquilibrent les milieux de vie de tous les citoyens des campagnes : gestion liquide des fumiers, épandage de boues sceptiques et papetières, utilisation massive des pesticides, des OGM et des produits pharmaceutiques, élevages hors sol et monocultures invasives qui déséquilibrent et endommagent l’environnement et les milieux de vie. Le règlement adopté par la municipalité de Sainte-Séraphine pour limiter l’industrie de la canneberge sur son territoire en témoigne, même s’il sera vraisemblablement jugé non conforme.
Si les campagnards doivent accepter de cohabiter avec l’agriculture, les agriculteurs doivent aussi accepter de cohabiter avec leur communauté, et c’est aux dirigeants municipaux et nationaux, et non à l’UPA, qu’il revient d’agir comme arbitre, en tenant compte des besoins de tous les citoyens.
La zone agricole doit cesser d’être confisquée par quelques mégaproductions dans les régions où les terres et les étables abandonnées se multiplient et les villages se vident et se dévitalisent, et où des dizaines de jeunes et de néoruraux voudraient pouvoir développer des productions et des ateliers de proximité et de qualité. Ce n’est pas non plus aux citoyens de payer pour la restauration des sites (bandes riveraines, rivières, puits) que les agriculteurs ont eux-mêmes détruits par excès de productivisme.
Si la souveraineté alimentaire a un sens, l’UPA et nos ministres - qui se comportent trop souvent comme son valet - devraient peut-être se demander si ce sont les citoyens qui sont de trop en campagne, ou si ce n’est pas plutôt une certaine agriculture industrielle qui fait le désert autour d’elle et n’a plus aucun lien avec son milieu. Et pour ce faire, ils n’ont pas à chercher bien loin : le rapport Pronovost, qu’ils ont mis sur les tablettes, propose, sur ce point comme pour le reste, une série de recommandations sages et facilement applicables pour revitaliser l’agriculture et les campagnes.
Roméo Bouchard - Saint-Germain-de-Kamouraska"
Lien:
http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/384607/pour-l-upa-la-cohabitation-est-a-sens-unique
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Here's my translation of a very good opinion piece written by a long time activist for humane and human friendly farming. For your information, the UPA is a monopolistic farmer's syndicate in Quebec, and a lot of people would agree with me when I say that they represent mostly the integrators and big agribusiness, and practically run the province and dictate all laws that oversee anything having anything to do with farming, from water protection laws to raising a few chickens and selling one's eggs to your neighbors.
For the UPA, cohabitation is a one way street.
The UPA is asking Quebec to remove municipalities' powers of regulating all farming activities we could read in the newspaper Le Devoir in Saturday's August 3 2013 edition, and promises in return to relax it's opposition to the parcelling out of some land to let small productions start out; it's president explains that if the UPA does not want to see houses being build in the country (look who's the boss!), its because once they move in, homeowners complain about farming activities and force municipalities to regulate them.
It's what the mining, oil and gas industries wanting to keep their priority rights on the whole of underground of Quebec, no matter where. Rarely does the UPA show so openly it's arrogance and it's contempt for communities where it lives and from which it depends to survive. Rarely has it been so obvious to see industrial agriculture becoming a stranger, and even being hostile to its milieu, and to see the UPA arrogate all rights over farming regions and agriculture in Quebec.
Cohabitation between industrial agriculture production and citizens in the country is a problem since the 1990s. Just recall all the conflicts provoked by the invasion of industrial pig farms (CAFOs). The law of the right to produce of 1996, voted in under UPA's pressure, had considerably restrained municipalities' powers over agricultural activities, precisely to leave all liberties to the pork industry, the basis of agriculture exports for the province. Conflicts in cohabitation and the explosion of phosphorus in the soil and watercourses that came after that provoked a social crisis in the countryside (remember "Bacon, The Film), the forming of the Union Paysanne, the moratorium and an extensive provincial environmental public hearing about the pork industry, after which the government was forced to give back some very limited and undefined powers of oversight of agricultural activities. The scenario is repeated again in the mining and drilling files right now.
Cohabitation goes both ways
It would be absurd to go back in time. The UPA should have understood a long time ago that cohabitation goes both ways and social acceptability is a democratic right. The farmers are but barely 5% of the population in the villages qualified as agricultural. More than half of farmland is no longer cultivated like it could be. If these communities manage to maintain as best they can their services, their economy and their dynamism, it's mostly thanks to the newly established rural citizens that bring in an indispensable diversification.
Meanwhile, the Environment and Agriculture Ministries have authorized the development of industrial agricultural practices that contaminate and unbalance the ecosystems of all the citizens living in the country: liquid management of manure, spreading of sceptic tank and paper mill slurry, aggressive use of pesticides, GMOs and pharmaceuticals, soiless animal raising and invasive monocultures that throw off balance and harm the environment and living ecosystems. The bylaw adopted by the Sainte-Séraphine municipality to limit the cranberry industry in it's territory is a good example, even if it will probably be judged as not complying to existing norms.
If country folks must accept to cohabit with agriculture, farmers must also accept to cohabit with their community, and it's up to the municipal and national elected officials, and not up to the UPA, that must act as referee, keeping into account the needs of all citizens.
The agricultural zone must cease to fall under the control of mega-productions in regions where the abandoned land and stables get more and more numerous and where villages are emptying themselves, and where dozens of young people and newly established rural residents could want to develop neighborhood quality productions and workshops. And it's not up to citizens either to restore ruined sites (buffer strips, rivers, wells) that farmers themselves have destroyed in their frenzied productivism.
If food sovereignty has any sense at all, the UPA and our ministers, that too often act as their bond-servant, should maybe ask themselves if the citizens are the unwanted in the countryside, or rather a certain kind of industrialized agribusiness that empties the neighboring countryside and no longer has any links with the region they invade. And to do so, they don't have to look very far: the Pronovost report, that was pushed aside to be forgotten, proposes a series of recommendations about this question, like for the rest, that are wise and easily put into practice to revitalize farming and rural Quebec.
Signed: Roméo Bouchard, Saint-Germain-de-Kamouraska
Subscribe to:
Post Comments (Atom)
No comments:
Post a Comment